JEAN-CLAUDE BARREAU Toute l’histoire de France ÉDITIONS DU TOUCAN Ce texte est
JEAN-CLAUDE BARREAU Toute l’histoire de France ÉDITIONS DU TOUCAN Ce texte est la version revue et corrigée des Racines de la France paru en 2008 chez le même éditeur. © Éditions du Toucan, 2011. ISBN : 978-2-253-16293-3 – 1re publication LGF Note de l’éditeur Nous avons souhaité faire figurer en bonne place le sommaire de cet ouvrage pour que le lecteur saisisse, dès l’abord, l’originalité du propos. On prend ainsi conscience qu’il y a une histoire de France avant la France, cette dernière ne surgissant qu’au IXe siècle de notre ère. On voit que la France connut deux apogées, celui du Moyen Âge (XIIe et XIIIe siècles) et celui des temps classiques jusqu’à la Révolution (XVIIe et XVIIIe siècles) où son histoire s’identifie d’une certaine manière à celle du monde. Mais elle faillit aussi disparaître deux fois : en 1420 avec la guerre de Cent Ans et en 1940 lors de la Seconde Guerre mondiale. L’éditeur souligne que ce texte est un récit et non une sèche chronologie, un récit plein de gloire, de désastres et de passion, comme l’histoire de France elle-même. Si la fidélité aux faits est absolue, les interprétations de l’auteur sont éclairantes, parfois surprenantes, essayant toujours de comprendre le présent indécis de la Nation française à la lumière de son passé millénaire. Sommaire PREMIÈRE PARTIE (de – 900 à + 987) LA FRANCE D’AVANT LA FRANCE ........................ 11 Gaulois et Romains ............................................ 13 Une lente naissance ............................................ 37 DEUXIÈME PARTIE (de 987 à 1789) LA FRANCE DE L’« ANCIEN RÉGIME » ................. 55 L’apogée médiéval ............................................. 57 Naissance d’un patriotisme français ................. 79 Une renaissance fastueuse et tragique .............. 97 L’apogée classique ou les siècles français ........ 119 TROISIÈME PARTIE (de 1789 à 2008) LES SIÈCLES RÉPUBLICAINS ................................... 149 Une explosion fondatrice .................................. 151 Un siècle moderne ............................................. 181 La course à l’abîme ............................................ 219 L’honneur retrouvé ............................................ 239 Reconstruction et mondialisation ...................... 257 La France aujourd’hui et demain ..................... 273 Toute l’histoire de France PREMIÈRE PARTIE La France d’avant la France Chapitre I Gaulois et Romains De –900 à + 410 La France nous semble une réalité naturelle telle- ment nous en avons intégré l’image, celle de l’hexa- gone parfait de nos cartes murales scolaires et de nos écrans météo télévisuels. En dépit de nos sentiments et des apparences, la France est au contraire un pays complètement artificiel qui aurait pu ne pas être et dont l’édification au cours des siècles fut le fruit d’une volonté politique opiniâtre et d’une idée originale. C’est pourquoi il est important d’en connaître l’histoire, car la France n’est pas le produit d’une géographie évidente, comme l’Angle- terre ; elle est le résultat d’une construction historique aléatoire. La volonté politique a été celle du pouvoir parisien. L’idée directrice fut d’unir dans un même État la mer du Nord et la Méditerranée, union rien moins que naturelle. Le monde méditerranéen, univers original et clos sur lui-même – « Méditerranée » signi- fie « mer enfermée de terres » –, n’a rien à voir avec celui des grands espaces que l’on trouve sitôt franchies les cimes des Pyrénées, des Cévennes ou des Alpes (pour ne parler que de l’Occident), espaces où s’achève la grande plaine eurasiatique venue des immensités sibériennes. Bien qu’elle soit l’une des plus vieilles nations de la planète (un acte notarial, le traité de Verdun, constitue en quelque sorte l’« acte de naissance » de notre pays. Rédigé l’année 843 de notre ère, cet acte donne à la France, en 2011, l’âge respec- table de 1 168 ans !), la France n’existe pas « de fondation ». Plus d’un millénaire d’histoire s’écoule avant qu’elle ne finisse par surgir sur le territoire qu’elle occupe aujourd’hui. Dans toute « histoire de France » existe en fait une longue Deux mille ans avant Jésus-Christ, le nombre des hommes explosa dans notre pays jusqu’à atteindre trois millions. histoire « d’avant la France », abusivement annexée à celle-ci. Non pas que les Gaulois, les Romains, les Grecs, les Ligures, les Basques, les Wisigoths, les Francs ne concernent pas notre pays, ils sont le terreau sur lequel il est né ; mais à leur époque la France n’existait pas encore. C’est évidemment encore plus vrai pour la préhistoire. « L’aventure humaine commence avec les tombes », a dit Pierre Chaunu. Or, les tombes préhistoriques, certaines vieilles de quarante mille ans, parsèment notre territoire pour la raison simple qu’il est habitable depuis l’apparition de l’Homme. Aux époques gla- ciaires longues de quatre-vingt mille ans, les glaces se 14 Toute l’histoire de France sont arrêtées en Belgique alors qu’elles recouvraient l’Angleterre, l’Europe et l’Amérique du Nord ; le cli- mat de nos régions était alors semblable au climat actuel du Canada et de la Sibérie. Traces de mam- mouths, d’aurochs et d’hommes n’ont donc jamais été effacées par les glaces. L’homme de Néandertal et l’Homo sapiens coexis- tèrent là, y laissant de nombreux et magnifiques témoignages de leur présence : tombes de La Chapelle- aux-Saints, superbes peintures rupestres, anciennes de vingt mille ans, de la grotte de Lascaux. Plus tard, des populations inconnues surent élever, sur toute la façade atlantique et même loin à l’intérieur des terres, des pierres gigantesques dressées comme des phallus, les menhirs mégalithiques, ou assemblées comme des portiques, les dolmens. Elles évoquent, par les moyens techniques employés, les statues de l’île de Pâques. Notre territoire est ainsi le paradis des pré- historiens. Ces chasseurs des temps anciens n’étaient pourtant pas très nombreux, vingt mille peut-être à l’époque de Cro-Magnon, répartis en trois cents campements sur le territoire actuel. Avec la révolution agricole, deux mille ans avant Jésus-Christ, le nombre des hommes explosa dans notre pays jusqu’à atteindre trois millions, l’agriculture permettant effectivement de nourrir sur le même espace cent fois plus d’hommes que la chasse ! Le climat avait aussi changé. Depuis quatorze mille ans, nous sommes en effet entrés dans l’époque inter- glaciaire (vingt mille ans). Il s’est mis à faire plus chaud. Les glaciers ont fondu. Le niveau de la mer a remonté, 15 Gaulois et Romains séparant la France de l’Angleterre par le bras de mer de la Manche et du Pas-de-Calais, dont le climat est propice à la vie agricole et à la forêt. Mais la différence entre le climat océanique de la plus grande partie du territoire et celui de la Méditerranée en fut accentuée, et avec elle la différence entre les hommes. À l’occident du vieux monde, la Méditerranée est un univers en soi. Plus longue que large, elle creuse dans le « Tri-Continent » que constituent l’Europe, l’Asie et l’Afrique une échancrure dont le climat, très original, résulte du contact entre l’immense désert du Sahara qui la borne au sud et les pluies océaniques venues de l’ouest. L’été, l’anticyclone saharien recou- vre cette mer, il y fait beau et sec. L’hiver, les hautes pressions reculent et laissent entrer les perturbations atlantiques qui amènent des averses de pluie (de neige en altitude). Deux saisons seulement, rudes l’une et l’autre, mais lumineuses car, l’hiver, le soleil brille entre les averses. Nous l’avons dit, la Méditerranée est un monde clos borné par le désert et les montagnes (Atlas, Alpes, Balkan, mont Liban, etc.). Seuls deux fleuves curieusement comparables et opposés, se ter- minant tous les deux par un delta (chez nous, la Camargue), ouvrent la mer intérieure aux influences du dehors, le Nil et le Rhône. On n’y trouve également que deux paysages, la lagune et la montagne favorables aux ports naturels. La Méditerranée était et reste le centre du monde La Méditerranée était et reste le centre du monde. Même aujourd’hui, une puissance n’est hégémonique que si elle domine cette mer. Pourtant éloignés d’elle, 16 Toute l’histoire de France les États-Unis sont contraints d’y entretenir une flotte. C’est aussi une mer magnifique, douce à l’homme mal- gré ses colères, « la mer » par excellence. « Thalassa, Thalassa », criaient les Grecs en la voyant. Sur ses bords ou très proches de ses rivages ont surgi les pre- miers États, l’Égypte et la Mésopotamie, puis les Phé- niciens qui inventèrent l’alphabet, les Crétois, les Étrusques et les Grecs. Rome enfin, héritière de la Grèce, en avait fait l’unité, ayant triomphé, après une lutte à mort, des Phéniciens de Carthage. Et cette unité, unique dans l’histoire, durera cinq siècles. Au premier siècle avant notre ère, l’Empire romain, bien que Rome se voulût encore « république », était constitué. Rome dominait l’ensemble des péninsules méditerranéennes – Italie, Espagne, Maghreb, Balkans, Anatolie, rivages libanais. Les Romains pouvaient, légitimement déjà, appeler la Méditerranée « notre mer », « mare nostrum ». Mais ils n’en contrôlaient alors que les rivages, y compris cette bande de terre qui unissait l’Italie à l’Espagne qu’ils nommaient la « Provincia » (les « bouches du Rhône ») avec la cité de Marseille fondée cinq siècles auparavant par des Grecs de Phocée venus d’Asie Mineure (la « Cité phocéenne » dont parle quo- tidiennement le journal sportif L’Équipe). Dès que l’on remontait le fleuve, on débouchait sur un uploads/Litterature/ prem-chap-toute-l-histoire-de-france.pdf
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- Publié le Mar 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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