Quelle(s) traduction(s) française(s) de la Bible faut-il préférer ? Nous avons

Quelle(s) traduction(s) française(s) de la Bible faut-il préférer ? Nous avons la chance (ou la malchance ?) de disposer aujourd’hui de plusieurs dizaines de traductions françaises de la Bible. Face à cette offre, il est parfois difficile de se repérer. Quelle traduction française de la Bible faut-il choisir ? Y a-t-il des traductions meilleures que d’autres ? Beaucoup de choses ont été écrites sur le sujet (voir les références en fin d’article). Je me contenterai ici de rappeler brièvement quelques principes clés pour aider à comprendre la problématique. Y a-t-il des traductions plus « authentiques » que d’autres ? La question de la traduction de la Bible est une question sensible. Pour le croyant, la Bible n’est pas un texte comme un autre : nous considérons que Dieu nous parle par ce livre. Or, si nous sommes francophones, c’est d’abord par le biais d’une traduction française que nous lisons la Bible (Dieu nous parle dans notre langue maternelle !). Par conséquent, lorsque nous découvrons que d’autres ont traduit différemment ces versets bibliques qui nous parlent tant, c’est forcément perturbant ! Et on en devient méfiant : telle traduction est-elle fiable ? Les traducteurs ne sont-ils pas influencés par « le monde » ? N’y aurait-il pas des Bibles plus « authentiques » (notre Bible préférée) que d’autres ? Traduire c’est trahir Autant le dire tout de suite : il n’existe pas de traduction à 100% fiable qui retranscrive exactement le texte original. Non que les traducteurs ne seraient pas fiables, mais parce que cela est tout bonnement impossible ! « Traduire c’est trahir » comme on le rappelle souvent. Chaque langue a son mode de fonctionnement, ses spécificités, ses expressions intraduisibles : aucune langue ne correspond strictement à une autre de telle sorte qu’on pourrait la traduire « mot à mot ». Les traductions actuelles sont effectuées par des personnes compétentes Cependant, à part quelques initiatives personnelles un peu farfelues, les versions françaises de la Bible ont été réalisées par des personnes compétentes. Les traductions modernes sont l’œuvre de sociétés bibliques ou de maisons d’éditions qui font appel aux meilleurs spécialistes : des spécialistes du grec et de l’hébreu bibliques, des spécialistes du monde de la Bible, des linguistes, et, souvent, des spécialistes de la langue française. Aujourd’hui, une traduction de la Bible représente un travail collaboratif d’environ une dizaine d’années. De plus, ceux qui ont la charge de la traduction de la Bible sont généralement des croyants. Ils ne considèrent pas la Bible comme n’importe quel texte, et ils sont conscients de leur responsabilité vis-à-vis du reste de l’Église. Ils prennent donc leur tâche au sérieux ! En résumé, nous n’avons aucune raison de douter du sérieux des traductions modernes de la Bible. Mais alors, me direz- vous, comment expliquer les différences entre les traductions bibliques que nous possédons ? Bibles protestantes VS Bibles catholiques Un canon différent Si les chrétiens s’accordent sur le canon du Nouveau Testament, ils ne s’accordent pas sur le nombre de livres constituant l’Ancien Testament. Les protestants ne reconnaissent traditionnellement que les 39 livres de la Bible hébraïque (ceux qui font autorité pour les Juifs), alors que les catholiques y ajoutent 7 livres et 2 suppléments (les Églises orthodoxes, orientales ou d’Éthiopie en intègrent encore davantage). Quelques différences de traduction Au-delà de cette différence sur l’étendue de la Bible, y a-t-il des différences concernant la traduction ? Certes, un traducteur ne peut pas aborder le texte biblique en faisant totalement abstraction de ses convictions, de sa foi, ou de son arrière-plan. Il est donc inévitable qu’apparaissent quelques traces d’influence doctrinale. Une d’entre elles concerne la traduction difficile de certains emplois du verbe « sauver (grec : sôzô) » à la voix passive (ou moyenne). Pour certains passages, les traducteurs peuvent hésiter entre la traduction « ceux qui sont sauvés », « ceux qui sont en train d’être sauvés » ou « ceux qui seront sauvés » (voir Ac 2.47 ; 1 Co 1.18 ; 15.2 ; 2 Co 2.15). Si les traductions protestantes traduisent généralement par « ceux qui sont sauvés », les traductions catholiques traduisent plus souvent par un futur (« ceux qui seront sauvés ») ou parfois par l’expression (surprenante !) « ceux qui se sauvent » (Bible de Jérusalem). De moins en moins de différences Toutefois, si les traductions anciennes pouvaient refléter des influences confessionnelles, c’est beaucoup plus rare au sein des traductions modernes. Grâce au dialogue œcuménique, les biblistes catholiques et protestants ont pu confronter leurs lectures respectives des textes bibliques de manière plus paisible que par le passé. De telle sorte que les traducteurs sont davantage conscients de leurs présupposés et que ceux-ci transparaissent beaucoup moins dans leur traduction. Par exemple : Matthieu 1.25 est généralement traduit : « [Joseph] ne connut pas [Marie] jusqu’à ce qu’elle eut enfanté…». L’ancienne traduction liturgique (catholique) ne traduisait pas le « jusqu’à » et proposait : « [Joseph] n’eut pas de rapports avec elle ; elle enfanta un fils… ». Cette traduction évitait une difficulté pouvant remette en cause la virginité « perpétuelle » de Marie (selon l’Eglise catholique, Marie serait restée vierge toute sa vie). Toutefois, la Nouvelle Traduction Liturgique (2013) semble avoir rectifié le tir, et traduit désormais : « il ne s’unit pas à elle, jusqu’à ce qu’elle enfante un fils ». Enfin, précisons que plusieurs traductions modernes de référence ont été effectuées par des comités interconfessionnels comprenant des spécialistes aussi bien catholiques que protestants (voire orthodoxes) : c’est le cas de la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB), de la Bible en Français Courant ou de la traduction Parole de Vie (français fondamental). Un texte de base différent Certaines différences entre les traductions de la Bible s’expliquent par le fait que les traducteurs n’ont pas retenu le même texte hébreu ou grec pour leur traduction (à ce sujet, voir l’article sur la « critique textuelle » ). Le texte de l’Ancien Testament Pour l’Ancien Testament, la plupart des traductions récentes se basent sur le « Texte Massorétique » qui est le texte hébreu traditionnel. Malheureusement, les plus anciennes copies complètes de ce texte datent d’autour de l’an 1000 après Jésus- Christ (soit environ 2000 ans après David !). Les découvertes des manuscrits de la mer Morte ont permis de montrer que ce texte représente une forme particulièrement ancienne et répandue du texte hébreu. Toutefois, certains de ces manuscrits révèlent une forme différente du texte hébreu. De même, des traductions très anciennes, comme la traduction grecque de la Septante, supposent par endroit un texte hébreu différent. Par conséquent, si les traducteurs prennent le Texte Massorétique comme texte de base, ils vont par endroit retenir des variantes qu’ils estiment plus proches du texte original. Le nombre de variantes retenues dépendra des traductions : la Bible de Jérusalem est par exemple réputée pour faire davantage appel aux variantes de la Septante. Le texte du Nouveau Testament Pour le texte du Nouveau Testament, les traductions peuvent utiliser trois types de texte :  L’immense majorité des traductions françaises modernes se basent sur une édition du texte grec dite « critique » (ou « éclectique »). Il s’agit d’une reconstitution du texte original le plus probable, à partir de la comparaison des manuscrits disponibles. L’édition de référence est celle dite de « Nestlé-Aland ».  Les traductions protestantes anciennes dans la lignée de la Bible d’Olivétan (Bible de Genève, Martin, Ostervald…) se basent sur un texte grec dit « Texte reçu ».  La Bible Segond 21 se base sur un texte grec dit « Texte majoritaire ». J’explique en détail les différences entre ces textes au sein d’un autre article de ce blog. J’estime, avec l’immense majorité des spécialistes, que le texte « critique » est le plus proche de l’original, mais qu’il ne faut pas exagérer les différences qui restent minimes. Par ailleurs, même si la plupart des traductions modernes utilisent le texte de « Nestlé-Aland » comme texte de base, les traducteurs conservent une certaine liberté. Ainsi, on constate qu’ils choisissent par endroit de ne pas le suivre. Par exemple, en 1 Corinthiens 13.3, le texte de Nestlé-Aland (et la plupart des spécialistes) pensent qu’il convient de suivre les manuscrits qui ont : « quand même je livrerais mon corps pour en tirer fierté ». Toutefois, un bon nombre de manuscrits grecs ont plutôt un texte qu’on traduit par : « quand je livrerais mon corps pour être brûlé ». En grec, la différence entre les deux verbes ne porte que sur une seule lettre. De façon surprenante, bon nombre de traductions modernes basées sur le texte de « Nestlé-Aland » ne le suivent pas sur ce point, et préfèrent le texte qui contient le verbe « brûler » (p. ex. Français Courant, Parole de Vie, TOB, Jérusalem, Traduction liturgique). Des principes de traduction différents Traduction littérale vs Traduction dynamique Une des différences principales entre les traductions modernes s’explique par l’emploi de principes linguistiques différents. Sur ce point, deux grandes écoles s’affrontent :  Certains estiment qu’il convient de privilégier uploads/Litterature/ quelle.pdf

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