Janvier/Février 2003 N° 7 La Lettre Soufie regroupe quelques articles sur le so

Janvier/Février 2003 N° 7 La Lettre Soufie regroupe quelques articles sur le soufisme selon quatre thèmes principaux, poème, article général, discours du maître de l’ordre Nématollahi Dr Nurbakhsh et histoire. Elle est publiée bi-mensuellement et reflète le contenu du site web Le Journal Soufi (journalsoufi.multimania.com) Guider les autres Sommaire Discours 1 Guider les autres Histoire 3 Le poirier Poème 4 Moi je ne suis pas Moi! Article 5 Le Dhikr Humour 11 Au pays des fous Par Dr Nurbakhsh La première des conditions afin d'être capable de guider les autres est de faire preuve de bonté et de toujours considérer les autres comme supérieurs à soi-même. La deuxième condition est de ne pas être égocentrique, de ne pas chercher son propre intérêt, et de ne pas être hypocrite: en résumé de mettre en pratique ce que l'on prêche. La troisième condition est de ne pas être un voile entre le disciple et Dieu, autrement dit d'appeler les gens à Dieu et non pas à soi. L'histoire suivante extraite du Tadhkirat al-awliya (mémorial des saintes) de Attar nous permet d'illustrer ce point. Le maître soufi Abû Uthman Hiri a dit un jour à un autre maître soufi, Abû Hafs Haddad, "Je suis devenu tellement illuminé que je donne maintenant des cours de sagesse divine" "Comment en êtes vous arrivé- là ?" lui répondit l'autre maître. "La bonté envers les autres", répondit-il. "Et jusqu'où va votre bonté envers les autres ?", répliqua Abû Hafs. "Jusqu'au point où", répondit-il, "si Dieu me mettait en enfer afin de purger les péchés de tous les hommes, je trouverai cela tout à fait acceptable". "Dans ce cas", dit son compagnon, "je vous rends grâce! Cependant, lorsque vous prenez la parole dans les réunions, soyez attentif avant tout à votre cœur et à votre corps. De plus, prenez soin de ne pas laisser la foule vous rendre arrogant, car ils ne voient que votre aspect extérieur alors que Dieu seul voit l'intérieur". Abû Uthman monta ensuite en chaire pour donner son discours, alors que Abû Hafs se cacha dans un coin afin de l'observer. Lorsque enfin la réunion se termina, un vagabond passa par là et demanda si quelqu'un pouvait lui donner une chemise pour se couvrir. Sans hésiter, Abû Uthman enleva sa chemise et la lui donna. "Menteur!" cria Abû Hafs de l'endroit où il se tenait. "Descendez de cette chaire!" La Lettre Soufie Page 2 "Quel mensonge ais-je dit ?" implora Abû Uthman. "Vous avez prétendu", répliqua l'autre maître, "que votre bonté envers les autres était plus grande que celle envers vous- même. Cependant, vous voila maintenant à exceller 1 dans la générosité afin de gagner les mérites des 'excellents' , vous considérant comme meilleur et ayant plus de valeur que les autres. Si vous aviez été vraiment honnête vous auriez attendu pour laisser sa chance à un autre. Ainsi donc vous êtes un menteur et il n'y pas de place à la chaire pour les menteurs!" Aticle extrait du magazine SUFI n° 53 Printemps 2002, pp. 42 "Guiding Others" 1Référence au passage du Coran: "Les excellents, ce sont ceux-la les plus rapprochés d'Allah!" (10:56). La Lettre Soufie Page 3 Le poirier Une femme mariée se vantait auprès de son amant qu'elle serait capable de badiner avec lui sous les propres yeux de son mari, le cocufiant ouvertement, sans que cette indiscrétion ne porte préjudice ni a l'un ni a l'autre. Le jour suivant, alors qu'elle se promenait dans un champ avec son mari, elle se tourna vers lui et dit: "Mon cher mari, regarde donc ces fruits délicieux hauts perchés dans cet arbre. Laisse-moi donc grimper, et en cueillir quelques- uns pour le déjeuner." Dès qu'elle eut grimpé dans l'arbre, la femme regarda en bas vers son mari et éclata soudainement en sanglots. "Comment peux-tu ?!" Cria-t-elle à son mari stupéfait. "A peine suis- je hors de ta vue que tu ramène une fille débauchée pour satisfaire tes désirs de luxure ? As-tu perdu tout respect pour tes vœux de mariage ?" "As-tu perdu la raison ?" répondit son mari. "Il n'y a ici personne d'autre que moi: je le jure sur tout ce que j'ai de sacré. Descends de cet arbre et constate le par toi- même, car cet arbre t'a fait perdre l'esprit". Une fois descendue, elle alla vers son mari et lui demanda qu'il aille constater par lui-même qu'elle n'est pas folle. Dès qu'il eut grimpé dans l'arbre, elle demanda à son amant de sortir de sa cachette. L'amenant dans ses bras, elle l'entraîna sur l'herbe où ils commencèrent à faire l'amour passionnément. "Que fais-tu ?" cria son mari du haut de l'arbre. "Tu fait l'amour avec un autre homme devant mes propres yeux ?! Comment peux-tu me faire cela?" "Ne sois pas absurde mon cher. Il n'y a personne avec moi. Tu es devenu aussi fou que je l'étais. Arrête donc de débiter des choses insensées". Il l'accusa encore une fois de le cocufier, et de nouveau elle nia. "Tout cela vient de ce poirier," s'exclama-t-elle tout en se défendant. "Du haut du poirier je voyais les choses aussi faussement que tu les vois maintenant. Ecoute, descends et constate qu'il ne se passe rien ici: tout ceci n'est qu'une illusion créée par le poirier." O chercheur, descends de ce poirier dont tu es devenu si frivole et volage. Ce poirier est ton ego animal, ta propre existence, depuis laquelle ta vision devient déformée, et tes yeux se mettent à loucher. Quand tu descendras de cet arbre, tes pensées, tes yeux et tes paroles ne seront plus égarés. Lorsque tu laisseras cet arbre derrière toi, dieu dans sa bonté le transformera. Grâce a l'humilité que tu montreras en descendant de ce poirier et le laissant derrière toi, dieu t'accordera la vrai vision (Livre IV, lignes 3544-3566). Extrait du magazine SUFI n° 48 Hiver 2000/01, pp. 53 "Lighten Up: Humor in Rumi's Mathnawi". Grâce a l'humilité que tu montreras en descendant de ce poirier et le laissant derrière toi, dieu t'accordera la vrai vision - (Livre IV, lignes 3544- 3566). Page 4 La Lettre Soufie Moi je ne suis pas moi! Titre en Persan : " Man na manam " extrait de Divani Nurbakhsh 10 éme édition pp. pp65 Tu es mon intérieur et mon extérieur Moi je ne suis pas moi Ni moi je ne suis plus moi ! Tu es mon absence et ma présence Moi je ne suis pas moi Ni moi je ne suis plus moi ! Tu as crée les êtres et tu étais déjà moi Je suis néant et toi l’Existence Tu es ma similitude exacte Moi je ne suis pas moi Ni moi je ne suis plus moi ! Tu es mon ombre et ma lumière Tu es fleur et mon jardin de fleur Tu es mon paysage et tu es mon témoin Moi je ne suis pas moi Ni moi je ne suis plus moi ! En toi le néant est devenu existence Le monde s’est enivré de Toi Tu es mon vin et tu es ma coupe Moi je ne suis pas moi Ni moi je ne suis plus moi ! Tu es ma haine et ma paix Tu es ma lumière et mon obscurité Tu es ma certitude et tu es mon doute Moi je ne suis pas moi Moi je ne suis pas moi Ni moi je ne suis plus moi ! A l’intérieur de mon esprit il y a l’envie de Toi De te rencontrer dans un lieu de solitude au sein de Ta maison Tu es mon Ami et Tu me sauve Moi je ne suis pas moi Ni moi je ne suis plus moi ! Oh, Tu es le soleil qui me donne la gaieté et en même temps la lumière Tu es pour moi la certitude la plus évidente Moi je ne suis pas moi Ni moi je ne suis plus moi ! . La Lettre Soufie Page 5 Le Dhikr, archétype de transformation Par Lewellyn Vaughan-Lee Son plus grand nom Le dhikr est la répétition d'un nom ou d'une phrase sacrée. Ce peut être la shahada, "La ilaha illa'Llah", mais c'est le plus souvent l'un des noms ou attributs de Dieu. On dit qu'il existe 99 noms de Dieu, mais le plus élevé est le nom Allah qui contient tous Ses attributs divins. Lorsque Abû Sa'id Abe'l-Khayr entendit le verset du coran "Dit Allah! et puis laisse-les s'amuser dans leur égarement" (Coran 6:91), son cœur fut bouleversé (Nicholson 1921, p.10). Il abandonna ses études et se retira dans la niche de la chapelle de sa maison, où pendant sept ans il répéta "Allah! Allah! Allah!....jusqu'a ce qu'enfin tous les atomes de mon corps se mirent à répéter, Allah! Allah! Allah!" Il raconte ainsi l'histoire qui lui indiqua l'importance de ce dhikr. Il était alors en présence de Cheikh Abû'l-Fadhl Hassan, lorsque celui-ci prit un livre et commença à le feuilleter. Abû Sa'id étant un érudit, ne put s'empêcher de se demander ce que pouvait être ce uploads/Litterature/ la-lettre-soufie-n07.pdf

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