Revue française de pédagogie Bautier (Elisabeth), Rochex (Jean- Yves). - L'Expé
Revue française de pédagogie Bautier (Elisabeth), Rochex (Jean- Yves). - L'Expérience scolaire des nouveaux lycéens. Démocratisation ou massification ? Anne Barrère, Mme Britt-Mari Barth Citer ce document / Cite this document : Barrère Anne, Barth Britt-Mari. Bautier (Elisabeth), Rochex (Jean- Yves). - L'Expérience scolaire des nouveaux lycéens. Démocratisation ou massification ?. In: Revue française de pédagogie, volume 129, 1999. L'école pour tous : conditions pédagogiques, institutionnelles et sociales. pp. 143-145; https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1999_num_129_1_1068_t1_0143_0000_3 Fichier pdf généré le 24/12/2018 des didactiques spécialisées dans le champ scolaire a éclaté l'apprentissage en une multitude de compétences autonomisées, si bien que la pédagogie de la lecture n'a plus rien à voir avec celle de la grammaire ou de la production d'écrit. Ce que la publication d'un tel livre rend patente, c'est que l'institution est en train d'entériner ce modèle « éclaté » de la professionnalité enseignante. La seconde réponse, pragmatique, est liée au traitement des échecs en lecture. Les écarts de performances entre les « méthodes » se comptent en légers pourcentages, certes, mais quand il s'agit de grignoter des points pour faire baisser les statistiques de l'échec, ces écarts sont décisifs. Pour l'ONL, le modèle idéo-visuel de la lecture reste un modèle mono-valent qui noie la variété qualitative des difficultés dans le flou d'une causalité « globalement » socio-culturelle. C'est sans doute pourquoi les auteurs consacrent de si longues pages à la dyslexie (p. 165-201), qui, pourtant, touche au plus 5 % d'une classe. Dans les années 1960, on considéra que tous les mauvais lecteurs étaient touchés peu ou prou par « la maladie du siècle ». Or, un trouble décrit comme neurologique aurait dû ignorer les classes sociales. Comme les « dyslexiques » se révélaient majoritairement fils d'ouvriers, il fallut bien affronter la réalité des inégalités sociologiques. La dyslexie, après avoir connu son heure de gloire, fut stigmatisée comme un pseudo-diagnostic, médicalisant de façon indue un échec scolaire imputé à l'incapacité congénitale de l'enfant. Aujourd'hui, dit l'ONL, on peut dire que « la plupart des enfants pour qui l'apprentissage de la lecture pose problème ne sont pas des dyslexiques mais des mauvais lecteurs » (p. 155), sans dire pour autant que la dyslexie n'existe pas. Si la lecture met en jeu des procédures multiples, agissant de façon concomitante, on peut échouer à lire du fait qu'une seule de ces procédures est perturbée. C'est le cas des dyslexiques, plus souvent garçons que filles, mais qui se recrutent également dans tous les milieux sociaux. Ils comprennent sans problème ce qu'on leur dit et ce qu'on leur lit, mais ont des difficultés persistantes pour identifier les mots écrits, faute de fixer le code graphique et/ou orthographique. Quelle que soit leur dyslexie (il en existe plusieurs types), ils ont besoin d'une aide spécialisée. S'ils sont environ 5 %, il y a « statistiquement » un enfant dyslexique par CP. La question de leur apprentissage se pose de façon brûlante quand les maîtres, pour ne pas étiqueter précocement un élève, hésitent à faire établir un diagnostic, ou, ce qui est fréquent en ZEP, imputent spontanément son problème à l'environnement socioculturel. Mais que faire pour les autres « mauvais lecteurs », majoritairement non-dyslexiques ? Eh bien, préciser aussi le diagnostic. La même vulgate socioculturelle peut faire négliger des troubles auditifs ou visuels, mal repérés en milieu populaire : ils ne se réparent pas par des programmes d'enrichissement culturel. Quant aux enfants « mauvais compreneurs » mais « bons décodeurs », il faut chercher sur quoi ils échouent : s'ils ont du mal à comprendre ce qu'on leur dit et ce qu'on leur lit ou seulement ce qu'ils lisent seuls. En évaluant séparément les performances en compréhension d'histoire (entendue ou lue) et en lecture de mots, on peut spécifier les difficultés en jeu et donc le type d'intervention utile, dans la classe ou avec l'appui des réseaux d'aide. En effet, pour réduire l'échec en lecture, il faut travailler sur les marges, avec des enfants qui résistent aux pédagogies tout-venant. Les maîtres peuvent être indifférents à la validité scientifique (provisoire) d'un modèle, pas à sa pertinence pragmatique. Encore faut-il, pour qu'ils s'en emparent, qu'ils aient une représentation « multi- variée » des échecs en lecture et, CQFD, de son apprentissage. Le livre de l'ONL prend ainsi à plusieurs reprises le lecteur à contre-pied. Synthèse éclairante des recherches sur la lecture des novices, il économisera beaucoup d'énergie à ceux qui veulent actualiser leurs savoirs sur le sujet. Discours engagé et polémique sur les modèles qui valident les différentes méthodes, il devrait permettre des débats féconds sur les mises en œuvre pédagogiques pour faire lire les élèves, diagnostiquer leurs problèmes, évaluer leur réussite, prévenir leurs difficultés. La voie phonique valorisant la lecture oralisée (par l'élève et le maître) conduit paradoxalement à s'interroger, à propos de la réception des textes, sur les continuités entre oral et écrit autant que sur les spécificités de la lecture silencieuse. Livre qui avalise un nouveau modèle de la professionnalité enseignante, il fera réfléchir tous ceux qui s'interrogent, à l'heure de l'Europe, sur la façon d'articuler les cultures scolaires nationales avec des recherches « internationales », c'est-à-dire référées à la culture scientifique et pédagogique américaine. Pour toutes ces raisons, il est urgent de le lire. Anne-Marie Chartier Service d'Histoire de l'éducation/ INRP BAUTIER (Elisabeth), ROCHEX (Jean- Yves). - L'Expérience scolaire des nouveaux lycéens. Démocratisation ou massification ? Paris : Armand Colin, 1998. - 302 p. Pour les « nouveaux lycéens », la fréquentation prolongée des savoirs scolaires est socialement inédite, dans une institution brouillée par le mélange inextricable des objectifs de formation intellectuelle et d'une demande impérieuse d'insertion et d'utilité sociale. Elisabeth Bautier, Jean- Yves Rochex et leur équipe se proposent d'explorer dans le détail les modalités de cette fréquentation, qui fait Notes critiques 143 rentrer de plain pied dans l'univers de la difficulté et de la réussite scolaire, mais aussi dans celui de la maturation existentielle des adolescents, le rapport au savoir étant inséparable, en particulier au lycée, de la constitution progressive de soi. La première partie du livre pose le triple soubassement de la recherche, dont la deuxième partie expose les conclusions. L'état des lieux dont procède cette recherche est à la fois l'interrogation persistante sur la réalité de la démocratisation de l'école (chapitre 1), l'existence des recherches déjà disponibles sur les nouveaux lycéens, qui selon les auteurs laissent de côté l'espace des apprentissages et des modes d'appropriation cognitifs et langagiers des savoirs (chapitre 3), mais aussi et surtout les conclusions déjà établies par les chercheurs, avec Bernard Chariot, sur le rapport au savoir dans Ecole et savoir dans les banlieues... et ailleurs (chapitre 2). Cette recherche, portant sur le collège, avait dégagé la double dimension du rapport au savoir : identitaire, engageant un sens articulé aux autres composantes de l'expérience, et épisté- mique, engageant des interprétations des activités et tâches requises par les apprentissages scolaires. Ainsi, une logique de « cheminement institutionnel », fondée sur une stricte conformité aux demandes des enseignants mais sur une absence de perception des savoirs scolaires comme enjeux cognitifs contraste avec une logique d'apprentissage, supposant une réelle activité intellectuelle, mais aussi la possibilité « identitaire » de s'y engager. Cette opposition s'enrichit de la dualité imaginaire-symbolique, empruntée à la psychanalyse. La deuxième partie rend compte de l'enquête proprement dite, qui croise plusieurs types de matériaux. Après une démarche extensive, qui exploite la passation de 700 questionnaires et l'étude de bilans de savoir écrits d'élèves de seconde (chapitre 4), les chercheurs ont travaillé de manière plus spécifique sur le rapport à l'écrit des « nouveaux lycéens » (chapitre 5), avant de reprendre de manière approfondie les bilans de savoir de six d'entre eux, complétés par des entretiens semi-directifs (chapitre 6). La première démarche permet de trouver une forte opposition entre nouveaux lycéens et « bons lycéens », mais révèle aussi la grande hétérogénéité des premiers, contrastant avec l'homogénéité de l'expérience des seconds, qu'il a même été nécessaire de laisser de côté dans un deuxième temps de l'analyse, pour qu'il n'occulte pas tout le champ de vision. Cet éclatement de l'expérience est un résultat en tant que tel, même s'il ne simplifie pas le travail des chercheurs. Une minorité de « nouveaux lycéens » définit la transition collège-lycée en termes cognitifs et intellectuels, les autres parlant en termes de pur « métier d'élève » ou de rapports giques aux études. L'analyse formelle des bilans de savoir permet d'entrevoir une évolution notable : ce n'est plus la présence d'un « je » énonciateur, utilisé très largement et non plus par les seuls bons élèves comme au collège, qui est révélatrice, mais bien plutôt ses modalités d'affirmation. Du coup, l'opposition, présente au collège, entre des textes écrits sous forme de listes par les élèves les plus en difficulté et des textes réflexifs se trouve elle aussi complexifiée et enrichie. Sur le plan des contenus, les apprentissages relationnels ainsi que l'affirmation du rapport stratégique aux études sont plus importants au lycée, ce qui explique d'ailleurs que davantage d'élèves faibles mentionnent les savoirs et disciplines scolaires dans les uploads/Litterature/ bautier-la-experiencia-escolar-de-los-liceos-en-la-democratizacion-o-masificacion.pdf
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- Publié le Sep 29, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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