1 UNIVERSITE PARIS NORD, U.F.R. LETTRES, DEPARTEMENT DE FRANÇAIS DE L'AUTOBIOGR
1 UNIVERSITE PARIS NORD, U.F.R. LETTRES, DEPARTEMENT DE FRANÇAIS DE L'AUTOBIOGRAPHIE A LA FICTION OU LE JE(U) DE L'ECRITURE : Etude de L'Amour, la fantasia et d'Ombre sultane d'Assia Djebar Thèse de doctorat de littérature française Rédigée sous la direction de M CHARLES BONN par REGAIEG NAJIBA Octobre 1995 2 DEDICACES A mon père qui a tout sacrifié pour notre éducation. A ma mère dont la voix résonne encore dans mes oreilles pour me réveiller à l'aube et veiller ainsi au bon déroulement de mes études. A mon époux dont l'encouragement et les sacrifices m'ont aidée à accomplir ce travail. Au bébé à naître. 3 REMERCIEMENTS Mes remerciements iront à mon cher professeur Charles BONN qui n'a épargné aucun effort pour me guider sur le chemin épineux de la recherche. Je remercie également tous les collègues de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sfax qui ont consenti à m'accorder un peu de leur temps et de leur attention pour assurer à la fois les premières étapes de la recherche et les dernières corrections et remaniements que nécessite une telle étude. Que tous ceux qui m'ont aidée d'une manière ou d'une autre dans l'élaboration de ce travail trouvent ici l'expression de ma sincère gratitude. 4 SOMMAIRE INTRODUCTION PREMIERE PARTIE: L'ECRITURE AUTOBIOGRAPHIQUE Introduction Chapitre I: Les pactes de l'écriture I. Assia Djebar pseudonyme II. L'Amour, la fantasia: du pacte autobiographique au "pacte fantasmatique" III. Les pactes romanesques Chapitre II: Du tracé aux traces d'une vie I. Subversion de l'ordre chronologique dans L'Amour, la fantasia II. Moi adulte: Isma et Hajila Chapitre III: Se dire, se redire, se dédire I. Se dire autre: Je est Elle II. Manque d'adhérence de l'écriture III. Se dire à travers les autres (Nous) IV. Dire les autres faute de pouvoir se dire De l'autobiographie à la biographie V. L'écriture-cri: de l'introspection à la protestation Conclusion DEUXIEME PARTIE: DE LA RETROSPECTION A L'ABSOLU ETERNEL OU L'ANNIHILATION DU TEMPS Introduction Chapitre I: Mémoire en action, mémoire mutilée I. Le discours autobiographique II. Commentaires, explications 5 Chapitre II: Le jeu des temps I. Le récit autobiographique II. La narration au présent III. L'annihilation du temps Conclusion TROISIEME PARTIE: L'HISTOIRE ET LA POLYPHONIE ENONCIATIVE: DEUX ENTRAVES A L'ECRITURE AUTOBIOGRAPHIQUE: Introduction Chapitre I: L'Histoire autrement L'Histoire par les Femmes I. L'inscription de l'Histoire II. Femmes-Mémoire III. Histoire et autobiographie Le poids de la mémoire Chapitre II: «Je est un autre» I. Je e(s)t la narratrice première II. Je e(s)t Tu III. Je e(s)t Nous. Nous est la femme Conclusion CONCLUSION 6 ECRIRE POUR NE PAS MOURIR Que je sois née d'hier ou d'avant le déluge J'ai souvent l'impression de tout recommencer Que j'aie pris ma revanche ou bien trouvé refuge Dans mes chansons toujours j'ai voulu exister Que vous sachiez de moi ce que j'en veux bien dire Que vous soyez fidèle ou bien simple passant Et que nous en soyons juste au premier sourire Sachez ce qui pour moi est plus important Oui le plus important Ecrire pour ne pas mourir Ecrire sagesse ou délire Ecrire pour tenter de dire Dire tout ce qui m'a blessée Dire tout ce qui m'a sauvée Ecrire et me débarrasser Ecrire pour ne pas sombrer Ecrire au lieu de tournoyer Ecrire et ne jamais pleurer Rien que des larmes de stylo Qui viennent se changer en mots Pour me tenir le cœur au chaud Que je vive cent ans ou bien quelques décades Je ne supporte pas de voir le temps passer On arpente sa vie au pas de promenade Et puis on s'aperçoit qu'il faudra se presser Que vous soyez tranquille ou plein d'inquiétude Ce que je vais vous dire vous le comprendrez En mettant bout à bout toutes nos solitudes On pourrait se sentir un peu moins effrayé Un peu moins effrayé Ecrire pour ne pas mourir Ecrire tendresse ou plaisir 7 Ecrire pour tenter de dire Dire tout ce que j'ai compris Dire l'amour et le mépris Ecrire me sauver de l'oubli Ecrire pour tout raconter Ecrire au lieu de regretter Ecrire et ne rien oublier Et même inventer quelques rêves De ceux qui empêchent qu'on crève Quand l'écriture un jour s'achève Qu'on m'écoute en passant d'une oreille distraite Ou qu'on ait l'impression de trop me ressembler Je voudrais que ces mots qui me sont une fête On n'se dépêche pas d'aller les oublier Que vous soyez critique ou plein de bienveillance Je ne recherche pas toujours ce qui vous plaît Quand je soigne mes mots c'est à moi que je pense Je veux me regarder sans honte et sans regrets Sans honte et sans regrets Ecrire pour ne pas mourir Ecrire grimace et sourire Ecrire et ne pas me dédire Dire ce que j'ai su faire Dire pour ne pas me défaire Ecrire habiller ma colère Ecrire pour être égoïste Ecrire ce qui me résiste Ecrire et ne pas vivre triste Et me dissoudre dans les mots Qu'ils soient ma joie ou mon repos Ecrire et pas me foutre à l'eau Et me dissoudre dans les mots Qu'ils soient ma joie et mon repos Ecrire et pas me foutre à l'eau Ecrire pour ne pas mourir Pour ne pas mourir Anne Sylvestre 8 INTRODUCTION 9 Qu'y a-t-il de plus beau qu'une chanson pour inaugurer un travail de recherche? Un hymne à l'écriture, un hymne à la vie, à la tendresse, à l'amour, au plaisir… Plaisir d'écrire, plaisir de dire, de se dire… En lisant ce poème pour la première fois, nous y avons découvert à la fois l'intensité des sentiments et la nécessité, non, le caractère vital de l'écriture qu'éprouvent bien des femmes depuis des siècles; nous y avons senti l'angoisse existentielle qui s'empare de la femme à l'idée de se peindre, à l'idée de devoir se peindre dans une page d'écriture. Ecrire, s'écrire: la perspective est certainement beaucoup plus compromettante pour une femme d'origine arabo-musulmane. Pourtant, depuis des années, des femmes dans tous les coins du monde arabe et musulman ne cessent d'écrire. «Ecrire pour ne pas mourir», écrire au risque de mourir: c'est ainsi que se conjugue leur vie au fil des jours, au fil des années. Parmi toutes celles qui, dans ce monde arabo-musulman où la femme est menacée jusque dans sa liberté la plus individuelle, ont choisi la plume, les Algériennes sont les plus nombreuses. Yamina Mechakra, Leïla Aouchal, Hawa Djabali, Nadia Ghalem, Assia Djebar… Close, la liste! jamais elle ne le sera car tous les jours de nouvelles voix de femmes se font entendre en prenant corps et volume sous leurs plumes. Assia Djebar est l'une des premières femmes algériennes ayant choisi cette voie. Sa carrière d'écrivain, elle la retrace dans les premières pages de son roman L'Amour, la fantasia (1985): «A l'instar d'une héroïne de roman occidental, le défi juvénile m'a libérée du cercle que des chuchotements d'aïeules invisibles ont tracé autour de moi et en moi... Puis l'amour s'est transmué dans le tunnel du plaisir, argile conjugale. Lustration des sons d'enfance dans le souvenir; elle nous enveloppe jusqu'à la découverte de la sensualité dont la submersion peu à peu nous éblouit... Silencieuse, coupée des mots de ma mère par une mutilation de la mémoire, j'ai parcouru les eaux sombres du corridor en miraculée, sans en deviner les murailles. Choc des premiers mots révélés. La vérité a surgi d'une fracture de ma parole balbutiante. De quelle roche nocturne du plaisir suis-je parvenue à l'arracher? J'ai fait éclater l'espace en moi, un espace éperdu de cris sans voix, figés depuis longtemps dans une préhistoire de l'amour. Les mots une fois éclairés — ceux-là mêmes que le corps dévoilé découvre —, j'ai coupé les amarres. 10 Ma fillette me tenant la main, je suis partie à l'aube». (A.F, pp 12-13) Inaugurée la veille de la révolution algérienne avec La Soif (1957) où, paradoxalement, (ce qu'on lui a toujours reproché) elle représente «une héroïne de roman occidental» muée par «le défi juvénile» — la romancière n'avait alors que vingt ans — son œuvre s'est depuis enrichie et a conquis un vaste public en Algérie comme en France. A la suite de Les Enfants du nouveau monde (1962), elle publie Les Alouettes naïves (1967), roman qui lui vaut beaucoup de succès et relance sa carrière d'écrivain. Dans ces deux romans, Assia Djebar retrace les aventures amoureuses de ses héroïnes, «l'amour qui s'est transmué dans le tunnel du plaisir, argile conjugale». Après un repos de treize ans, elle renoue avec la plume et édite un recueil de nouvelles intitulé Femmes d'Alger dans leur appartement (1980) qui s'inspire largement du tableau de Delacroix. Suivent trois romans en série: L'Amour, la fantasia (1985, réédité en 1995), Ombre sultane (1987) (romans évoqués dans la suite de la citation) et Loin de Médine (1991). Romans en série: Assia Djebar ne déclare-t-elle pas dans la première page d'Ombre Sultane que ce roman «est le second volet du quatuor romanesque commencé avec L'Amour, la fantasia»? Le quatuor étant «une œuvre de musique d'ensemble écrite pour quatre instruments ou quatre voix d'importance égale»1, nous uploads/Litterature/ regaieg.pdf
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- Publié le Nov 16, 2022
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