Leabar Gabala, Livre des invasions. Par Henry Lizeray et William O’Dwyer, 1884.

Leabar Gabala, Livre des invasions. Par Henry Lizeray et William O’Dwyer, 1884. Mise en forme et commentaires des pages 7 à 242 : Hervé Cariou, 2023 2 Introduction « Le Lebor Gabála Érenn est l’un des récits irlandais majeurs de l’époque médiévale. Ce « livre », véritable cosmogonie, décrit l’invasion de l'île par six peuples mythiques héroïques pré-humains, avant l’arrivée et le règne terrestre des Gaëls. Après avoir été transmis exclusivement de manière orale jusqu’à la fin du 8e siècle, ce mythe fondateur de l'Irlande celtique fut ensuite copié, développé et remanié par les clercs pour qu’il soit plus en phase avec l’enseignement de l’Église catholique et la culture de l’époque. La première version écrite du Lebor Gabála Érenn (…) date du 8e siècle ou du début du 9e siècle. Il existe cinq versions de ce mythe (R1, R2, R3, Min et K) réparties dans 18 manuscrits rédigés entre le 12e siècle et le 18e siècle. » Source : Wikipédia En 1884, Henry Lizeray et William O’Dwyer publièrent l’unique traduction en français issue directement du texte en gaélique. Ils la titrèrent : Leabar gabala, Livre des invasions. On sait peu de choses sur ces auteurs si ce n’est que Lizeray fonda l’année suivante, une « Église » nationale et druidique à Paris. Leur traduction se base sur les versions R1 (un travail collectif du 12e) et K (un travail individuel du frère Micheál Ó Cléirigh au 17e). Dans cet essai, nous commentons les pages 7 à 242 de la traduction de Lizeray et nous démontrons que ce supposé « mythe » révèle une épopée historique européenne. Enfin, nous mettons en évidence que les « peuples mythiques héroïques pré-humains » masquent des populations humaines protohistoriques d’Europe et d’Eurasie. Précisions importantes On surligne en rose les textes ajoutés ou fortement altérés par des copistes du Moyen Âge. Ce tri du bon grain et de l’ivraie ne prétend pas à la complétude. Enfin, on surligne en marron nos commentaires. Leabar Gabala, Livre des invasions. Par Henry Lizeray et William O’Dwyer, 1884. Mise en forme et commentaires des pages 7 à 242 : Hervé Cariou, 2023 3 On peut rappeler quelques éléments :  À l’époque où l’écriture n’existait pas ou peu, les poèmes contés ou chantés palliaient l’absence des écrits. Contrairement à la prose, la structure d’un poème facilitait la mémorisation.  L’époque médiévale consigna par écrit de nombreux poèmes transmis oralement depuis des lustres. L’intégralité (ou presque) des rédacteurs travaillait dans des structures ecclésiastiques.  À cette époque, l’imprimerie n’existait pas et des copistes multipliaient les publications d’un même original (ou d’une même copie). Ils « retravaillaient » parfois des copies pour y intégrer des éléments bibliques.  Dans ce récit, ils superposèrent également le calendrier biblique à la chronologie originale.  Ces copistes remplaçaient également des noms de lieux ou de populations par des noms contemporains pour faciliter la lecture de leurs… contemporains.  De nos jours, dès que les éléments bibliques surchargent une tradition historique, on étiquette cette dernière de « mythe ». Faute de méthode pour restituer le texte d’origine, nous perdons donc des pans entiers de mémoire.  Enfin, au 19e siècle, Henry Lizeray et William O’Dwyer traduisirent le récit du gaélique au français. En d’autres termes, « 99 % » des noms propres (près de deux milles) manquaient de francisation. Mots rares Mot Fréquence dans le texte Définition attendance, attendants 3 présence (tenue, office), présents baut 1 ardent, hardi blesseur 1 celui qui blesse bolg 1 des Fir-bolgs (population protohistorique) brugad 2 bourg Leabar Gabala, Livre des invasions. Par Henry Lizeray et William O’Dwyer, 1884. Mise en forme et commentaires des pages 7 à 242 : Hervé Cariou, 2023 4 Mot Fréquence dans le texte Définition cairgé 2 château fort en pierre calendes 1 premier jour du mois carn 14 cairn, tumulus comfort 1 secours, aide compute 2 calculer, compter connivèrent 1 fermer les yeux cumals 1 un cumal valait trois bœufs curag 1 bateau recouvert de cuir daines 1 femelle du daim defla 1 laurier-rose dégardées 1 sans garde disturbance 1 perturbation, dérangement disturbée 1 perturbation, dérangement dords 1 trompettes en cuivre duma 1 place de jeux dun 30 forteresse, lieu en hauteur eiric, éric 3 dommage et/ou intérêt enclosît 1 clôturer erme 1 terrain inculte, improductif Fénian 1 des Féniens (population protohistorique) de Scythie fomoriennes 1 des Fomoriens (Britanniques protohistoriques) historiographer 1 remplir les fonctions d’historiographe illustrément 1 d’une façon illustre ingénéreux 1 qui n’est pas généreux Leabar Gabala, Livre des invasions. Par Henry Lizeray et William O’Dwyer, 1884. Mise en forme et commentaires des pages 7 à 242 : Hervé Cariou, 2023 5 Mot Fréquence dans le texte Définition labarnel 1 (incertaine) loc 1 plan d’eau, lac, fjord, estuaire, baie, crique magisme 1 religion des anciens Perses, adorateurs du feu maic 1 mac, « fils de » muiridin 1 morceau de viande d’un certain poids nécromantique 1 relatif à la nécromancie Némédien 1 des descendants protohistoriques de Némid opposite 1 opposé Parini 1 (incertain) de Lecco (Italie) permanemment 1 de façon permanente poltronnerie 6 lâcheté, manque de courage primatie 1 (religion) dignité de primat promulgations 1 action de promulguer psalmodiste 1 (christianisme) celui qui récite des psaumes rann 2 du moyen breton, part, partie, fraction rath 65 enceinte fortifiée, particulièrement en Irlande satiriser 1 railler quelqu’un d’une manière satirique scote 1 des Scots (Écossais) scythiques 1 des Scythes sourdirent, sourdissante, sourdissent, sourdit 17 jaillir, surgir, en parlant d’une source d’eau successorat 2 successeurs Leabar Gabala, Livre des invasions. Par Henry Lizeray et William O’Dwyer, 1884. Mise en forme et commentaires des pages 7 à 242 : Hervé Cariou, 2023 6 Mot Fréquence dans le texte Définition taniste 3 héritier selon une coutume celte ou picte, généralement en ligne collatérale tuata 1 peuples Uladiens 1 de la province d’Ulad (population protohistorique en Irlande) Leabar Gabala, Livre des invasions. Par Henry Lizeray et William O’Dwyer, 1884. Mise en forme et commentaires des pages 7 à 242 : Hervé Cariou, 2023 7 Sur l’invasion par Céasair, premièrement. Céasair, fille de Bith, fils de Noé1, vint en Irlande la première après le commencement du monde, quarante jours avant le déluge, dans l’année de l’âge du monde 22422. 1. Évidemment, Céasair ne descend pas de Noé. 2. Si l’on retranche 2242 à 5199 (année biblique de la naissance du Christ), Céasair débarque en l’an -2957 (…), soit 29 siècles avant notre ère. Nous démontrerons ultérieurement que les copistes médiévaux ajoutèrent jusqu’à 17 siècles. Il y avait trois hommes et cinquante filles avec elle. Ils venaient en Irlande dans le but d’éviter le déluge, lorsque Dieu eut dit à Noé, fils de Lamech, de construire une arche pour lui-même, pour ses fils (c’est-à-dire Sem, Cam et Japhet) et pour leurs femmes (Cora, Olla, Oliva, Olivana), afin de se sauver de la tempête diluvienne qui allait, à cause de tous les péchés des descendants d’Adam, se répandre sur le monde l’inonder et détruire la totalité de la population, à l’exception de Noé et de ses enfants parce que ces huit-là étaient purs de fautes. Dieu donna à Noé l’avis d’amener dans l’arche une couple de chaque espèce d’animaux immondes qui étaient en existence, dans le but d’avoir de leur race après le déluge, et trois paires d’animaux mondes pour propager et reproduire en même manière. Quand on sut la nouvelle de la construction de l’arche avec les matériaux nécessaires, et de l’embarquement des provisions destinées à l’équipage, ainsi qu’aux animaux, quand Biot, Fiontoin et Ladra (ce furent les trois hommes qui vinrent ensuite en Irlande avec Céasair) apprirent que la prédiction du déluge sur le monde était positive, et que toutes les espèces vivantes seraient noyées, excepté l’équipage de l’arche, il y eut une terreur en cette circonstance. Chacun des trois hommes, à son tour, s’adressa à Noé et lui demanda d’aller avec lui dans l’arche jusqu’à ce que le déluge fût passé. Noé dit qu’il ne lui était pas permis d’admettre dans l’arche personne autre que ceux ordonnés par Dieu parce que ce n’était pas un vaisseau privé et qu’eux-mêmes n’y avaient pas droit. Les trois hommes et Céasair délibérèrent ensuite, et ils s’accordèrent à se garantir du déluge. Prêtez-moi obéissance, dit la dame Céasair, et je vous conseillerai. Vous l’avez, répondirent-ils. Apportez un dieu de main1, dit Céasair, adorez-le et séparez-vous du Dieu de Noé. 1. (Lizeray) Un dieu « portatif ». Une statuette de divinité ? Leabar Gabala, Livre des invasions. Par Henry Lizeray et William O’Dwyer, 1884. Mise en forme et commentaires des pages 7 à 242 : Hervé Cariou, 2023 8 C’est à cela qu’ils s’accordèrent. Ils apportèrent un dieu de main en présence de Céasair, ils l’adorèrent et se séparèrent de leur protecteur, par l’avis de Céasair. C’est alors qu’elle les requit de construire un vaisseau, et, en voyageant à travers la mer, de chercher l’Irlande. Ils agirent de la sorte, mais ni eux, ni leur dieu de main ne connaissaient quand viendrait le déluge. Trois hommes et cinquante femmes montèrent dans le vaisseau avec uploads/Litterature/ leabar-gabala-la-suite.pdf

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