RÉSUMÉ Ebook réalisé par Issa Ruby, 16 ans, ne sait jamais quand sa mère va ren

RÉSUMÉ Ebook réalisé par Issa Ruby, 16 ans, ne sait jamais quand sa mère va rentrer. Un jour, il semble même qu'elle ne reviendra plus jamais. Ruby n'a plus le choix, elle doit suivre les services sociaux. Ils la placent chez sa sœur qu'elle n'a pas vue depuis dix ans. Alors que Ruby menait une vie modeste, dans un quarƟer mal famé, entourée de dealers, la voilà dans un appartement immense, chic et sa sœur insiste pour qu'elle aille dans un lycée privé. Le choc est violent et les rapports entre les deux sœurs, tendus. Peu à peu, elle réussissent pourtant à s'apprivoiser et, dans le même temps, Ruby fait la connaissance de son mystérieux voisin, Ben. Ce dernier a lui aussi une histoire familiale difficile, qui l'étouffe... Ruby tombe amoureuse et décide de l'aider, coûte que coûte ; ce sera aussi une manière de se sauver, elle. CHAPITRE 1 – Le meilleur pour la fin : ta chambre ! s’exclama Jamie en ouvrant une porte. Je m’aƩendais à tout. A du moche, à du rose et à une ambiance de fille. Non, je ne suis pas injuste, je suis seulement réaliste : j’avais été séparée de ma soeur pendant dix ans, je ne connaissais plus ses goûts ni son style, et je préfère toujours me préparer au pire, avec de parfaits inconnus. Pareil avec les amis. Au final, je ne suis jamais déçue. Par la grande fenêtre en face de moi j’ai vu du vert. C’était le vert des grands arbres qui bordaient le vaste jardin de derrière. A la vérité, tout était grandissime dans le quarƟer résidenƟel de ma soeur et Jamie : les maisons, les voitures et surtout l’immense portail de l’entrée avec ses énormes rochers. Ce machin phénoménal se voyait à des kilomètres. Imaginez les dolmens de Stonehenge version banlieue chic, et vous voyez le topo. En aƩendant, j’étais toujours immobile dans le couloir et ça bouchonnait sec. Jusque-là, c’est Jamie qui faisait la visite, mais il s’était écarté pour me laisser entrer la première et il piéƟnait. Je me suis donc décidée à passer devant lui et je suis entrée dans ma chambre. Elle était grande, logique, avec des murs tout blancs et trois autres fenêtres, habillées de stores véniƟens baissés. Sur ma droite, il y avait un lit à deux places recouvert d’une coueƩe jaune et d’oreillers de la même couleur, ainsi qu’une couverture blanche pliée au bout. J’ai aussi vu un peƟt bureau avec une chaise devant. Au milieu du plafond mansardé, un peƟt store, sûrement fabriqué sur mesure, fermait une lucarne carrée, genre paupière sur un oeil. C’était si classe et si bizarre que mon regard s’y est aƩaché pendant une éternité, comme si c’était l’événement le plus fou de cette journée. – Tu as aussi ta salle de bains personnelle ! ajouta Jamie. Il s’approcha sans bruit sur la moqueƩe épaisse et nickel-propre. Ma chambre sentait la peinture et le neuf, comme le reste de la maison. Ça devait faire un mois – six au grand maximum – qu’ils avaient emménagé. – Elle est là, sur ta droite, avec le dressing intégré... Étonnant, non ? C’est pareil dans notre chambre. Quand nous avons fait construire, Cora a affirmé qu’elle se préparerait deux fois plus vite, le maƟn, avec son dressing dans la salle de bains. Une innovaƟon qui a fait ses preuves, je te le garantis. Jamie me souriait, alors moi aussi j’ai souri. En même temps, je me demandais : « C’est qui ce mutant en maillot de cycliste, jean et Converse trop fashion trop chères, qui se donne un mal de chien pour détendre l’atmosphère avec ses blagues à deux balles ? » Mon beau-frère, OK, mais j’avais du mal à comprendre comment un type si cool avait pu épouser ma soeur, une fille archi-coincée et incapable de se fendre d’un sourire. Moi, au moins, je faisais des efforts. Pas Cora. Elle nous observait de la porte, raide comme un piquet et bras croisés. Vu qu’elle portait un peƟt pull à manches courtes (on était à la mi- octobre, mais la maison était chauffée comme au pôle Nord), je voyais ses biceps bombés, ses muscles contractés, exactement comme lorsqu’elle était entrée, deux heures plus tôt, dans la salle de réunion du foyer d’hébergement. A ce moment-là, c’est Jamie qui avait parlé avec moi et Shayna, l’assistante sociale. Cora, elle, n’avait pas pipé ni bougé d’un poil. Maintenant, elle me scrutait jusqu’au fond des yeux. Pourquoi ? Pour projeter ses souvenirs de moi peƟte sur l’ado que j’étais devenue, ou parce qu’elle se demandait plutôt si ceƩe ado-là, c’était bien moi ? Moi, en la voyant, j’avais pensé : « Ah Ɵens, bon, Cora a un mari ? », tandis que Shayna étalait sa paperasse sur la table. S’était-elle mariée en grande pompe, ou incognito, après avoir révélé à son chéri qu’elle avait coupé tous les ponts du monde avec sa famille ? Je voyais le tableau d’ici : Super Cora sans peur et sans reproche. J’aurais même parié que la version préférée de l’histoire de sa vie, c’était celle de la nana qui s’était faite toute seule, sans rien devoir à personne. – Le thermostat du chauffage est dans le couloir, au cas où tu voudrais le régler, poursuivit Jamie. Personnellement, j’apprécie un peƟt dix-huit degrés à l’intérieur, mais ta soeur est une frileuse. Tu auras beau baisser le thermostat, elle le remontera dans la seconde. Il me sourit de nouveau. Je lui souris aussi. Ça devenait faƟgant. Dans mon dos, je senƟs Cora remuer mais rester silencieuse. – Ah, j’allais oublier le must ! s’exclama Jamie en frappant dans ses mains. Il s’approcha de la fenêtre centrale, passa la main derrière le store véniƟen, l’ouvrit et recula. C’était une porte-fenêtre qui donnait sur un balcon. Après, j’ai senti plein d’air frais. – Viens voir ! J’avais envie de regarder Cora tout en avançant à peƟts pas silencieux sur l’épaisse moqueƩe pour rejoindre Jamie sur le balcon. Mains sur la rambarde, on a contemplé le jardin. Tout à l’heure, de la cuisine, j’en avais vu les obligatoires cabane-paƟo-barbecue-pelouse. Maintenant que j’avais le nez dessus, j’apercevais une série de roches disposées en rond sur l’herbe. Encore une fois, j’ai pensé menhirs, dolmens et Stonehenge. Ma parole, les druides, c’était une fixation de riches ? – Eh bien, ce sera une petite mare ! précisa Jamie comme s’il m’avait entendue penser. – Une mare ? – Un biotope. Dix mètres sur neuf, avec des berges aménagées. Cent pour cent naturel. Avec une petite cascade. Et des poissons ! Super, non ? C’était clair : il attendait ma réaction. Comme j’étais l’invitée, j’ai fait ma polie. – Super, oui. Il a éclaté de rire. – Tu as entendu ça, Cora ? Elle, au moins, elle ne me traite pas de cinglé ! J’ai observé le cercle de pierres une dernière fois, puis j’ai regardé ma soeur, qui s’était enfin aventurée dans ma chambre, mais, aƩenƟon, sans s’éloigner de la porte. Bras toujours croisés, elle nous observait. Lorsque nos yeux se sont rencontrés, je me suis demandé comment j’avais aƩerri dans ceƩe baraque où je n’avais pas envie d’être et où on n’avait pas envie de m’accueillir. Puis Cora a ouvert la bouche pour la première fois depuis notre arrivée, depuis le début de tout ça. – Il fait froid. Vous devriez rentrer. Jusqu’à cet après-midi, jusqu’à ce que Cora vienne me réclamer à une heure pétante comme un vieux parapluie perdu, je n’avais pas vu ma soeur depuis dix ans. Je ne savais pas où elle vivait, ce qu’elle faisait ni quel genre de fille elle était devenue. Pour tout dire, je m’en foutais comme de ma première chausseƩe. Cora avait fait parƟe de ma vie, elle en était sorƟe, fin de l’histoire. Voilà ce que je pensais jusqu’à ce que les HoneycuƩ se pointent chez nous un beau mardi et bouleversent intégralement ma vie. Les HoneycuƩ, je précise, étaient les proprios de la peƟte maison jaune où ma mère et moi on habitait depuis un an et des poussières. Avant, on louait un studio aux Lakeview Chalets, un loƟssement pourri juste derrière le centre commercial. La seule fenêtre de notre unique pièce donnait sur l’issue de secours de la Cafétéria J & K, plutôt sur les employés de la cafète qui s’en fumaient une toutes les deux secondes, charloƩe sur la tête et fesses collées sur un carton retourné. Un filet d’eau longeait le loƟssement, mais on le remarquait seulement lorsqu’il pleuvait des cordes (en gros, deux ou trois fois par an) et qu’il se prenait tout à coup pour la Méditerranée. Vu qu’on habitait au dernier étage, on n’était pas vraiment inondées, mais on sentait bien l’odeur de moisi qui montait des appartements du bas. Elle imprégnait tout. Si je vous dis que les murs étaient imbibés de sales moisissures, vous verrez mieux le tableau. En clair, j’ai eu la crève non-stop pendant deux ans. Au moins, dans la maison uploads/Litterature/ toi-qui-as-la-cle-sarah-dessen.pdf

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