La lecture à haute voix Avant propos Lors des premiers contacts avec le code éc
La lecture à haute voix Avant propos Lors des premiers contacts avec le code écrit, on (l'enfant, les parents, l'école) développe rapidement une dynamique de lecture : lecture orale = contrôle automatique, immédiat, tant pour le lecteur que pour l'auditeur. C'est un moyen efficace et instantané de savoir si on a lu correctement (techniquement parlant); au début de l'apprentissage, l'enfant n'a pas besoin d'autre contrôle, les mots lus étant des mots connus, archiconnus et presque tous illustrés; il vérifie donc simplement si la prononciation émise par ses cordes vocales correspond à celle se trouvant dans sa "mémoire auditive". Le sens du mot n'a pas à intervenir puisqu'il est "confondu" avec son "empreinte visuelle" sauf évidemment pour les mots nouveaux. Dès que les textes se complexifient, deviennent plus abstraits (règles d'un jeu par exemple), il faut développer d'autres moyens pour que ces mots prennent (donnent?) un sens. On passe alors par l'adulte ou "le grand" qui nous explique; des "systèmes" sont alors mis en place (ou pas) qui permettent à l'enfant de se débrouiller sans lire vraiment; il est ainsi capable de décoder des "textes" plus ardus sans se poser trop de questions et d'en comprendre les tenants et aboutissants. Plus tard, la lecture de romans, d'histoires, de consignes à l'école, montre, par leur variété et leur quantité, les limites du jeune lecteur; s'il pouvait facilement donner un nom à tous les objets de son environnement ou "lire" les noms de tous les dinosaures de son livre, il ne peut plus se contenter de mémoriser, par une pratique constante, les "empreintes" (graphiques et auditives) de tous les mots qu'il rencontre. La recherche du sens prend enfin un sens et occupe ses forces mentales. Le recours à "l'oralisation" n'est plus un moyen aussi efficace pour lui permettre de trouver le sens de ce qu'il lit. Ainsi, l'enfant a entendu la lecture d'histoires par ses parents, sa famille, ses maîtres(sse)s. Il peut restituer facilement les "Il était une fois", "dans la forêt se promenait une petite fille toute habillée de rouge"... Il n'a, par contre, jamais entendu "Il faisait monter du feu avec son bâton des étincelles; elles restaient accrochées au mur couvert de suie où elles brillaient comme des étoiles dans un ciel noir" (Derborence1, chap. 1) Est-ce à dire qu'il faudrait lire aux enfants tous les livres avant qu'ils puissent se les approprier ? Même si ces moments de lecture font partie des plaisirs forts de la vie (d'enfant et d'adulte), je doute qu'une systématisation apporte la solution au problème de la lecture. Seule la poursuite de cet effort (recherche du sens, victoire sur la peur du mot nouveau, la peur de la tournure de phrase insolite ou du livre, de l’auteur -de l’autre - inconnu) amènent des progrès réels; c'est alors le contexte (scolaire, social) qui a son rôle à jouer. On sait malheureusement que ce rôle n'est pas apprécié de la même façon par les enfants et que certains se retrouvent à 16 ans en train de ânonner tant en lecture silencieuse qu'en lecture "orale". Venons-en à ces "jeunes" lecteurs, ces "vieux débutants" que je fréquente quotidiennement : la lecture, tant orale que silencieuse leur pose des problèmes: ils "cafouillent" en lisant à haute voix, (donc lisent de manière incompréhensible) et ne comprennent pas un traître mot de ce 1 Derborence, C.-F. Ramuz - LDP 3152 - éd 1973 Lecture orale – Yak Rivais – Retz - 1990 1/14 pf – avril 2003 qu'ils viennent de lire. En lecture silencieuse,une bonne moitié d'entre eux ne comprennent pas non plus ce qu'ils lisent. Une première difficulté vient de leur "technique de déchiffrement", souvent déficiente; des solutions existent : gammes, exercices de repérage, mémoire... Ce phénomène de "non-lecture" est en partie causé par notre système scolaire qui veut que, dès qu'un élève sait "déchiffrer", on arrête de l'entraîner, tant oralement que silencieusement, sous prétexte que chaque enfant, par la force des choses, verra sa scolarité jonchée de mots, de textes, de livres, de "choses" de l'écrit qui "l'entraîneront" et amélioreront, par l'habitude, sa lecture; peut-on vraiment affirmer que l'apprentissage du déchiffrage de mots ou de phrases soit un outil suffisant pour faire face aux multiples facettes de l'écrit ? J'ai, pour ma part, de sérieux doutes. La lecture "orale" est un phénomène particulier de la lecture, qui doit être considéré comme tel et donc "entraîné" de manière spécifique : par une lecture orale, il ne s'agit pas de vérifier si la "technique générale de lecture" est correcte, mais, pour le lecteur, de restituer le code de l'écrit dans le but de le transmettre à quelqu'un d'autre. Pour ce faire, il est nécessaire d'en avoir compris la substance ! C'est donc face à un phénomène différent de celui qui a marqué les débuts de l'apprentissage que nous nous trouvons. Petit, l'enfant utilisait l'oral pour contrôler si "techniquement" il lisait correctement (nous le faisons parfois aussi quand nous rencontrons une phrase à la syntaxe particulière ou en poésie); plus grand, la lecture à haute voix implique que l'enfant ait compris par avance ce qu'il lit pour restituer correctement le texte. La lecture à haute voix est donc un exercice nettement plus difficile que la lecture silencieuse (personnelle), non pas parce qu'il faut prononcer les mots mais parce que le but est que le texte soit compris par l'autre. Pour les élèves que j'ai observés, la lecture orale m'a paru doublement complexe : d'une part, ils sont obligés de passer par une oralisation pendant leur lecture silencieuse, pour tenter de comprendre ce qu'ils lisent et, d'autre part, en lisant à haute voix, ils ne comprennent pas ! En fait, il ne peuvent pas comprendre. Il paraît évident que pour améliorer sa lecture à haute voix, il est nécessaire de travailler en priorité la lecture personnelle et silencieuse. Des jeux pour lire mieux Parmi les moyens facilement utilisables, un petit livre* (bon marché) destiné aux parents d'enfants de 7 à 11 ans m'a donné de nouvelles idées. Comme l'indique son titre, il propose 140 jeux de lecture (orale, silencieuse parfois). Le nombre d'exercices est impressionnant, mais il faut savoir que plusieurs de ces jeux se ressemblent beaucoup et que parfois, seules des nuances infimes permettent de les distinguer. Les principes (voir ci-dessous), l'état d'esprit, la dynamique que ces jeux induisent me paraissent tout à fait remarquables. J'en ai essayé quelques-uns avec ma classe (12 à 17 ans) et mon fils (9 ans), ça marche et, ce qui ne gâte rien, c'est souvent drôle ! Vous trouverez dans les pages suivantes un choix d'une cinquantaine d'exercices. Les consignes ne sont pas toujours exactement celles du livre; je les ai adaptées, souvent pour des questions de terminologie Lecture orale – Yak Rivais – Retz - 1990 2/14 pf – avril 2003 (déterminant à la place d'article...) mais aussi pour en simplifier l'énoncé, pour regrouper des exercices très voisins... Des jeux pour lire mieux PRINCIPES DE BASE 1L'enfant lit sa (ou ses) page(s) dans son livre en silence avant les jeux qu'on lui propose 2 La complicité qui s'établit au cours de ces jeux ne doit pas les transformer en travaux forcés ! 3 Pour chaque jeu, il y a un joueur et un contrôleur; il est souvent prévu d'inverser les rôles ou d'opposer deux joueurs 4 L'enfant n'écrira rien au cours de ces jeux 5 La durée des séquences: ne dépassera pas 15 minutes 6 On ne fait pas porter les exercices sur l'entier du texte 7 Le choix et la longueur du texte sont d'un niveau que l'enfant est capable d'atteindre. 8 Les consignes de l'exercice sont expliquées; un ou plusieurs exemples sont montrés avant. REMARQUES ET CONSEILS -- L'enfant qui lit lentement a l'esprit accaparé par le déchiffrement, il ne peut formuler d'hypothèses sur ce qu'il lit, le sens lui échappe -- Une bonne lecture ne segmente pas. Elle ne dilapide pas ses moyens à faire du B-A-BA, ni à séparer les syllabes. Pour comprendre, il faut lire plus vite que la parole. -- Il ne faut pas courir après le sens mais dominer le déchiffrement pour anticiper. -- On peut parfaitement adapter les règles ou les consignes à un nombre d'élèves plus élevé (groupes de 4, 5..., classe entière). Ces exercices poussent l'enfant à réfléchir et l'obligent à une attention soutenue. Si mes élèves ont généralement beaucoup apprécié ce genre d'exercices, j'ai souvent dû les encourager à les finir car l'effort demandé est souvent très important pour eux. 1 SE "VOLER" LA PAROLE Objectifs: suivre une lecture plus rapide, suivre un rythme collectif, anticiper. Deux lecteurs (adulte et enfant) ou plus. L'un commence la lecture à haute voix. L'autre suit des yeux. Quand il le désire, le lecteur silencieux peut continuer le lecture à voix haute, et donc en prendre le contrôle. Celui qui lisait à voix haute se tait et c'est son tour de suivre. Il reprend le commandement lorsqu'il veut se manifester de nouveau en poursuivant à voix haute la lecture. Chaque lecteur qui suit Lecture orale – Yak Rivais – Retz uploads/Litterature/ lecture-orale-jeux.pdf
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- Publié le Oct 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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