Michel BALLARD Histoire de la traduction Repères historiques et culturels TRADU

Michel BALLARD Histoire de la traduction Repères historiques et culturels TRADUCTO Histoire de la traduction Repères historiques et culturels TRADUCTO Collection dirigée par Michel BALLARD Collection destinée aux étudiants en traduction du 1er degré supérieur aux niveaux plus élevés ainsi qu’aux professionnels, Traducto offre des manuels ciblés, avec un appareil pédagogique développé («Faites le point», «Pour aller plus loin», «Testez vos connaissances»…), conçus par des auteurs renommés. Son directeur, Michel Ballard, est professeur émérite de l’Université d’Artois et l’auteur de plusieurs ouvrages de traductologie. Déjà parus : • BALLARD Michel, Histoire de la traduction. Repères historiques et culturels • BOCQUET Claude, La traduction juridique. Fondement et méthode • GUIDÈRE Mathieu, Introduction à la traductologie. Penser la traduction : hier, aujourd’hui, demain (2e éd.) • GUIDÈRE Mathieu, La communication multilingue. Traduction commerciale et institutionnelle • LAVAUR Jean-Marc, ERBAN Adriana, La traduction audiovisuelle. Approche interdisciplinaire du sous- titrage • RAUS Rachele, La terminologie multilingue. La traduction des termes de l’égalité H/F dans le discours international Michel BALLARD Histoire de la traduction TRADUCTO Repères historiques et culturels Couverture et maquette intérieure : cerise.be Mise en page : Nord Compo © De Boeck Supérieur s.a., 2013 1re édition Rue des Minimes 39, B-1000 Bruxelles Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Imprimé en Belgique Dépôt légal Bibliothèque nationale, Paris : octobre 2013 ISSN 2030-8914 Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2013/0074/340 ISBN : 978-2-8041-7074-5 Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboeck.com Je tiens à exprimer mes remerciements : aux collègues qui m’ont apporté leur aide dans la collecte d’éléments bibliographiques : Christian Balliu, Martine Bracops, Antonio Bueno- Garcia, Georgiana Lungu- Badea, Olga Kostikova, Fernando Navarro Dominguez, Enrico Monti, Alina Pelea, Julio- César Santoyo Mediavilla, Danilo Vicca ; à Marie- Christiane, mon épouse, pour sa relecture de mon texte et la perspicacité de ses remarques. Histoire de la traduction 7 L a conscience de l’histoire de la traduction, de son étendue et de son poids, est un phénomène relativement récent. Il faut pratiquement attendre des auteurs comme Tytler, et surtout Larbaud, pour en trouver l’expression en liaison avec sa pratique et sa théorisation. Dans ses Problèmes théoriques de la traduction, George Mounin déplore l’empirisme des remarques de traducteurs, leur éparpillement. En fait, si l’on y regarde de près, l’empirisme n’est pas tant blâmable que l’éparpillement. Qu’un traducteur expose ses problèmes après avoir effectué une traduction est une démarche réjouissante, intéressante, enri- chissante, puisqu’il va de l’expérience à la conscience de l’expérience, à son analyse, à sa mise en forme. Ce qui est regrettable, c’est davantage l’absence de lien avec l’ensemble de l’acti- vité. Certes, on ne peut demander à chaque traducteur rédacteur de préface qu’il nous livre un panorama de la branche dans laquelle il travaille, mais il est frappant de voir à quel point les remarques ou réflexions sont éclatées, pointillistes. Chacun parle pour soi, en son nom, de son expérience, comme si rien ne s’était passé avant, d’où la nécessité de synthèses, c’est- à- dire de la traductologie. Le premier à avoir eu une conscience de soi par rapport aux autres dans l’action est sans doute saint Jérôme. Mais cette relation à l’histoire se perd au cours des siècles et ne subsiste, quand elle existe, que sous forme de relations binaires de rejet, de critique, dans le cadre, souvent restreint, de la retraduction ou d’une remise en cause plus large comme celle du romantisme allemand. La conscience synthétique globale de l’histoire de la traduction n’ap- paraît vraiment qu’au vingtième siècle avec la montée en puissance de cette activité, qui pro- voqua une conscience de soi par contraste avec le relatif anonymat du traducteur et la considération toute relative également dont il bénéficiait. Il y eut certes à un moment les études de littérature comparée, mais le développement d’un champ de recherche autonome appelé traductologie, qui englobe les recherches d’ordre linguistique, sociologique et autres, est un phénomène relativement récent, lié à la professionnalisation et au creusement de questions fon- damentales dont il fallait établir l’origine. On s’est rendu compte que la constitution du champ traductologique impliquait tout autant que l’examen de questions d’ordre linguistique, philoso- phique, éthique, esthétique, celui de questions d’ordre sociologique et créatif dont on ne peut percevoir et établir les composantes et les enjeux que par l’étude de l’histoire de l’activité concernée. L’objet du présent ouvrage est multiple. Son caractère initiatique est évident : il s’agit de don- ner les moyens à celui qui veut prendre contact avec ce champ, mal connu et immense, de le parcourir à grands pas avec une carte. Ceux qui, déjà pourvus, veulent juger ce livre doivent prendre en compte le fait qu’il s’efforce de donner accès à des données foisonnantes dans un espace limité par toutes sortes de considérations. Il a donc fallu opérer des choix et poser des limites. Il apparaît clairement que le terrain balisé est l’Europe avec des plongées dans les racines culturelles de cette entité ainsi que quelques brefs prolongements vers d’autres cultures. L’histoire de la traduction se rattache à l’histoire des idées et celle- ci fait partie du balisage de l’ensemble, mais il est évident que l’étude des théories n’est pas l’objet premier du présent ouvrage ; elle est là en rappel, en évocation d’ouvrages ou de traités qui sont à consulter en complément. Nous renvoyons sur ce point à l’Introduction à la traductologie de Mathieu Guidère (dans cette collection) et à notre De Cicéron à Benjamin (Presses du Septentrion). L’ordre est chronologique et l’on a adopté des repères temporels classiques assez largement admis. Les chapitres sont balisés en sections avec des divisions qui tentent de donner des lignes de force, des lignes d’action. La nécessité d’un index est évidente pour le retour ou l’ac- cès à des données ponctuelles mais, là encore, la place et la maniabilité de l’ouvrage ont obligé AVANT- PROPOS AVANT- PROPOS 8 Histoire de la traduction à des choix qui, nous l’espérons, sont compensés par le caractère très détaillé de la table des matières. Étant donné le caractère encyclopédique de l’ensemble, nous avons voulu faire appa- raître (autant que faire se peut) des repères temporels tels que les dates pour les auteurs, les traducteurs, les œuvres, les traductions, qui sont souvent loin d’être simultanées. De façon classique, on trouvera une bibliographie à la fin de l’ouvrage, où sont en priorité les ouvrages généraux, les ouvrages plus particuliers étant souvent placés à la fin des chapitres. Ceux- ci comportent donc des possibilités de lectures complémentaires ou l’accès approfondi à des sources qui ont été utilisées de façon ponctuelle ou synthétique dans le corps du chapitre ; des questions stimulent le souvenir des acquis ou incitent à la recherche. Si cet ouvrage se révèle utile comme initiation, prise de contact, lieu de repérages, éveil à une prise de conscience de l’importance d’un champ immense, alors il aura rempli son but. Histoire de la traduction 9 CHAPITRE 1 L’Antiquité Les avis diffèrent sur les limites à assigner à l’Antiquité. Celles adoptées ici coïncident avec l’apparition de l’écriture (entre – 4000 et – 3000) et la déposition du dernier empe- reur d’Occident (476). 1. L’ÉGYPTE ANCIENNE L’Égypte pharaonique s’étend de – 3000 envi- ron (fondation de l’état égyptien par la pre- mière dynastie) à – 332 (arrivée d’Alexandre). 1.1 L’interprétation 1.1.1 Princes d’Éléphantine L’existence d’interprètes, et qui plus est de rang noble, est attestée en Égypte dès l’An- cien Empire par des inscriptions figurant dans une nécropole en face de l’île Éléphantine, au niveau d’Assouan. Bien que considérant (comme plus tard les Grecs) les autres peuples et leurs langues comme « barbares », les Égyptiens étaient obligés d’entretenir des relations poli- tiques et commerciales avec le monde extérieur. Les princes d’Éléphantine ont assuré pour les pharaons de la sixième dynastie (– 2423/– 2263) des missions en Nubie et au Soudan. La première cataracte constituait à l’époque une sorte de frontière naturelle avec la Nubie, mais la frontière ethnique se situait à près de quatre- vingt- dix kilomètres au nord de Silsilèh ; la popu- lation de la région d’Assouan était donc bilingue, et l’on estime même que les princes d’Éléphantine étaient des métis. Les inscriptions donnent leurs noms (Harkhuf, Sabni, Mechu) et indiquent qu’ils avaient droit au titre de « chef- interprète », mais elles ne contiennent aucune considé- ration d’ordre théorique sur la traduction. En même temps que des interprètes, ces personnages étaient des diplomates, des chargés de mission, et ce sont les récits de celles- ci qui constituent l’essentiel des inscriptions. L’une des plus conséquentes raconte les quatre voyages que le prince Harkhuf effectua en Nubie et au Soudan pour le compte du roi Merenré et de son successeur Piopi II. Les missions de ces princes, d’ailleurs, ne se limitèrent uploads/Litterature/ histoire-da-traduction.pdf

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