JEAN YVES LEGOUAS UNE TRADUCTION COMPAREE DE QUATRE VERSIONS DU SEFER YETSIRAH
JEAN YVES LEGOUAS UNE TRADUCTION COMPAREE DE QUATRE VERSIONS DU SEFER YETSIRAH PRECEDEE D'UNE PRESENTATION DE L'OUVRAGE Ouvrage tiré d'un Mémoire ayant servi à l'obtention du titre d'Elève Diplômé de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes Section des Sciences Religieuses Préparé sous la direction de Monsieur Charles TOUATI et la supervision de Monsieur Nicolas SED 1 REMARQUE IMPORTANTE Le présent ouvrage est la reprise, pour raisons informatiques, du Mémoire m’ayant servi à obtentenir le titre d'Elève Diplômé de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes Section des Sciences Religieuses, en Sorbonne, à Paris, en mars 1992. Les seules différences avec l’original consistent en une pagination différente, due à la police de caractères choisie, et à sa taille, permettant une lecture aisée. Jean-Yves Legouas Bons en Chablais, 14 août 2011. 2 AVANT PROPOS Le Sefer Yetsirah (Livre de la Formation) est un des ouvrages de la mystique juive les plus connus, les plus traduits, les plus commentés. D'une manière paradoxale, les interrogations qu'il suscite sont encore plus nombreuses. Nul ne connait son auteur, le lieu précis de sa rédaction ou l'époque de celle-ci (G. Scholem penchait, vers la fin de sa vie, pour le II/IIIe siècle de notre ère). Les influences ayant présidé à l'expression des idées qu'il contient sont multiples. La mystique des nombres évoque le néo-pythagorisme. La coloration néo- platonicienne n'est pas absente. C'est ainsi que Léo Baeck y voit l'influence de Proclus, tandis que certaines phrases se retrouvent dans Plotin. Par ailleurs, la révélation des mystères décrits dans l'ouvrage est une démarche gnostique par excellence. La proposition d'attribution de l'ouvrage à Moise en fait, par l'idée même de transmission, un important maillon de la chaine de la Kabbale. Cependant, en restant dans le monde de la formation, étape précédant celle de la Création, l'ouvrage reste acceptable par l'orthodoxie, puisque ne contredisant pas le Livre de la Genèse. Le travail que nous proposons ici n'a pas pour but de discuter les points brièvement évoqués ci- dessus. Il trouve son origine dans le travail d'Ithamar Gruenwald "A preliminary critical edition of Sefer Yetsirah" (Israel Oriental Studies 1971) dans lequel cet auteur met en regard, pour la première fois, les trois recensions habituellement reconnues dans le Sefer Yetsirah : la brève, la longue et celle de Saadia Gaon (voir plus loin "Quelques remarques pratiques sur les quatre recensions présentées). Il utilise comme texte de base le MS Vaticanus 299, qui est, selon lui "not only the best, but also the oldest manuscript existant" et qui contient la recension longue du Livre. Gruenwald, après avoir constaté que les recensions connues diffèrent essentiellement par la longueur du texte et son organisation interne, présente donc une concordance et une numérotation adaptées au Codex Vaticanus et à la séparation nette entre les versets du texte manuscrit. Dans la REJ no. 132 (1973) monsieur Nicolas Sed analyse entre autres travaux, ceux d'I. Gruenwald. Tout en appréciant cette remarquable recherche, monsieur Sed lui reproche de faire quasiment disparaitre les autres recensions, qui ont chacune leur valeur. Il exprime un souhait très clair "une édition critique représentant les trois recensions parallèlement, semble être la seule solution à retenir". Ayant réalisé, il y a quelques années, une modeste traduction de la recension courte du Sefer Yetsirah, notre désir était de reprendre celle-ci et de l'amplifier dans le cadre d'un Mémoire. Les conseils éclairés de Monsieur Charles Touati, directeur d'études à l'EPHE - Ve section- nous ont permis de prendre contact avec Monsieur Sed. La justesse et l'à propos de son souhait -exprimé ci- dessus- nous ont vite conquis. Le présent travail, partant du Mémoire cité plus haut, et l'amplifiant, essaie modestement de répondre -sans doute très partiellement- à celui-ci. 3 TABLE DES MATIERES PAGE - Avant-propos .............................................................................................................. 2 - Table des matières ..................................................................................................... 3 - Présentation du Sefer Yetsirah .................................................................................. 4 - Quelques remarques pratiques sur les quatre recensions présentées. .................... 26 - Ordre de présentation du texte ................................................................................. 30 - Conventions d'écriture ............................................................................................ 33 - Texte hébraïque des quatre recensions et traduction en français ............................ 34 - Quelques remarques sur les textes. ...................................................................... 168 - Lexique hébreu / français ...................................................................................... 186 - Concordance des termes ....................................................................................... 228 - Note sur l'Anatomie .............................................................................................. 430 - La recension brève ................................................................................................. 432 - Bibliographie ......................................................................................................... 439 4 INTRODUCTION Bien que le Sefer Yetsirah traite de quelques uns des aspects secrets ou cachés des débuts de l'univers, il ne contient rien de significatif décrivant le processus de la création, ou celui de la formation, ni même de l'émanation. En fait le texte décrit beaucoup plus l'organisation et la hiérarchie des mondes céleste et terrestre, que les débuts de ceux-ci. Telle est, du moins l'opinion d'Ithamar Gruenwald. Pour Gershom Scholem, le Sefer Yetsirah est un essai théorique sur les problèmes de cosmogonie se rattachant au groupe des écrits du Maase Bereshith, tout en étant très proche (Cf. les allusions aux Haioth) du Maase Merkavah. Il représente historiquement les textes spéculatifs les plus anciens écrits en hébreu. La méditation mystique est une des sources principales de l'inspiration de l'auteur. A l'exception de la Bible elle-même, le Sefer Yetsirah est un des ouvrages ayant été les plus commentés, ainsi que le remarque Louis Ginzberg. Peut-être à cause de la difficulté du texte même, a-t-il inspiré les exégètes de tous bords, aristotéliciens, néo-platoniciens, talmudistes ou cabalistes. Nous citerons ainsi, sans prétendre à l'exhaustivité: Saadia Gaon, Isaac Israeli, Dunash ben Tamim et Jacob ben Nissim, Sabbatai Donnolo, Yehoudah ben Barzillai, Yehoudah. ha Levi, Abraham ibn Ezra, Eleazar de Worms, Elhanan ben Yakar de Londres, le pseudo Saadia, Abraham Abulafia, le pseudo Abraham ben David (en fait, Jacob ben Shalom Ashkenazi), le Ramban, Azriel de Gérone, Yehoudah ben Nissim de Fès, Meir ibn Salomon ibn Sahulah, Samuel ibn Motot, Moise Botarel, Moise ben Yaacov ha Goleh, Moise Cordovero, Salomon Toriel, Isaac Louria, Samuel ben Elishah Portaleone, David Habillo, Eliyah ben Salomon de Vilna, Isaac Haber et Gershom Enoch ben Jacob. La lecture d'un tel florilège des penseurs du Judaïsme au cours des siècles est assez éloquente, surtout si l'on y ajoute les nombreux sages qui, faute d'un commentaire complet, en ont fait une étude approfondie. Ce fut, par exemple, le cas de Rashi ou de Hai Gaon. Nous allons donc, dans les quelques pages qui suivent, essayer de présenter l'ouvrage étudié. Nous rechercherons ainsi les opinions les plus variées, et les plus habilitées, sur les points suivants: Les origines du Sefer Yetsirah. L'auteur de l'ouvrage. Le lieu de la composition du Sefer Yetsirah Les aspects gnostiques de celui-ci. Les aspects magiques du texte. Les Sephiroth. Les vingt-deux lettres. La cosmogonie du Sefer Yetsirah. 5 LES ORIGINES DU SEFER YETSIRAH Le Sefer Yetsirah est-il une oeuvre originale, ou provient-il du collationnement de textes plus anciens? La question reste ouverte. L. Ginzberg1 affirme qu'un tel livre, encore appelé Hilkhot Yetsirah, aurait existé durant la période talmudique. C'est grâce aux pouvoirs contenus dans cet ouvrage que R. Haninah et R. Hosheayah auraient pu, chaque Shabbath, créer un petit veau qu'ils auraient ensuite dégusté. Cette histoire bien connue, rapportée dans Sanhedrin2, est également contée par Scholem3. Le livre, dont Reizenstein4 place l'origine au IIe siècle, aurait essentiellement traité du pouvoir des lettres et de leurs permutations, méthode très en usage chez les gnostiques. De cet ouvrage, un nouveau recueil, d'aspect plus rationaliste, aurait été - toujours selon Ginzberg - développé et attribué à R. Akiva. Des considérations sur Dieu et les anges y auraient ensuite été ajoutées. On peut penser qu'il s'agit du chapitre sur les Sephiroth. A. Epstein5 partage l'opinion de Ginzberg sur la datation du Sefer Yetsirah. En revanche Zunz6 et Graetz7 (celui-ci dans ses travaux les plus récents) tendent à proposer le VIIIe siècle comme date de composition, alors que Léo Baeck, voyant tout au long de l'ouvrage une influence importante de Proclus, lui assigne le VIe siècle. A. Epstein rapproche le style du livre de celui de la Michnah. Il cite8 à l'appui de ses dires des mots employés avec des sens différents de ceux d'une époque plus récente, tel חקק qui voudrait dire "créer" et non "graver, tailler" comme aujourd'hui. Epstein a conclu, lui aussi, en faveur du IIe siècle, et attribue curieusement la paternité de l'ouvrage à Elisha Ben Abouyah, le fameux Aher. Scholem, sur la fin de sa vie, confirmant ses écrits de l'Encyclopedia Judaica de 1932, penchera pour une rédaction du IIe ou IIIe siècle. Il donnera à ces affirmations des raisons linguistiques mais aussi historiques, en faisant allusion aux nombreux parallèles avec la Gnose Valentinienne, ainsi que Graetz l'avait déjà relevé. Pour I. Gruenwald9, le titre le plus ancien du Sefer Yetsirah serait « Les lettres du Patriarche Abraham, ספר אותיות דאברהם אבינו », titre auquel certains ajoutent: « Lois de la Formation, הילכות יצירה ». Gruenwald est d’avis, et ceci en accord avec Ginzberg que "Les lettres du patriarche Abraham" ne constituent en fait que la deuxième partie du livre. Il rappelle le fait, un peu occulté par Mayer Lambert, que Saadia appela l'ouvrage dont il fit un commentaire célèbre : "Livre des Origines", titre uploads/Litterature/ une-traduction-comparee-de-quatre-versio-pdf.pdf
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- Publié le Oct 05, 2021
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