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HAL Id: hal-02985955 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02985955 Submitted on 2 Nov 2020 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial| 4.0 International License Au-delà de la plume, la main du copiste et la voix du chantre. Erreurs ou diversité des traditions du chant au Moyen Âge Marie-Noël Colette To cite this version: Marie-Noël Colette. Au-delà de la plume, la main du copiste et la voix du chantre. Erreurs ou diversité des traditions du chant au Moyen Âge. Textus & Musica, Université de Poitiers 2020, ”Qui dit tradition dit faute ?” La faute dans les corpus chantés du Moyen Âge et de la Renaissance, 1. hal-02985955 Au-delà de la plume, la main du copiste et la voix du chantre. Erreurs ou diversité des traditions du chant au Moyen Âge Par Marie-Noël Colette Publication en ligne le 15 octobre 2020 Résumé The chants of the latin Church were transmitted orally from the beginning until the ninth century. A number of variants, which can be spotted in the manuscripts which were preserved from the Carolingian ages, show the diversity of coexistant traditions in the medieval Europe, even before the invention of musical notations. The study of tonal, modal or ornamental variants, whether they are intentional or unintentional, invite to distinguish between errors and authentic choices made by the copist, who is a real witness of the local and cultural traditions. The intellectual or musical interpretations of these chants will take advantage of this rich diversity, much more than the tendency to impose a uniformity, which has no roots in History. Mots-Clés Neumes, Gregorian Chant, Modality, Octoechos, Traditions, Psalmody, Variants, Errors, Neumatic Notation. Textus & Musica Courriel : textusetmusica@ml.univ-poitiers.fr Table des matières Classement tonal des mélodies Variantes ornementales Quelques incertitudes neumatiques Conclusion Texte intégral Dans un traité de grammaire du ӋӚe siècle a été ajoutée cette phrase qui, jointe à quelques essais de neumes assez biscornus, pourrait concerner, autant que la copie de la littera, celle de la musica : « Scribere qui nescit, Deus augeat illi ». Implorons l’aide de Dieu dans l’art, si délicat, de la copie. Reconnaissons, avec Bernard Cerquiglini, que toute copie est altération . Or nous ne disposons, pour interpréter des chants dont la tradition nous est devenue étrangère, que de copies de copies, concernant de surcroît des mélodies qui furent transmises durant des siècles sans le véhicule de l’écriture. Il s’agit donc aujourd’hui d’apercevoir dans des écarts, des déviations, ou même des corrections par les copistes eux- mêmes, une lueur qui nous introduise au cœur de traditions vivantes si lointaines. De quelles traditions s’agit-il ? Elles sont multiples à des titres variés. Venues du Bassin méditerranéen, les liturgies latines se sont répandues dans toute l’Europe avec l’expansion du christianisme. Transmises, au sein de chaque région de culture, de manière plutôt verticale, comme un héritage, puis pour certaines disséminées à la faveur de contacts religieux, culturels ou politiques. Enfin ces compositions musicales, pour la plupart d’auteurs inconnus, ont subi des restaurations qui furent accompagnées d’analyse et de théorisation. Distinguons plusieurs étapes dans la transmission : 1. À partir de l’Antiquité tardive, le chant se transmet par tradition orale sans notation musicale dans une civilisation qui cependant n’ignore pas l’écriture littéraire mais la vénère au plus haut point, le livre. Les chants ne sont pas encore notés, mais l’organisation liturgique se construit et est consignée dès le ӘӋe siècle dans les sacramentaires romains. 1 [ ] 2 [ ] 2. La période carolingienne est marquée par une réforme du chant, avec la création du chant romano-franc, appelé plus tard grégorien. Le sacramentaire est alors complété en Gaule avec un de ses témoins les plus prestigieux, que nous ne pouvons manquer de citer lors de ce colloque tenu à Saint-Guilhem, le sacramentaire, écrit vers 790-800 probablement pour Cambrai, mais présent à Gellone dès la fondation de ce monastère en 804, ou peu après . Cet exemple rappelle que la tradition, en matière liturgique, ne peut s’appréhender sans compter sur l’influence directe ou indirecte du magistère, ecclésial ou même civil, et des relations culturelles que n’excluent pas de grands écarts géographiques. 3. La réforme du chant sera suivie dès le neuvième siècle des premières inventions de notation musicale en Occident, notation non encore lisible mélodiquement, mais riche d’indications agogiques et rythmiques qui semblent dictées par le chantre lui-même, et donc tellement proches de l’exécution traditionnelle. 4. Après le ӚӋe siècle, la tradition orale continue conjointement avec la possibilité d’une notation musicale lisible, bien spatialisée autour d’une puis plusieurs lignes, conformément aux inventions de Guy d’Arezzo. L’état des sources ne simplifie pas la tâche du musicologue : leur abondance apparente mais aussi leur pauvreté au regard de ce qui a dû exister. En conséquence de ces paramètres, toute hypothèse ou constatation devra être considérée comme intrinsèquement relative. L’intérêt porté à la question des variantes, ou des erreurs, n’est pas nouveau. Essayons d’en résumer, non sans danger de simplification, quelques étapes. En France, une restauration du chant a été initiée au milieu du dix-neuvième siècle, en réaction aux ruptures provoquées par les réformes néo-gallicanes (ӚӘӋӋ-ӚӘӋӋӋe siècle), et à la faveur des progrès de la recherche paléographique. Au siècle précédent, l’abbé Lebeuf rend compte de sa lecture de la production manuscrite : « Je n’ai négligé d’en voir aucuns du grand nombre de ceux qui sont conservés à la Bibliothèque du Roy, sans compter ceux qui sont en d’autres Bibliothèques, ni ceux que j’ai cherché en différentes Églises du Royaume ». Sa main peut se reconnaître sur des annotations apportées à des manuscrits de Saint-Martial de Limoges, arrivés depuis peu à Paris. Et il émet dans son traité des jugements de valeur, ainsi une variante dans une antienne est-elle entachée d’erreur dans les livres de Sens alors que la version des livres parisiens « rend ce chant plus tendre et affectueux ». Aux ӚӋӚe et ӚӚe siècles, et même encore aujourd’hui, la comparaison des leçons des différents manuscrits a pour objet l’édition d’une version unique offerte à l’usage de toutes les Églises de rite latin. Le célèbre Liber Usualis fut le résultat d’une confrontation entre 3 [ ] 4 [ ] plusieurs manuscrits et finalement de choix assez arbitraires de ses auteurs. Le projet solesmien de faire une édition critique du chant de la messe n’a pas abouti, il a au contraire permis d’établir des familles de transmission reposant sur les variétés de formes neumatiques pour un même lieu variant . Les musicologues connaissent bien les éditions de la Paléographie Musicale, et les tableaux comparatifs de manuscrits établis à Solesmes. Le nombre des manuscrits publiés sur le Web multiplie maintenant les possibilités de comparaisons. La question de l’édition n’en est pas résolue pour autant. Des éditions du corpus de la messe et de l’office prennent pour référence les versions neumatiques des premiers manuscrits de Saint-Gall, ou de Laon qui, comme on le sait, ne renseignent pas les intervalles mélodiques. Ces derniers sont alors choisis, pour les fragments successifs d’un chant, à partir d’un panel de manuscrits diastématiques, pour la conformité de leurs formes neumatiques à celles de ces anciens manuscrits. Le résultat pourrait satisfaire lorsqu’il procède pour une même pièce d’un manuscrit unique. Mais il arrive souvent que dans ces éditions un chant apparaisse comme une compilation rassemblant des notes venant de manuscrits divers, ainsi coupée de toute racine traditionnelle. C’est encore souvent le cas du Graduale novum destiné à s’imposer à toutes les Églises qui célèbrent en latin. Et cependant l’intention se présentait comme scientifique, avec l’exposé des sources utilisées . Mais quel sens donner, au ӚӚӋe siècle, à l’exécution liturgique d’un chant en latin qui ne soit pas arrimé à une tradition particulière ? Le principe même d’une exécution uniforme et universelle est contradictoire avec les pratiques originelles que nous recherchons aujourd’hui. Tout autre fut, d’abord à visée scientifique, le projet des travaux concernant les répertoires de proses et de tropes composés à partir de l’époque carolingienne. Relever les sources et éditer les pièces, par genres, à partir des manuscrits, c’est le cas des thèses issues de l’école de Bruno Stäblein à Erlangen, des Monumenta monodica medii aevi, ou encore du Beneventanum troporum corpus. Le Corpus monodicum mené par Andreas Haug (Institüt für Musikforschung, Würzburg) consiste à publier des corpus entiers à partir de manuscrits jugés représentatifs des traditions occidentales. Il repose largement sur les éditions complètes avec apparat critique littéraire, du Corpus troporum de Stockholm. Le choix des manuscrits suppose alors l’analyse de déviations ou d’erreurs. Charles Atkinson emploie la notion d’impossibilité . Il faudra cependant distinguer l’impossibilité littéraire et l’impossibilité musicale. Le chantre a-t-il uploads/Litterature/ au-dela-de-la-plume-la-main-du-copiste-et-la-voix-du-chantre-erreurs-ou-diversite-des-traditions-du-chant-au-moyen-age.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 01, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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