Le futur antérieur de l’archive Titres parus dans la collection Confluences Mir
Le futur antérieur de l’archive Titres parus dans la collection Confluences Mireille Huchon, Le français au temps de Jacques Cartier, présentation de Claude La Charité, 2006 ; 2e édition revue et augmentée, 2009. Michel Delon, Sciences de la nature et connaissance de soi au siècle des Lumières, présentation de Marc André Bernier, 2008. Jean-Marie Schaeffer, Théorie des signaux coûteux, esthé- tique et art, présentation de Suzanne Foisy, 2009. Maryse Souchard, Les études culturelles. Pour quoi faire?, présentation de Marty Laforest, 2010. Collection Confluences Tangence éditeur Nathalie Piégay-Gros Le futur antérieur de l’archive Présentation de Jacinthe Martel Université du Québec à Rimouski Université du Québec à Trois-Rivières Cet ouvrage est publié avec le soutien de la Chaire de recherche du Canada en histoire littéraire de l’Université du Québec à Rimouski et de la Chaire de recherche du Canada en rhé- torique de l’Université du Québec à Trois-Rivières. ISBN: 978-2-9809561-7-1 Dépôt légal: Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012 Bibliothèque nationale et Archives Canada, 2012 © Tangence éditeur 2012 300, allée des Ursulines Rimouski (Québec) G5L 3A1 www.revuetangence.com tangence@uqar.qc.ca Révision et correction des épreuves : Mathilde Barraband, Hervé Guay, Isabelle Kirouac-Massicotte, Claude La Charité, Marie Lise Laquerre et Jacinthe Martel Composition, infographie et conception graphique : Édiscript enr. Table Présentation Jacinthe Martel........................................................... 9 Le futur antérieur de l’archive Nathalie Piégay-Gros................................................. 17 Bibliographie des travaux de Nathalie Piégay-Gros.. 65 Présentation* Jacinthe Martel, Université du Québec à Montréal Leur art s’édifie où se forme l’archive. Michel Foucault, La bibliothèque fantastique 1 Sous l’impulsion des travaux entrepris dans les années 1970 sous le signe de la critique génétique, les archives des écrivains ont peu à peu constitué un véri- table centre d’intérêt pour les chercheurs. Prenant d’abord en compte des chantiers romanesques de très grande envergure — on pense par exemple à Gustave Flaubert, à Marcel Proust ou encore à Stendhal —, ces travaux ont permis de développer des outils théoriques et méthodologiques spécifiques qui ont contribué à modifier le paysage de la recherche en transformant des documents en objets d’étude à part entière. Le regard de la critique s’est donc déplacé du texte vers l’avant-texte. En abordant d’autres types de chantier, c’est-à-dire en * Cet ouvrage a été réalisé dans le cadre des travaux du groupe de recherche «Traces et tracés de l’écriture dans les archives des écri- vains » (Jacinthe Martel, Yves Jubinville et Jacques Paquin). Je tiens à remercier le CRSH et le CRILCQ-UQAM pour leur appui intellectuel et financier ; mes remerciements s’adressent égale- ment à Isabelle Kirouac-Massicotte dont l’aide a été précieuse à l’étape du travail éditorial. 1. Michel Foucault, La bibliothèque fantastique. À propos de La ten- tation de saint Antoine de Gustave Flaubert, Bruxelles, La Lettre volée, coll. «Palimpsestes», 1995, p. 11. variant les genres et les corpus, en s’ouvrant par exemple à la poésie, à la musique, au texte dramatique ou philo- sophique, ou encore à la correspondance et, surtout, en considérant les objets marginaux conservés par les écri- vains, la génétique s’est confrontée non seulement aux manuscrits proprement dits, mais également aux notes, aux journaux personnels, aux carnets, aux listes, bref aux divers documents qui conservent les traces et les tracés de l’écriture, «le tremblé de l’archive 2» et qui, du même coup, rendent compte du caractère dynamique et sou- vent foisonnant de l’invention. Chez des écrivains du XIXe siècle, caractérisé par le documentaire, c’est un extraordinaire travail de docu- mentation et d’érudition (par exemple chez Victor Hugo ou Gustave Flaubert) qui se déploie dans «tout le chan- tier de l’avant-texte»: «dans sa transformation scriptu- rale», le document devient «objet de passage 3». À la dif- férence de la critique des sources ou du commentaire érudit qui s’intéressent en particulier aux traces laissées dans une œuvre par la vie et les lectures d’un écrivain, c’est progressivement l’utilisation de l’archive dans le roman, autrement dit la fictionnalisation du documen- taire ou encore « la manière dont l’archive s’implante dans la fiction», comme l’écrit Nathalie Piégay-Gros, qui intéresse le chercheur. Le document cesse d’être un « préalable à l’œuvre 4 » ; en témoigne, par exemple, la 10 LE FUTUR ANTÉRIEUR DE L’ARCHIVE 2. Arlette Farge, Le goût de l’archive, Paris, Seuil, coll. «La librairie du XXe siècle», 1989, p. 37. 3. Raymonde Debray-Genette et Jacques Neefs, « Présentation », dans Raymonde Debray-Genette et Jacques Neefs (dir.), Romans d’archives, Lille, Presses universitaires de Lille, coll. « Problé - matiques», 1987, p. 7. 4. Jacques Neefs, « L’imaginaire des documents », dans Raymonde Debray-Genette et Jacques Neefs (dir.), Romans d’archives, ouvr. cité, p. 179. « méticulosité érudite 5 » de Flaubert. La nature et la fonction de la recherche documentaire au sein d’une réflexion esthétique et de l’entreprise scripturale qu’elle sous-tend font donc l’objet d’une attention renouvelée. Deux exemples empruntés au corpus de la littérature québécoise illustreront, partiellement mais diversement, l’utilisation de l’archive par les écrivains. L’«érudition chevelue 6» qui se déploie dans les dos- siers romanesques d’Hubert Aquin est d’une étonnante envergure. Face au danger de l’accumulation, qui guette le lecteur assidu et pour ainsi dire acharné qu’est l’écri- vain, répond un système complexe de listes qui lui per- met de rassembler les citations, formules ou réflexions tirées d’un ensemble démesuré de notes de lecture dont la visée n’est que rarement précisée, mais dont le carac- tère méthodique et la fonction mnémonique sont incon- testables. La fouille est par ailleurs heuristique, mais le dossier, peu à peu, est saturé de documents; le roman, dont l’écrivain veut définir à la fois la structure, l’action et les personnages, se retrouve alors sous une « tonne inerte de mots 7 ». Si l’archive constitue « la matière PRÉSENTATION 11 5. Michel Foucault, La bibliothèque fantastique, ouvr. cité, p. 8. 6. Hubert Aquin, Saga segretta, projet de roman inachevé publié dans Mélanges littéraires, I. Profession: écrivain, éd. Claude Lamy, avec la collaboration de Claude Sabourin, Montréal, Leméac, coll. «Bibliothèque québécoise», 1995, p. 329. Aquin n’a conservé que très peu de documents concernant les romans publiés ; en revanche, conscient de leur fécondité potentielle, il a précieuse- ment archivé les dossiers des huit projets de romans dont la rédaction est restée en suspens entre 1961 et 1976. À ce propos, voir Jacinthe Martel, « Une fenêtre éclairée d’une chandelle ». Archives et carnets d’écrivains, Québec, Éditions Nota bene, 2007. 7. Hubert Aquin, Saga segretta, ouvr. cité, p. 334. C’est sans doute L’antiphonaire, plutôt mal reçu par la critique, qui illustre le mieux ce procédé ; en effet, l’érudition est un « mirage », une « partie intégrante du discours romanesque » (Hubert Aquin, même d’une écriture en mouvement» (N. Piégay-Gros), celle-ci peut également, quand les stratégies d’utilisation du documentaire s’emballent, réduire à néant l’œuvre en cours. L’abondance d’informations minuscules mais assourdissantes met à la fois l’archive et l’écriture en péril. Chez Aquin, cette utilisation de l’archive revêt pour ainsi dire un caractère dramatique ; il en va autrement pour le recueil Au fond du jardin 8 que Jacques Brault a composé à partir de trois séries de textes radiophoniques consacrés à la littérature intime. Sans doute pour contrer les lectures qui s’attarderaient trop à vouloir débusquer ses nombreuses sources, Brault a procédé au brouillage des références littéraires. Dans les «essais miniatures» du recueil, les œuvres et les auteurs, qui sont pourtant expli- citement identifiés et qui font l’objet de commentaires plus ou moins élaborés dans les textes radiophoniques, sont simplement évoqués («maître Michel», «les sœurs Emily et Ann », « la bonne marquise », etc.) ; en outre, aucune référence n’accompagne les citations. Les textes sont ainsi empreints d’une «tonalité intimiste» discrète et l’archive n’est plus que murmure. Poussant plus loin encore cette stratégie, qui comporte une évidente dimen- sion ludique, le poète a inséré dans quelques textes du recueil des citations imaginaires, venues de « lectures rêvées », qui ont encore une fois pour fonction de déjouer le lecteur dont la visée érudite ferait fi de la dimension poétique des textes. La fonction documen- 12 LE FUTUR ANTÉRIEUR DE L’ARCHIVE L’antiphonaire, éd. Gilles Thérien, Montréal, Leméac, coll. «Bibliothèque québécoise», 1993, p. XXXVIII). 8. Jacques Brault, Au fond du jardin. Accompagnements, Québec, Éditions du Noroît, coll. «Chemins de traverse», 1996. À ce pro- pos, voir Jacinthe Martel, «Une fenêtre éclairée d’une chandelle», ouvr. cité. PRÉSENTATION 13 taire des références s’est estompée et les textes se font plutôt l’écho de l’archive. Les travaux de Nathalie Piégay-Gros contribuent à renouveler la réflexion dont l’horizon vient d’être rapi- dement esquissé. Comme le dirait Francis Ponge, elle prend la tangente en s’intéressant aux archives des écri- vains non pas d’un point de vue documentaire ou géné- tique, mais en s’attardant plutôt à la «manière dont l’ar- chive s’implante dans la fiction». Spécialiste notamment du surréalisme, du romanesque et du roman du XXe siècle, ses principales recherches ont porté sur Robert Pinget, Claude Simon et en particulier sur Louis Aragon qui, en faisant écho au legs effectué par Hugo en 1881, a remis ses archives et celles d’Elsa Triolet au Centre natio- nal de la recherche scientifique en uploads/Litterature/ tangence-confluences5-le-futur-anterieur-de-l-x27-archive-piegay.pdf
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- Publié le Sep 03, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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