PLATON: ŒUVRES COMPLÈTES, TRADUITES PAR M. V. COUSIN Author(s): Jules Simon Sou

PLATON: ŒUVRES COMPLÈTES, TRADUITES PAR M. V. COUSIN Author(s): Jules Simon Source: Revue des Deux Mondes (1829-1971) , 15 DÉCEMBRE 1840, QUATRIÈME SÉRIE, Vol. 24, No. 6 (15 DÉCEMBRE 1840), pp. 805-829 Published by: Revue des Deux Mondes Stable URL: https://www.jstor.org/stable/44690112 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue des Deux Mondes (1829-1971) This content downloaded from 102.129.68.178 on Tue, 25 Jan 2022 11:28:17 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms PLATON ŒUVRES COMPLÈTES, TRADUITES PAR M. V. COUSIN. Platon est le véritable roi de la philosophie grecque. Aristote, qui amené si loin toutes les sciences humaines connues de son temps, n'appartient pas à la Grèce par des liens aussi étroits. Le siècle de Péricles semble vivre tout entier dans les dialogues ; cette gravité et cette profondeur de vues , mêlées de quelque subtilité , mais qu'un grand bon sens accompagne toujours; ce style simple et familier, toujours plein de grace et de charme, qui s'élève au besoin, égale, s'il le faut, la verve comique d'Aristophane, ou dépasse en sublimité le génie des plus grands poètes; et, par-dessus tout, dans les pen- sées, dans le style, ce sentiment exquis de l'harmonie et de la mesure, ces deux divinités de l'art grec, n'est-ce pas là en effet tout le siècle de Périclès, comme nous le connaissons par ses monumens et par l'histoire? Un des caractères de ce livre, c'est, en même temps qu'il éclaire l'esprit, de s'adresser au cœur, et de faire aimer la doc- trine qu'il contient, et le philosophe même qui l'a écrit. A travers ces grandes pensées, au milieu de ces traits de génie semés à profusion dans les dialogues, on découvre un si haut caractère moral, une This content downloaded from 102.129.68.178 on Tue, 25 Jan 2022 11:28:17 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 80ft REVOE DES DEUX MONDES. conviction si sincere et si noble , que le résultat de cette étud pas seulement ďagrandir l'intelligence, mais de pacifier l'ame lui apprendre à aimer, comme Platon, tout ce qui est beau, sim vrai. Aristote, tout grand qu'il est, n'est accessible qu'aux sava n'intéresse qu'eux; Platon est ouvert à tout le monde, non tout le monde le comprenne ; mais il n'est personne qui n qu'il faut l'aimer et le suivre, et celasuffit. C'est à la vérité l' d'un érudit et d'un philosophe que de -traduire Artótote; mais t Platon, c'est rendre service à la fois à la philosophie, aux lett à la morale. Il serait difficile de faire le catalogue des commentaires dont a été l'objet. Depuis Crantor, qui florissait trois siècles avant la série des commentateurs ne présente guère de lacunes, et e encore. Les traductions sont plus rares, sans doute parce qu'el plus difficiles (1). En France, par exemple, on a commencé de heure à traduire Platon, et cependant nomseulement la tradu M. Cousin est la première traduction complète que nous ayon plus de vingt dialogues paraissent en français pour la premièr et parmi eux quelques-uns des plus importaos. Le plus souven bornait à publier deux ou trois dialogues. Un des plus anciens teurs, Etienne Dolet, natif d'Orléans , a publié en 1544 « d logues de Platon , philosophe divin et supernaturel ; savoir : l'u tulé Axiochus , qui est des misères de la vie humaine et de l'i talité de l'âme, et par conséquent du mépris de la mort; it anitre intitulé Hipparchus , qui est de la convoitise de l'homm chant la lucrative. » A peu près vers le même temps, en Biaise de Vigenère publia trois dialogues sur l'amitié : le L Platon , le Lœlius de Cicerón, et le Toxaris de Lucian. L^atíteü pare ces trois dialogues aux trois ordres d'architecture , et le lui semble analogue à l'ordre dorique; il se félicite , en faisant comparaison, de ne pas sortir du ternaire , « si propre et conv la divine essence, source et fontaine inépuisable de la vraie ch (1) La Bibliothèque du Vatican possède une traduction de la Répub hébreu ; on prétend aussi qu7une traduction complète a été faite en langue par les ordres du roi Chosroès. Nous avons les trois traductions latines de Ficin, Cornarius et Jean de Serres, auxquelles il faut ajouter maintenan Ast; en italien, les œuvres complètes, par Dardi Bembo, à Venise 1601, logues seulement, en 1554, par Sebastiani Erici; en anglais, la traduction logues, publiée à Londres en 1701 et 1749; en allemand , l'ouvrage de Sc cher, que la mort du grand écrivain a laissé inachevé. This content downloaded from 102.129.68.178 on Tue, 25 Jan 2022 11:28:17 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms OEUVRES COMPLÈTES DE PLATON. 807 et amour. » line publication non moins curieuse est celle qui p en 1582 sous ce titre : Le Críton de Platon , ou de ce qu'on doit f translaté du grec en français , par Jean Le Masle , Angevin , ave vie de Platon, mise en vers français par ledit Le Masle. Mais de to ces contemporains de Montaigne et d'Àmyot, le plus célèbre et le p habile est Loys Leroy, dit Régius , qui mourut en 1581. Nous avo de lui le Phêdon, le Banquet , dédiés à la reine-dauphine, c'est-à-dir Marie Stuart, le Timée> qu'il présenta au célèbre cardinal de Lorrai et cette traduction de ce grand ouvrage était jusqu'ici la seule que possédions; enfin la République de Platon, « œuvre non encore m en français, dit l'éditeur, et fort nécessaire et profitable tant aux gouverneurs et magistrats, qu'à toutes autres sortes d'états et qu lités de personnes. » M. Cousin, séduit, je pense, par cette lan naïve et attrayante du xvie siècle , accorde de grands éloges aux ductions de Régius: il faut constater au moins qu'elles sont f inexactes, et que le commentaire dont il a, suivant son expression enrichi le texte du Timée , n'est qu'une analyse médiocre de Chal dius, intercalée sans façon dans le texte même, ce qui produit mélange assez bizarre. De tous les dialogues de Platon, le Banquet est un de ceux qu'on plus souvent traduit en français. Je n'ai rien à dire de la traduct de l'abbé Geoffroi , mais il en existe une que le nom de ses auteu rendue célèbre : celle qui a été faite par la sœur de Mme de M tespan et par Racine. Le choix du Banquet est étrange pour abbesse de Fontevrault; mais la virginité de farne et du corps a s dons, et sans doute Mmc de Fontevrault n'a vu dans tout cela l'amour de Dieu. Elle était de cette famille des Rochechouart, les femmes, au dire de Saint-Simon, avaient tant d'esprit et de dist tion, avec un tour si particulier dans le langage et dans les maniè Sa traduction faite , elle la donna à Racine pour la revoir : Ra aima mieux la recommencer que de la corriger; mais cette cor comme il l'appelle , ne tarda pas à lasser sa patience , et il s'arrêt discours du médecin. 11 écrivait à Roileau : « Il faut convenir que style de Mme de Fontevrault est admirable; il a une douceur nous autres hommes ne pouvons atteindre; et si j'avais contin refondre son ouvrage, vraisemblablement je l'aurais gâté. Elle a t duit, ajoute-t-il, le discours d'Alcibiade, par où finit le Banqu Platon; elle l'a rectifié, je l'avoue, par un choix d'expressions f et délicates qui sauvent en partie la grossièreté des idées. Mais av tout cela, je crois que le mieux est de le supprimer ; outre qu'il e This content downloaded from 102.129.68.178 on Tue, 25 Jan 2022 11:28:17 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 808 REVUE DES DEUX MONDES. scandaleux, il est inutile. » L'ouvrage fut publié en titre : le Banquet de Platon, traduit pour un tiers par f et le reste par Mme Il est bon d'ajouter que l'abbesse le grec et n'avait lu que Marsile Ficin. Nous rendrons justice à la prose élégante de l'abbé Arn donné une version de Y Ion, et qui, malgré l'admiration de Garat et de Suard, savait mieux le français que le gr nous a donné le Críton, Maucroix qui a cru traduire Y E YEuthyphron et YHippias , Fortia d'Urban qui s'est occu parque à peu près avec le même succès; Thurot, Millin , nous avons quelques essais , ou n'ont traduit que des importans , ou les ont traduits de telle sorte que leur t sente aucun intérêt (1). M. Cousin a eu sous les yeux la plupart de ces traduct a pu tirer sans doute qu'un bien faible secours. S'est utilement de Dacier? Dacier n'entendait rien uploads/Litterature/ platon-oeuvres-completes-traduites-par-m-v-cousin.pdf

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