1. L’association Bagdam Cafée est fondée à Toulouse en décembre 1988 et continu

1. L’association Bagdam Cafée est fondée à Toulouse en décembre 1988 et continue son existence sous le nom de Bagdam Espace Lesbien, après la fermeture du café, le 1er janvier 1999. Les activités de l'association sont sous-tendues à la fois par « la volonté d'apparaître régionalement, nationalement et internationalement et par l'ambition non seulement de transformer la vie quotidienne des lesbiennes (« politique intérieure »), mais aussi d'imposer leur existence citoyenne (« politique extérieure »). » (http://www.bagdam.org/bagdam.html, site internet consulté le 30 mai 2014). Candidature au Contrat Doctoral SMS 2014 LabEx SMS (Structuration des Mondes Sociaux) PROJET DE THÈSE Le développement du Mouvement de libération des femmes en Midi- Pyrénées : spécificités régionales et échanges nationaux ou internationaux Présenté par Justine Zeller Dirigé par Sylvie Chaperon Photo issue du site internet www.bagdam.org, date non précisée1. 2. Zeller Justine, Le féminisme tendance « lutte des classes » à Toulouse dans les années 1970, mémoire de Master 1 sous la direction de Sylvie Chaperon, Toulouse, Université de Toulouse-Le Mirail, UFR Histoire, Arts et Archéologie, 2012 ; Zeller Justine, Le développement de l’Union des femmes françaises en Haute-Garonne (1968-1980), mémoire de Master 2 sous la direction de Sylvie Chaperon, Toulouse, Université de Toulouse-Le Mirail, UFR Histoire, Arts et Archéologie, 2013. 3. L’image des vagues est depuis longtemps utilisée pour décrire les deux grandes époques du féminisme. La première, couvrant le XIXe et le début du XXe siècle, est préoccupée surtout par la conquête de l’égalité des droits dans la sphère publique. La deuxième, à partir des années 1960-1970, conteste plus radicalement la domination masculine, s’engage pour une libération des femmes, y compris dans la sphère privée. Depuis les années 1990, certains évoquent la présence d’une troisième vague féministe. 4. Lors des événements de 1968, les filles souhaitent croire que sonne l’heure de l’émancipation féminine. Toutefois, cet espoir sera finalement déçu. Le début des années 1980 est, quant à lui, marqué par une modification profonde à la fois des groupes et des luttes féministes vers une institutionnalisation. 5. Xavier Vigna, L’insubordination ouvrière dans les années 68. Essai d’histoire politique des usines, Rennes, PUR, 2007. 6. « Changer d’espace, de temporalité et d’échelle : le monde, l’Europe, la France », dans Zancarini-Fournel Michelle, Le Moment 68. Une histoire contestée, Paris, Le Seuil, 2008. 2 Dans la continuité d’un travail de recherche effectué en Master et portant sur les relations entre mouvement ouvrier et féminisme durant les années 1970 en Haute-Garonne2, j’ai choisi d’analyser, au sein d’une thèse, le développement du Mouvement de libération des femmes en Midi- Pyrénées. Ce mouvement féministe autonome et non-mixte marque la deuxième vague du féminisme français, période au cours de laquelle la revendication pour une libre disposition de son corps est mise en avant3. Les militantes qui le composent s’opposent, d’une part, au conservatisme du pouvoir ; d’autre part, à la misogynie ordinaire présente dans les rangs de toutes les organisations politiques ou presque ainsi que dans les discours communistes ou gauchistes pour lesquels la lutte des classes prime sur les luttes pour leur libération. Mener une analyse du Mouvement de libération des femmes peut s’avérer complexe puisqu’en son sein coexistent, souvent de manière conflictuelle, de multiples manières de penser les femmes et de se représenter leurs intérêts. Cette multiplicité est le fruit, d’une part, de l’hétérogénéité même de la catégorie femmes, d’autre part, des luttes féministes qui peuvent se trouver imbriquées dans des mouvements sociaux et politiques variés et déployées dans des sphères sociales multiples. Analyser le développement du Mouvement de libération des femmes en Midi-Pyrénées permet de souligner, de façon plus poussée encore, la grande pluralité de ces mobilisations, leur dispersion. Ainsi, l’espace géographique dans lequel le mouvement évolue devient à son tour l’un des facteur de cette multiplicité qui le constitue. Toutefois, le mouvement n’est pas une simple juxtaposition de groupes aux théories diverses mais est également traversé par des mécanismes de convergence qui lui confère une consistance propre. Les étudier et les comprendre permet, outre la restitution de spécificités locales ou régionales, de parler d’un véritable mouvement national et international. Afin de mener à bien cette étude, la séquence 1968-1981 me paraît être une unité cohérente tant sur le plan national que sur le plan régional. L’année 1968 est particulièrement connue pour les mouvements et manifestations survenus depuis mai et juin ; l’année 1981 est marquée, quant à elle, par la victoire de François Mitterrand, candidat du Parti Socialiste, aux élections présidentielles. Ces évènements sont d’une grande importance car le premier participe à l’émergence du Mouvement de libération des femmes et le deuxième est l’une des causes principales de son essoufflement4. Afin d’expliquer ma démarche, le présent dossier s’articule en trois grandes parties permettant, dans un premier temps, d’aborder la méthodologie ; dans un second temps, d’évoquer la problématique ; et enfin d’exposer le calendrier de travail prévisionnel. 1. Méthodologie 1a. État de l’art Mai 1968 a suscité un grand nombre d’investigations. Actuellement, une nouvelle génération d’historiens revisite ce moment pour l’inscrire dans le temps plus long des « années 68 ». Pour Xavier Vigna, il s’agit aussi de passer d’une histoire d’en haut, celle des acteurs reconnus du monde ouvrier, syndicats, Parti Communiste et autres « haut-parleurs », à une histoire d’en bas, celle du microconflit, de la violence larvée, ce qu’il appelle le « cycle de l’insubordination ouvrière »5. Ce changement fait émerger une multitude de nouveaux acteurs ordinaires et la vision de 68 en sort radicalement transformée. Enfin, il s’agit également, comme le propose Michelle Zancarini-Fournel, de faire travailler le jeu d’échelle6. C’est-à-dire comparer les espaces de contestation, mais aussi en examiner les liens, les transferts de représentations communes et de valeurs, les logiques d’entraînement, d’imitation. Il s’agit de voir enfin ce qui résiste au transnationalisme et de dessiner des 7. Duchen Claire, Feminism in France : From May 1968 to Mitterrand, London, Routledge, 1986 ; Guadilla Naty Garcia, Libération des femmes, le mlf, Paris, PUF, 1981 ; Picq Françoise, Libération des femmes : les années-mouvements, Paris, Seuil, 1993 ; Remy Monique, Histoire des mouvements de femmes : de l’utopie à l’intégration, L’Harmattan, 1990. 8. Bernheim Cathy, Kandel Liliane [et al.], Mouvement de libération des femmes : textes premiers, Paris, Stock, 2009 ; Picq Françoise, Libération des femmes, quarante ans de mouvement, Brest, Editions-dialogues.fr, 2011. 9. Un colloque se tient, par exemple, les 20-22 mai 2010 à la Maison des sciences humaines Confluences (Université d’Angers) sur « Les féministes de la deuxième vague, actrices du changement social » ; il donne lieu à la publication d’un ouvrage : Bard Christine [dir.], Les féministes de la deuxième vague, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012. 10. Comme l’indique Françoise Picq dans son ouvrage publié en 2011, Libération des femmes, quarante ans de mouvement, la plupart de ces événements sont recensés par le blog re-belles. Concernant la ville de Toulouse, en 2012, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité et de lutte des femmes, la ville et la commission extra-municipale « égalité femmes-hommes dans la cité » ont proposé un temps d’échanges et de réflexion sur ce thème. Ainsi, Irène Corradin et Madeleine Dupuis ont organisé une exposition intitulée « A Toulouse aussi, des femmes… dans le mouvement de libération des femmes… des années 1970 à aujourd’hui ». 11. Centre Lyonnais d’Etudes Féministes, Chronique d’une passion : le Mouvement de Libération des Femmes à Lyon, Paris, L’Harmattan, 1989 ; Marrel Elodie-Cécile, Mémoire et histoire des féminismes (Angers, 1965-1985), Paris, Centre fédéral de la FEN, 1999 ; Mathieu Céline, Les mouvements pour la liberté et la gratuité de l’avortement et de la contraception à Toulouse de 1970 à 1974, mémoire sous la direction de Djamila Amrane et d’Agnès Fine, Toulouse, Université de Toulouse II-Le Mirail, UFR Histoire, histoire de l’art et arts plastiques, 1995. 12. Godard Patricia, Porée Lydie, Les femmes s’en vont en lutte ! Histoire et mémoire du féminisme à Rennes (1965-1985), Rennes, Editions Goater, 2014. 3 formes nationales de révolte, sans oublier les enjeux proprement locaux et la façon dont ils s’articulent à des thèmes mobilisateurs plus vastes pour faire éclater la révolte. En effectuant une analyse du Mouvement de libération des femmes en Midi-Pyrénées, je souhaite ainsi m’inscrire dans le sillage de ce renouveau historiographique en adoptant une approche genrée des événements et en faisant travailler, à mon tour, ce « jeu d’échelle ». Les premiers travaux scientifiques proposant une analyse du Mouvement de libération des femmes apparaissent dès les années 19807. Ils retracent l’histoire du mouvement féministe parisien et sont l’œuvre des actrices du mouvement ou d’auteurs étrangers ou extérieurs à l’institution historienne. L’ouvrage de Françoise Picq intitulé Libération des femmes : les années mouvement devient l’étude de référence sur le sujet. En 2010, le Mouvement de libération des femmes fête son quarantième anniversaire. Comme pour Mai 68, un véritable engouement se crée autour de ce dernier. Pour cette occasion, des archives sortent des tiroirs, sont publiées ou mises en ligne ; des livres sont édités ou réédités8 ; des colloques sont organisés9 ; ainsi que des expositions de photos, d’affiches, uploads/Litterature/ projet-de-the-se-sms.pdf

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