1 Marc GONTARD LE ROMAN FRANÇAIS POSTMODERNE LE ROMAN FRANÇAIS POSTMODERNE LE R
1 Marc GONTARD LE ROMAN FRANÇAIS POSTMODERNE LE ROMAN FRANÇAIS POSTMODERNE LE ROMAN FRANÇAIS POSTMODERNE LE ROMAN FRANÇAIS POSTMODERNE Une écriture turbulente 2 SOMMAIRE Première partie : POSTMODERNITE ET POSTMODERNISME Ch. 1 L’Hypothèse postmoderne : .Polémique autour d’une notion .Habermas/Lyotard : le débat moderne/postmoderne .Les pensées de la différence : déconstruction, altérité .De l’ « extrême contemporain » (M. Chaillou) à la « submodernité » (M. Augé) .Pour un postmoderne néomoderne .Eléments de périodisation (1980-2000) Ch. 2 La société postmoderne : .L’hétérogène et le discontinu : -de la binarité à la complexité (le post-structuralisme) -crise et turbulence (l’après-libéralisme) -le principe d’incertitude et les sciences du chaos .L’être posmoderne : -le retour du sujet et l’individualisme (Lipovestky) -le corps postmoderne (Michel Serres) .Pratiques postmodernes : -arts plastiques (Garrouste) -architecture (Boffil) -cinéma : Wes Craven, Scream, Oliver Stone, Tueurs nés. Deuxième partie : LE POSTMODERNISME EN LITTERATURE .L’après-nouveau roman .Critères formels Ch 1 Ecritures du discontinu : . Collages : M. Butor, Mobile . Le fragment : G. Perros, Papiers collés 3 A. Ernaux, Journal du dehors . Métissage du texte : pratiques francophones A. Khatibi, A. Meddeb et la trace islamique Créolisation et créolité : Glissant et Chamoiseau Ch 2 La « Seconde main » : .Critique de la notion d’originalité, l’ironie narrative .Hypertextualité : T. Ben Jelloun .Pastiche : J. Echenoz, E. Laurrent .Métatextualité et métafiction : R. Pinget, J. Roubaud, A. Volodine Ch 3 Renarrativisation .Retour au confort de lecture .Relinéarisation -Après l’apocalypse -Une nouvelle réalité -Le référent objectal (J.-P. Toussaint, M. Redonnet, P. Delerme, C. Gailly, E. Staviskaia) .La question de l’autofiction, Doubrovsky, Robbe-Grillet, Duras, Forest .Thématisation du chaos : C. Oster, M. Darrieusecq, M. Houellbecq, Claire Legendre, Virginie Despentes Conclusion : .Le principe de « tuilage » moderne/postmoderne (à propos de C. Ollier, B. Noël) Bibliographie Index 4 AVANT-PROPOS De L’Extrême contemporain J’ai dit et répété que pour moi « postmoderne » ne signifiait pas la fin du modernisme mais un autre rapport avec la modernité. J.-F. Lotard1 Il n’y a aujourd’hui pas plus de raison pour l’optimisme que pour le pessimisme. Tout reste possible, mais tout demeure incertain. I. Wallerstein 2 Il est toujours délicat de s’interroger sur l’extrême contemporain3 avec ce manque de recul qui, par effet de grossissement, peut nous cacher le seuil -ou la marche- que nous sommes 1 : « Réécrire la modernité », Les cahiers de philosophie, N°5, 1988, P. 64. 2 : L’Après libéralisme. Essai sur un système-monde à réinventer, Paris, éd. de l’Aube, 1999, p. 93. 3 : Cf. Michel Chaillou in Poésie, N°41, 1987. 5 occupés à franchir. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : que se passe-t-il dans notre culture, depuis les années 80, que nous avons tant de mal à formuler - sinon par l’entremise du préfixe post ou de ses synonymes - pour désigner la société post-industrielle (Alain Touraine), l’après-libéralisme (Immanuel Wallerstein), la post-histoire (Arthur Danto), la post-théorie, et même le post-exotisme (Arthur Volodine) autant de notions que recoupe le champ plus large de la postmodernité ? C’est à cette question que ce livre voudrait répondre, à partir d’un point de vue littéraire qui, se fondant sur la suprématie du roman-roi dans les valeurs de la médiasphère, se donne pour objectif d’y rechercher les manifestations du postmodernisme. Ce travail repose donc sur une double hypothèse : celle de la postmodernité comme seuil, désignant les mutations contemporaines qui ouvrent l’espace social à un après, encore informulable et celle du roman postmoderne comme symptôme de ce passage vers un impensé. D’où l’intérêt du préfixe post qui, pour continuer la métaphore du seuil, nous fait quitter, sans vertige millénariste, un espace familier, celui de la modernité, pour un autre dont il faut avouer que nous ne savons rien ou presque, ce qu’implique le néologisme par composition : post-moderne. Pourtant le mot rencontre en France une vive résistance, dans le milieu universitaire comme chez les écrivains eux-mêmes. Dans un roman comme Outback ou L’Arrière-monde 4, Claude Ollier, tout en pratiquant réécriture (du road-movie), décentrement et citation, refuse de se reconnaître sous l’étiquette postmoderne, synonyme pour lui, d’éclectisme, tandis que Marie Redonnet, héritière, dans sa trilogie américaine, du postmodernisme de Paul Auster, réclame une « relance de la question de la modernité »5. Alain Nadaud qui, en 1987, pose dans L’Infini cette question cruciale : « Où en est la littérature ? » assemble quelques éléments de la problématique mais le terme lui fait défaut et il ne peut que faire le constat d’une impuissance de la critique à penser le renouveau de la littérature, après la « glaciation » formaliste des années 70 : (…) une mutation a pu s’opérer qui expliquerait que, pour l’instant, les outils de la critique, en ce qu’ils sont restés traditionnels, ne sont pas parvenus à la circonscrire et même à l’ apprécier à sa juste mesure.6 Pourtant, quelques années plus tard, dans un essai intitulé Malaise dans la littérature7, il remonte d’une manière convaincante aux origines socio-culturelles de la crise qui affecte le roman français, sans aller pour autant jusqu’à l’hypothèse postmoderne. 4 : Paris, P.O.L., 1995. 5 : Les Lettres françaises, , juin 1995. 6 : « Pour un nouvel imaginaire », L’Infini, N°19, été 1987, Où en est la littérature ?, P. 8. 6 Enfin, dans sa très bonne synthèse, Le Roman français au XXème siècle8, Dominique Viart évite lui aussi l’ emploi du mot et préfère, à une approche théorisante de la littérature fin de siècle, une perspective plus éclatée sous le titre : « Esthétiques de la nostalgie : « roman cultivé », fictions biographiques, minimalismes »9… Est-ce parce que le terme nous vient d’outre-Atlantique ? comme le suggère Antoine Compagnon : (…) le post-moderne suscite d’autant plus de scepticisme en France que nous ne l’avons pas inventé, alors que nous nous faisons passer pour les pères de la modernité et de l’avant-garde, comme des droits de l’homme. 10 Ou la notion est-elle à ce point imprécise qu’on peut y mettre n’importe quoi, ce qui la rend impropre à l’analyse du champ littéraire, comme l’affirme Jean-Claude Dupas : (…) le post-modernisme, en matière de roman du moins, est une chimère.11 Du côté des média, les choses ne sont pas moins simples depuis que le mot circule dans la critique journalistique. Un feuilletoniste comme Pierre Lepape joue avec la notion depuis les années 95 et, sans consentir pleinement à son emploi, il en fait implicitement un élément de référence, dans son approche des pratiques narratives de Bernard Chambaz ou de François Bon, même si la réticence fonctionne chez lui comme une connotation négative : L’Histoire est, dit-on, la grande absente du roman français d’aujourd’hui. Depuis le milieu des années 70, puis ce qu’il est convenu d’appeler - un peu approximativement - « la fin des idéologies », nos écrivains, désormais convaincus de ne pas pouvoir changer le monde, auraient en quelque sorte, théorisé leur désarroi, en faisant passer l’avenir à la trappe.12 7 : Champ-Vallon, 1993. 8 : Paris, Hachette, 1999, coll. Hachette Supérieur. 9 : Ibid., p. 128. De même, dans la seconde édition d’un ouvrage destiné au premier cycle universitaire : Le Roman, sous la direction de Colette Becker, Bréal, 2000, Francine Dugast, tout en critiquant la notion de « minimalisme », ne trouve guère d’équivalent pour évoquer en quelques pages, ces romans qui vont de l’ art du « ténu » (J.-P. Toussaint, C. Oster) aux « écritures paroxystiques » (M. Houellebecq, M. Darrieussecq)… 10 : Les cinq paradoxes de la modernité, Paris, Le Seuil, 1990, p. 146. 11 : « Le Post-moderne et la Chimère » in Postmoderne. Les termes d’un usage, Les Cahiers de philosophie, N°6, 1988, p. 166. 12 : Le Monde, 6 octobre 1995. 7 Quelques années plus tard, évoquant Vie secrète de Pascal Quignard, il utilise le mot, ostensiblement, cette fois, avec la même modalisation, mais dans une acception totalement polémique qui rejette la notion dans une mouvance réactionnaire : Nous savions bien, au fond de nous, que le triomphe du modernisme – ce vertige ivre de la fuite en avant – n’aurait qu’un temps et qu’il passerait. Qu’un temps aussi, cette contestation superficielle et rétrograde qu’on a nommé, faute de mieux, postmodernisme.13 Par contre, pour prendre un dernier exemple dans le registre opposé, Chantal Aubry débute sa chronique du Prix Fémina 1997 par un chapeau où le terme « post-modernité » employé à contresens, comme simple plue-value marchande, devient un slogan vide, ce qui confirme que le mot fait partie désormais du vocabulaire des média mais que sa signification reste pour le moins flottante : Couronné par le jury Femina, Amour noir de Dominique Noguez conjugue – et consume jusqu’à l’extrême – l’ardeur et le malheur d’aimer. Un beau roman dont la post-modernité s’inscrit dans la meilleure tradition française.14 Avec la polémique qui suit la publication du livre de Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires15, la presse découvre d’une manière plus évidente encore qu’il se passe quelque chose du côté du roman. Si Marie Redonnet voit dans ce roman un « uploads/Litterature/ le-roman-postmoderne-l-x27-archive-ouverte-hal-shs-hyper-article-en-ligne-sciences-de-l-x27-homme-et-de-la-societe.pdf
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- Publié le Jul 24, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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