Revue de l'histoire des religions S. Ruspoli. Le Livre des Théophanies d'Ibn Ar

Revue de l'histoire des religions S. Ruspoli. Le Livre des Théophanies d'Ibn Arabî. Introduction philosophique, commentaire et traduction annotée du Kitâb al- tajalliyât Pierre Lory Citer ce document / Cite this document : Lory Pierre. S. Ruspoli. Le Livre des Théophanies d'Ibn Arabî. Introduction philosophique, commentaire et traduction annotée du Kitâb al-tajalliyât. In: Revue de l'histoire des religions, tome 219, n°2, 2002. pp. 235-236; https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_2002_num_219_2_971 Fichier pdf généré le 12/04/2018 COMPTES RENDUS :■ 235 Stéphane RUSPOLI, Le Livre des Théophanies d'Ibn 'Arabî, Introduction : philosophique, commentaire et traduction annotée * du -, Kitâb ■ al-tajal- liyât, Paris, Les Éditions du Cerf, 2000, 23,5 cm, 392 p. ( « Patrimoi- - nes-Islam » ), 240 FF. Le Kitâb al-tajalliyât dont Stéphane Ruspoli nous offre ici une traduction commentée, est un traité assez singulier dans l'ensemble du corpus des œuvres d'Ibn 'Arabî. Il se présente sous la forme de 109 brefs chapitres, couvrant souvent moins d'une page imprimée, chacun correspondant à une « théophanie » - inspiration, vision, idée fugitive ou point doctrinal ' plus développé: II fait parfois penser au Livre des stations de Niffarî, mais son discours est à la fois plus varié quand ■ au fond ' et plus préoccupé d'illustrer une doctrine. Il n'obéit pas à une progression ou un classement thématique apparent (mais un plan de conception plus ésotérique n'est • pas à exclure). On y retrouve cependant des idées qui traversent l'ouvrage du début à la fin, notamment la formation du discours sur l'unité ( taw- hîd) entendue comme base ' de l'expérience mystique. Comment le mystique peut-il se dire uni à Dieu, anéanti puis surexistant en Lui sans proférer d'absurdité ou < de blasphème ? Comment Dieu peut-il être considéré comme « Un » tout ^ en' pluralisant sa manifestation dans ses créatures, dans ses » saints en particulier ? Ici, Ibn 'Arabî '• ne s'adresse ; pas à des musulmans croyants ordinaires, mais bien à des soufis déjà bien engagés dans la voie mystique et comprenant les enjeux de ces questions. Par des ruptures du style - parfois inspiré, poétique, voire lyrique comme dans la magnifique Théophanie n° 81 « de la perfection », parfois plus doctrinal et argumenté - par des formulations apophatiques et paradoxales, il cherche à amener le lecteur à saisir son propre rapport au divin, au-delà des limites du discours, Ce , Livre des théophanies est connu notamment > pour contenir le récit des rencontres entre Ibn 'Arabî et plusieurs grands maîtres des premiers siècles (Junayd, Hallâj et bien d'autres ; cf. les théophanies 54-59, 66-70, 75, 76,- 91) dans l'intermonde du mundus imaginalis ; rencontres au cours desquelles Ibn 'Arabî corrige les conceptions desdits maîtres sur cette question du tawhîd précisément. En effet, comme le souligne Stéphane Ruspoli dans ses commentaires, un des sens de l'ouvrage est bien de confirmer l'origine : divine de toutes les inspirations d'Ibn 'Arabî, ainsi que l'accomplissement final de l'autorité spirituelle du soufisme - la walâya - dans sa propre personne. Stéphane Ruspoli livre une traduction de ce texte dans un français clair et souvent élégant - tour de force fréquent, vu le style et la terminologie fort originale de l'auteur. Il préfère traduire éventuellement un terme arabe unique ; par plusieurs ou par une périphrase en ; français." Le texte gagne : en lisibilité, en ; même temps que croît inévitablement ■ le risque d'incorporer une interprétation à l'acte de traduire. S..R. a fait. précéder cette traduction d'une copieuse « Introduction philosophique » (83 p.). Il ; a accompagné le texte même du Livre des théophanies d'une abondante annotation infrapaginale, et l'a fait suivre d'une « Présentation suivie » de Revue de l'histoire des religions. 219-2/2002 236 COMPTES RENDUS ces théophanies de 120 pages. Ces commentaires, nettement plus volumineux au total que le texte proprement dit des Tajalliyât, ne sont pas également nécessaires pour une première compréhension des idées : d'Ibn . 'Arabî. Aussi le lecteur pourra-t-il choisir l'approfondissement qu'il souhaite donner à sa connaissance de ce texte en consultant ou non la « Présentation suivie» placée pour cette raison même à la; suite des Théophanies. Ces différents commentaires mettent en relief les . enjeux doctrinaux soulevés dans les principaux passages de l'ouvrage. Ils abordent notamment en détail la question de l'unité divine et de l'apophatisme. Concernant les rencontres d'Ibn 'Arabî et des maîtres du soufisme ancien dans le « monde imaginai », ils soulignent avec pertinence combien nous sommes en présence d'emplois différents du langage mystique (p. 53, 99, 313). La fonction et les attributs et de la « sainteté » ( walâya), la position d'Ibn 'Arabî à leur égard sont également • longuement évoqués (cf. , notamment les théophanies 70-72, . où . Ibn 'Arabî décrit sa; rencontre : avec 'Alî, Abu Bakr et 'Umar). « Notre travail d'interprétation, prévient S. Ruspoli dans son introduction : (p. 26), n'engage que nous et ne prétend < pas exclure d'autres approches qui restent à l'appréciation < du lecteur. » De fait, ces interprétations personnelles (comme- à propos ■; du ■: dialogue entre Ibn 'Arabî et Hallâj, v. p. 180-181, 300 s.) viennent enrichir le débat. Il est par contre • dommage que si < peu de références soient faites à • la- recherche actuelle sur Ibn. 'Arabî. Les travaux de M. Chodkiewicz sont mentionnés assez furtivement, alors que le passage de L 'océan sans rivage concernant le livre des théophanies . (Le Seuil; 1 992,' p. 109-1 17) méritait une . plus ample discussion. Le nom de W. Chittick n'apparaît même pas dans la bibliographie. Dans le même ordre d'idées, affirmer, que les recherches sur le : soufisme primitif Г « ont à peine . progressé » depuis les travaux de " L. Massignon (p. 18) me semble un jugement trop sévère. Mais quoi qu'il en soit, c'est indiscutablement un progrès pour la connaissance de la spiritualité soufie : que < cette traduction • commentée de . ce puissant < ouvrage devienne d'un accès courant aux lecteurs francophones. Pierre LORY, EPHE, Sciences religieuses, Paris. Bernard MANDEVILLE, Pensées libres sur la Religion, sur. l'Église et sur le Bonheur national, traduction de l'anglais, édité par Paulette Carrive et Lucien Carrive, Paris, Honoré Champion, 2000, 296 p. De Mandeville nous connaissons surtout La Fable des abeilles (1723, trad: franc., . 1 740), - où : est ; proposée . toute : une ; conception de • l'homme moderne, de l'économie et de la politique: Or Mandeville est aussi l'auteur de : Free - thoughts г on ~ religion;- the : Church and national * happiness (lre éd. 1721, 2e éd. 1729); traduites par, Van. Effem en- français (lre éd. 1722, rééd: 1723, 1729): C'est une autre traduction française; iné- Revue de l'histoire des religions, 219-2/2002 uploads/Litterature/ rhr-0035-1423-2002-num-219-2-971 1 .pdf

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