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MIKEL DUFRENNE, L’INVENTAIRE DES A PRIORI. RECHERCHE DE L’ORIGINAIRE, FAC-SIMIL

MIKEL DUFRENNE, L’INVENTAIRE DES A PRIORI. RECHERCHE DE L’ORIGINAIRE, FAC-SIMILÉ PRÉCÉDÉ D’UNE INTRODUCTION DE MAUD POURADIER, CAEN, PRESSES UNIVERSITAIRES DE CAEN, « FONTES &AMP; PAGINAE », ÉQUIPE « IDENTITÉ ET SUBJECTIVITÉ », 2021 - HERMAN PARRET, LA MAIN ET LA MATIÈRE, JALONS D’UNE HAPTOLOGIE DE L’ŒUVRE D’ART, PARIS, HERMANN, 2018 - MICHEL GUÉRIN, EXPÉRIENCE ET INTENTION, AIX-MARSEILLE, PRESSES UNIVERSITAIRES DE PROVENCE, « ARTS », 2020 - VINCENT METZGER, DE L’INTERRUPTION DANS L’APHORISME ET L’ESSAI, PRÉFACE DE BIAGIO D’ANGELO, PARIS, L’HARMATTAN, « EIDOS », 2021 - BENCE NANAY, L’ESTHÉTIQUE, UNE PHILOSOPHIE DE LA PERCEPTION, TRAD. FR. DE JACQUES MORIZOT, RENNES, PRESSES UNIVERSITAIRES DE RENNES, « AESTHETICA », 2021 - ARNOLD BERLEANT, L’ENGAGEMENT ESTHÉTIQUE, TRAD. FR. DE BERTRAND ROUGÉ, RENNES, PRESSES UNIVERSITAIRES DE RENNES, « AESTHETICA », 2022 Dominique Chateau Presses Universitaires de France | « Nouvelle revue d’esthétique » 2022/1 n° 29 | pages 171 à 176 ISSN 1969-2269 ISBN 9782130834991 DOI 10.3917/nre.029.0171 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-d-esthetique-2022-1-page-171.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France. © Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays. 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Recherche de l’originaire, fac-similé précédé d’une introduction de Maud Pouradier Caen, Presses universitaires de Caen, « Fontes & Paginae », équipe « Identité et Subjectivité », 2021 HERMAN PARRET La Main et la Matière, jalons d’une haptologie de l’œuvre d’art Paris, Hermann, 2018 MICHEL GUÉRIN Expérience et Intention Aix-Marseille, Presses universitaires de Provence, « Arts », 2020 VINCENT METZGER De l’interruption dans l’aphorisme et l’essai, préface de Biagio d’Angelo Paris, L’Harmattan, « Eidos », 2021 nouvelle Revue d’esthétique no 29/2022 | 171 © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 17/07/2022 sur www.cairn.info via INIST-CNRS (IP: 193.54.110.56) © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 17/07/2022 sur www.cairn.info via INIST-CNRS (IP: 193.54.110.56) VU, LU, ENTENDU | Arts en marge nouvelle Revue d’esthétique no 29/2022 | 172 BENCE NANAY L’Esthétique, une philosophie de la perception, trad. fr. de Jacques Morizot Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Aesthetica », 2021 ARNOLD BERLEANT L’Engagement esthétique, trad. fr. de Bertrand Rougé Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Aesthetica », 2022 Comme l’écrit Maud Pouradier dans sa Préface à la republication de L’Inventaire des a priori. Recherche de l’originaire de Mikel Dufrenne, l’origina- lité de ce livre « est de faire du sentiment le “mouvement par quoi la conscience découvre à nouveau l’unité originaire dont elle émerge et pressent par là la Nature” » (p. XIII, p. 295 pour la citation de Dufrenne). Le philosophe pour- suit : « tout sentiment est en quelque sorte sentiment de la Nature. Avec lui, c’est l’expérience première de la présence qui s’approfondit, c’est-à-dire qui retentit plus profondément, en l’homme. » Outre la discussion sur les a priori, il est utile de souligner l’intérêt de ce livre pour la réﬂexion esthétique (en vue de l’y intégrer ou de le discuter), dans la mesure où le mouvement qu’il préco- nise d’un retour à la Nature à rebours du social (« La socialité a son fondement dans l’humanité, et l’humanité dans la Nature », p. 314 ; il s’agit de « retrouver le naturant sous le naturé, c’est-à-dire sous ce que le système social dénature », p. 316), concerne particulièrement l’esthétique et l’art. En effet, s’y manifeste mieux qu’ailleurs, du moins quand on échappe à la commande ou à l’acadé- misme pour « jouir de jouer librement avec la matière pour créer un objet heureux, ou encore […], créant un événement plutôt qu’un objet, […] dans la fête qui subvertit les rôles et les tâches quotidiennes et ranime une sociabilité plus charnelle, plus véhémente et plus fraternelle », la « pratique utopique » à la fois négative, en rupture avec l’ordre établi, et « instauratrice » en ce qu’« elle tend […] à réaliser l’imaginaire, non pas un imaginaire subjectif, mais l’imagi- naire de la Nature » (p. 305). Herman Parret expose « l’hypothèse haptologique » qu’il tient pour une hypothèse séminale de l’esthétique philosophique depuis sa fondation par Baumgarten au milieu du XVIIIe siècle. Ce n’est pas simplement une hypothèse qui aurait accompagné subsidiairement la réﬂexion d’une kyrielle de philo- sophes, mais un aspect fondamental de leur « esthétique générale » (p. 5). Le © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 17/07/2022 sur www.cairn.info via INIST-CNRS (IP: 193.54.110.56) © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 17/07/2022 sur www.cairn.info via INIST-CNRS (IP: 193.54.110.56) VU, LU, ENTENDU | DOMINIQUE CHATEAU livre s’ouvre sur le commentaire du rassemblement lumineux de plus de 150 citations tirées des Œuvres de Paul Valéry où se manifeste sa « subtile concep- tion […], cohérente et détaillée, du rapport de la main à la matière » (p. 6), d’où se dégagent les principaux thèmes que développe Parret : « la création, le faire, l’acte, la main, la matière. » Un premier chapitre, « sur le fond d’un chan- gement paradigmatique dans la conception de la beauté au XVIIIe siècle » (p. 34), considère l’apport de Baumgarten, les prémices qu’il offre d’une « conception haptologique » (p. 35) et ce que Kant en a retenu. À partir de là, se déploie un parcours fascinant de l’histoire de l’esthétique jalonnée par divers développements de l’hypothèse haptologique, tantôt sous-jacente aux élabora- tions philosophiques (Baumgarten, Kant et Lessing), tantôt soutenue explicite- ment (Herder, Riegl et Worringer), puis, oscillant encore entre ces deux modes d’apparition dans l’esthétique contemporaine (d’Udine et Focillon, Deleuze et Lyotard). À noter, parmi ces jalons, la démonstration que Nietzsche, qui fait l’objet de la même stratégie de commentaire de citations utilisée pour Valéry (p. 293 sq.), enrichit l’haptologie dans les marges d’une réﬂexion orientée vers d’autres objets (« Créer et engendrer, c’est viviﬁer les forces du corps par la touche de la main-marteau, une touche qui façonne la pierre se métamorpho- sant ainsi en œuvre d’art, la sculpture, belle comme une ombre », p 313), et l’« haptocentrisme » de Husserl qui non seulement « argumente l’excellence du toucher parmi le sens, mais également celle de la main parmi les parties ou organes du corps propre tactile » (p. 378). In ﬁne, quatre artistes sont également convoqués, Luciano Fabro, Alberto Burri, Jackson Pollock et Guiseppe Penone, avant que l’auteur ne revienne à Valéry dont il souligne la richesse lexicale, tous ces termes qui « prolifèrent dans leur musique et leur rythme » pour rendre hommage à la main, tant il est vrai que sa « plurifonctionnalité […], sa topogra- phie complexe et délicate, invite à ce déluge descriptif et analytique » (p. 491). Le livre de Michel Guérin est un recueil de ses textes dont l’auteur considère qu’ils convergent vers l’idée que, par-delà les déterminations qui pèsent sur la création artistique, « l’œuvre est, tout au long de son procès, entièrement voulue » et se manifeste comme telle en offrant « le visage […] de la décision » (p. 7). Un « vouloir créateur » (p. 8) la déﬁnit, en réalisant l’intériorisation de l’extérieur, l’appropriation des obstacles, des contingences, des errements de la création. L’hétérogénéité du recueil de texte (s’agissant de recherches et réﬂexions élaborées dans des circonstances très diverses, en lien souvent avec les commandes thématiques de revues, telle Recherches en esthétique et ses entrées multiples : Le Trouble, Transgression(s), Art et Hasard, etc.) signiﬁe évidemment que, outre le mouvement centripète de la problématique d’ensemble, le propos de Michel Guérin, par mouvement centrifuge, multiplie les sujets et les thèmes. Le processus créatif, heureusement qualiﬁé d’« ambition de forme » (p. 18), reste au centre de ce propos, mais rencontre d’autres aspects de la rationalité humaine : l’émotion qui, relative à « l’affect dynamique non dégrossi qui nous pousse vers un objet de désir », constitue « au plus profond, la nourriture et le nouvelle Revue d’esthétique no 29/2022 | 173 © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 17/07/2022 sur www.cairn.info via INIST-CNRS (IP: 193.54.110.56) © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 17/07/2022 sur www.cairn.info via INIST-CNRS (IP: 193.54.110.56) VU, LU, ENTENDU | Arts en marge nouvelle Revue d’esthétique no 29/2022 | 174 corps de la création artistique et de la poésie » (p. 10) ; la transgression qui, liée encore au désir, procède de l’insatisfaction (elle « relance sans cesse l’enjeu […] du désir et, en différant l’acquisition uploads/Litterature/ nre-029-0171.pdf