DU MÊME AUTEUR Vers la guerre civile (avec Alain Geismar et Erlyne Morane), Édi

DU MÊME AUTEUR Vers la guerre civile (avec Alain Geismar et Erlyne Morane), Éditions et publications premières, 1969. Dis maman, c’est quoi l’avant-guerre ?, A. Moreau, 1980. Les Années Mitterrand, Grasset, 1986. Coluche, c’est l’histoire d’un mec (avec Jacques Lanzmann et Laurent Joffrin), Solar, 1986. La Drôle d’année : radio-croquis, Grasset, 1987. Le Salon des artistes, Grasset, 1989 ; Le Livre de poche, 1990. La Diagonale du Golfe, Grasset, 1991. Entre quatre z’yeux (avec Alain Juppé), Grasset, 2001. Gérard Fromanger, Cercle d’art, 2002. Les Affiches de mai 68 (collectif), ENSBA, 2008. Faut-il croire les journalistes ? (avec Jean-François Kahn et Edwy Plenel, entretiens menés par Philippe Gavi), Mordicus, 2009. Mitterrand, géant de la politique (avec Claude Castéran), Democratic Books-AFP, 2011. COLLECTION FONDÉE PAR JEAN-CLAUDE SIMOËN ET DIRIGÉE PAR LAURENT BOUDIN © Éditions Plon, un département d’Édi8, 2015 12, avenue d’Italie 75013 Paris Tél. : 01 44 16 09 00 Fax : 01 44 16 09 01 www.plon.fr Graphisme : d’après www.atelierdominiquetoutain.com Dessins intérieurs d’Alain Bouldouyre Félix Fénéon à La Revue blanche par Vallotton © AKG Images EAN : 978-2-259-22966-1 « Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. » Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. À mes enfants, David, Leïla et Ambre. Amoureux La qualification amoureuse de ce dictionnaire signale aux lecteurs la présence d’un petit lupanar d’affects. Il y a de la passion et des sentiments qui circulent entre ces pages qui parlent d’amour de la presse et des journalistes, alors que les uns et les autres subissent de sévères mises au pilori. Malgré les supplices, j’ai des raisons sérieuses d’accrocher à ce dictionnaire la qualité d’amoureux. Comme je suis très investi sur le présent, à force d’en avoir fait un métier, sans doute encouragé par mon histoire personnelle, ma mémoire a toujours beaucoup de mal à utiliser le passé composé. Elle a flanché à de nombreuses reprises, il y a déjà très longtemps. Cette indisposition à raconter ma vie me rend inapte à écrire des mémoires sauf à les inventer à 90 % : cette proportion invalide toute ambition de ce type. Il faut au moins atteindre le seuil des 50 % pour se rendre intéressant, et à ce niveau il devient possible de faire la courte échelle à son imagination pour combler ses propres défaillances. Mon cas à cet égard est assez désespéré. J’ai essayé néanmoins d’aller au-delà de l’égrenage habituel d’une vie publique assez identifiée, des batailles de la décolonisation en passant par Mai 68, le gauchisme, Libération, le cinéma, la télévision, la radio, les documentaires… Au fil de cette déambulation sur le fil tendu de l’alphabet, j’ai accroché quelques aveux qui donnent à ce kaléidoscope des allures de mémoires éclatés. Je n’irai sans doute pas au-delà. Ma subjectivité a été également mobilisée pour sélectionner les reportages, les livres et les films qui pour moi ont fait et font toujours référence pour cette profession. Tous les journalistes en herbe comme ceux que les enquêtes et les voyages ont déjà burinés gagneraient à les découvrir ou à les relire. J’ai comme ambition de donner envie de fréquenter un certain nombre de tous ces textes, qui à force d’histoire immédiate consommée à chaud, sont comme des trésors enfouis et souvent oubliés. J’ai eu beaucoup de plaisir à réunir ce qui constitue pour moi, déjà, la plus belle rédaction du monde. J’ai même fantasmé de faire un dictionnaire amoureux des journalistes et au- delà j’ai caressé l’idée de pouvoir feuilleter un recueil des meilleurs articles du monde, qui à ma connaissance n’a jamais été fait, mais cela nous éloignait beaucoup de la collection, sans compter le nombre de volumes qui auraient été nécessaires à la réalisation de cette ambition, qui aujourd’hui est devenue possible grâce à Internet. J’aime des journaux, des articles, des formules rédactionnelles, des angles, des idées de traitement, des journalistes de toutes qualifications, des équipes rédactionnelles, pas tous et pas toutes, j’aime des cinéastes et leurs films. J’aime passionnément tout ce qui articule le talent individuel et le talent collectif. Un tiers du dictionnaire leur est consacré, sous forme de portraits. C’est un choix terriblement arbitraire. D’autant plus que ce voyage buissonnier traverse les siècles, les événements, les pays, que ma connaissance des langues est limitée, que j’ai beau avoir un certain âge, lu beaucoup, je ne prétends en aucune manière être un encyclopédiste. Certains diront qu’il y en a déjà trop, et d’autres qu’il en manque : ce dictionnaire est tellement partiel qu’il vire au partial ; il n’y a par exemple aucun journaliste asiatique, aucun africain. Je le dis à regret. J’aggrave mon cas en consacrant plusieurs entrées à des éditeurs et à des inventeurs de journaux. À l’arrivée cela diminue un peu plus celles consacrées à des reporters et à des chroniqueurs, et plus encore celles réservées à des contemporains. Mais les dictionnaires amoureux sont par nature des antidictionnaires : il ne faut pas leur demander d’être complets. Choisir, c’est ce qui les rend aussi excitants à concevoir et à écrire. J’assume mes choix et, partant, mes omissions. À mes yeux, tous ceux qui y figurent y sont au moins pour une bonne raison. Enfin, ce dictionnaire n’est pas un essai sur les médias, le journalisme d’avant- hier, d’hier, d’aujourd’hui et de demain, la communication et l’information, le quatrième pouvoir, la connivence, la révolution numérique et le réseau Internet, le pluri-média… Mais sans en faire le cœur de ce livre, il était impossible de ne pas aborder l’ensemble de ces questions qui interrogent l’exercice de ce métier et agitent à juste titre l’ensemble de la société. Une pérégrination historique permet de lever quelques lièvres et d’actualiser bien des débats. Quand on fait des choix on s’engage. Je ne me suis pas dérobé. Mon parti pris est celui d’un journaliste, qui connaît les faces noires et grises de cette profession, mais qui n’oublie ni son utilité ni les réussites collectives et individuelles. Ma devise, je l’ai empruntée à Bernard Voyenne, qui enseignait cette vérité essentielle : « Aucun journal n’est objectif, la presse l’est. » C’est une discipline assez particulière. À cet égard mon expérience m’a servi de guide. Et j’ai beaucoup pratiqué. J’ai fait bien sûr des erreurs, je n’ai pas cherché à les dissimuler : elles ont aussi leur place. J’ai cherché enfin à ne pas être toujours de mon avis. Ce ne sont donc pas des vrais mémoires, ce n’est pas un dictionnaire exhaustif des journalistes, ni un essai en bonne et due forme sur les médias aujourd’hui, mais bien sûr c’est un peu tout cela à la fois. En gastronomie on appellerait cela un menu dégustation. Tous les dictionnaires initiés, parrainés et couvés les uns après les autres par Jean-Claude Simoën sont des fruits de la passion. Et pour ceux qui voudraient connaître la durée de fabrication d’un tel abécédaire : l’éditeur et les auteurs de la collection semblent unanimes, l’amour ne dure pas trois mois, mais trois ans. Je le confirme. Serge JULY P.-S. : Je remercie tous ceux, mes très proches, mes amis et les collaborateurs des Éditions Plon, qui ont lu et relu ce texte. À bas les journalistes Florilège La presse est partout une création du pouvoir impérial, monarchique ou ecclésiastique. D’emblée elle a été contestée et mise en cause à ce titre. Elle l’est aussi pour sa trop grande liberté, pour sa corruption, sa futilité. Les critiques ont toujours été innombrables, souvent aussi justifiées qu’injustes. Les détracteurs actuels des pouvoirs abusifs qu’ils attribuent aux médias sont des petits joueurs par rapport aux talentueux procureurs qui se sont déjà acharnés depuis des siècles sur le sujet. Il est précieux de les avoir toujours à l’esprit quand on cherche à montrer, articles en main, que la presse a des vertus essentielles. En voici un florilège cruel. Ben Jonson (1572-1637) : « Le journaliste est dénué de scrupules et prêt à écrire n’importe quoi pour en tirer profit. » Montesquieu (1689-1755) : « Il y a une espèce de livres que nous ne connaissons pas en Perse et qui me semblent ici fort à la mode, ce sont les journaux. La paresse se sent flattée en les lisant. » Voltaire (1694-1778) : « La presse, il faut l’avouer, est devenue l’un des fléaux de la société et un brigandage intolérable. » Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) : « Qu’est-ce qu’un livre périodique ? Un ouvrage éphémère, sans mérite et sans utilité, dont la lecture, négligée et méprisée par les gens lettrés, ne sert qu’à donner aux femmes et aux sots de la vanité sans instruction, et dont le sort, après avoir brillé le matin sur la toilette, uploads/Litterature/ serge-july-dictionnaire-amoureux-du-journalisme.pdf

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