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INDIENNES SUBLIMES VILLA ROSEMAINE I n des, O r ient, O ccident, Costum es et textiles im pr im és des XVIII e et XIX e siècles Serge Liagre Gilles Martin-Raget Rémy Kerténian Olivier Raveux Xavier Petitcol Aziza Gril-Mariotte I N D I E N N E S S U B L I M E S 2 3 Galerie de la Villa Rosemaine lors du montage de l’exposition « Indiennes Sublimes » 1 Publication réalisée à l’occasion de l’exposition « Indiennes Sublimes » Indes, Orient, Occident, costumes et textiles imprimés des XVIIIe et XIXe siècles présentée à la Galerie de la Villa Rosemaine du 13 septembre 2011 au 10 janvier 2012 à Toulon. Commissariat Serge Liagre, Thierry Guien, Eva Lorenzini, Christine Liagre Remerciements les membres et bénévoles de l’association Villa Rosemaine, les collectionneurs qui ont accepté de prêter leurs pièces et de les laisser photographier, les auteurs de cet ouvrage pour leur précieuse collaboration, la revue Rives nord-méditerranéennes (UMR TELEMME) pour l’autorisation de publication du texte d’Olivier Raveux. Clément Trouche pour la passion qu’il transmet sur le costume d’Arles. à Roland Petit … 4 5 Vers 1800, Indes pour le marché Perse, kalamkari, imprimé à la réserve de cire pour l’indigo puis pinceauté. 2 Préface « L’exotisme et tout ce qui est Autre. Jouir de lui est apprendre à déguster le Divers » Victor Segalen « Indiennes sublimes » … Quel titre ! Sublimis ou « qui va en s’élevant » pour les latins. Mais, à priori, que trouver de sublime à ses toiles de cotons peintes ou imprimées. Au commencement, tout est question d’envie… Envie de grandeur, pour rivaliser avec les riches productions indiennes et perses qui arrivent en Europe dès le XVIe siècle, conquérir de nouveaux marchés, envie de singularité, d’ailleurs, de nouveauté, envie de beauté, de couleur, d’élégance. « Mon tailleur m’a dit que les gens de qualité portaient le matin une robe de chambre en indienne (…) » déclarait avec emphase M. Jourdain devant la cour rassemblée à Chambord en 1670, pour découvrir la nouvelle comédie de Molière. Mais cette envie, ce besoin de richesse exotique, qu’expriment notre Bourgeois Gentilhomme, loin d’être le péché que l’on sait, est devenue volonté. Volonté de s’approprier, de faire sien. Et la Provence, qui a vu naître les premières manufactures d’indiennes Occidentales, a su en faire un patrimoine, une identité. Caracos, fi chus, cotillons, tabliers d’indiennes témoignent encore, à l’ombre des vitrines des musées ou dans la pleine lumière des fêtes pastorales, comment ce produit de luxe a su devenir entre le XVIIIe et le XIXe siècle, l’emblème de toute une région et de son petit peuple. Pourtant, les génoises pourraient en dire autant avec leurs mezzari ou leurs pezzotti… Car longtemps, l’étude des pratiques vestimentaires régionales fut l’apanage de régionalistes ou de folkloristes, qui ne pouvaient que revendiquer la suprématie de leur territoire. Il a fallu attendre la fi n du XXe siècle pour voir universitaires et conservateurs de musées se pencher scientifi quement sur le vestiaire des régions de France. Le choix délibéré du textile, des indiennes et non du seul vêtement, permet d’autant plus d’élargir le propos, de voir les choses de plus haut, de suivre le fi l, de comprendre qu’ici tout est aventure, ailleurs, rencontre, échange, émerveillement pour l’Autre. Et fi nalement, quoi de plus sublime que l’Autre. Et c’est justement là tout l’intérêt de l’exposition et de l’ouvrage qui l’accompagne. Loin de se concentrer uniquement sur la Provence, on y évoque les savoir-faire indiens et perses ainsi que les autres centres de production français et européens… Une invitation au Voyage, de l’Indus à Ispahan, de Marseille à Londres en passant par Mulhouse ou Jouy-en-Josas… Il faut aussi rendre un vibrant hommage aux collectionneurs privés qui ont permis la réalisation de cette entreprise. Merci, à ceux qui cherchent, collectent, conservent, font restaurer et donnent à voir au grand public ces merveilles si fragiles et si belles. Si fragiles et si belles, à l’instar du dialogue entre les cultures, qu’elles représentent et qu’il est bon d’entretenir avec passion. Rémy Kerténian 6 7 Exotisme et nature à la Villa Rosemaine. 3 Avant propos L’ouvrage retrace le parcours fort et singulier des indiennes, toiles peintes, chintz et calicots, trésors « exotiques » venus d’ailleurs, puis assimilés et recrées dans les cultures occidentales au XVIIIe et XIXe siècle. « Indiennes Sublimes » pourrait être une fiction, et nous emmène dans « l’insoutenable légèreté » de l’étoffe en s’attachant à l’intime, au labeur, au faste parfois, à partir de pièces exclusivement anciennes et authentiques. Nous n’avons pas la prétention de la reconstitution historique dans ce qu’elle implique de définitif. Bien que les mannequins présentés le soient dans une approche la plus exigeante possible sur le plan scientifique, nous avons fait le choix délibéré de la Restitution. Quelle périlleuse entreprise que celle de l’assemblage de vêtements anciens qui demande culture et connaissance mais surtout un certain apprentissage du vécu de ces pièces. Il fallait donc libérer la charge affective que portent les collectionneurs à ces étoffes et sans se laisser enfermer dans l’historicisme, et pouvoir exprimer la part de créatif que chacun de nous possède. Ce catalogue n’a pas d’objectif scientifique mais donne à toucher au plus près à la réalité esthétique du carrefour des cultures et de l’histoire des modes. En ce sens, et sans faire l’apologie des imprimés pour la Provence, il offre un point de vue plus méditerranéen ouvert aux échanges croisés avec l’Asie et l’Orient. Cette étude ne traite pas volontairement des toiles monochromes à personnages, plus connues sous l’appellation générique de toiles de Jouy, dont il existe déjà une littérature abondante. Elle fait la part belle aux indiennes moins connues pour la robe, ou coton imprimé destiné à l’habillement dont la production était très supérieure aux toiles dites pour le meuble. Nous verrons grâce à l’apport historique de chercheurs et d’experts qui font autorité dans le domaine, combien les échanges commerciaux ont fait circuler ces précieuses indiennes, à des niveaux que l’on ne soupçonne pas. Combien la concurrence et la copie des motifs ont souvent été le point de départ de nouveautés et de créations textiles dont les provençales de jadis étaient de grandes consommatrices. Enfin cet ouvrage s’appuie sur l’exposition « Indiennes Sublimes » et l’œil exercé de Gilles Martin-Raget, notre photographe, afin de mettre en regard ces robes, caracos et travaux de piqûres à la lumière des connaissances actuelles. Serge Liagre 8 9 Vers 1790, Jouy-en-Josas, Manufacture Oberkampf, motif aux écailles imbriquées, détail d’une jupe piquée. Prêt collection particulière. 4 Sommaire Entre Europe, Orient et Méditerranée : la fabrication des indiennes à Marseille au XVIIe siècle Les limites d’une opportunité (1648-1668) - Une consolidation par transfert de technologies (1669-1683) - Une apogée de courte durée (1683-1689) Olivier Raveux 11 Les Toiles imprimées françaises pour Meuble des XVIIIe et XIXe siècles Xavier Petitcol 29 Les transferts esthétiques et techniques entre les Indes, l’Orient et l’Occident Luxe et nécessité - Le savoir-faire technique indien - L’apport esthétique de l’Occident - Kalamkari: le cas Perse - Les toiles religieuses - La représentation de la nature Serge Liagre 35 « Ramoneurs, Perses, Bonnes Herbes », la fortune iconographique des impressions florales en Provence ou l’apparition d’un goût régional au XVIIIe siècle Traditions et innovations stylistiques dans l’indiennage français (1730-1790) - La consommation des indiennes en Provence Aziza Gril-Mariotte 47 Les productions d’indiennes pour la robe (1760–1860) ou la sociologie de l’indiennage Les origines Mogholes des motifs floraux - Broderies ou impressions ? - De l’herbier au mignonettes - Les motifs géométriques : néoclassiques ou cachemires ? - 1820 la démocratisation - La concurrence anglaise - L’excellence alsacienne au XIXe siècle - La réutilisation des indiennes Serge Liagre 65 Sources 80 10 11 Avant 1750, Empire Ottoman (Diyarbakir ?) pour la Provence, toile d’importation avec cachet d’atelier (page ci-contre), chafarcani imprimé à la planche de bois sur coton. Prêt collection particulière. 5 Entre Europe, Orient et Méditerranée : la fabrication des indiennes à Marseille au XVIIe siècle Olivier Raveux – UMR TELEMME (CNRS-Université de Provence) L’industrie des indiennes est née en Europe dans la seconde moitié du XVIIe siècle à la faveur d’un processus de vsubstitution aux importations asiatiques 1. Pour expliquer la naissance de cette activité en Occident, l’argument de la maîtrise des routes maritimes a souvent été évoqué 2. Par leurs rapports commerciaux directs et réguliers avec les Indes ou les Echelles du Levant, certaines villes portuaires étaient les mieux placées pour accueillir la nouvelle industrie. Mais nous ne tenons ici qu’une partie de la réponse. Pourquoi Marseille, Londres et Amsterdam ont-elles fabriqué des indiennes bien avant Venise ou Lisbonne ? Pourquoi le processus de diffusion de l’indiennage a-t-il été aussi lent en Europe ? Pour cerner les logiques fondatrices de cette industrie sur le vieux continent et comprendre la chronologie des implantations, il faut aller plus loin, chercher les combinaisons d’explications et les particularités locales. Par ses caractéristiques à la fois singulières et exemplaires, le cas marseillais apporte quelques réponses et plusieurs pistes de réflexion. La uploads/Litterature/ quot-indiennes-sublimes-quot-livre.pdf

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