La Terre est ronde mais le monde est plat. Plaidoyer pour les RNBE dans une app

La Terre est ronde mais le monde est plat. Plaidoyer pour les RNBE dans une approche universaliste. Jean-Christophe Faudot * Résumé La recherche sur les réactions nucléaires à basse énergie – RNBE - s’inscrit depuis 1989 dans un contexte géopolitique marqué par la résurgence du nationalisme au détriment de l'universalisme et des intérêts de l’humanité, laquelle souffre d’une absence quasi-totale de représentation conceptuelle, stratégique et politique. Je montre dans cet article, et dans sa présentation au congrès 2022 de la SFSNMC, comment cette situation est au cœur des problématiques non-scientifiques de la recherche sur les RNBE, impacte négativement la communication des avancées scientifiques obtenues, limite les financements escomptables, et comment un modèle universaliste réaliste et ambitieux peut changer la donne. * Note préalable. Le mot universalisme est utilisé dans cet article en tant qu’approche d’ensemble appliquée à quelque sujet que ce soit, à l’opposé d’un séparatisme compris en tant que focalisation sur les différences entre les composantes de tout objet social, qu’il soit physique, psychologique, industriel, etc. Nous proposons d’utiliser ces deux concepts pour mieux comprendre les difficultés expérimentées par la science des RNBE depuis le big bang de 1989 et en dégager des perspectives de sortie du « piège de réputation » où elle se situe depuis. * I - Introduction. La conversation entre l’un et le multiple. Au sens large comme d’un point de vue pratique, universalisme et séparatisme sont évidemment nécessaires, mais, comme souvent en ce qui concerne les activités humaines, nous entretenons entre elles une conversation complexe et parfois ambigüe, célébrant ici l’universalisme de telle doctrine pour mieux asseoir notre droit de l’imposer face à toute autre, ou célébrant là tel particularisme au nom de l’universalité de la différence ! On retrouve cette conversation et cette même difficulté en physique, science chargée de décrire et comprendre les lois d’ensemble régissant matière et énergie ainsi que les innombrables microphénomènes, processus, objets et dynamiques du monde réel. Dans cet effort multiséculaire, un consensus a été établi depuis les années cinquante du siècle dernier autour d’un modèle standard, MS, devenu dans la pratique une norme à laquelle toute approche est censée se rapporter pour être crédible. Mais de quelle norme parlons-nous ? En est-elle une d’ailleurs ? En réalité, contrairement à ce que son nom suggère, le modèle standard est la juxtaposition plus ou moins jointée de plusieurs approches, dont la chromodynamique quantique et les relativités restreinte et générale d’Albert Einstein. D’innombrables expériences confirmant tel ou tel point, un corps théorique solide, et la conviction que ce modèle n’a jamais été mis en défaut, confèrent au MS une aura remarquable. Il s’agit d’une réputation assez hâtive en réalité, mais elle est si bien ancrée dans la conscience collective qu’elle semble interdire le postulat de la fusion froide apparaissant au grand jour en mars 1989 : des fusions de noyaux nucléaires seraient opérables à basse énergie, sans émission de rayonnement dangereux, mais avec un gain énergétique. 1 Cette affirmation contredisant des éléments centraux du MS, notamment l’impossibilité de franchir à si faible énergie une « barrière de Coulomb » portée par des matériaux aux nombres atomiques si élevés, pourquoi s’intéresser aux RNBE, puisqu’elles ne sont pas possibles ? Les faits disent pourtant le contraire. De nombreuses expériences, nombreuses est même un faible mot, ont eu lieu depuis 1989, indiquant la réalité de ce gain et de ces fusions. Mais non : les observations de Pons et Fleischmann, toutes celles qui interviennent dans les mois, années et décennies qui suivirent, ne peuvent être ou n’avoir été que des erreurs de mesure, des artefacts attribuables à des erreurs d’interprétation ou de mise en place des expérimentations. La raison ? Le modèle standard interdit la possibilité d’une fusion nucléaire à basse énergie, et puis les réplications d’observations positives s’avèrent et se sont le plus souvent avérées négatives. Le Modèle Standard est un modèle ouvert. Cet article reviendra sur la confusion opérée entre évènements inattendus au regard du MS et la faible réplicabilité initiale des expériences concernées dans le domaine des RNBE. Car si la réplicabilité est essentielle au modèle industriel, elle ne l’est nullement dans l’observation de manifestations indiquant une nouvelle propriété de la nature, qui plus est d’un intérêt considérable. Intéressons-nous dans l’immédiat à l’universalité supposée du MS en tant que modèle explicatif du réel dans ses aspects premiers, structurants ? Est-ce le cas ? 1 : Fleischmann, M., Pons, S. and Hawkins, M., Electrochemically induced fusion of deuterium. J. Electroanal. Chem., 1989, 261, 301–309. 2 Eh bien, tout physicien convient aisément que les explications du MS sont loin d’être complètes, universelles, voire même éclairantes sur nombre de sujets. Incapable en réalité, en 2022, de dire ce dont un proton, un électron ou un neutron sont constitués, ce modèle explique, au mieux, 4 % du couple énergie-matière présent dans l’univers, ne sait comprendre la gravitation à l’échelle humaine ou nanophysique, hésite à savoir si les concepts de particule ou de force élémentaire sont pertinents, ne peut définir champs électrique ou magnétique autrement qu’en les décrivant, utilise, sans les expliquer, une vingtaine de constantes fondamentales ou de paramètres dits libres pour créer son assise, ou nécessite dans de nombreux territoires l’emploi d’un effet tunnel polymorphe pour tenter, mais sans succès, d’expliquer la réalité observée. Quant à dire par exemple qu’il explique 4 % du couple énergie matière lumineuse, c’est encore beaucoup dire. La masse des quarks composant les protons et neutrons représente 1 % de celle du noyau, les 99 % restant étant attribuables à des gluons, dotés d’un spin et d’une masse hypothétique, sur la nature desquels abondent conjectures et hypothèses mais aucune certitude. Ajoutons à cela que protons et neutrons se diffractent tout autant que des électrons, autrement dit qu’ils sont aussi, tout quarks, saveurs et gluons confondus, des ondes. Mais des ondes de quoi ? Près de deux siècles après la conceptualisation des champs électriques et magnétiques par Michaël Faraday, plus d’un siècle après Louis de Broglie, la question demeure. Sur un autre plan, parmi les nombreuses propriétés de l’univers décrites comme devant être admises comme telles, et résumées dans ces « variables libres » se trouve C, vitesse de la lumière dans le vide. Sa vélocité est mesurée à environ 300 mégamètres par seconde. Mais quelle est l’origine de cette vitesse ? Pourquoi pas 330 ou 270 mégamètres/seconde par exemple ? Personne n’en sait rien en réalité. Entre autres explications se trouve celle indiquant que cette vitesse correspond au produit de la permittivité électrique et de la perméabilité magnétique dans le vide. Or ces valeurs sont déterminées en fonction de C, autrement dit, par une fonction circulaire, tautologique, bref qui ne sert pas à grand-chose, et n’explique pas non plus d’ailleurs pourquoi le vide a des propriétés équivalentes à celle d’un matériau. Sur un autre point tout aussi élémentaire, pourquoi protons, neutrons, ou électrons diffractés se recomposent-ils en particules une fois l’obstacle contourné ? Cette recohérence sur laquelle le monde physique repose n’est comprise autrement que par son constat. Le fait que particule et fonction d’onde soient indissociables quoique de natures antagonistes, comme la relation entre champs électrique et magnétique, sont admis comme étant des données de départ sur lesquelles il n’y a au surplus, est-il professé, guère lieu de s’interroger. Car dans l’interprétation, qui reste dominante, de la physique quantique statistique, il n’y a pas de causalité au réel, les lois d’organisation de l’univers sont d’ordre probabiliste. Pourquoi ? Eh bien, en somme, parce que. La physique quantique est contrintuitive. Pour résumer, voire paraphraser, Richard Feynman : « C’est comme ça ! ». « This is the way we do physics » avait-il dit à Mendel Sachs, jeune professeur de Physique de l’Université de Michigan2. Certes, mais c’est aussi « renoncer à penser », analysait Louis de Broglie. Du fait de cette confusion entre validités topologiques, locales, et universalité causale du MS, seuls quelques courageux pionniers ou chercheurs indépendants travaillent sur le sujet des réactions nucléaires à basse énergie à travers le monde. Or, penser ces réactions, c’est d’abord poser la question suivante : le modèle standard interdit-il vraiment cette hypothèse ? 2 : The influence of the physics and philosophy of Einstein's relativity on my attitudes in science: an autobiography. Mendel Sachs, op. cit., pp. 201 - 233. 3 En réalité, comment pourrait-il l’interdire quand il ne peut définir matière ou énergie sombres, renonce à dire si le neutrino a une masse ou pas3, ou ne sait que décrire assez sommairement, comme on l’a vu, ces quarks et gluons des protons composant la résistance coulombienne qui, donc, « interdit » les RNBE ? Comme le rappelle Edmund Storms dans son livre de 2007, la théorie devrait suivre les observations, et non interdire celles-ci. Si les observations contredisent la théorie, c’est que celle-ci doit évoluer. Les RNBE ne sont pas incongrues. Un premier niveau de la difficulté de l’écosystème RNBE est lié à l’incongruité de l’hypothèse RNBE face à l’universalité des lois physiques connues de la chromodynamique quantique ou de la relativité restreinte. En réalité, les résultats, même uploads/Litterature/ universalisme-et-re-actions-nucle-aires-a-basse-e-nergie-24-de-c-2022.pdf

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