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Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from Universityof Ottawa http://www.archive.org/details/traitsmystique04avic TRAITES MYSTIQUES d'Aboù Ali al-Dosain b. Abdallah b. Nina ou d'Avicenne. IVièhe FASCICULE. Traité sur le destin. TEXTE ARABE ACCOMPAGNÉ DE L'EXPLICATION EN FRANÇAIS M. A. F. 'MEHREN. 504506 2.2.. a. 50 LEYDE. LIBRAIRIE ET IMPRIMERIE E. J^BlTlLL. 1899. 3 1SI fkS: r TRAITE SUR LE DESTIN. A LA MÉMOIRE DU SAVANT ILLUSTRE CHARLES SCHEFER, MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR DE PERSAN ET ADMINISTRATEUR DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES. HOMMAGE DE HAUTE ESTIME. AVANT-PROPOS. ±je traité d'Avicenne que nous allons analyser, porte le titre de Bisâlet al-Qctdr, ce qui signifie : «Traité sur le destin». Le style est artificiel, surchargé de méta- phores et d'allusions, dont la traduction littérale serait extrêmement ardue; cette difficulté est aggravée par le fait que nous n'en connaissons pour le moment qu'une seule copie, qui se trouve dans la Bibliothèque de l'Université de Leyde'). Aussi n'avons-nous pu nous proposer actuellement que de rendre, avec la plus grande exactitude, le développement des pensées qui y sont contenues; en même temps, ce traité étant, selon notre opinion, une des compositions où l'esprit caracté- ristique de notre auteur se manifeste avec la plus grande clarté, nous avons pris la hardiesse de publier le texte arabe selon la copie unique déjà mentionnée. — Voici, en attendant, en peu de mots le cadre artificiel de la composition: L'auteur rencontre un de ses amis et entame avec lui une discussion sur la relation entre le libre arbitre et la responsabilité humaine, d'un côté, et le destin, de l'autre côté. Avicenne, usé par l'âge, a besoin de secours contre son ami, et a recours à Hay b. Yaqzân, vieillard qui unit la piété et la sagesse à une ardeur juvénile et infatigable et qui, après quelques paroles adressées à Avicenne, prend en mains la question et défend l'opinion orthodoxe, selon laquelle le libre arbitre humain n'est presque qu'un con- cept abstrait, disparaissant dès que la pensée se met en présence de l'omnipotence de Dieu. Ce personnage d'Hay b. Yaqzân figure sous le même nom dans un autre traité d'Avicenne; son caractère est si mystique et si obscur qu'il nous aurait été impossible d'en fixer le sens, sans l'explication arabe d'Ibn Zailâ 2 ). 11 est le représentant de la sagesse divine ou l'Intellect actif, qui y explique à Avicenne le 1) Voy. Catal. codd. orientt. Biblioth. Âcad. Lugd.-Batavae , Vol. III, n°. MCCCCLXIV, 11 ., p. 329, suiv. Ce traité est mentionné dans l'Index des écrits d'Avicenne, composé par Djoûzdjâuî, en ces mots: (ou XJlii*) sJL». *Jj*j JtojLs» A.Àc (.j'l^oI oïj.L) ^i LgÀÀAS .iXiàJtj loàJi j; , ce qui infirme les doutes sur l'authen- ticité de l'auteur. 2) Le texte avec ce commentaire se trouve dans mon édition: Traités mystiques d'Avicenne. I« Fasc. Leyde, 1889. VI II AVANT-PROPOS. symbolisme mystique de toute la création depuis le monde sensible jusqu'à la der- nière sphère céleste, y compris Dieu lui-même. Son nom est donné comme signifiant: «le Vivant, fils du Vigilant», c'est-à-dire l'Intellect humain mis en mouvement par la sagesse divine; c'est pourquoi Avicenne nous le représente ici comme une an- cienne connaissance. J'espère achever ces études de la philosophie arabe par un Viènie et dernier fascicule, contenant le traité de la «Réfutation des astrologues» (^Jsujl ^.JLc Jj). Le traité sur le destin (;Aà!i), que je publie ici, et ce dernier traité ont des rapports fréquents l*un avec l'autre. Le second, à peu près de même étendue que le pre- mier, est d'un style simple et nous présente un Avicenne presque tout à fait dégagé des préjugés astrologiques de son temps. Enfin j'ai à remercier le savant correcteur de l'imprimerie, M. le Dr. en phil. P. Herzsolm, qui a contribué beaucoup à l'exactitude et du texte arabe et de la paraphrase française. Eredensborg près Copenhague, Septembre J8!)9. A. F. MEHREN. TRAITÉ SUR LE DESTIN. introduction de l'auteur. Avicenne rencontre nn de ses amis que troublent des doutes philoso- phiques sur la doctrine traditionnelle du destin; apparition subite de Hay b. Yaqzân. _fcjn revenant de la ville de Shalambah *) à Ispahan, Avicenne s'arrêta dans un I. château appartenant à l'un de ses amis, dont l'âme, troublée par des doutes philo- sophiques, regardait la dialectique comme la voie sûre et unique pour arriver à la vérité. Ils entamèrent une discussion sur le destin, mais ils n'aboutirent qu'à une querelle sans résultats, chacun persistant dans son point de vue; son ami doutait de l'influence du destin, qui lui paraissait incompatible avec le libre arbitre et les récompenses et les punitions qui, d'après le Coran, sont réservées aux actions des hommes, tandis qu'Avicenne faisait tous ses efforts pour le réfuter, dans l'espoir de remédier à sa maladie et d'abattre un peu son ardeur. Tout à coup Avicenne vit venir de loin le sage vieillard Hay b. Yaqzân ; cela lui sembla providentiel, car il espérait que l'intervention de ce sage mettrait fin k la querelle; car son ami n'avait pu concilier dans sa pensée la doctrine du destin, en tant qu'il domine toutes nos actions, bonnes ou mauvaises, sérieuses ou frivoles, avec la responsabilité morale qui nous fait attendre la récompense et craindre le châtiment. Qu'il soit le bienvenu ! dit-il, ce Hay b. Yaqzân, pour nous aider dans cette discussion et la faire aboutir à une solution. Alors Hay b. Yaqzân, reçu avec tous les hon- neurs qui lui étaient dus, et initié à l'objet de la querelle, commence par adresser la parole à Avicenne, qu'il trouve bien changé depuis les jours passés et privé de sa fraîcheur et de sa vivacité. C'est bien, répond Avicenne, le temps qui l'a atteint ; il en a éprouvé les vicissitudes jusqu'au moment où son esprit a été affermi par l'intelligence de la doctrine théorique et pratique du destin, car, dit-il, quand l'analogie prouve la vérité d'un principe et que la pratique appuie l'analogie, tout doute doit s'effacer, et une conviction complète doit entrer dans nos cœurs; mais, ajoute-t-il, son ami a subi l'influence de Satan en niant le destin ; il a été par conséquent troublé dans son âme, parce qu'il a manqué de la sagesse néces- saire pour trouver la solution de cette question ; il n'a pas trouvé la vérité, ayant 1) Sur Shalambah, petit canton du Demâvend, voy. Diclionn. géogr. de la Perse, par Barbier Meynard, p. 352. TRAITE SUK LE DESTIN. assimilé Dieu à la créature, et, resté inaccessible à toute admonition, il s'est obstiné dans ses propres pensées. — C'est pourquoi Avicenne regarde cette rencontre comme venant au-devant d'un de ses vœux les plus ardents, et il supplie Hay b. Yaqzân, vu sa sagacité et son expérience appuyée ici de l'aide de Dieu, d'assumer le rôle d'arbitre dans cette lutte; peut-être le cœur de son ami sera-t-il amené à rési- piscence, et la paix lui sera-t-elle rendue, en sorte qu'il ne persiste pas à s'attacher avec ténacité à une fausse doctrine, mais l'abandonne, dès que la vérité l'illuminera de la plénitude de sa lumière; car les lutteurs passionnés pour la vérité seront tou- jours guidés dans la juste voie. Peut-être, qu'après un espace de temps fixé par la Providence, la fleur de la résipiscence s'ouvrira à lui; il abandonnera la sécheresse de son raisonnement, et sa lutte intérieure se calmera, bien qu'il soit pour le mo- ment réduit à l'extrémité, et que le médecin ait perdu tout espoir de le guérir. En tout cas il faut venir à son aide, quand ce ne serait qu'en vertu du devoir d'assistance mutuelle des amis entr eux. Après cette introduction, Ha] b. Yaqzân prend la parole et, «'adressant à Avicenne, lui rappelle que Dieu seul est tout puissant, et lui donne le conseil d'apporter plus de douceur à ses admonestations. II". Tout doucement, mon ami! La puissance et le gouvernement des esprits n'ap- partiennent pas à toi, mais à celui dont la sagesse a embrassé tout avant la créa- tion, qui a disposé et combiné les éléments contraires, qui de même a distribué aux hommes les vertus et les vices. Aux uns il a donné la lourdeur et la pauvreté d'esprit, aux autres la vivacité et la promptitude à saisir les choses intelligibles ; aux uns la violence, aux autres la persévérance confiante; il nous indique le droit chemin et il nous conduit à l'erreur; il nous destine la félicité et la perdition, l'obéissance et l'obstination, la douceur et l'esprit d'altercation; il sait d'avance quel parti sera le plus fort ; à lui rien n'est caché ; il fait exécuter ses ordres et ses arrêts; il n'y a rien qui puisse s'y opposer. C'est pourquoi il faut céder à la destinée; toute opposition ne servirait qu'à user nos forces. Mets donc trêve à tes sévérités envers ton ami; ne le réfute pas avec violence, mais donne tes conseils avec douceur et tes réprimandes sans amertume; emploie envers lui et ses pareils plutôt la miséricorde et la douceur, qui guérissent mieux les malades de l'âme que ceux du corps, et par lesquelles vous tous uploads/Litterature/ traite-s-mystiques-d-x27-avicenne-mehren.pdf

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