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https://www.churchofjesuschrist.org/study/general-conference/1998/10/small-temples-large-blessings? lang=fra ed Éditions de la Bibliothèque publique d’information  ACCUEIL  ÉTUDES ET RECHERCHE  PAROLES EN RÉSEAU Remerciements Chapitre I. Lecture et pays LECTEURS EN CAMPAGNE | Raymonde Ladefroux , Michèle Petit , Claude-Michèle Gardien RECHERCHER DANS LE LIVRE TABLE DES MATIÈRES CITER PARTAGER ORCID INFO AJOUTER À ORCID Introduction. Les pratiques de lecture en milieu rural : une « énigme » ? Raymonde Ladefroux p. 9-31 TEXTE NOTES AUTEUR ILLUSTRATIONS TEXTE INTÉGRAL L’espace rural et la différenciation des pratiques culturelles  1 Pierre Moulinier, « L’évolution des pratiques culturelles des ruraux »,Cosmopolitiques, numéro spé (...) 1« On sait combien de ruraux lisent ou écoutent de la musique, on ne sait pas ce que signifie lire ou apprécier de la musique pour un rural. Faute de travaux ethnologiques ou sociologiques sur ces domaines, le différentiel culturel ville/campagne reste une énigme1. »  2 Nouvelle enquête sur les pratiques culturelles des Français en 1989, Paris, ministère de la Culture (...)  3 Entre 1973 et 1988, on observe une progression sensible de la lecture de livres à deux extrêmes : e (...) 2Les recherches sur les pratiques culturelles dans la France rurale sont encore très rares – particulièrement celles qui portent sur la lecture. Les ethnologues ont plutôt privilégié l’analyse de OK pratiques festives, culinaires… portant la marque de cultures régionales spécifiques. De leur côté, les historiens ont plus souvent approché la lecture en milieu rural sous l’angle de l’école et de l’instruction des couches paysannes. Quant à connaître les pratiques de lecture des ruraux à notre époque, seules les enquêtes sur les pratiques culturelles des Français2 soulèvent un peu le voile sur leur intensité et, à un moindre degré, sur quelques-uns de leurs traits qualitatifs – comme le genre d’ouvrages ou de presse lus. Les résultats de ces enquêtes sont toutefois très réducteurs, non seulement par leur sécheresse statistique, mais aussi en raison de l’échelle nationale à laquelle ils se situent : à s’en tenir à leurs seules données, le « milieu rural » apparaît comme un tout homogène, où les comportements à l’égard de la lecture seraient semblables. Il s’agirait d’un milieu peu familier du livre, en raison, notamment, de la présence d’agriculteurs aux faibles niveaux de formation ; en revanche, la presse quotidienne régionale, courroie de la communication locale, y tiendrait une place prépondérante. Quant aux progrès récents des pratiques de lecture enregistrés dans les zones rurales3, ils seraient à mettre au compte de la seule recomposition sociale qu’elles ont connue au cours des trente dernières années. Cette approche globalisante ne nous semblait pas pouvoir rendre compte de la complexité du « rural », et de la réalité locale. 3Mais cerner la notion de rural constituait une difficulté supplémentaire : le « rural » a toujours été un « espace en creux », où s’engouffrent des fantasmes, des représentations, oscillant entre préjugés négatifs ou idéalisation excessive, qui viennent recouvrir la réalité. Et si cette réalité a toujours été difficile à cerner, elle l’est encore davantage depuis la seconde moitié du siècle, où modernisation plus ou moins intense, urbanisation et évolutions contradictoires se sont conjuguées pour aboutir à une transformation profonde de l’ensemble du territoire rural français, et à sa diversification croissante.  4 Cf. Nicole Mathieu, « La notion de rural et les rapports ville-campagne en France. Des années cinqu (...) 4Le « rural » demeure donc lui-même énigmatique, y compris pour les scientifiques. Le confort de la conception classique du rapport ville/campagne, valable au début des années cinquante et opposant la campagne, « milieu naturel » (mais cultivé) peuplé de paysans en surnombre, réservoir de main-d’œuvre pour la ville définie comme un « milieu technique… lieu d’accumulation des hommes et des capitaux4 », est depuis longtemps dépassé. Et le va-et-vient constant des ruralistes entre des conceptions privilégiant une tendance à l’uniformisation des modes de vie urbains et ruraux, ou insistant sur la spécificité de chaque type d’espace, exprime bien la difficulté croissante de parvenir à une définition précise. 5Aussi, plutôt que de privilégier des critères relatifs à la composition sociale (actuellement, même totalement dépourvu de paysans, un espace peut être rural), ou à une « culture rurale » qui serait spécifique, ou de fixer un seuil démographique toujours sujet à caution, nous avons adopté ici une définition minimale, ouverte, du « rural », vu avant tout comme un espace, et fondée sur les critères géographiques et morphologiques objectifs, immédiatement perceptibles, que sont la faible densité démographique, la présence du milieu « naturel », l’éloignement des services et des équipements – et partant, un mode de vie et une relation spécifique au territoire. Par « espace », on entend déjà une « géométrie » – une topographie, une concentration ou une dispersion de l’habitat, une distance aux équipements. Mais aussi, dans une autre acception, une « localité », où s’agencent de façon spécifique des variables économiques, sociales, culturelles, politiques, géographiques. 6Et sans méconnaître l’incidence de la composition socioprofessionnelle ou des caractéristiques démographiques, les chercheurs engagés dans cette étude ont donc posé l’hypothèse d’un effet proprement « spatial » dans la différenciation des pratiques culturelles, et des pratiques de lecture en particulier. Est-ce qu’à l’inégalité sociale ne s’ajouterait pas une inégalité « spatiale », liée au fait de vivre dans ces espaces particuliers, les espaces ruraux, qui se marquerait dans une moindre fréquentation de la lecture ? La distance physique aux équipements, par exemple, n’accentuerait-elle pas la difficulté sociale d’accès aux livres ? Et à vivre dans ces espaces, n’aurait-on pas une approche spécifique de la lecture ?  5 Roger Chartier, L’Ordre des livres, Aix-en-Provence, Alinéa, 1992, p. 19. 7Cette hypothèse va dans le sens des propos de Roger Chartier soulignant que « les partages culturels ne s’ordonnent pas obligatoirement selon une grille unique de découpage social, supposée commander l’inégale présence des objets comme la différence des conduites » ; et rappelant qu’au-delà du classement socioprofessionnel, « d’autres principes de différenciation, eux aussi pleinement sociaux, pouvaient rendre raison, avec plus de pertinence, des écarts culturels. Il en va ainsi des appartenances à un sexe ou à une génération, des adhésions religieuses, des solidarités communautaires, des traditions éducatives ou corporatives, etc5. ». Pour nous, il en allait ainsi également des appartenances à un espace singulier, et notamment de l’agencement spécifique, dans cet espace, de ces autres « principes de différenciation sociaux ». Les traces d’un décalage culturel ? 8L’inégalité spatiale que nous évoquions s’est marquée, des siècles durant, dans un « décalage » entre villes et campagnes dont on peut se demander s’il ne subsiste pas des traces encore aujourd’hui, en dépit des recompositions sociales très rapides qu’ont connues les espaces ruraux.  6 Cf. Roger Chartier, Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, L’Éducation en France du xvie au xv (...)  7 Cité in Roger Chartier et al., L’Éducation en France, op. cit., p. 11.  8 Cité par Emmanuel Le Roy Ladurie, in Georges Duby et Armand Wallon (dir.), Histoire de la France ru (...) 9Jusqu’à la fin du siècle dernier, à l’exception d’un petit noyau de notables et de quelques colporteurs ou chemineaux qui évoluaient dans des espaces plus larges, l’espace de référence de la plupart des villageois dépassait en effet rarement l’horizon du bourg. Et si à partir du xviiie siècle6 un grand nombre de villages possédaient une école, la répartition en était très inégale selon les régions, jusqu’au milieu du siècle suivant. Quand il y avait une école pour les jeunes filles, l’enseignement se bornait fréquemment à leur inculquer des notions ménagères. Celui concernant les garçons comportait la lecture, l’écriture et le calcul, mais le temps réservé à l’étude se limitait aux plages laissées libres par les travaux agricoles. En outre, l’école était une arme religieuse : pour lutter contre la Réforme et conforter son influence, l’Église, qui avait l’essentiel du pouvoir de contrôle sur l’enseignement, a durant longtemps limité les exercices de lecture aux livres de piété. Et elle bannissait « les livres de fable, les romans et toutes sortes de livres profanes et ridicules dont on se sert souvent pour commencer à apprendre à lire, de peur que se remplissant la mémoire des choses qu’ils y lisent, ils ne prennent des impressions contraires aux sentiments de religion et de piété qu’on pourrait instituer en ne leur donnant que de bons livres7 ». Le Siècle des lumières ne semble pas avoir été plus ouvert à l’instruction des paysans, si on note que Voltaire écrivait à La Chalotais : « Je vous remercie de proscrire l’étude chez les laboureurs. Moi qui cultive la terre, je vous présente requête pour avoir des manœuvres et non des clercs tonsurés. Envoyez- moi des frères ignorantins pour conduire mes charrues et pour les atteler8 ! »  9 Cf. Geneviève Bollème, La Bibliothèque bleue, la littérature populaire du xiveau xixe siècle, Pari (...) 10Dans des espaces si enclavés, où le brassage social était très limité, et l’influence du hobereau et du curé généralement pesante, l’ouverture à la culture livresque restait très réduite : même les plus instruits uploads/Litterature/ these 1 .pdf

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