AZI Le chant de l'illumination silencieuse Étienne Zeisler moine zen 1/154 MOKU
AZI Le chant de l'illumination silencieuse Étienne Zeisler moine zen 1/154 MOKUSHOKA Le chant de l'illumination silencieuse DARUMA SARL ©DARUMA, 1991 17, rue Keller 75011 Paris ISBN 2-901844-17-0 2/154 Sommaire Préface.........................................................................................................................4 TENZO KYOKUN, de Maître Eihei Dogen.............................................................................6 JU UNDO SHIKI «Les règles du dojo» de Maître Dogen......................................................54 MOKUSHO KA Le chant de l'illumination silencieuse..........................................................80 LA NOUVELLE RICHESSE...............................................................................................97 SANJUSHICHI -BODAIBUNPO.......................................................................................117 3/154 Préface Étienne Zeisler, né en Hongrie en 1946, avait 3 ans quand ses parents vinrent s'installer en France. Il vécut ensuite à Paris et, à la fin de sa scolarité, il entama des études de droit. C'est à cette époque, en 1967, qu'il fit la connaissance de Maître Deshimaru qui venait d'arriver en France. Il fut l'un des premiers à pratiquer zazen auprès de lui. Durant de nombreuses années, il le suivit et fut son traducteur. C'est donc tout naturellement qu'à la mort de celui-ci en 1982, il devint l'un des principaux dirigeants de sa mission. Maître Taisen Deshimaru était lui-même disciple de Maître Kodo Sawaki, grand réformateur du Zen au Japon. Face à la sclérose du bouddhisme sclérose qui se produit dans la plupart des autres religions -Maître Kodo Sawaki coupa toutes les branches d'un arbre devenu bien lourd, et en revint à la seule pratique de zazen. Sans véritablement appartenir à un temple, il enseignait un peu partout au Japon, tant à des moines qu'à des laïcs, faisant des sesshin dans les endroits les plus divers. On le surnommait «Kodo sans demeure». A sa mort, il demanda à Taisen Deshimaru d'aller en Europe afin d'y planter la graine du Zen authentique. Ce livre contient les principaux kusen que fit Étienne Zeisler après la mort de Maître Deshimaru. De ku: la bouche, et sen: l'enseignement, le kusen est l'enseignement oral dans le dojo pendant zazen; enseignement qui n'a rien à voir avec un cours s magistral mais qui doit jaillir de la pratique elle-même, et c'est en ce sens que le kusen est un enseignement secret, intime, de mon âme à ton âme. Cet enseignement peut aussi bien se manifester par des mots, un cri, un coup de bâton que par le silence. Le nom de moine que Maître Deshimaru avait donné à Étienne était Mokusho, «Lumière silencieuse». Et, après la mort de son maître, lors du camp d'été qui suivit, la première session qu’Étienne dirigea fut totalement silencieuse, il ne dit rien, pas un mot durant dix jours. C'est à partir de là qu'il développa peu à peu de nombreux commentaires sur des textes fondamentaux du Zen. Les nombreuses années passées auprès de Maître Deshimaru à le suivre et à le traduire laissèrent une forte empreinte sur sa façon de se comporter et d'enseigner dans le dojo. Hormis la qualité de ces commentaires, le grand intérêt de ce livre est qu'il est le premier consacré à un moine zen français, disciple d'un des grands maîtres de la transmission des bouddhas et des patriarches. Dans ce livre, cinq textes sont traduits et commentés pour la première fois en langue française. Le premier est le Tenzo Kyokun, de Maître Dogen, l'enseignement au responsable de la cuisine. A travers cet enseignement limité au seul chef de la cuisine, c'est l'enseignement illimité à tous ceux qui cherchent la Voie. Le deuxième est le Ju Undo Shiki, les règles du dojo de maître Dogen. Dogen explique à ses disciples comment pratiquer dans le dojo, comment entrer, comment marcher, comment s'asseoir. Il explique enfin que les choses les plus infimes sont l'expression absolue de notre vie. Le troisième est un long poème de Maître Wanshi, Mokushoka, le chant de l'illumination silencieuse. Ce poème parle de la vérité avant les mots, avant nos catégories, avant notre mémoire; de cette réalité vivante qui s'est transmise de personne à personne, depuis le Bouddha. Le quatrième est un poème de Tozan Ryokai, moine chinois, onzième patriarche depuis Bodhidharma, et fondateur de la lignée Soto du Zen. Ce poème s'intitule Le poème de la nouvelle richesse. Ce qui est difficile d'expliquer avec des mots, la forme poétique parfois s'en approche plus directement. Le cinquième est «Sanjushichi Bodaibunpo» chapitre du Shobogenzo de Maître Dogen. Ce sont les trente-sept voies vers bodai, vers la sagesse de Bouddha, la plus élevée. Ce texte, 4/154 communément appelé Le noble sentier octuple, est le dernier qu'il ait commenté, inachevé faute de temps. En exergue au Tenzo Kyokun Étienne écrit ceci, qui pourrait être un préambule au livre tout entier: «En découvrant ce texte de Dogen, à mesure que je le commentais, je me suis aperçu que tout l'enseignement de Maître Deshimaru en exprimait l'essence et la ligne directrice, que presque toutes les phrases de ses kusen en éclairaient la signification profonde.» «Kodo Sawaki valorisait au plus haut point le Tenzo Kyokun, car dans ce livre Maître Dogen enseigne directement à ses disciples la façon de suivre et de réaliser la Voie dans chaque action de la vie quotidienne.» «Malgré le style heurté et maladroit de mes commentaires, j'espère qu'en lisant ce nouveau kusen, vous pourrez saisir la dimension du Tenzo Kyokun qui, à chaque instant, nous montre la direction infinie de notre vie.» Raphaël Triet 5/154 TENZO KYOKUN, de Maître Eihei Dogen 28 juillet 1986 20h30 Pendant cette session, je vais traduire et commenter le Tenzo Kyokun, écrit par Maître Dogen. C'est l'enseignement de Dogen au responsable de la cuisine. Le responsable de la cuisine s'appelle le tenzo. Maître Dogen est surtout connu pour le Shobogenzo. Même en Occident le Shobogenzo commence à être célèbre. C'est un ouvrage en quatre-vingt-quinze volumes qui exprime la philosophie du Zen à partir de l'expérience du zazen de Dogen. Le «Tenzo Kyokun» fait partie du Eihei Shingi, les règles du temple de Eihei-ji de Maître Dogen. Kodo Sawaki disait: «Nous devons respecter le Eihei Shingi encore plus que le Shobogenzo.» Le Eihei Shingi est le guide de la pratique du Zen dans la vie quotidienne, dans notre vie réelle, ici et maintenant. Même si vous lisez des livres de philosophie, des livres religieux, ils ne répondront pas à la question qui vous a fait pratiquer zazen. Pourquoi êtes-vous venus dans un dojo? Lire des livres, acquérir des connaissances, c'est seulement du savoir. Dans le dojo, il n'est pas question de savoir mais il s'agit de certifier à travers son corps et son esprit. Zazen actualise l'esprit d'éveil. Zazen n'est pas séparé de la vie quotidienne. Chaque action devient zazen. Dans les champs, en nettoyant les bâtiments, ou en travaillant à la cuisine. Le Tenzo Kyokun commence ainsi: Depuis les temps les plus anciens, dans les communautés pratiquant la Voie du Bouddha, il y a six responsables pour diriger la marche de la communauté. Chacun des moines responsables est un disciple du Bouddha et actualise l'activité de Bouddha à travers son travail. Parmi ces responsables, il y a le tenzo qui a la charge de la préparation des repas. Il est dit dans le Zennen Shingi: «La responsabilité du tenzo est de préparer le repas pour les moines.» Traditionnellement, les autres postes sont le tsusu et le kansu, qui doivent surveiller et coordonner toute la vie de la sangha. Le fusu est le responsable des finances. Le ino est responsable des relations dans la communauté. Le shisui répare les bâtiments, fait de l'agriculture et d'autres travaux. Pendant deux mois, ce camp d'été fonctionne exactement de cette façon. Chacun des responsables est disciple du Bouddha. Maître Deshimaru disait souvent: «La philosophie occidentale est très bonne. De nombreux philosophes ont compris ce qu'était le Zen. Mais personne n'a donné la méthode: comment faire? comment répondre? comment actualiser dans notre vie? C'est le point le plus important. La philosophie, la religion et la vie ont toujours été séparées. Matérialisme et spiritualisme. Comment réunir, comment actualiser, dépasser les contra-dictions? Si les Européens peuvent résoudre ce problème, sûrement ils pourront apporter la véritable paix à l'humanité au-delà des nationalités, des sexes, des races. Au-delà de tout. Si vous comprenez le Tenzo Kyokun, vous pourrez réaliser ce grand idéal. Chacun des pratiquants réalise l'activité de Bouddha, de Dieu ou du système cosmique dans sa vie quotidienne. L'esprit qui vous a fait venir ici, bodai shin, doit avoir la priorité. Il doit passer avant l'ego. Spécialement les responsables doivent montrer l'exemple. Si l'ego passe devant bodai shin, c'est la ruine complète, la destruction totale, et le temple devient le Club Méditerranée. Bien sûr, le Club Méditerranée c'est très bien. C'est un point très délicat. Certains pour le résoudre choisissent soit le matérialisme, soit le spiritualisme. D'un côté, seulement la prière, seulement la méditation, seulement l'extase. De l'autre côté, seulement le matérialisme. Dans la pratique du Zen, nous devons résoudre cette contradiction directement à travers notre corps, dans notre vie réelle. 6/154 29 juillet 7h30 Tenzo Kyokun, c'est l'enseignement de Dogen au chef de la cuisine, non seulement au chef de la cuisine, mais à tous ceux qui cherchent la Voie. Le rôle du tenzo est de préparer les repas pour les moines. Ce travail s'est perpétué par les maîtres dans la Voie, par tous ceux chez uploads/Litterature/ mokushoka-by-e-tienne-zeisler-mokusho-zenku.pdf
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- Publié le Jan 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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