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Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/tudessurfran02pari vw ETUDES SUR FRANÇOIS PREMIER Roi de France SUR SA VIE PRIVÉE ET SON RÈGNE io48o. — PARIS. IMPRIMERIE A. LAHURE 9, rue de Fleurus, y ÉTUDES SUR FRANÇOIS PREMIER Roi de France SUR SA VIE PRIVÉE ET SON RÈGNE PAR PAULIN PARIS Publiées d'après le manuscrit de VAuteur ET ACCOMPAGNEES d'une PREFACE PAR GASTON PARIS DE i/lXSTITUT Tome second PARIS LÉON TECHENER, LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES FRANÇAIS 5î, rue de l'Arbre-Sec, au premier, 52 M DCCC LXX-W £ *> ir FRANÇOIS F LA COUR DE FRANGE CHAPITRE VJI LE CONNÉTABLE DE BOUKBON Je vais maintenant parler du lamentable épisode du connétable de Bourbon, comme si j'étais le premier des historiens postérieurs au règne de François I er qui eût à le raconter. Je tâcherai de ne rien oublier de ce qu'en ont dit les chroniques, les relations, les lettres contemporaines, les documents diplomatiques, en un mot toutes les sources d'instruction répandues dans les écrits de la première moitié du seizième siècle. Cela fait, je rapprocherai ce que m'auront appris les contemporains de ce que les historiens et les critiques de la fin du seizième siècle et du dix- septième auront ajouté aux documents originaux. Cette espèce de contrôle, s'il est exactement fait, dispensera de parler longuement des historiens et des critiques récents, qui, n'ayant pu ou n'ayant dû nécessairement que répéter la substance des docu- 1 CHAPITRE VII. ments antérieurs, n'ont par eux-mêmes aucune au- torité. Charles de Bourbon, né le 27 février 1 190, était le second fils de Gilbert de Bourbon, comte de Mont- pensier, dauphin d'Auvergne 1 et seigneur de Mercœur et de Combrailles. Ilélaitarrière-petit-fils du premier comte de Montpensier, Louis, frère puîné de Charles, duc deBourbon, qui lui avaitfaiten 1442 cet apanage de Montpensier sur son propre apanage d'Auvergne. Ainsi la postérité masculine de Louis de Montpensier venant à manquer avant celle de Charles de Bourbon, son frère aine, le Montpensier et le delphinat devaient faire retour au Bourbonnais; et si la postérité mas- culine de Charles deBourbon finissait la première, le Bourbonnais, l'Auvergne et leurs dépendances devaient être recueillis par le survivant des Montpensier. jusqu'à ce que, leur postérité masculine directe finis- sant à son tour, les duchés de Bourbon et d'Auvergne, le comté de Montpensier, le delphinat d'Auvergne, en un mot toutes ces terres apanagées, fissent retour à la couronne. Il est vrai que l'ancienne terre du Bourbonnais avait d'abord été possédée en toute propriété par Louis, fils de Robert de France, comte de Clermont, en vertu du mariage de Robert avec Béatrix de Bour- gogne, petite-fille du dernier des Archambaud. Mais cette terre avait changé de caractère quand, en 1 100, Jean deFrance, due de Berry, en mariant sa tille Marie 1. Le delphinal d'Auvergne était une partie de la basse Auvergne, snr la rive gauche de l'Mliei-. entre Brioude et Issoire. LE CONNÉTABLE DE BOURBON. 5 à Jean I er , duc de Bourbon, avait obtenu du roi Char- les VI, son neveu, la faculté de transmettre aux nou- veaux époux son apanage d'Auvergne, bien que celte province dût après lui revenir à la couronne, puis- qu'il n'avaitpas d'enfant mâle. En revanche, comme condition expresse, le duché de Bourbonnais devait être et était en effet considéré comme terre d'apa- nage; il devait rentrer de droit dans le domaine de la couronne quand la postérité masculine de Jean de Bourbon et de Marie de Berry viendrait à manquer. Mais le 12 mars 1459, par un accord entre Louis, comte de Montpensier, et son neveu Jean II, duc de Bourbonnais, le premier renonçait pour lui et sa pos- térité à leur droit éventuel sur la succession de la branche ainée, tant qu'il y aurait des fils ou filles, descendants, non plus de Jean I" 1 de Bourbon et de Marie de Berry, mais seulement du duc Jean IL Pour prix de cet abandon, Jean II cédait à son oncle ses droits sur la baronnie de Mercœur ; il s'engageait à lui payer dix mille écus d'or, à lui servir une rente perpétuelle de dix-huit cents livres, et enfin à lui abandonner ce qui plus tard devait lui revenir sur la succession d'Isabelle de Bourbon, sa sœur, mariée au comte de Charolais, Charles, depuis duc de Bourgo- gne 1 . Cet accord avait été confirmé un peu plus tard par le même Louis, comte de Montpensier. 1. Guillaume Marillac, secrétaire du Connétable, dans le Journal qu'il nous a conservé et qu'il semble avoir écrit sous les yeux de son maître, omet avec intention de parler de ces dix mille écus d'or que le comte Louis avait dû recevoir. 11 se donne ainsi le droit de prétendre que la récompense d'un tel abandon était insuffisante et l'entachait de nullité. 4 CHAPITRE VII. Voilà donc une première altération des conditions du contrat de mariage de la fille du duc de Berry. Les Monlpcnsicr ne descendant pas en ligne directe du duc Jean II et ayant d'ailleurs cédé leurs droits à la postérité masculine ou féminine de ce Jean II, ils ne peuvent plus les faire valoir comme descendants du duc Jean l rr . Fort de cet abandon des Montpensier, Louis XI, en mariant sa tille Anne de France avec Pierre de Beaujeu. frère et depuis successeur du duc Jean II, faisait insérer dans le contrat de mariage (3 novembre 1475) la clause suivante : «Et mondit seigneurie Roy a voulu et consenty que au cas que noslre dit seigneur Pierre de Beaujeu iroit de vie à trespas, sans hoirs masles descendus de sa chair en droite lignée en loyal ma- riage, succédions et puissions succéder en toutes et chascune desdites duebez, comtez, terres et seigneu- ries, sans toutefois préjudiciel' au douaire de ma dame et sœur Jelianne de France, duchesse de Bourbon '. » Mais en 1487, voilà que la duchesse Anne de Beaujeu, profitant de l'ascendant qu'elle avait gardé sur son frère le roi Charles VIII, lui fait signer des lettres patentes qui annulent les clauses de son propre contrat de mariage. Elles autorisent le duc et la duchesse à se faire mutuelle donation de tous leurs biens, « encore que ces possessions scroient im- menses, et qu'on voulust dire que esdites aurions quelque intérest.. que y pourrions ci-après succéder, 1 . Fille ilf Charles V II el veuve de Jean II de Bourbon, morte en 1482. — La Mme. éd. Chantelauze, I. 11. p. 296. LE CONNÉTABLE DE BOURBON. 5 et que telles donations seroient contre disposition de droit ; à quoy ne voulons avoir aucun esgard, et par ces présentes y avons dérogé et dérogeons expressé- ment. Donné à Anccnis, au mois d'août 1487. » Il est vrai que Gilbert, fils et successeur du comte Louis de Montpensier, avait protesté contre l'abandon que Louis, son aïeul, avait fait de ses droits par l'acte de 1450, et que, voyant peu de chances de gagner sa cause en parlement, il s'était adressé directement au duc Pierre de Beaujeu. Pierre, n'ayant pas alors d'enfant et désespérant d'en avoir, avait accueilli favorablement sa requête, et, par acte passé àChinon le 19 mars 1489, il avait déclaré que nonobstant lesdites quittances et renonciations, au cas où il décéderait sans hoirs mâles, il entendait que le comte Gilbert ou ses descendants mâles pussent se porter comme héritiers tout ainsi que si lesdites renonciations n'eussent point été faites. Je ne suis pas sûr que le duc et la duchesse de Bourbon eussent réellement le désir de regarder comme non avenue la clause de leur propre contrat de mariage. Je ne sais si le duc et la duchesse ne devaient pas s'attendre aux réclamations du Roi contre cet accommodement de Chinon fait sans lui et contre lui. Mais le duc et la duchesse allèrent bientôt eux- mêmes au-devant de toutes les causes de nullité qu'on leur aurait opposées. Après seize années de stéri- lité, Anne de Beaujeu mettait au monde une tille, le 10 mai 1491. Quels regrets alors de la transaction de Chinon, qui devait, au détriment de cet enfant, l'aire tomber les splendides apanages de Bourbon et 6 CHAPITRE VII. d'Auvergne aux mains des Montpcnsicr, si le Roi, usant de son plein droit, ne les réclamait pas avant tous les nulles! Il restait au duc et à la duchesse de Bourbon un dernier moyen, pour ainsi dire désespéré, d'an- nuler cette malheureuse transaction, et il fallut toute l'habileté «le ta duchesse, toute la faiblesse du nouveau roi Louis XII, pour en obtenir le succès. Louis XII, l'année môme de son avènement, au mépris des droits de la couronne, consacrés par les trois contrats de mariage du premier Jean de Bourbon avec Marie de Berry, du second Jean de Bourbon avec Jeanne de France, enfin de Pierre de Beaujeu avec Anne de France, Louis XII consentait en 1 498 à signer les lettres royales dont voici les principales disposi- tions : « Comme en traitant le mariage de Jean, duc de Bourbon, et uploads/Litterature/ etudes-sur-francois-premier-roi-de-france-sur-la-vie-privee-et-son-regne-volume-2-paris-paulin-1800-1881-pdf.pdf

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