Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours. 47 Objet d’étude : Le pers
Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours. 47 Objet d’étude : Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours. Séquence 1 (Groupement de textes) La femme et le désir d’émancipation Problématique comment le roman reflète-t-il l’évolution du statut des femmes, du XVIIIe au XXIe siècle, leurs tentatives de rébellion contre l’inégalité et la soumission qu’on leur imposait ? Comment le roman présente- t-il leur marche vers l’émancipation mais aussi les limites de celle- ci ? Lectures analytiques Lecture analytique n° 1 : La revendication de liberté. Laclos, Les Liaisons dangereuses, « Lettre 127 : La Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont » 1782. Lecture analytique n°2 : La résistance. George Sand, Indiana, extrait du livre III, chap.21, 1857. Lecture analytique n° 3 :Émancipation ou aliénation ? Flaubert, Madame Bovary, partie II, chap. 12, 1857. Lecture analytique n° 4: Les chemins vers l’émancipation et l’égalité au XXe siècle. Annie Ernaux, La Femme gelée, 1981. Support des lectures cursives. Textes, documents et/ou activités complémentaires Lectures cursives : La revendication de liberté. Montesquieu, Lettres Persanes Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne Lectures cursives :Émancipation ou aliénation ? Le procès de Madame Bovary Maupassant, Bel-Ami Lecture cursive :Les chemins vers l’émancipation et l’égalité au XXe siècle. Malraux, La Condition humaine Lecture cursive (lecture d’une œuvre intégrale) Madame Bovary de Gustave Flaubert Documents complémentaires : L’apport des écrits féministes. Simone de Beauvoir : Le Deuxième Sexe. Annie Leclerc, Hommes et Femmes. Histoire de l’art : Activités personnelles Madame Bovary le Film de 1991 . http://www.dailymotion.com/video/x1x3t0k Séquence 4 Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours. 48 Texte de la lecture analytique 1 Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, Lettre 127, 1782 . La Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont Si je n’ai pas répondu, Vicomte, à votre lettre du 19, ce n’est pas que je n’en aie eu le temps ; c’est tout simplement qu’elle m’a donné de l’humeur, et que je ne lui ai pas trouvé le sens commun. 1 J’avais donc cru n’avoir rien de mieux à faire que de la laisser dans l’oubli ; mais puisque vous revenez sur elle, que vous paraissez tenir aux idées qu’elle contient, et que vous prenez mon silence pour un consentement, il faut vous dire clairement mon avis. J’ai pu avoir quelquefois la prétention de remplacer à moi seule tout un sérail ; mais il ne m’a jamais convenu d’en faire partie. Je croyais que vous saviez cela. Au moins, à présent, que vous ne pouvez plus l’ignorer, vous jugerez facilement combien votre proposition a dû me paraître ridicule. Qui, moi ! je sacrifierais un goût, et encore un goût nouveau, pour m’occuper de vous ? Et pour m’en occuper comment ? en attendant à mon tour, et en esclave soumise, les sublimes faveurs de votre Hautesse. Quand, par exemple, vous voudrez vous distraire un moment de ce charme inconnu2 que l’adorable, la céleste Mme de Tourvel, vous a fait seule éprouver ou quand vous craindrez de compromettre, auprès de l’attachante Cécile, l’idée supérieure que vous êtes bien aise qu’elle conserve de vous : alors descendant jusqu’à moi, vous y viendrez chercher des plaisirs, moins vifs à la vérité, mais sans conséquence ; et vos précieuses bontés, quoique un peu rares, suffiront de reste3 à mon bonheur ! Certes, vous êtes riche en bonne opinion de vous-même : mais apparemment je ne le suis pas en modestie ; car j’ai beau me regarder, je ne peux pas me trouver déchue jusque-là. C’est peut-être un tort que j’ai, mais je vous préviens que j’en ai beaucoup d’autres encore. J’ai surtout celui de croire que l’écolier, le doucereux Danceny, uniquement occupé de moi, me sacrifiant, sans s’en faire un mérite, une première passion, avant même qu’elle ait été satisfaite,4 et m’aimant enfin comme on aime à son âge, pourrait, malgré ses vingt ans, travailler plus efficacement que vous à mon bonheur et à mes plaisirs. Je me permettrai même d’ajouter que, s’il me venait en fantaisie de lui donner un adjoint, ce ne serait pas vous, au moins pour le moment. Et par quelles raisons, m’allez-vous demander ? Mais d’abord il pourrait fort bien n’y en avoir aucune : car le caprice qui vous ferait préférer, peut également vous faire exclure. Je veux pourtant bien, par politesse, vous motiver mon avis. Il me semble que vous auriez trop de sacrifices à me faire ; et moi, au lieu d’en avoir la reconnaissance que vous ne manqueriez pas d’en attendre, je serais capable de croire que vous m’en devriez encore ! Vous voyez bien, qu’aussi éloignés l’un de l’autre par notre façon de penser, nous ne pouvons nous rapprocher d’aucune manière ; et je crains qu’il ne me faille beaucoup de temps, mais beaucoup, avant de changer de sentiment. Quand je serai corrigée, je vous promets de vous avertir. Jusque-là, croyez-moi, faites d’autres arrangements et gardez vos baisers ; vous avez tant à les placer mieux !… Adieu, comme autrefois, dites-vous ? Mais autrefois, ce me semble, vous faisiez un peu plus de cas de moi ; vous ne m’aviez pas destinée tout à fait aux troisièmes rôles ; et surtout vous vouliez bien attendre que j’eusse dit oui, avant d’être sûr de mon consentement. Trouvez donc bon qu’au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent. 1Sens commun : raison, bon sens. 2 Tous les termes en italiques dans la suite de la lettre sont des citations des lettres précédentes de Valmont. 3De reste : plus qu’il n’en faut. 4Danceny est aussi l’amoureux de Cécile... Séquence 4 Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours. 49 Votre servante, M. le Vicomte. Du château de… 31 octobre 17… Texte de la lecture analytique 2 Georges Sand, Indiana,Livre III, Ch 21, (1832) Quand son mari l’aborda d’un air impérieux et dur, il changea tout d’un coup de visage et de ton, et se trouva contraint devant elle, maté par la supériorité de son caractère. Il essaya alors d’être digne et froid comme elle ; mais il n’en put jamais venir à bout. - Daignerez-vous m’apprendre, madame, lui dit-il, où vous avez passé la matinée et peut-être la nuit ? Ce peut-être apprit à madame Delmare que son absence avait été signalée assez tard. Son courage s’en augmenta. - Non, monsieur, répondit-elle, mon intention n’est pas de vous le dire. Delmare verdit de colère et de surprise. -En vérité, dit-il d’une voix chevrotante, vous espérez me le cacher ? - J’y tiens fort peu, répondit-elle d’un ton glacial. Si je refuse de vous répondre, c’est absolument pour la forme. Je veux vous convaincre que vous n’avez pas le droit de m’adresser cette question. - Je n’en ai pas le droit, mille couleuvres ! Qui donc est le maître ici, de vous ou de moi ? qui donc porte une jupe et doit filer une quenouille ? Prétendez-vous m’ôter la barbe du menton ? Cela vous sied bien, femmelette ! - Je sais que je suis l’esclave et vous le seigneur. La loi de ce pays vous a fait mon maître. Vous pouvez lier mon corps, garrotter mes mains, gouverner mes actions.Vous avez le droit du plus fort, et la société vous le confirme ; mais sur ma volonté, monsieur, vous ne pouvez rien, Dieu seul peut la courber et la réduire. Cherchez donc une loi, un cachot, un instrument de supplice qui vous donne prise sur elle ! c’est comme si vouliez manier l’air et saisir le vide ! - Taisez-vous, sotte et impertinente créature ; vos phrases de roman nous ennuient. - Vous pouvez m’imposer silence, mais non m’empêcher de penser. - Orgueil imbécile, morgue5 de vermisseau ! Vous abusez de la pitié qu’on a de vous ! Mais vous verrez bien qu’on peut dompter ce grand caractère sans se donner beaucoup de peine. - Je ne vous conseille pas de le tenter, votre repos en souffrirait, votre dignité n’y gagnerait rien. - Vous croyez ? dit-il en lui meurtrissant la main entre son index et son pouce. - Je le crois, dit-elle sans changer de visage. Ralph fit deux pas, prit le bras du colonel dans sa main de fer, et le fit ployer comme un roseau en lui disant d’un ton pacifique : 5morgue: attitude hautaine et méprisante. Séquence 4 Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours. 50 -Je vous prie de ne pas toucher à un cheveu de cette femme. Delmare eut envie de se jeter sur lui ; mais il sentit qu’il avait tort, et il ne craignait rien tant au monde que de rougir de lui-même. Il le repoussa en se contentant de lui dire : - Mêlez-vous de vos affaires. Puis, revenant à sa femme : - Ainsi, madame, lui dit-il en serrant ses bras contre sa poitrine pour résister à la tentation de la frapper, vous uploads/Litterature/ sequence-4-2018.pdf
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- Publié le Mai 14, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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