Le Médecin de campagne d’Honoré de Balzac illustration de l’idéal maçonnique En
Le Médecin de campagne d’Honoré de Balzac illustration de l’idéal maçonnique En 1833, paraissait à Paris un livre qui représentait l’idéal politique d’un grand homme de lettres. Il s’agit de «Médecin de campagne1», écrit par Honoré de Balzac. Ce roman qui abonde en longs dialogues d’idées et commentaires représente le contradictoire programme politique de Balzac, programme qui aurait du, d’après l’auteur purifier la société française. C’est en réalité un livre où Balzac mêle des superstitions à des idées socialistes, des idéals maçonniques à des pratiques capitalistes modernes. Balzac peint dans cet œuvre un personnage qui semble être un vrai apôtre à la première vue. Le docteur Benassis rêve de limiter la pauvreté à l’aide de la morale et il rêve aussi d’une France utopique, une France de la richesse et de l’harmonie de classe. En lisant ce « programme politique balzacien », nous pouvons facilement se rendre compte du genre de message que Balzac emploie dans son livre. Nous aurions dit à la première vue un programme socialiste contradictoire mêlé d’idées capitalistes, mais en faisant une analyse plus approfondie nous pouvons observer que la majorité des idées politiques balzaciennes, matérialisées dans le discours et l’action du docteur Benassis sont similaires aux idées franc- maçonniques. L’action entreprise par Benassis correspond à un des principes maçonniques : la bienfaisance active qui veut dire Progrès, Vertu, Fraternité est en d’autres mots, c’est ce que le docteur réussit à faire dans le petit canton de montagne. Il avait transformé un endroit où la règle d’or semblait être « consommer sans rien produire » et où la superstition semblait régner sur la raison en un endroit où la misère demeure limitée et les gens travaillent pour bâtir une société prospère et où une douceur de vivre semble s’en prendre de toute la région2. L’apostolat de Benassis convertit une société dégénérée (symbolisée par le grand numéro des débiles. Benassis veut transformer un vieil homme en un homme nouveau, libéré des inhibitions et conditionnements de tout genre3. Il doit premièrement lutter contre un type de « religion transformée en superstition. Il semble que la religion est ici un ennemi, tout comme dans l’idéologie maçonnique. Un des serments maçonniques dénonce la religion comme étant 1 H.de BALZAC – Le Médecin de campagne; Ed. Baudelaire, Paris 1965 2 Laure DESROCHES – Francs-maçons et Révolution paru en Terres d’Histoire, No 1; 1989, Paris. 3 Article pris de l’ Encyclopédia Universalis, Paris 1995 une « philosophie élaborée par les hommes de génie et adoptée par le peuple avec le faux espoir qu’elles vont atteindre un état de bonheur suprême4 . Pourtant il va faire appel à la religion et à la justice pour réussir à imprimer aux habitants de petit canton une conduite civilisée et dirigée vers le progrès. C’est d’ailleurs grâce à ces „pouvoirs” qu’il réussit à dominer les gens du canton. Même s’il fait appel à la religion, aux lois et même au pouvoir de la médecine il est conscient que ces pouvoirs sont utilisables seulement pour tenir en frein la population qui sans eux serait revenu à un état grégaire. Benassis sait que « la religion est le seul pouvoir qui donne valeur aux lois sociales. Quand elle a manqué la Terreur est apparue en faisant des lois les exécuteurs, c"est après la Terreur qu"on a justifié Dieu. 5. D’ailleurs, Benassis croit avec conviction que « le christianisme est influent juste parce qu’il est plein de superstitions. Même la religion catholique est un ensemble de préjugés et de superstitions habillement utilisées avec lesquelles toute civilisation intelligente doit en finir une fois pour toute.6» Cette idée de Benassis est similaire à l’idée maçonnique qui voyait dans la religion « une situation normale pratiquée autrefois 7. Benassis semble reprendre l’idée que seule la religion est capable, au début d’un processus de changement d’une société, de modeler les hommes. Pour Benassis un défaut de la société de ses jours est le fait qu’elle promeut la supériorité. « La maladie du temps : la supériorité. Nous avons trop de saints. Une fois avec la monarchie nous avons oublié l"honneur, une fois avec la croyance des ancêtres, les vertus, une fois avec les vains essais de conduire, le patriotisme (…) Maintenant, pour soutenir la société, nous n’avons autre appui que l’égoïsme. Les individus croient en eux-mêmes. (…)Nous avons, comme credo, les intérêts. Il fait ainsi un bref portrait de la société de son époque, société qu’il se propose de changer en utilisant ses tares. En partant du modèle religieux où tous les hommes sont égaux devant Dieu, il propose une société qui doit être conduite par une classe privilégiée restreinte et qui doit conduire en tenant compte des besoins de la population et ayant comme objectif le bonheur du peuple. Si nous 4 Cristian CRAITA – œuvre cité. 5 H.de BALZAC – Le Médecin de campagne; Ed. Baudelaire, Paris 1965 6 H.de BALZAC – œuvre cité 7 Article pris de l’ Encyclopédia Universalis, Paris 1995 revenons au serment maçonnique, nous pouvons observer que les maçons eux-aussi se proposent de devenir un groupe d’élite, une association qui soit capable de conduire une société. La différence est que Balzac affirme que « L"avenir appartient à l"homme social. Cette affirmation est la plus importante affirmation socialiste de l’œuvre balzacienne. Affirmation qui ressemble beaucoup à l’idée franc-maçonnique conformément à laquelle : « La propriété, puisque la terre n’appartient à personne et ses fruits appartiennent à tous, dans la proportion dans laquelle ils sont nécessaires à tous pour les besoins de leur propre bien personnel. Mais la contradiction va apparaître si nous suivons le fil narratif du roman. Ce que Balzac offre est une idée socialiste qui va se construire sur un modèle de développement capitaliste : celui du développement économique réalisé sur les lois de la demande et de l’offre économique, du marché ouvert à tout entrepreneur et marchand. Balzac rêve une société qui soit capable de mettre en pratique les idées illuministes du contracte social de J.J. Rousseau. Il voit semble-t-il l’essence de ce contracte : « un pacte perpétuel entre ceux qui conduisent et ceux qui sont conduits. » On va sûrement se demander quel rapport avec la maçonnerie ? Mais il ne faut pas oublier le fait que J.J. Rousseau ait été un des premiers francs-maçons de Grand Orient et que toute l’époque illumiste française est mise sous le signe de la franc-maçonnerie8. L’athéisme illuminste est pratiquement illustré par ce contracte et Balzac continue l’idée en affirmant que la religion est celle qui adoucit les termes de ce contracte en introduisant l’idée que le christianisme dit au pauvre que supporter le riche et au riche d’adoucir les peines du pauvre. C’est ici que nous voyons une in concordance entre la réalité et la doctrine et nous serions justifiés si nous considérons l’idée illuminste plus proche de la réalité que celle religieuse. Même l’image de l’église du petit canton est différente de celle traditionnelle. Le prêtre est un homme illuminé, emmené par Benassis pour remplacer l’ancien curé qui avait démontré de l’hostilité vis-à-vis de ses idées réformatrices. Qui d’autre dans cette action qu’une exemplification concrète du pouvoir de manipulation souvent employé aussi par les francs- maçons pour atteindre l’accomplissement de leur idéal : bâtir la société de l’homme nouveau. L’homme nouveau auquel rêve Benassis est un homme qui est capable de bâtir sans demander une récompense. Il trouve le modèle dans la personne de l’ancien vétéran de guerre, Gondrin. Gondrin lui me semble le type d’homme maçonnique qui exécute des ordres reçus de 8 Laure DESROCHES – Francs-maçons et Révolution paru en Terres d’Histoire, No 1989, Paris. ses supérieurs sans commenter. Illustratif est l’épisode narré par celui-ci quand il a aidé au bâtiment du pont de Berezina9. Etant pourtant un héros, le vieux est complètement oublié par l’Etat et vit en misère. Il semble être un symbole pour illustrer la situation des frères des loges inférieurs maçonniques où les nouveaux initiés doivent se conformer et ils doivent exécuter les ordres reçus. Cet homme qui bâtit est soumis à l’oubli de la société et ce fait est illustré par Benassis dans l’idée suivante : « L"homme qui détruit et l"homme suit bâtit sont deux phénomènes de volonté : l"un prépare l"œuvre, l"autre la réalise ; le premier nous défend d"un esprit du mal, le second nous dirions qu"il est un esprit du bien, l"un bénéficie de la gloire, l"autre de l"oubli. » Un autre homme qui bâtit est le docteur Benassis. Il réussit à bâtir un nouveau modèle de société, à convertir un monde ancien en un monde nouvel, à changer des mentalités. Et il offre un modèle du comment il convertit. L’homme par excellence rationnel et un esprit militaire à l’état pur, l’officier Genestas se laisse séduit par le discours du docteur à tel point qu’il lui confie son „fils” pour l’éduquer. Ainsi, si le vieux Gondrin bâtit un pont, illustrant l’ancienne maçonnerie, celle opérative, le docteur bâtit des consciences illustrant la maçonnerie spéculative, moderne. Ces deux types maçonniques se rencontrent dans l’œuvre de uploads/Litterature/ le-medecin-de-campagne-d.pdf
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- Publié le Apv 29, 2021
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