commons Resume L'analyse structurelle de la colonne Trajane menee ici decoupe l
commons Resume L'analyse structurelle de la colonne Trajane menee ici decoupe la frise en cinq campagnes, dont trois (campagnes 1, 3 et 5 ; Trajan loricatus dans un contexte militaire) presentent la conquete de la Dacie ; les deux campagnes intermediaires developpent dans ce cadre un discours complementaire, dont la romanisation des Daces est l'aspect principal (campagne 4 ; Trajan en tunique au contact de togati romains et de Daces). Le recit peut donc etre reduit a deux moments : debuts de la conquete (spires 1 a 3) ; aboutissement de la conquete (spires 12 a 15). Or, les deux points nodaux du recit sont disposes en fonction de leur environnement (le sol ; les terrasses a l'etage des bibliotheques adjacentes). La lisibilite des reliefs de la colonne Trajane, recemment au centre d'une polemique entre Paul Veyne et Salvatore Settis, serait donc effective. Abstract The structural analysis of Trajan's column here conducted divides the frieze into five campaings, of which three (campaigns 1, 3 and 5 ; Trajan loricatus set within a warlike context) present the conquest of Dacia ; within this framework the two intermediary campaigns develop a complementary discourse, whose major aspect is the romanisation of the Dacians (campaign 4 ; Trajan wears a tunic and stands in close contact with togati Romans and Dacians). The narrative can therefore be reduced to two moments : the early stages of the conquest (whorls 1 to 3) ; the completion of the conquest (whorls 12 to 15). Now the two nodal points of the narrative are so placed as to fit the environment (the ground level ; the terraces at the level of the adjacent libraries). The deciphering of the reliefs of Trajan's column, recently at the heart of a controversy between Paul Veyne and Salvatore Settis, could thus be effectively carried out. La Colonne Trajane: Lisibilite, Structures et Ideologie1 Martin GALINIER (Universitâ de Perpignan) Les deux cents mfctres de frise de la colonne Trajane, enroulâs en vingt trois spires, sont, 1 La premifcre version de cet article a tvt rddigde en 1990 et ne tient pas compte, du moins autant qu’il le faudrait, des publications post£rieures â cette date. Une thfcse de doctorat sur «la colonne Trajane et les fomms impâriaux», soutenue en 1995, comble, nous l'espârons, les lacunes du prâsent travail. depuis bientât un silele2, l’objet de nombreux travaux. Une des demifcres contributions soulăve toutefois un point crucial : Paul Veyne, dans deux articles r^cents3, a mis s^rieusement en doute la lisibiliti des reliefs de la frise. "Sauf les deux premi&res spires, âcrit-il, ces reliefs sont indiscemables pour les spectateurs (...). Au surplus, personne n’aurait envie de ddtailler ce grouillement râp^titif, ni ne pourrait suivre ce compte rendu de campagnes militaires scanda par la conquete de bourgades barbares dont personne ne savait ni le nom ni la position sur la carte. (...) On peut (...) douter que les Romains (...) se soient pr6cipit6s vers ce spectacle pour s'y faire violer la conscience, en toumant pour cela vingt- trois fois autour de la colonne, le nez en l'air. La colonne n'informe pas les humains, elle leur fait seulement voir qu'elle proclame la grandeur de Trajan â la face du temps et du ciel"4. Sans aucun doute, P. Veyne a raison lorsqu'il souligne l'aspect "monumental" de l'ensemble^. Salvatore Settis convenait d'ailleurs qu'un empereur avec une si grande colonne, une si grande statue, "merita sepoltura entro il pomerio"^. La magnificence du forum, tout comme la hauteur de la colonne, affirmaient la grandeur de Trajan. Cela suffit-il â rel6guer la frise au rang de d6cor subalterne ? Nous ne le croyons pas, et pensons au contraire que les reliefs ont 6t6 organisăs en fonction d'un discours prdalable, discours aislment accessible car dispos£ en fonction des spectateurs. Nous proposons donc, comme point de dâpart, l'hypoth&se inverse de celle de P. Veyne : la lecture de la frise est possible dans sa totalit6. Notre 6tude se situe dans la ligne măthodologique de Karl Lehmann-Hartleben, P. G. Hamberg, Werner Gauer et Richard Brilliant plus r^cemment7, Salvatore Settis enfin. Le r£sultat de ses travaux, annoncl par un article8, est â pr6sent disponible dans le volume La Colonna TraiancP, qui comporte ăgalement l'"6dition photographique complete et ad6quate" de la frise, que l'auteur appelait de ses vceux10. Notre hypothâse de dăpart conduit â mener deux enquetes : l'une interne, qui concerne l'organisation des reliefs ; l'autre externe, qui trăite des conditions de r£ception de ces memes reliefs par un observateur. Structures internes de la frise : Initium et Extremum La frise ininterrompue, qui s’enroule sur vingt-trois spires autour de la colonne, s'£l£ve â plus trente-quatre m£tres au-dessus du sol11. Elle reiate la conquete de la Dacie par l'empereur Trajan. Militaire par son sujet, elle est traditionnellement divisăe en cinq campagnes. D "La colonne Trajane est, d'une certaine manifcre, de la propagande, mais justement pas 2 CICHORIUS 1896-1900. Pour une bibliographie recente plus complete, voir KOEPPEL 1992, 116-122. 3 VEYNE 1988 et 1990. VEYNE 1991 reprend ces deux articles et y rajoute un "post- scriptum" (p. 338-342). Nous avions eu le plaisir d'assister aux sâminaires que Paul Veyne a assurâ en 1988, sur le meme sujet, h l'Ecole des Hautes Etudes de Marseille. 4 VEYNE 1988, 4-5. LA COLONNE TRAJANE 161 par son imagerie ; elle 1‘est par sa pr6sence et par la puissance qu'exprime sa redondance" (id., 12). 6 SETTIS 1988, 56. 7 LEHMANN-HARTLEBEN 1926 ; HAMBERG 1968 ; GAUER 1977 ; BRILLIANT 1986. 8 SETTIS 1985. 9 SETTIS 1988, 45-255. Signalons aussi la r6ponse de S. Settis â la position de Paul Veyne : SETTIS 1992. 10 SETTIS 1985, 1151. Ces photographies răcentes sont disponibles dans SETTIS 1988, 257- 546. Nous sommes cependant rest£s fîd&les au relevi de Salomon Reinach (REINACH 1909, 330-369), cela par commoditd : la pr6sentation complete d'une sc&ne ndcessite plusieurs photographies dans l’ouvrage italien, impossibles â reproduire dans l'espace bref d'un article. Nous reprenons de meme la num6rotation de C. Cichorius et K. Lehmann- Hartleben, consacrăe par l'usage (reliefs d6compos£s en 155 "scfcnes”). 11 COARELLI 1994, 85, donne le chiffre de 29,78 m pour le scul fflt, auquel il convient d'ajouter les 5,40 m de la base. Cette organisation se voulait, dans la pensie des premiers chercheurs, historique, reflet des diverses op^rations men6es en Dacie par Trajan en 101-102, puis 105-106 ap. J.-C.5. De fait, une figure centrale scinde la frise en son milieu6-*; Une Victoire aii6e. Elle a pour fonction de couvrir l'espace de trois ann6es qui separe Ies deux guerres. Faut-il pour autant interpr^ter toutes Ies structures de la frise en termes historiques ? K. Lehmann-Hartleben a d6montr6, et P. G. Hamberg apr&s lui, le caractere autre, non- 6v6nementiel du document; Reinhard Bode a insistâ sur la volontă de repr£senter, non des paysages ou des actions r6alistes, mais des scfcnes exemplaires dont l'organisation rigoureuse tresse un portrait de Trajan, de l'armăe romaine, et des Daces. Nous souhaitons proposer, â la suite de ces chercheurs mais dans une optique un peu diffSrente, un nouveau critfcre d'organisation. Notre division se base sur la similitude constatăe entre cinq groupes de sc&nes (p. 182, A). Ces groupes combinent, et eux seuls, un certain nombre d’616ments. Seuls trois d'entre eux sont â chaque fois pr^sents : le fleuve, la porte urbaine, et le motif de l'avance de l'arm6e au-delâ du fleuve (r£unis dans la s€quence "passage"). Cette association, syst&nique car syst£matique, donne le sens : Ies cinq fois, il s’agit de mat£rialiser un mouvement, le passage ou franchissement du Danube par Ies Romains, avec comme point de dăpart une ou plusieurs portes monumentales. La frise prâsente deux variantes du passage : â l'aide d'un pont (ou d'un pont de navires), pour Ies premiere, troisi^me et cinqui&me campagnes (Fig. la-c) ; ou â l'aide de navires, avec une image de navigation ou figure Trajan (Fig. 2-3) suivie d'une sc&ne de d£barquement, pour Ies seconde et quatri&me campagnes7. 5 Voir CICHORIUS 1896-1900, 1I-III, et GAUER 1977, 42-45 et 51, pour une restitution chronologique et cartographique des guerres daciques. Deux 6tudes, parall&les â cel Ies de Salvatore Settis, insistent non sur la dimension documentaire de la frise, mais sur le systfcme de valeurs qu'elle văhicule : HOLSCHER 1980, et BODE 1992. *3 Scfcne 78, spire 12. 7 Prăcisons que le terme "campagne", avant d’etre une răalită historique, recouvre pour nous la section de frise comprise entre deux passages. Dans Ies deux cas, l'entrâe en Dacie est mat£rialis£e par le changement de rive et correspond â l'entr^e en guerre. La modalitâ employ6e, passage sur un pont ou navigation, importe peu pour l'instant. Or, l’entr£e en guerre traditionnelle de l'art romain est la profectio, le d6part de l’empereur depuis Rome. Absente de la colonne, de meme que le retour de l'empereur â Rome, Yadventus (voir Fig. 4-5, pour des exemples emprunt£s â l'arc de Constantin8), cette sc&ne est remplacăe par une image diffărente, mais tout autant spectaculaire : le passage du fleuve. Quelle est la valeur de cette variante, et quel role joue-t-elle dans la perception que le spectateur romain pouvait uploads/Litterature/ la-colonne-trajane.pdf
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- Publié le Mai 22, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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