Dossier dans le cadre de l’examen de Littérature et Jeunesse Les Aventures de P

Dossier dans le cadre de l’examen de Littérature et Jeunesse Les Aventures de Pinocchio : histoire d’un chef-d’œuvre qui a éduqué un peuple et des générations d’enfants Étudiante Erasmus: Mara Ferraro 1. Introduction Comment Maître Cerise, le menuisier, trouva un morceau de bois qui pleurait et riait comme un enfant. Il était une fois... – Un roi ! – vont dire mes petits lecteurs. Eh bien non, les enfants, vous vous trompez. Il était une fois... un morceau de bois. Ce n’était pas du bois précieux, mais une simple bûche, de celles qu’en hiver on jette dans les poêles et dans les cheminées. Je ne pourrais pas expliquer comment, mais le fait est qu’un beau jour ce bout de bois se retrouva dans l’atelier d’un vieux menuisier, lequel avait pour nom Antonio bien que tout le monde l’appelât Maître Cerise à cause de la pointe de son nez qui était toujours brillante et rouge foncé, comme une cerise mûre. Apercevant ce morceau de bois, Maître Cerise devint tout joyeux et, se frottant les mains, marmonna : – Ce rondin est arrivé à point : je vais m’en servir pour fabriquer un pied de table. Sitôt dit, sitôt fait : pour enlever l’écorce et le dégrossir, il empoigna sa hache bien aiguisée. Mais comme il allait donner le premier coup, son bras resta suspendu en l’air car il venait d’entendre une toute petite voix qui le suppliait : – Ne frappe pas si fort ! Imaginez la tête de ce brave Maître Cerise ! Ses yeux égarés firent le tour de la pièce pour comprendre d’où pouvait bien venir cette voix fluette, mais il ne vit personne. Ainsi commence l’un des chefs-d’œuvre les plus célèbres de la littérature italienne, l’une des œuvres pour l’enfance les plus traduites au monde. Un livre, fils d’une époque précise, conçu pour éduquer un peuple dont on est en train de former la veste linguistique unitaire. Un roman d’éducation qui invite au bon sens, à la droiture, car seulement qui « travail bien et dur » peut être récompensé. Avec ce travail on retrace ensemble la genèse de ce chef-d’œuvre, sa genèse, ses thématiques, la fortune cinématographique et bien plus encore. 2. La situation historique de l’Italie à l’époque des Aventures de Pinocchio. L’importance du récit dans la formation du peuple italien.  « L’Italie est faite, il faut faire les italiens ». En 1860, l’Italie connaît l’Unification nationale. Pour les patriotes du Risorgimento italien, la nation était une valeur en soi. Mais la réalité de l’Italie de l’époque était bien autre chose. L’«âme italienne» n’était qu’une construction abstraite, les failles ouvertes par la diversité territoriale et linguistiques des différentes régions italiennes apparaissent alors dans toute leur étendue, démontrant que l’État devait se donner les moyen de former la cohésion de la communauté des citoyens. Pour cette raison, le gouvernement de droite de l’époque choisit comme solution: l’école pour tous. La naissance de l’école primaire publique, gratuite et obligatoire fut donc contemporaine en Italie de l’unification nationale. Cette dernière fut fondée sous une double instance: celle d’être le moment des apprentissages fondamentaux et des premières étapes de l’acquisition du savoir d’une part, le lieu de la formation du citoyen et le canal du consensus social et culturel de l’autre. L’école était chargée de l’immense tâche de donner une assise au nouvel État, en véhiculant un système de signes et de représentations destiné à permettre à tous les Italiens de se reconnaître mutuellement comme appartenant à la même communauté. Les raisons de cette décisions, étaient avant tout idéologiques : seule l’école pouvait «faire les Italiens» en créant une nouvelle conscience morale laïque en opposition à l’Église catholique qui se dressait comme un irréductible adversaire du nouvel État national. Les contenus mêmes des enseignements dispensés dans le premier degré tendaient à cela: la morale devait enseigner au peuple ses devoirs; la géographie, décrire les beautés du pays et rattacher les individus à leur pays natal; l’histoire, révéler un passé éclatant d’actions héroïques appelées à devenir la mémoire commune de tous les Italiens. Les agents de la cohésion laïque destinée à remplacer celle qui était véhiculée par la religion devaient être l’instituteur et le livre: le maître était appelé à devenir l’éducateur de l’enfance, le responsable de l’avenir, tandis que les livres d’école, instrument essentiel à la nouvelle socialisation de l’enfant, apparaissaient comme les supports indispensables des nouvelles représentations et des nouveaux messages destinés à cimenter l’unité culturelle et idéologique de la nation. Toutefois la scolarisation de tous les enfants se présentait comme une entreprise titanesque dans un pays pauvre, qui comptait plus de 75% d’analphabètes. Un autre obstacle était l’absence d’une langue véritablement nationale par laquelle pouvait être transmise l’instruction de base. L’italien littéraire était une langue qui avait été utilisée par les plus grands poètes et écrivains pendant six siècles, mais elle était restée une langue essentiellement écrite, maîtrisée par une petite élite. La question de la langue devient si urgente que en 1867, Alessandro Manzoni en personne fut nommé président d’une commission chargée de réfléchir à un projet linguistique valable pour tout le pays (ce que Manzoni fit en tranche en faveur de la langue parlée à Florence) ainsi qu’aux modalités permettant de le mettre en œuvre, qui consistèrent essentiellement dans un enseignement linguistique donné dans toutes les écoles par des maîtres et des assistants originaires de la Toscane.  Éduquer par les livres. L’ampleur de la confiance dans l’efficacité de la lecture est largement attesté par le nombre de livres pour les enfants à finalité pédagogique qui furent imprimés en Italie pendant la seconde moitié du XIX siècle. «Les premières lectures ont une influence sur l’entière existence», « par conséquent, le choix des lectures pour le premier âge est une chose d’une importance suprême» pour la formation du futur adulte. L’idée que les éducateurs italiens se faisaient du psychisme de l’enfant paraît encore très proche des théories de l’Antiquité ou de l’âge classique et évolué très peu jusqu’aux dernières décennies du siècle. L’esprit enfantin est volontiers comparé à de la cire molle où viennent se graver les premières impressions, ou bien à un linge blanc prêt à recevoir n’importe quelle couleur. Cette théorie porte à croire que les effets bénéfiques des bons enseignements transmis se maintiendront toute la vie. Sur ce postulat vient s’asseoir un incroyable optimisme pédagogique. L’enfant qui aura goûté aux bons livres sera soustrait aux mauvaises influences et deviendra par la suite «un lecteur assidu de la bibliothèque populaire»1, en mesure de continuer à s’instruire tout seul, même si sa condition ne lui permet pas de poursuivre ses études».  Les Aventures de Pinocchio et Cuore: les premières œuvre de la littérature enfantine italienne. L’œuvre de régénération des Italiens comporte la formation d’un nouveau «caractère national», synonyme de fibre morale idéale, toute de force d’âme et de sens du devoir, d’héroïsme et d’esprit de sacrifice. La formation d’un caractère moral national est une des hantises de la pédagogie officielle, qui croit ferment à l’efficacité du modèle et est convaincue de la capacité performative de la rhétorique classique; les exemples, en illustrant une maxime par un cas concret, doivent inspirer des modèles de comportement. Il n’est donc pas surprenant que dans cette nouvelle et toute jeune Italie Les Aventures de Pinocchio et Cuore di Edmondo de Amicis vont devenir les textes de référence. Avec Pinocchio en particulier, Collodi veut démontrer que la seule voie de salut pour les classes pauvres est l’instruction et le travail, qui sauvent de la débauche, celle-ci conduisant inévitablement à la misère. Le monde de jeu et de richesses auquel aspire le pantin n’est 1 P. Dazzi, Il fanciullo, Florence, Bemporad, 1895, p.19 qu’un rêve illusoire, et ceux qui le font miroiter sont « des fous ou des escrocs ». Pour Alberto Asor Rosa, critique littéraire, le succès de Pinocchio dès sa parution et dans les décennies qui ont suivi tient au fait qu’il serait la métaphore de l’Italie, de l’«Italia bambina», un peuple-enfant qui, faute de posséder un modèle viril auquel s’identifier, ne parvient pas à passer à l’âge d’homme. Un pays jeune, plein de gentillesse, d’astuce et de bonne volonté, comme le pantin, mais incapable de respecter ses engagements, de tenir ses promesses, de se fixer des règles de conduite rigoureuses, préférant la fantaisie latine à la discipline germanique. Pinocchio, c’est le stéréotype de l’Italien de toujours, sympathique, débrouillard, malin, mais peu fiable et encore moins acharné dans l’effort, obéissant plus au principe de plaisir qu’à celui de réalité.  Présentation de l’auteur. . De son vrai nom Carlo Lorenzini, Carlo Collodi est connu dans toute l’Italie pour ses idéaux et son engagement pour l’émancipation du peuple italien. Il voit le jour à Florence en 1826; ses parents sont employés chez un aristocrate, le marquis Ginori-Garzoni, le père en tant que cuisinier, la mère comme couturière et femme de chambre. Celle-ci, Angela Orzali, est originaire d’un petit village de la province de Pistoia nommé Collodi, nom qui servira de pseudonyme à son fils. En 1848, il s’engage uploads/Litterature/ mon-dossier-les-aventures-de-pinocchio 1 .pdf

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