Gabriel Gagnon sociologue, retraité du département de sociologie, Université de

Gabriel Gagnon sociologue, retraité du département de sociologie, Université de Montréal (2000) “Vers un nouvel imaginaire social” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web pédagogique : http://www.uqac.ca/jmt-sociologue/ Dans le cadre de la bibliothèque numérique: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.ca/Classiques_des_sciences_sociales Une bibliothèque développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social” (2000) 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, béné- vole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social”. Un article publié dans la revue Possibles, vol. 24, no 2-3, printemps-été 2000, pp. 50-61. M. Gabriel Gagnon, sociologue, est professeur de sociologie au département de sociologie de l’Université de Montréal. [Autorisation confirmée par l’auteur, le 18 novembre 2004, de diffuser toutes ses publications.] Courriel : lheureux.gagnon@sympatico.ca Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique réalisée le 22 septembre 2006 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada. Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social” (2000) 3 Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social”. Un article publié dans la revue Possibles, vol. 24, no 2-3, printemps-été 2000, pp. 50-61. Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social” (2000) 4 Table des matières Introduction Trois utopies concrètes De nouveaux acteurs sociaux Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social” (2000) 5 Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social”. Un article publié dans la revue Possibles, vol. 24, no 2-3, printemps-été 2000, pp. 50-61. À LA MÉMOIRE DE CORNELIUS CASTORIADIS. PRÉCURSEUR DU XXIe SIÈCLE On n'honore pas un penseur en louant ou même en interprétant son travail, mais en le discutant, le maintenant par là en vie et démontrant dans les actes qu'il défie le temps et garde sa pertinence. Cornelius Castoriadis Introduction Retour à la table des matières Castoriadis nous a quittés en décembre 1997. En juin dernier, nous étions nombreux à participer à Paris à un colloque international intitulé « Penser la création humaine, agir vers l'autonomie. Rencontre autour des idées mères de Castoriadis ». 1 1 Les livres les plus actuels de Castoriadis sont l'incontournable L'Institution imagi- naire de la société (Seuil, 1975), repris l'an dernier dans Points Essais et les six volumes des Carrefours du labyrinthe (« Les Carrefours du labyrinthe », 1978, « Domaines de l'homme », 1986, « Le Monde morcelé », 1990, « La Montée de l'insignifiance », 1996, « Fait et à faire », 1997, « Figures du possible », 1999) tous publiés aux Éditions du Seuil. Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social” (2000) 6 Ces idées mères, qui opposent à « la pensée héritée » le projet d'auto- nomie qu'il a poursuivi toute sa vie, sont : « la société et l'histoire comme créations humaines, l'imaginaire comme puissance de position des signi- fications et institutions sociales, l'imagination radicale comme source de créativité de la psyché ». Tout en partageant l'inquiétude de Castoriadis sur l'avenir d'une socié- té occidentale qui, malgré les mythes de la globalisation, semble entrer dans une « longue période de régression historique », je tenterai ici, pour- suivant la réflexion amorcée lors de ce colloque, d'explorer à sa suite les voies nouvelles que pourraient prendre dans le siècle qui commence la création individuelle et l'autonomie collective qui ont caractérisé les meilleurs moments de l'histoire humaine. Nous sommes en effet, selon la belle expression d'André Gorz, « condamnés à la poursuite de l'autonomie », menacée à la fois par la dé- gradation de l'environnement et par les contradictions internes d'un capi- talisme qui produit toujours plus de guerres, d'aliénation et d'exclusion. Bien sûr les critiques ne manquent pas face à cette situation intoléra- ble pour la plus grande partie de l'humanité, mais on doit se demander sérieusement si elles tiennent toujours compte du fait que comme l'a écrit Castoriadis « le prix a payer pour la liberté c'est la destruction de l'éco- nomique comme valeur centrale et en fait unique ». D'un côté, un certain nombre de penseurs et d'acteurs sociaux, obnubi- lés par les contraintes du système mondial, ne semblent plus distinguer à l'horizon d'autres possibles vraiment émancipatoires. Ainsi, chaque mois, on peut explorer de façon approfondie dans le Monde diplomatique les conséquences inexorables de la mondialisation et de l'impérialisme cultu- rel sans y trouver cependant d'autres voies pour sortir de l'imaginaire do- minant que la « gauche de la gauche » autoproclamée par Pierre Bourdieu ou les comités ATTAC préconisant la taxe Tobin sur les transactions spéculatives internationales. Même si ces comités ont élargi leurs pers- pectives en se développant de façon phénoménale en France, dans le monde et au Québec, ils proposent plutôt une résistance ponctuelle et un peu résignée à la mondialisation prônée par l'Organisation mondiale du commerce qu'une alternative réelle à cette rationalité économique qu'ils prétendent combattre. Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social” (2000) 7 Pour d'autres, encore plus résignés, la recherche des possibles ne peut plus s'effectuer qu'à l'intérieur d'un système mondial et d'une économie de marché devenus incontournables. On trouve un bon exemple de cette attitude dans « Le pari de la réforme » qu'a tenté d'explorer la revue Es- prit dans son volumineux numéro de mars-avril 1999. L’ensemble de la social-démocratie européenne et même la gauche plurielle française, convertis à une nécessaire responsabilisation des individus face au déclin de l'État-providence, y apparaissent complètement à court d'un nouvel imaginaire cohérent à opposer à la « pensée unique ». La démocratie procédurale, la communication non perturbée de Ha- bermas, l'anti-totalitarisme, la tolérance et la défense des droits de la per- sonne sont sans doute des conditions nécessaires au maintien de sociétés autonomes toujours fragiles mais elles ne sauraient suffire à la tâche. En ce sens, sauf peut-être chez Pierre Rosanvallon qui, se souvenant sans doute d'avoir jadis écrit L'Âge de l'autogestion et Misère de l'économie, nous appelle à dépasser l'économie de marché sans retourner à un idéal communautaire impossible, le dossier d'Esprit nous laisse aussi sans véri- table espérance. Si l'on veut tenter de prolonger le projet social-historique de Castoria- dis, il nous faut plutôt constater à sa suite que l'implantation universelle de l'économie de marché n'est qu'une construction imaginaire histori- quement datée susceptible comme celles qui l'ont précédée d'être dépas- sée par un autre imaginaire liant différemment vie privée (oikos), société civile (agora) et État (ecclesia). Au heu de continuer a opposer démocratie libérale et révolution, peut- être pourrions-nous aller voir du côté des « réformes révolutionnaires » jadis prônées par André Gorz ou des « utopies concrètes » que proposait Anthony Giddens avant de devenir le gourou de Tony Blair. Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social” (2000) 8 Trois utopies concrètes Retour à la table des matières Émerge-t-il aujourd'hui dans nos sociétés de telles réformes, de telles utopies susceptibles de faire renaître sous un nouveau visage le projet d'autonomie que Castoriadis nous a laissé en héritage ? Le Droit à la paresse du gendre de Marx, Paul Lafargue, publié en 1883 et Le Chômage créateur d'Ivan Illich (Seuil, 1977) ont ouvert la voie à ceux de plus en plus nombreux qui mettent en cause dans leurs réflexions ou dans leur vie quotidienne l'importance centrale d'un travail de moins en moins nécessaire pour combler les besoins essentiels de l'humanité. L'intérêt renouvelé pour la réduction du temps de travail s'inscrit dans cette perspective. On la prône surtout comme remède au chômage et à l'exclusion : en France les tentatives courageuses de la mi- nistre Martine Aubry pour instaurer la semaine de 35 heures, malgré leur succès encore mitigé, constituent un premier pas significatif alors qu'au Québec nous n'en sommes qu'au passage graduel aux 40 heures à partir d'une semaine légale de 44 heures. Malheureusement, trop obnubilés par la dimension « économiste » de la réduction du temps de travail, les sociaux-démocrates ne font pas assez valoir le potentiel d'émancipation dont cette semaine écourtée pourrait être porteuse. En effet, il y a toute une différence dans la vie quotidienne entre travailler une heure de moins chaque jour et ne travailler que quatre jours au lieu de cinq chaque semaine. Voilà pourquoi les observateurs les plus lucides parlent maintenant de la semaine de 32 heures pour vraiment changer la vie en partageant mieux les gains de productivité issus de l'évolution technologique. Pourtant, le sociologue Daniel Mothé, vieux compagnon de Castoria- dis, qui fut jadis ouvrier dans l'industrie automobile chez Renault, a bien raison d'indiquer, dans l'Utopie du temps libre (Éditions Esprit, 1997) que le temps gagné par la réduction de la semaine de travail risque de se dé- Gabriel Gagnon, “Vers un nouvel imaginaire social” (2000) 9 grader en « temps de consommation » uploads/Litterature/ nouvel-imaginaire-soc.pdf

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