LE PETIT SINGE ET LE REQUIN * Conte africain Sur une plage idyllique d’Afrique,

LE PETIT SINGE ET LE REQUIN * Conte africain Sur une plage idyllique d’Afrique, pousse un arbre imposant. Certaines de ses branches s’étirent au-dessus des flots, d’autres apportent de l’ombrage au sable doré. C’est l’arbre favori d’un petit singe. Chaque jour, il s’y ébat. Il se balance de branche en branche, se cache, fait des galipettes et, lorsqu’il a faim, il se régale des fruits sucrés de son arbre. Un jour, en jouant, un fruit glisse des mains du singe et tombe dans l’eau. Un requin qui vit dans la crique passe justement sous les branches de l’arbre à ce moment-là et avale avidement le fruit. Le singe s’en réjouit et jette un autre fruit à l’eau. Dès cet instant, tous les jours, le requin vient se balader là et les deux compères se prennent au jeu. Le petit singe se réjouit d’avoir un requin pour ami et jette les fruits sucrés à l’eau: toujours dans une autre direction, de sorte que le requin doive nager vite pour les happer.Un jour, le requin lève le regard vers le petit singe et lui dit: «Mon ami le singe, tu fais preuve d’une telle hospitalité, chaque jour tu m’offres des fruits délicieux, aussi j’aimerais te convier à un bon repas. Viens avec moi voir ma famille, ils te choieront». Hésitant, le petit singe le regarde et lui dit: «Je ne sais pas nager, j’ai peur de l’eau et je n’apprécie pas du tout que ma fourrure soit mouillée. Là où je suis le plus heureux, c’est ici, dans mon arbre». «Mon cher ami, tu ne seras pas mouillé, je te porterai sur mon dos et tu ne sentiras même pas une gouttelette. Je nagerai doucement et je veillerai à ne past’éclabousser avec mes nageoires». Le petit singe n’est pas à l’aise. Il réfléchit. «Mon arbre n’a presque plus de fruits et le requin me promet quelque chose de bon à manger». Il déclare donc : «Je viens», avant de descendre de son arbre pour prendre place sur le dos du requin qui, comme une flèche, fend les vagues en s’éloignant du rivage. Cette allure donne le vertige au petit singe qui sent son cœur bondir dans sa poitrine et il se met à trembler de tout son corps. Pourtant, peu à peu, le petit singe s’habitue à la vitesse. Le soleil le baigne de chaleur, le vent lui rafraichit le visage et la mer d’un bleu profond scintille autour de lui. «Tu aimes?» demande le requin. «Oui, mais ton dos est si glissant, c’est encore loin?». «Nous avons déjà parcouru lamoitié du trajet», répond le requin. «Je dois te dire encore une chose, mon ami: notre roi, le requin le plus grand et le plus fort de la mer, est très malade et nous avons peur qu’il nous quitte. Notre médecin l’a examiné et nous a dit qu’il pourrait guérir s’il mangeait un cœur de singe. C’est pourquoi je t’emmène vers ma tribu. Tu auras l’honneur d’offrir ton cœur à notre roi. Et puisque tu es mon ami, je te le dis maintenant déjà, afin que tu puisses mieux t’y préparer». Le petit singe écarquille les yeux d’angoisse et se pince les lèvres pour ne pas crier de peur. Il se met à réfléchir : «Que puis-je bien faire ?» Il ne laisse rien paraître. Après un petit moment de silence, il répond tranquillement: «Quel dommage que tu ne me le dises que maintenant. Je me ferais un plaisir de donner mon cœur à votre roi, mais je ne l’ai pas sur moi». «Tu ne l’as pas sur toi?» demande le requin incrédule. «Tu ne sais pas grand-chose sur les singes! Sinon tu saurais que nous ne portons notre cœur dans notre poitrine que pendant la nuit. La journée, nous le suspendons toujours aux arbres du sommeil. C’est là qu’est accroché mon cœur en ce moment. Tu peux bien m’emmener vers ta tribu, mais sans cœur, je ne suis pas vraiment utile». Le requin réfléchit, puis fait demi-tour et file comme l’éclair en direction de la rive. Le petit singe, assis sur son dos, pense heureux: «Ma vie est sauvée». Ils atteignent bientôt la crique et l’arbre préféré du petit singe. «Attends ici, je vais vite chercher mon cœur» dit le petit singe avant de sauter sur son arbre et de disparaître dans son épais feuillage. Le requin tourne enrond et attend en pensant: «L’arbre du sommeil est sans doute éloigné.» Il attend patiemment. Soudain, le requin se fâche et, impatient, il crie: «Hé, l’ami singe, dépêche-toi, il est déjà tard!». A la place d’une réponse, il reçoit un fruit pourri, puis un autre et encore un autre. Le petit singe est assis sur une branche cossue et piaille: «Jamais plus je ne t’accompagnerai, hypocrite. Ne sais-tu donc pas où mon cœur se trouvait tout ce temps? Là, il bat dans ma poitrine et c’est là qu’il restera. En effet, grâce à lui, j’ai pu te berner. As-tu réellement pensé que j’allais t’accompagner dans ta tribu pour me faire tuer ? Notre amitié appartient au passé». Il souligne chaque mot en jetant un fruit pourri. Le requin plonge et s’en retourne en colère. Le petit singe rit, court vers ses amis et leur raconte sa fausse amitié avec le requin. Depuis ce jour, jamais plus un singe ne s’est assis sur le dos d’un requin. C’est à partir de ces délicieux fruits sucrés (mangue, papaye, fruit de la passion et noix de coco) des arbres préférés des singes que sont fabriqués les Sugus tropicaux, en souvenir à cette fausse amitié entre un requin et un petit singe. uploads/Litterature/ le-petit-singe-et-le-requin.pdf

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