Master MEEF, second degré. Lettres modernes Université Paris Diderot-Paris 7 Hi

Master MEEF, second degré. Lettres modernes Université Paris Diderot-Paris 7 Histoire de la langue Mélanie Lévêque-Fougre, melanie.fougre-leveque@univ-paris-diderot.fr Texte n°3 La Mort le roi Artu est un roman arthurien composé aux alentours de 1230. Arthur est mortellement blessé. Il demande à son serviteur, Girflet, de jeter son épée, Excalibur, dans un lac afin qu’elle ne tombe pas entre de mauvaises mains. Girflet hésite à obéir au roi. 1 5 10 15 Et cil1 retorne meintenant au lac et tret l'espee del fuerre, et la commence trop durement a pleindre, et dist que ce serait trop granz domages, s'ele estoit einsi perdue ; et lors s'apense qu'il i gitera le fuerre et retendra l'espee, car encor porroit avoir mestier a lui ou a autre ; si prent le fuerre et le giete el lac erranment, et puis reprent l'espee et la repont2 souz un arbre, et s'en revient meintenant au roi et dist : « Sire, ore ai ge fet vostre commandement. — Et qu'as tu veü ? fet li rois. — Sire, ge ne vi riens que ge ne deüsse. — Ha ! fet li rois, tu ne l'as pas encore gitee ; por quoi me travailles tu tant ? Va, si la giete, si savras qu'il en avendra, car sanz grant merveille ne sera ele pas perdue. » Quant Girflet voit qu'a fere li couvient, si revient la ou l'espee estoit, si la prent et la commence a regarder trop durement et a pleindre, et dit : « Espee bone et bele, tant est granz domages de vos, que vos ne cheez es mains d'aucun preudome ! » Lors la lance el lac el plus parfont et au plus loing de lui qu'il puet ; et meintenant qu'ele aproucha de l'eve, il vit une main qui issi del lac et aparoit jusqu'au coute3, mes del cors dont la mein estoit ne vit il point ; et la mein prist l'espee parmi le heut4 et la commença a branler trois foiz ou quatre contremont. Quant Girflet ot ce veü apertement, la mein se rebouta en l'eve a toute l'espee, et il atendi illec grant piece par savoir s'ele se demoustrast plus ; et quant il vit qu'il musait par neant, il se parti del lac et vient au roi ; si li dit qu'il a l'espee gitee el lac et li conte ce qu'il avait veü. « Par Dieu, fet li rois, ce pensoie ge bien que ma fins aprouchoit durement. » La Mort le roi Artu, éd. Jean Frappier, Genève, Droz, 1996, §192-193. 1) Traduction Traduisez le texte. 2) Phonétique et graphie Indiquez la prononciation de puet (l. 10, < latin potet) à l’époque de l’auteur. Expliquez l’évolution phonétique et graphique de ce mot de l’ancien français jusqu’au français moderne. 3) Morphologie Relevez les adjectifs qualificatifs présents dans la phrase : « Espee bone et bele, tant est granz dommages de vos, que vos ne cheez es mains d’aucun preudome ! » (l. 9-10). Classez-les en fonction du système de l’ancien français et expliquez-en l’origine et l’évolution jusqu’en français moderne. 4) Syntaxe Expliquez les cas d’omission ou d’expression des articles dans les lignes 1 à 13, en comparant avec le système du français moderne. 5) Lexique Faites une analyse lexicologique complète des mots mestier (l. 3), travailler (l. 6) et preudome (l. 10). 1 Il s’agit de Girflet. 2 repondre : « cacher, enfouir » 3 coute : « le coude ». 4 heut : « la poignée ». uploads/Litterature/ texte-la-mort-le-roi-artu-texte.pdf

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