Arrien de Nicomédie Le «Manuel» d'Épictète Versions électroniques (ePub, PDF):

Arrien de Nicomédie Le «Manuel» d'Épictète Versions électroniques (ePub, PDF): Les Échos du Maquis, janvier 2011. Note sur cette édition électronique 2 Chapitres 1 à 53 3 Chapitre 29 (interpolé) 20 Note sur cette édition électronique Le «Manuel» d'Épictète n'est pas de la main du philosophe - lequel, comme Socrate, n'a rien écrit -, mais de l'un de ses disciples, Arrien de Nicomédie. Il s'agit d'une sorte de condensé des principaux éléments que l'auteur tire d'un ensemble plus vaste, les «Entretiens», qui sont en fait les notes de cours prises par lui lors des enseignements d'Épictète. Ce condensé s'attarde sur les principes qui doivent servir de guide de vie à celui qui désire devenir «philosophe». Épictète est né en Phrygie (aujourd'hui, nord-ouest de la Turquie) vers l'an 50 et mort vers 130. Avec Sénèque et Marc-Aurèle, il est l'un des plus célèbres représentants du Stoïcisme dit «impérial». Cette traduction anonyme a été revue et quelques indications pratiques ont été ajoutées en notes de bas de pages. On s'entend de nos jours pour affirmer que le ch. 29, que l'on trouve dans certaines éditions du «Manuel», est en fait emprunté aux «Entretiens». Nous l'avons laissé, mais reporté à la fin de l'ouvrage. Les Échos du Maquis, janvier 2011. 2 Chapitres 1 à 53 I 1. Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d'autres non. De nous, dépendent la pensée, l'impulsion, le désir, l'aversion, bref, tout ce en quoi c'est nous qui agissons; ne dépendent pas de nous le corps, l'argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n'est pas nous qui agissons. 2. Ce qui dépend de nous est libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves; ce qui n'en dépend pas est faible, esclave, exposé aux obstacles et nous est étranger. 3. Donc, rappelle-toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pour un bien propre ce qui t'est étranger, tu vivras contrarié, chagriné, tourmenté; tu en voudras aux hommes comme aux dieux; mais si tu ne juges tien que ce qui l'est vraiment - et tout le reste étranger -, jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route; tu ne t'en prendras à personne, n'accuseras personne, ne feras jamais rien contre ton gré, personne ne pourra te faire de mal et tu n'auras pas d'ennemi puisqu'on ne t'obligera jamais à rien qui soit mauvais pour toi. 4. À toi donc de rechercher des biens si grands, en gardant à l'esprit que, une fois lancé, il ne faut pas se disperser en œuvrant chichement et dans toutes les directions, mais te donner tout entier aux objectifs choisis et remettre le reste à plus tard. Mais si, en même temps, tu vises le pouvoir et l'argent, tu risques d'échouer pour t'être attaché à d'autres buts, alors que seul le premier peut assurer liberté et bonheur. 5. Donc, dès qu'une image ou une représentation viendra te troubler l'esprit, pense à te dire à son sujet: «Tu n'es que représentation, et non la réalité dont tu as l'apparence.» Puis, examine-la et soumets-la à l'épreuve des lois qui règlent ta vie: avant tout, vois si cette réalité dépend de nous ou n'en dépend pas; et si elle ne dépend pas de nous, sois prêt à dire: «Cela ne me regarde pas.» II 1. Souviens-toi que le désir est tendu vers son objet tandis que le but de l'aversion1, c'est de ne pas tomber dans ce qu'on redoute. Si l'on est infortuné en manquant l'objet de son désir, on est malheureux en tombant dans ce qu'on voulait éviter. Donc, si tu ne cherches à fuir que ce qui est dépendant de toi et contraire à la nature, il ne t'arrivera rien que tu aies voulu fuir. Mais si tu cherches à éviter la maladie, la mort ou la misère, tu seras malheureux. 3 1 L'aversion doit être comprise ici comme le contraire du désir, comme ce que l'on ne désire pas et/ou que l'on redoute. 2. Supprime donc en toi toute aversion pour ce qui ne dépend pas de nous et, cette aversion, reporte-la sur ce qui dépend de nous et n'est pas en accord avec la nature. Quant au désir, pour le moment, supprime-le complètement. Car si tu désires une chose qui ne dépend pas de nous, tu ne pourras qu'échouer, sans compter que tu te mettras dans l'impossibilité d'atteindre ce qui est à notre portée et qu'il est plus sage de désirer. Borne-toi à suivre tes impulsions, tes répulsions, mais fais-le avec légèreté, de façon non systématique et sans effort excessif. III Pour tout objet qui t'attire, te sert ou te plaît, représente-toi bien ce qu'il est, en commençant par les choses les plus petites. Si tu aimes un pot de terre, dis-toi: «J'aime un pot de terre.» S'il se casse, tu n'en feras pas une maladie. En serrant dans tes bras ton enfant ou ta femme, dis-toi: «J'embrasse un être humain.» S'ils viennent à mourir, tu n'en seras pas autrement bouleversé. IV Quand tu te prépares à faire quoi que ce soit, représente-toi bien de quoi il s'agit. Si tu sors pour te baigner, rappelle-toi ce qui se passe aux bains publics: on vous éclabousse, on vous bouscule, on vous injurie, on vous vole. C'est plus sûrement que tu feras ce que tu as à faire si tu t'es dit: «Je vais aller aux bains et exercer ma liberté de choisir en accord avec la nature.» De même pour toutes tes autres tâches. Car, ayant fait cela, s'il arrive quelque chose qui t'empêche de te baigner, tu auras la réponse toute prête: «Je ne voulais pas seulement me baigner, mais exercer ma liberté de choisir en accord avec la nature; si je me mets en colère à cause de ce qui m'arrive, ce ne sera pas le cas.» V Ce qui tourmente les hommes, ce n'est pas la réalité mais les jugements qu'ils portent sur elle. Ainsi, la mort n'a rien de redoutable. Socrate lui-même était de cet avis: la chose à craindre, c'est l'opinion que la mort est redoutable. Donc, lorsque quelque chose nous contrarie, nous tourmente ou nous chagrine, n'en accusons personne d'autre que nous-mêmes: c'est-à-dire nos opinions. C'est la marque d'un petit esprit de s'en prendre à autrui lorsqu'il échoue dans ce qu'il a entrepris; celui qui exerce sur soi un travail spirituel s'en prendra à soi-même; celui qui achèvera ce travail ne s'en prendra ni à soi ni aux autres. VI Ne te monte jamais la tête pour une chose où ton mérite n'est pas en cause. Passe encore que ton cheval lui-même se monte la tête en disant: «Je suis beau»; 4 mais que toi, tu sois fier de dire: «J'ai un beau cheval»? Rends-toi compte que ce qui t'excite c'est le mérite de ton cheval! Qu'est-ce qui est vraiment à toi? L'usage que tu fais de tes représentations; toutes les fois qu'il est conforme à la nature, tu peux être fier de toi: pour le coup, ce dont tu seras fier viendra vraiment de toi. VII Pendant un voyage en bateau, si le navire jette l'ancre et que tu mettes pied à terre pour aller chercher de l'eau, tu ramasseras en chemin, ici un coquillage, là un petit bulbe de plante, mais il te faut concentrer ta pensée sur le navire, te retourner sans cesse au cas où le pilote appelle; s'il appelle, il faut tout planter là, de peur d'être jeté à fond de cale et ligoté comme du bétail. C'est pareil dans la vie; si, en guise de coquillage, on te donne une petite femme ou un esclave, il n'y a pas de mal à cela; mais quand le pilote t'appelle, cours vers le navire et laisse tout sans te retourner. Et si, en plus, tu n'es plus tout jeune, reste à proximité du navire de peur de manquer l'appel. VIII N'attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites; décide de vouloir ce qui arrive comme cela arrive et tu seras heureux. IX La maladie est une gêne pour le corps; pas pour la liberté de choisir, à moins qu'on ne l'abdique soi-même. Avoir un pied trop court est une gêne pour le corps, pas pour la liberté de choisir. Aie cette réponse à l'esprit en toute occasion: tu verras que la gêne est pour les choses ou pour les autres, non pour toi. X Devant tout ce qui t'arrive, pense à rentrer en toi-même et cherche quelle faculté tu possèdes pour y faire face. Tu aperçois un beau garçon, une belle fille? Trouve en toi la tempérance. Tu souffres? Trouve l'endurance. On t'insulte? Trouve la patience. En t'exerçant ainsi tu ne seras plus le jouet de tes représentations. XI Ne dis jamais, à propos de rien, que tu l'as perdu; dis: «Je l'ai rendu.» Ton enfant est mort? Tu l'as rendu. Ta femme est morte? Tu l'as rendue. On t'a volé? Eh bien, ce que l'on t'a volé, tu l'as rendu. «Mais c'est un scélérat qui me l'a pris!» uploads/Litterature/ le-manuel-d-x27-e-picte-te-pdf.pdf

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