SUR LE SHABBAT n°5 (Août 2019) 1 SUR LE SHABBAT n°5 Une journée de Shabbat Dans

SUR LE SHABBAT n°5 (Août 2019) 1 SUR LE SHABBAT n°5 Une journée de Shabbat Dans une famille juive pratiquante, le shabbat est le sommet de la semaine, il donne sens aux autres jours. Du vendredi soir au samedi soir toute la vie du shomer shabbat (nom donné à celui qui observe le shabbat) est rythmée par l’esprit et les pratiques attachés à ce jour particulier mis à part pour Dieu. 1. Préparation et entrée dans le shabbat La journée du vendredi est consacrée à la préparation du shabbat, le vendredi après-midi, la mère de famille termine de préparer les trois repas de shabbat, celui du vendredi soir et ceux du samedi. Tout doit être bon, tout doit être beau, tout doit être joie en ce soir de shabbat, le prophète Isaïe le proclame (Is 58,13-14). La mère de famille dresse ensuite la table, y dépose deux pains tressés, les hallot1cachés sous un napperon, la cruche de vin et la coupe ainsi que deux bougies. Les deux pains tressés (hallot) rappellent la double portion de la manne que les hébreux recevaient le vendredi dans le désert. Ces deux pains sont recouverts par deux napperons figurant la rosée de part et d'autre de la manne. Dans certaines familles, on met 12 pains sur la table pour évoquer de façon manifeste les 12 pains de propositions qui étaient offerts chaque semaine dans le Temple, ces 12 pains représentaient les douze tribus d’Israël. Peu avant le crépuscule, la mère de famille allume les bougies et prononce la prière traditionnelle, elle tient ses deux mains devant les lumières, verticalement dans un geste de bénédiction2. Un autre geste peut être fait, la femme met ses mains devant les yeux avant la bénédiction puis elle les retire, la bénédiction faite, la lumière du shabbat brille d’un éclat particulier, à nul autre semblable, et le monde qui est éclairé par cette lumière est comme renouvelé. N’y a-t-il pas derrière ce geste, une invitation aussi chaque shabbat à porter sur le monde un regard neuf, le regard de Dieu au soir de la création, un regard qui s’émerveille devant la beauté de cette création ? L’allumage des bougies de shabbat par la maîtresse de maison avant le crépuscule est donc le premier geste d’entrée dans le shabbat. « Il est recommandé d'allumer beaucoup de lumières en l'honneur du shabbat. Certains ont l'usage d'en allumer dix, d'autres sept. Cependant, il convient de ne pas en allumer moins de deux, correspondant à Zakhor (souviens-toi du jour de shabbat...) et à Shamor (observe le jour du shabbat...). Il convient qu'au moment de l'allumage, la femme prie pour que le Saint-Béni-Soit-Il lui donne des 1 Elle a prélevé une partie de la pâte (halla) avant la cuisson comme le demande Nb 15,18-21, cette boule de pâte 2 La prière qui accompagne ce geste est la suivante : « Béni sois-Tu, Seigneur, roi de l’univers, qui nous as sanctifiés avec Tes commandements et qui nous as commandés d’allumer les lumières de Shabbat. » SUR LE SHABBAT n°5 (Août 2019) 2 fils qui brillent de l'éclat de la Torah »3. Un texte du midrash nous permet de mieux appréhender la portée spirituelle de ce commandement de l’allumage des bougies : " Dieu bénit le septième jour" (Gn 11, 3). Il le bénit de la lumière qui resplendit sur un visage d’homme ; la lumière qui resplendit sur un visage d'homme n'est en effet pas la même durant la semaine que le shabbat"4. Pourquoi ce geste revient-il aux femmes ? Le Talmud affirme : « Pour trois fautes, les femmes meurent en couches : pour avoir négligé les prescriptions de la mida (rite de purification), le prélèvement de la halla et l'allumage de la lumière shabbatique ».5 C’est à la femme que revient la responsabilité de l'allumage même si cette responsabilité est également partagée par l'homme : « Trois choses l'homme doit rappeler dans sa maison la veille de shabbat à l'approche de la nuit : avez-vous prélevé la dîme, avez- vous fait erouv, allumé les lumières? ». Les sages ont exploré la raison pour laquelle cette mitsva revient prioritairement à la femme : "Pourquoi le commandement d'allumer les lumières avant le shabbat a-t-il été transmis à la femme et non à l'homme? Parce que le premier homme était la lumière du Saint-Béni-Soit-Il, grâce à lui, il apportait la lumière à tous les habitants du monde, or elle (Eve) l'éteignit. En conséquence le commandement d'allumer les lumières de shabbat lui a été transmis et elle est contrainte de l'observer afin que la lumière qu'elle a éteinte soit réparée »6. Isaac Louria recommandait aux fidèles de baiser les mains de leur mère car le soir de shabbat la femme juive qui a allumé le chandelier et béni la lumière rachetant ainsi la faute d’Eve est reine en son foyer. C’est pourquoi un extrait du livre des Proverbes (Pr 31,10-31) qui fait l’éloge de la femme parfaite est lu en son honneur. La Halakhah fixe l'allumage avant le crépuscule, avant que la nuit ne soit tombée pour faire déborder le shabbat sur le jour ordinaire, le sacré sur le profane. Cette lumière sainte introduit l'homme dans le mystère du 7ème jour, du repos de Dieu qui est lumière. Ce geste a pour but de faire entrer le juif pratiquant dans un nouveau jour qui n'a rien d'égal avec les jours ordinaires, en ce jour de shabbat il est comme recouvert de la lumière incréée, il porte sur lui le reflet de la lumière divine. Ce temps de préparation est très important, en dépend la « qualité » du shabbat, un traité sur le shabbat recommande : « Même si vous avez du personnel à votre service, vous tiendrez à entreprendre vous-même un ouvrage quelconque en l’honneur du shabbat »7. La préparation honore déjà le shabbat. L’après-midi du vendredi a lieu comme chaque jour l’office de Minha à la synagogue. La liturgie proprement dite d’entrée en shabbat est le Qabbalat Shabbat. (cf. numéro précédant). Suivent au retour à la maison les ablutions, le kiddoush, la benédiction des enfants, puis le repas familial, qui se doit d’être excellent ! Une histoire raconte que R.Yehoudah Ha Nassi organisa un repas en l’honneur de l’empereur d’Antoine un jour de shabbat. Des mets froids lui furent présentés : il en goûta et les trouva délicieux. A une autre occasion, un jour de semaine Rabbénou lui fit préparer un repas où cette fois-ci des mets chauds lui furent servis. Mais Antoine lui fit remarquer que ceux qui lui furent servis l’autre 3 Kitsour Choulhan Aroukh 75, 2 : le premier « Shamor » caractérise le côté « négatif » ou passif, l’abstention de tout travail, le repos, tandis que le second « Zakhor » se réfère à la sanctification positive, par les habits shabbatiques et les trois repas obligatoires, par le Qiddush et la Havdalah, par la prière et l’étude de la Torah. 4 Gn Rabba XI ,2 5 Tb, Shabbat 31b, 32a 6 Avot de Rabbi Natan, ch 9B 7 Choulhan Aroukh, p. 216 SUR LE SHABBAT n°5 (Août 2019) 3 jour, lui avaient plu davantage ; et Rabbi de répondre : « A ceux-ci il manque un certain condiment ». – Manquerait-il donc quelque chose dans les magasins d’approvisionnement du roi ? » S’enquit-il. « C’est le shabbat qui fait défaut, fut la réponse. Eh bien, possèdes-tu le shabbat ? »8. 2. La journée du samedi Les shabbats se succèdent de semaine en semaine, ils sont les pierres de fondation de l’année, chaque semaine un passage de la Torah est lu, ce passage vient comme donner une teinte au shabbat, à la semaine qui suit… La journée du samedi commence par un office très important car la lecture de la Torah y est centrale, ce jour-là la lecture est plus longue et plus solennelle tant par les passages choisis que par les prières qui l’accompagnent. L’office comporte un très bel hymne : Nishmat kol hay9, l’âme de tout ce qui vit, Dieu y est remercié et magnifié, il est le Roi à jamais, Il sauve son peuple, lui accorde sa miséricorde : « Que l’âme de tout être vivant bénisse ton Nom, ô Eternel, notre Dieu, que l’esprit de toute chair célèbre et exalte ton souvenir à jamais, ô notre Roi. D’éternité en éternité, Tu es notre Dieu. […] L’Eternel ne dort ni ne sommeille, il réveille ceux qui sommeillent et ranime ceux qui dorment dans la tombe ; il rend la parole aux muets, il délivre les captifs, soutient ceux qui sont chancellent et redressent ceux qui sont courbés »… Au cours de cet office, un passage de la Torah est lu (la parashah10) ainsi qu’un passage des prophètes (la haftarah). Le rouleau de la Torah est sorti de « l’Arche sainte », sorte de tabernacle où sont gardés les rouleaux chacun enveloppés dans des housses décorées, le rouleau est donc sorti, porté en procession de l’Arche au podium où il sera lu. Des prières accompagnent cette procession. La parashah uploads/Litterature/ sur-le-shabbat-5-pdf.pdf

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