Du même auteur Le Joueur de mots, dico du français amusant, Glyphe, 2018. 101 C

Du même auteur Le Joueur de mots, dico du français amusant, Glyphe, 2018. 101 Citations qui ont fait l’histoire de France, Préface de Jean-Joseph Julaud, Glyphe, 2017 Le Nouveau Bêtisier de la République, deuxième édition, Glyphe, 2016 500 Mots rigolos, deuxième édition, Glyphe, 2015 Petit Dico franglais-français, First, 2014 Oui, l’économie en français, c’est plus clair ! préface d’Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, France-Empire, 2013 Anthologie des jeux avec les mots, préface d’Anne Roumanoff, postface de Claude Hagège, Le Cherche midi, 2009 Le Français administratif, écrire pour être lu, préface de Claude Hagège, postface d’Yves Berger, deuxième édition, Glyphe, 2009 Alerte francophone, essai sur une langue universelle, préface de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge, Editions Arnaud Franel, 2004 En vrai français dans le texte, dictionnaire franglais-français, Le Cherche midi, 1999 Des mairies et des hommes, préface de Jacques Chirac, président de la République, Le Cherche midi, 1999 Et si l’on parlait français, essai sur une langue universelle, préface de Claude Hagège, Le Cherche midi, 1993 Alfred Gilder LES 300 PLUS BELLES FAUTES… À NE PAS FAIRE ET AUTRES EXTRAVAGANCES À ÉVITER Préface de Christophe Barbier A Tristan Thomas, sans qui ce livre ne serait pas et à Rodica, ma lectrice attentive Elle a, d’une insolence à nulle autre pareille, Après trente leçons insulté mon oreille Par l’impropriété d’un mot sauvage et bas Qu’en termes décisifs condamne Vaugelas. MOLIÈRE, Les Femmes savantes Si nul ne parlait, sauf quand il a quelque chose à dire, la race humaine ne tarderait pas à perdre l’usage de la parole. Somerset MAUGHAM, La Passe dangereuse Champ de blé, champ de bataille par Christophe BARBIER « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément… » Voilà plus de trois siècles que Nicolas Boileau nous a quittés, mais sa pensée est toujours vivante, comme celle de Vaugelas, de Molière, de Corneille et de Voltaire. Comme celle de Marivaux, aussi, qui sut rendre la prose française si agréable à nos oreilles, approchant de la perfection musicale. Comme celle de Beaumarchais, enfin, qui mit dans ses phrases des charges explosives et fit sauter l’Ancien Régime. Pourtant, ils ont raison à leur tour, ceux qui ont concassé notre langue, tels Breton, Jarry ou Dard. Oui, la force du français, c’est d’accepter dans un même dictionnaire, dans un même brouhaha, dans une même bibliothèque, Céline et Proust, Mallarmé et Michaux, Claudel et Vitrac. Et pourquoi auraient-ils tort, Audiard, Brassens et Lapointe, avec leurs mots venus des villes, des campagnes ou du grand large ? Le français ne s’égare pas quand il flâne dans les quartiers reculés de ses banlieues, quand il arpente les campagnes des patois, quand il explore les paysages de la francophonie, la brûlante Afrique comme le chantant Québec. Il y ramasse des mots étranges et y cueille des règles inédites : tant mieux ! Même si l’oreille grince souvent, même si la grammaire y est en deuil, n’y a-t-il pas de la vie chez les slameurs et les rappeurs ? Grand Corps Malade et Abd al Malik, Akhenaton et Nekfeu : leur violence est éloquente, et leurs mots sous les maux sont des muses autant que des ruses. Mais si la liberté est féconde, c’est parce que la règle est ferme. C’est par la contrainte, en effet, que l’on crée les conditions des embardées mystérieuses, des dérapages inspirés, des rébellions géniales. Parce que l’alexandrin s’est posé comme un corset autour de l’imagination des poètes, Hugo a pu révolutionner le théâtre et Baudelaire, les surréalistes, Ponge et Aragon sculpter des mélodies nouvelles. Oui, c’est en parlant bien le français aujourd’hui qu’on peut le penser mieux demain ; c’est en maîtrisant dans l’instant ses règles souvent complexes, parfois tordues, que l’on peut ensuite bousculer les codes de la langue, et la réinventer. Eviter les fautes, ce n’est pas seulement participer à cet éternel chantier poétique, c’est aussi mener un combat décisif. Le français est certes un champ de blé, où l’on peut moissonner les plus beaux et réguliers épis, ainsi que de magnifiques coquelicots sauvages et éphémères ; mais il est aussi un champ de bataille – et l’heure est grave. Elle est grave, parce que les médias, les réseaux sociaux, la publicité ou les SMS malmènent, chaque jour un peu plus, les mots et les phrases. Les explications sont nombreuses, mais elles ne font pas une excuse : il faut aller vite, communiquer plutôt que s’exprimer, se plier aux exigences de simplicité des nouvelles relations sociales et au fonctionnement des outils mondiaux – qui vont jusqu’à renier les accents sur les lettres ! Elle est grave, parce que la Macronie érige en langage quasi officiel un sabir nourri de marketing et de nouvelles technologies, farci de mots anglais, où l’on croit faire sens parce qu’on jacte business. Comme si le français n’avait pas déjà pensé, ou ne pouvait pas imaginer, des équivalents. Construire une « start-up nation » ne légitime pas l’écrasement des lexiques tricolores. Le français s’est toujours enrichi des langues étrangères, il a su adopter, naturaliser, intégrer un nombre infini de termes venus de loin. Mais aujourd’hui, il n’est plus un titre de film américain qui soit traduit sur les affiches ; les publicités des sociétés françaises pour des produits français sont très souvent dotées de slogans en anglais. Ce n’est pas une colonisation, car les Etats-Unis ne nous demandent rien : c’est un sabordage, une paresse suicidaire, un funeste snobisme. « Snob », d’ailleurs, est une expression latine devenue un mot britannique adopté ensuite par la langue française ! C’est l’exemple à suivre, loin des ingestions précipitées de la junk food actuelle. Nécessaire mais insuffisante, la science du bien parler ne permettra pas de faire reculer les envahisseurs, à la voracité servie par notre laxisme. Mais tout commence par l’autodiscipline. Faire l’effort de respecter les règles de sa langue ne peut qu’inciter demain à en protéger le territoire, c’est-à-dire à être hospitalier sans devenir benêt en ouvrant la langue française comme une auberge espagnole. Et puis il y a un réel plaisir à déjouer les pièges du français ! Quelle torture, mais quel délice que de lutter contre la pernicieuse grammaire et la perverse syntaxe. « Oh ! Quelle horrible vieille trompeuse ! » disait d’ailleurs Frédéric Nietzsche de la grammaire. De la dictée de Bernard Pivot, mythique et regrettée, jusqu’aux circonlocutions des définitions pour cruciverbistes, en passant par les jouissances de la contrepèterie, cet art de décaler les sons, la langue française est au-dessus de tout un champ magnétique, qui nous attire et nous fascine, qui indique le pôle de notre civilisation et dessine la rose des vents de notre culture. Comme le la du diapason Un jour, Robert Sabatier voulut vérifier qu’une expression venue sous sa plume pouvait s’employer. Aussi consulta-t-il le meilleur manuel du bon usage qui soit : le Grevisse. Il y découvrit, surprise, surprise, la tournure problématique… dans un de ses romans. On néglige trop souvent la recommandation Dites… Ne dites pas. Le relâchement des mœurs langagières aggrave la situation. Pourtant, s’exprimer bien ne messied pas, mais cela n’a rien d’évident. On s’efforçait autrefois de parler comme on doit écrire. Maintenant, on écrit plutôt comme on ne devrait pas parler. Est-ce une raison d’abuser du mauvais langage ? Je songe à ce protestant de Genève, qui, un beau dimanche, s’en va écouter le sermon. A son retour du temple, sa femme lui demande : — De quoi le pasteur a-t-il parlé ? — Du péché. — Qu’en a-t-il dit ? — Le plus grand mal. Les erreurs de langage sont comme les fautes de morale : il faut s’en repentir. Sans atteindre la sévérité de notre calviniste, ce livre distribue d’aimables reproches. Il dénonce les mots employés de travers, les locutions creuses et verbeuses, les clichés pénibles, les néologismes*1 malvenus. Ce florilège navrant présente aussi un lot de barbos et de solos, selon l’ancienne expression, c’est-à-dire des barbarismes* et des solécismes*, des étymologies bousculées, des pléonasmes* à la pelle, des oxymores* incongrus, des tournures ambiguës, des janotismes* grotesques. Il coule de source que sévissent erreurs ou abus de sens, contresens, non-sens, anglicismes furtifs, franglais* rampant, prononciations inexactes, ponctuation défectueuse, pataquès*, langue de bois en chêne massif et poli éthiquement correct. Vaste programme ! Devant de telles bévues cumulées, le muet reste sans voix2. Le langage exact reste la condition nécessaire d’une pensée claire. Les mots sont des outils de précision, utilisez-les à bon escient, veillez à leur sens, à leurs différences, à leurs distinctions subtiles. Ne soyez ni puriste ni laxiste : soyez exact. A force de ne plus s’entendre sur ce que les paroles signifient, on finit par n’être entendu de personne. Ignorer le sens des mots peut s’avérer comique : dans un film tiré d’une bande dessinée corrosive de Reiser, le héros présente son meilleur ami à la dame pipi d’une gare parisienne. Il lui dit : « Il est marxiste. » Pensant qu’il s’agit d’une maladie terrible, elle s’exclame : « Oh, mon Dieu ! le pauvre ! » uploads/Litterature/ les-300-plus-belles-fautes-alfred-gilder-bookys-me 1 .pdf

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