LES CAHIERS DE L’ADEPTE N° 6 & 7 TABLE DES MATIERES Dimanche 30 avril 1967 1- L
LES CAHIERS DE L’ADEPTE N° 6 & 7 TABLE DES MATIERES Dimanche 30 avril 1967 1- L'autisme de l'Adepte. 3 -Les déboires de l'Adepte. 7 -Invitation. 8 -Un avertissement sanglant. Mercredi 10 mai 1967 14 -Un désenvoûtement. Samedi 3 juin 1967 16 -Choc en retour . 19 -Le sceau de Lao Tseu. 21 -La voie de l'homme parfait. 22 -Pythagore. 26 -Les Vers Dorés. Commentaires. 51 -Les quatre voies de l'homme parfait. 51 -Faire de chacune de ses journées une succession de réussites. 61 -Le signe qui chasse la peur. 63 -Les jardins éphémères. 67 -La maîtrise de la couleur magique. 68 -Sexualité de l' Adepte. 76- Respirations. Les quatre gestes. 80 -Exercices physiques. 82 -Visualisation. 83 -Méditation. 85 -Voir l'aura. 87 -La fermeture des portes. 91 -Inversion. 95 -Initiation à l'astrologie. 95 -Le zodiaque est une roue. 99 -Les sept planètes traditionnelles et leurs propriétés. 105- Commentaire d'un texte de Subba Rao. 131 -Correspondances symboliques. Les encens. Samedi 10 juin 1967. 140 -Mauvaise foi. 142 -Les sept lettres doubles. 145- Beth. 147- Ghimel. 148 -Daleth. 149 -Caph. 151 -Phé. 152- Resh. 153- Tau. 155- Commentaire du premier verset de La Genèse. 166 -Commentaire du second verset de La Genèse. Dimanche 30 avril 1967 Lorsque nous nous étions vus le 4 février, D. m'avait dit: "Ce n'est plus moi qui fixerai nos prochains rèndez-vous. C'est seulement quand tu te sentiras prêt à passer à l'étape suivante que tu mIen préviendras quelques jours à l'avance. " Mais je ne me sentais pas prêt. Il yavait eu entre temps cette journée du 12 mars où j'ai vécu... qu'est-ce que j'ai vécu ? je ne saurais le dire avec exactitude. Ce que je sais, par contre, c'est que j'ai terminé la narration de cette journée, dans mes "Cahiers", par ces termes: " Et ce fut de nouveau le froid de la nuit." Et ce n'était pas seulement une figure de style. Je suis habitué depuis que je connais D. à passer par des "phases" qui ont des allures de montagnes russes. Un jour ou un instant, je baigne dans la sérénité la plus totale, l'autre jour ou l'instant d'après, c'est tout le contraire qui se produit: je déprime, j'en veux au monde entier, et pour finir, je ressens un sentiment de vide profond, impossible à décrire, qui me fait toucher du doigt la vanité de l'existence, de tous les projets, du désir en général. " A quoi bon ?", me dis-je dans ces moments-là. Il me prend alors des envies de suicide; pour en finir avec ma sensation de néant ; pour aller voir "ailleurs" si j'y suis (ou si je n'y suis pas) ou pour voir si cet "ailleurs" n'est pas préférable à mon quotidien, à l'instant présent que je subis. J'ai tort de dire que cette cyclothymie ( c'est un des psychologues auxquels jlai eu affaire qui avait qualifié ainsi cet état sur le rapport qu'il fit de nos entretiens) est liée à mes fréquentations avec D. En fait, aussi loin que je me souvienne, ce fut toujours ainsi. L'un de mes plus lointains souvenirs s'y rapporte. Lorsque je fus âgé de trois ans, ma mère décida de reprendre son métier de secrétaire, dans l'entreprise où travaille mon père (et D.). Il fallait bien payer les crédits de la maison qu'ils venaient d'acheter et qui, si j'en crois ce que ronchonne mon père, leur coûte encore aujourd'hui les yeux de la tête. 1 Elle me mit donc en pension, le matin et l'après-midi, chez une voisine. Comme je connaissais fort bien cette dernière, brave femme d'un cantonnier du village -elle est morte depuis, bêtement, des suites d'un coup de sabot de l'unique vache que ce couple possédait, et qui paissait dans le champ derrière notre maison -je ne pense pas que cette séparation, ce changement de mes habitudes, m'ait choqué de quelque manière. Bien au contraire! Je n'étais pratiquement jamais sorti de chez moi et cette voisine, à elle seule, représentait "le monde extérieur" qu'à cet âge, j'avais grand soif de découvrir. Elle avait eu trois enfants, trois filles, qui ne résidaient plus sous son toit. Pour m'occuper, elle ressortit donc de son grenier tout un attirail de poupées, landeaux et poussettes, avec lesquels je passais le plus clair de mon temps, inventant des histoires que je commentais bruyamment à ma gardienne qui me reprochait gentiment d'avoir "la langue trop bien pendue". Or, justement, mon silence l'alerta un jour. L'absence de babil lui avait fait craindre les pires choses. En un sens, elle avait bien raison. Elle me trouva, sagement assis sur son lit, toutes les poupées rangées en rang d'oignon devant moi, l'air absent. Je ne répondis à aucune de ses questions. En fait, durant les six mois qui suivirent, aucun parole articulée et porteuse de sens ne sortit plus de ma bouche. " Autiste, votre enfant est autiste", dirent les médecins (cet épisode est relaté sur mon "carnet de santé", que j'ai pu consulter lors de mon passage en sixième). Je sais bien que mes souvenirs sont sujets à caution, et que peut-être, aujourd'hui, lorsque je les rapporte, je me "raconte des histoires". Mais je ne crois pas. Je revois encore la scène avec précision, aussi incroyable que ça puisse paraître. J'étais en train de jouer avec les poupées, comme à mon habitude. L'une d'elles était la "méchante", c'est à dire qu'elle était censée ne jamais obéir aux ordres de son "père" - moi en l'occurence. Alors, ce jour-là, j'étais rentré dans une rage folle contre la poupée. Je l'avais gifllée, puis j'avais commencé à lui arracher les yeux, les bras et les jambes. Sans dire un mot. D'habitude, mes "colères" contre la "méchante" n'étaient rien d'autre que du théâtre, et je les exprimais à haute et intelligible voix; mais cette fois-ci, j'étais vraiment en colère. Froide. Comme fou. Lorsque j'eus mesuré l'ampleur du désastre -la poupée était en miettes -je fus pris de panique. Je me rendis bien compte que j'avais fait "quelque chose de pas bien", et qu'il allait s'en suivre un châtiment quelconque. Je dissimulai donc les traces 2 de mon forfait sous le lit, rangeai le mieux possible les autres poupées, m'assis sur le lit "comme un enfant sage"... et j'attendis plein de crainte. Or, la porte qui s'ouvrit me délivra de ma terreur. Au moment où je vis ma gardienne passer le seuil, j'eus le sentiment que "tout ça, c'est du cinéma". Bien sûr, ce n'est pas avec ces mots que je l'exprimai intérieurement. D'ailleurs, il n'y eut pas de mots. Juste une grande indifférence. A tout, et pas seulement à la situation que j'étais en train de vivre. ..A TOUT . Et ce sentiment -pas désagréable au demeurant -me noua littéralement la langue. J'aurais bien voulu répondre quand on me questionnait; je me rendais bien compte que je faisais de la peine à beaucoup de monde, à ma gardienne, aux médecins, et en tout premier lieu à mes parents. Tout simplement, je ne le pouvais pas. Non que j'eusse oublié les mots et leur sens. Je comprenais ce qu'on me disait; je pensais toujours, en mon for-intérieur, avec des mots. Mais le sentiment de l'inutile était le plus fort. Le désir de parler m'avait fui, à moins que peut-être, ce ne fut la peur de devoir lldire" mon forfait qui m'avait condamné au silence. J'avais tué la poupée. Devenu muet, je ne pouvais révéler où j'en avais caché le corps, preuve de mon crime. Le médecin traitant levait les bras aux ciel et me gavait de "sympathil". J'aurais bien voulu aider ce brave homme, qui usait de tendresse ou de torture pour m'arracher des sons. Mais toutes ces tentatives me semblaient ridicules et, pour tout dire, "infantiles". Voir ce toubib me cajoler, me pincer, m'arracher des larmes avec un air désolé me semblait au plus haut point ridicule. Ne pas répondre, ne pas céder aux adultes qui s'y prennent si mal, était devenu un autre jeu, en même temps qu'une question de fierté. A travers mon autisme, je me suis senti exister. La parole m'est revenue accidentellement. A cette époque, nous n'avions pas l'eau courante à la maison, et celle-ci se révélait une denrée rare et précieuse. Mes parents récupéraient donc l'eau de pluie, abondante en Normandie, directement sous leurs gouttières, dans des bidons qu'ils allaient chercher chez le mécanicien de machines agricoles. J'aimais en troubler la surface, y jeter des petits cailloux, et contempler les cercles concentriques qui se formaient, puis s'évanouissaient. Ca m'était formellement interdit, mais j'étais très IIdésobeissant". Subrepticement, je dérobais une chaise pour me hisser à la hauteur de l'ouverture du bidon, et me livrer à mon passe-temps favori. 3 Et un jour, ce fut le drame. Un jour où la pluie avait détrempé le sol, la chaise glissa, et je plongeai, déséquilibré, la tête la première dans l'eau froide. Je hurlai "maman", mais ce fut mon père qui vint me tirer de cette fâcheuse posture. L'instinct de survie m'avait rendu l'usage de la parole; mais, à y regarder uploads/Litterature/ les-cahier-de-l-x27-adepte-n06-amp-7.pdf
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- Publié le Mai 13, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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