Martin BLAIS Philosophe, Université Laval (1990) L’autre Thomas d’Aquin Un doc

Martin BLAIS Philosophe, Université Laval (1990) L’autre Thomas d’Aquin Un document produit en version numérique par Mme Marcelle Bergeron, bénévole Professeure à la retraite de l’École Dominique-Racine de Chicoutimi, Québec et collaboratrice bénévole Courriel : mailto:mabergeron@videotron.ca Dans le cadre de la collection : "Les classiques des sciences sociales" dirigée et fondée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web : http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Martin Blais, L’autre Thomas d’Aquin (1990) 2 Un document produit en version numérique par Mme Marcelle Bergeron, bénévole, professeure à la retraite de l’École Dominique-Racine de Chicoutimi, Québec courriel : mailto:mabergeron@videotron.ca Martin Blais, philosophe. Une édition électronique réalisée à partir du texte de Martin Blais, L’autre Thomas d’Aquin, Les Éditions du Boréal, 1990 316 pp. [Autorisation accordée par l’auteur le 12 septembre 2004.] mailto:martin-blais@sympatico.ca Polices de caractères utilisés : Pour le texte : Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2003 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée le 3 mars 2005 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec. Martin Blais, L’autre Thomas d’Aquin (1990) 3 L’autre Thomas d’Aquin (1990) Illustration de la couverture : Normand Cousineau Martin Blais, L’autre Thomas d’Aquin (1990) 4 Du même auteur Philosophie du pouvoir, Montréal, Éditions du jour, 1970, 157 pages. Participation et contestation ; l'homme face aux pouvoirs, Montréal, Beauchemin, 1972,136 pages. L’Échelle des valeurs humaines, (1 re édition), Montréal, Beauchemin, 1974, 200 pages. Réinventer la morale, Montréal, Fides, 1977, 159 pages. L’Échelle des valeurs humaines, (2 e édition), Montréal, Fides, 1980, 216 pages. L'Anatomie d'une société saine (Les valeurs sociales), Montréal, Fides, 1983, 248 pages. Une morale de la responsabilité, Montréal, Fides, 1984, 248 pages. Martin Blais, L’autre Thomas d’Aquin (1990) 5 Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération canadienne des études humaines, dont les fonds proviennent du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada. Les Éditions du Boréal, 1990. Données de catalogage avant publication (Canada) Blais, Martin, 1924- L'autre Thomas d'Aquin Comprend des références bibliographiques. ISBN 2-89052-301-2 1. Thomas, d'Aquin, saint, 1225 ? -1274. 1. Titre. B765.T54B52 1990 189’. 4 C90-096152-X À Monique, ma femme Savoir son mari en compagnie du « misogyne » Thomas d’Aquin, c'est angoissant pour une femme. Ce livre devrait dissiper toutes tes craintes: Thomas d’Aquin est un professeur d'émerveillement, de respect, d'amour et de fidélité. Martin Blais, L’autre Thomas d’Aquin (1990) 6 L’AUTRE THOMAS D’AQUIN Une grotesque caricature... V oilà comment Martin Blais qualifie le portrait que tracent de Thomas d'Aquin les manuels prétendument thomistes, les professeurs soi-disant tels, les traducteurs toujours un peu traîtres, les commentateurs qui frelatent sa pensée, voire l'Église, qui a occulté les pages compromettantes de son penseur officiel. Martin Blais se propose de retracer le visage authentique de cet auteur méconnu de ceux-là mêmes qui s'en réclament. À cette fin, il exhume les passages les plus percutants de son anthropologie, de sa morale et de sa pensée politique : le corps, le plaisir, le sexe, le mariage, la femme, la primauté de la conscience, même fausse, le pouvoir, naturellement tyrannique, etc., autant de sujets sur lesquels le lecteur pourra, grâce aux nombreux textes cités, « boire dans le creux de sa main et non dans une coupe empruntée ». Les détracteurs de Thomas d'Aquin verront s'écrouler le mur de leur aversion, ceux qui admirent le saint seront touchés par l'homme qui se cache derrière ; tous devront reconnaître qu'il y a eu « erreur sur la personne ». Professeur retraité de la faculté de philosophie de l'Université Laval, Martin Blais est spécialiste de la philosophie médiévale et de la pensée de Thomas d’Aquin en particulier. Entre autres ouvrages, il a publié Une morale de la responsabilité, L’Anatomie d'une société saine et L’Échelle des valeurs humaines. INTRODUCTION Martin Blais, L’autre Thomas d’Aquin (1990) 7 Table des matières Chapitre 1 Le grand bœuf muet de Sicile L'homme : « grand bœuf muet de Sicile » Le maître novateur Le Docteur commun Chapitre 2 Les causes des nausées Thomas d'Aquin appartient au Moyen Âge L'Église catholique lui a refilé ses ennemis Les traducteurs Les professeurs « thomistes » Les auteurs de livres ou de manuels « thomistes » Ses adversaires Thomas d'Aquin lui-même Chapitre 3 Il y a le corps aussi Il y a le corps aussi Le corps, lieu de l'âme Le corps humain, un merveilleux instrument La femme « Le domaine de Satan » Mais qu'est-ce donc que l'âme ? Chapitre 4 N'obéir qu’à soi Le premier mot de la morale thomiste Du bien au bonheur De la théorie à la pratique La conscience morale Chapitre 5 Le pouvoir vient de Dieu ; le sexe aussi Un pouvoir fait chair Une obéissance aux yeux dessillés Un art « divin » de gouverner La tyrannie CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE Retour à la table des matières Martin Blais, L’autre Thomas d’Aquin (1990) 8 INTRODUCTION En 1949, je m'inscrivais à l'archithomiste faculté de philosophie de l'Université Laval pour y entreprendre, dans mes moments de loisir — j'enseignais alors au secondaire — des études dont j'étais loin de prévoir qu'elles me conduiraient au doctorat d'abord, puis me vaudraient une chaire de professeur à cette prestigieuse institution. Comme à peu près tous les bacheliers de l'époque, j'avais fait ma philosophie dans le Cours de philosophie de l'abbé Henri Grenier, docteur en philosophie, en théologie et en droit canonique. Quand l'abbé Maurice Dionne, professeur à la faculté de philosophie, a commencé à se moquer des manuels de philosophie thomiste, j'ai été un peu scandalisé. L'auteur de mon manuel était bardé de trois doctorats ; l'abbé Dionne n'avait que deux licences. J'avais l'impression que David provoquait de nouveau Goliath. Selon l'abbé Dionne — il deviendra monseigneur plus tard, tout comme l'abbé Grenier, d'ailleurs — les manuels qui se présentaient comme étant conformes à l'esprit de saint Thomas, ad mentem sancti Thomœ, trahissaient la pensée du maître : on lui attribuait des opinions qu'il n'avait pas émises ; on taisait des positions qu'il avait prises. J'allai voir, aussi sceptique que curieux. Il n'y avait pas de doute : Thomas d'Aquin en manuels, c'était comme un jeune taureau offert en morceaux bien ficelés sur l'étal d'un boucher. La vie s'est retirée. Je m'expliquerai là-dessus quand je montrerai la différence entre une question et une thèse. Thomas d'Aquin soulève des questions ; mon manuel démontrait des thèses : on ne flirtait pas avec l'erreur dans mon manuel. Martin Blais, L’autre Thomas d’Aquin (1990) 9 À la faculté, on étudiait Thomas d'Aquin dans le texte et non dans des manuels, cela va de soi ; qui plus est, on l'étudiait dans le texte latin. Les cours me fournirent donc l'occasion d'en scruter quelques pages. Je dis bien quelques pages, car on n'allait pas vite : on savait tout de rien. Et une pensée de Pascal me fatiguait : « ... il faut savoir peu de tout. Car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose. 1 ». On étudiait, par exemple, le commentaire que Thomas d'Aquin a fait de l'Éthique à Nicomaque, mais on n'en parcourait même pas la moitié. À mes yeux, les professeurs n'étaient pas excusés du fait qu'ils insistaient sur l'extrême importance des premiers pas. Par moi-même, j'en bouffai des quantités gargantuesques : avant d'approfondir, je voulais dresser un inventaire sommaire des points intéressants à creuser dans cette œuvre monumentale : 20 000 pages. Durant un été, par exemple, je me tapai à peu près toute la Somme théologique dans la traduction de Lachat, dont je parlerai plus loin. Je notais sur la page de garde les thèmes sur lesquels je reviendrais : les perles, quoi. Quelques années plus tard, je faisais une maîtrise, puis un doctorat en études médiévales à l'Institut d'études médiévales de l'Université de Montréal. Mes deux thèses portaient sur Thomas d'Aquin. Celle de doctorat devait exploiter un filon qui m'intéressait de façon toute particulière. Elle avait pour titre Le Chef selon saint Thomas. Pour l'écrire, je lus ou relus des milliers de pages de l'Aquinate. En 1965, j'étais embauché comme professeur à la faculté de philosophie de l'Université Laval. On me confia deux cours de philosophie de la nature et deux cours de philosophie médiévale. En m'indiquant ma tâche, le doyen d'alors me dit : « Vous couvrez tout le Moyen Âge, mais vous ne touchez pas à saint Thomas : saint Thomas, c'est la doctrine. » Je n'avais pas à retourner ce champ, tout le monde y piochait. Peu à peu, la situation devait changer. Quand j'étudiais à la faculté, de 1949 à 1955, la majorité des étudiants étaient des prêtres, des sœurs et des frères. Les cours débutaient par une prière, récitée à genoux, et ils se terminaient par le Sub tuum, récité dans uploads/Litterature/ martin-blais-thomas.pdf

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