UNIVERSITÉ DU QUÉBEC MÉMOIRE PRÉSENTÉ À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC MÉMOIRE PRÉSENTÉ À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN ÉTUDES LITTÉRAIRES PAR NELSON GUILBERT LES LUMIÈRES DANS LE ROMAN CONTEMPORAIN MAI 2005 Université du Québec à Trois-Rivières Service de la bibliothèque Avertissement L’auteur de ce mémoire ou de cette thèse a autorisé l’Université du Québec à Trois-Rivières à diffuser, à des fins non lucratives, une copie de son mémoire ou de sa thèse. Cette diffusion n’entraîne pas une renonciation de la part de l’auteur à ses droits de propriété intellectuelle, incluant le droit d’auteur, sur ce mémoire ou cette thèse. Notamment, la reproduction ou la publication de la totalité ou d’une partie importante de ce mémoire ou de cette thèse requiert son autorisation. REMERCIEMENTS Je ne saurais assez remercier M. Marc André Bernier, mon directeur de recherche, sans qui pas une ligne de ce mémoire n'aurait été écrite. C'est lui qui m'a donné, plus que quiconque, le goût des études littéraires. Du dialogue fécond que j'ai depuis lors entretenu avec lui, a émergé l'impulsion première de ma réflexion ; par ce dialogue se sont également tracés les sentiers qu'a empruntés ma pensée. Sa lecture éclairée et son attention de tous les instants ont en outre grandement contribué à la forme que prend aujourd'hui ce travail. J'aimerais également remercier M. Michel Lacroix, qui s'est joint en milieu de parcours à titre de co-directeur, pour son grand sens critique et sa lecture minutieuse qui m'ont permis d'aiguiser ma pensée. Moult remerciements vont également à Diane, ma mère, qui a cru en cette idée folle que j'avais d'étudier la littérature. Merci enfin à Voltaire d'avoir écrit des livres. iii TABLE DES MATIÈRES Remerciements ......................... ,. '" ............. '. " .......................................................... ii Table des matières ............................................. , ........................................................... iii Introduction ................................ ..................................................................................... 1 PREMIER CHAPITRE: Dialogues ................................................................... 5 1. Le père du dialogue ............ ...... ... ... " .... '''. .. ............. 7 Rhétorique et philosophie ............................. . .. ............. 8 Rhétorique et ontologie ........ ....................................................... . .. ...... 12 2. Images de la conversation au XVIIIe siècle ............................................................. 16 Le refus inaugural ............................................................................................. 18 L'art de la politesse .......................................................................................... 21 La conversation dans les lettres ................... " .......... , ....................... , ................ 24 Rémond de St-Mard: le dialogue, forme naturelle du raisonnement ....................... 27 Voltaire: élégance et scepticisme ................ .. . .......................... '" ................ 29 Diderot: l'écriture comme «entretien avec soi-même» ......................................... 33 3. Ad infinitum ..................................... ...................................................................... 39 Un vaste réseau ................... . .............................................................. .40 Le signe comme bien commun........................ .. ....................................... .42 Le monologisme existe-t-il?.............................................. . .......................... .44 Le roman monophonique ................................................................................. 46 iv DEUXIÈME CHAPITRE: Résonances ............... . . ......................... 52 1. Un genre polymorphe et polyphonique ........... . . ......................... 54 Fiction et mémoire ........................... . . ....... 54 Ironie et sagesse ...... . ...... 58 2. Le Baron perché: «le philosophe qui vit sur les arbres» ...... . Le Vertébré raisonnable ............................................. , ...... , ........ . . ..... 65 . .. 66 Un conte philosophique? .................................................. , ............. " ..... . . ....... 69 L'ironie ou la vélocité ..................................................................... , ................... 70 Vu de là-haut ............................................................ , ...... , .................... , ............ 72 Un monde sans arbres ................................................... , ................................. 74 3. Le nouveau Candide: imitation d'une plume acérée ................................................ 74 4. Le Parfum: rhétorique de l'Enscentment ................................................................ 77 Des Lumières aux Parfums ................................................ , ................................. 79 Une critique du rationalisme? .......................................... . ........................... 83 5. La Secte des égoïstes: de la mémoire à la fiction ................................................... 84 Une bibliographie contrefaite ................................................... , .................... , ...... 85 Égoïsme, scepticisme, fiction ................................................................ , ............. 88 6. La Lenteur: quand Vincent rencontre le Chevalier..... ....... ....... .... ................89 Contrepoints. .............. ................. .......................................... . .......................... 90 Rencontres silencieuses... .... . ........................................... , ............ 93 Conclusion ................................................................................................................... 97 Bibliographie ................................................................. " ..... , .................... , .................. 103 INTRODUCTION Pour parler des Français, Voltaire a eu un jour cette définition.' «[. . .] un composé d'ignorance, de superstition, de bêtise, de cruauté et de plaisanterie». Qui ne voit qu'on pourrait, désormais, l'appliquer à l'humanité entière? Philippe So/lers 1 Depuis environ une vingtaine d'années, une part considérable de la production culturelle a pris le parti de revisiter le XVIIIe siècle français, siècle des philosophes et des libertins, siècle des salons et de la République des Lettres, siècle des Lumières et de la raison. En effet, une liste compilée par la Société canadienne d'étude du dix-huitième siècle regroupe, sous la bannière «Les Lumières dans la culture contemporaine», au-delà de cent romans, près de cinquante pièces de théâtre, et plus de cent cinquante films2. Comment expliquer ce goût marqué pour le XVIW siècle? Qu'est-ce qui le motive, quels sont ses enjeux? Comment ce dialogue avec les Lumières s'organise-t-il, se 1 SOLLERS, Philippe, «Voltaire, aujourd'hui», Liberté du XVllr, Paris, Gallimard, 1996, p. 163. 2 La liste, «qui ne prétend à aucune exhaustivité», comprend 109 romans, 44 pièces de théâtre, 154 films, ainsi qu'un grand nombre d'émissions de télévision, d'essais, etc. Voir SCEDHS, «Les Lumières dans la culture contemporaine», 1999, [http://c18.netlscedhs- csecs/exemples.tdm.html]. 2 construit-il, se définit-il? Ce sont ces questions qui orienteront ma démarche, laquelle portera plus précisément sur les rapports qu'entretient le roman contemporain avec le XVIIIe siècle. Que doit-on entendre ici par l'expression «roman contemporain»? J'entends par là le roman européen des vingt dernières années; l'adjectif «européen», par ailleurs, doit être envisagé au sens où l'entend Milan Kundera à la suite d'Edmund Husserl, c'est-à-dire «l'identité spirituelle qui s'étend au- delà de l'Europe géographique (en Amérique, par exemple) et qui est née avec l'ancienne philosophie grecque3». " sera plus précisément question ici de cinq romans, qui sont à bien des égards exemplaires de la pratique contemporaine, tant par le travail de la mémoire auquel ils se livrent que par leur dimension ironique et polyphonique. Sous plusieurs aspects, ces romans correspondent, en outre, à une esthétique que la critique a souvent qualifiée de «postmoderne», dans la mesure où ils font du métissage, de l'hétérogénéité et des pratiques intertextuelles leurs principaux ressorts. Le Baron perché d'Italo Calvino, Le nouveau Candide de Dominique Jamet, Le Parfum de Patrick Süskind, La Secte des Égoïstes d'Éric-Emmanuel Schmitt et La Lenteur de Milan Kundera: voilà les cinq romans dont nous proposons l'examen, et la diversité de leur origine nationale permettra de mettre en évidence la dimension européenne du rapport contemporain aux 3 KUNDERA, Milan, L'art du roman, Paris, Gallimard, 1986, p. 13. 3 Lumières françaises. De fait, qu'il s'agisse d'un auteur français, tchèque, italien ou allemand, le rapport avec les auteurs et les œuvres du XVIIIe siècle, bien que variable dans la forme, participe d'un même esprit. Si ces cinq romans, par ailleurs, sont assez représentatifs du reste de la production romanesque des mêmes auteurs, le dialogue avec les Lumières leur confère une couleur particulière: si La Lenteur, par exemple, reconduit l'esthétique polyphonique de Kundera, cette œuvre constitue un «roman-limite» «où aucun mot ne serait sérieux4» ; si Le Baron perché participe du goût de Calvino pour l'onomastique et les jeux narratifs, il met également en scène, on le verra, une galerie de personnages bizarres dont le caractère ridicule est souligné par l'ironie. Notre parcours se fera en deux temps. En premier lieu, on esquissera les contours d'une définition du dialogue à l'âge classique, en observant d'abord en quoi celui-ci se démarque d'une conception platonicienne du dialogue comme maïeutique, puis en quoi il participe d'un art de la conversation mondaine. Cultivé et pratiqué dans les salons de l'Ancien Régime, cet art, d'abord inscrit sous le signe du refus du jargon de l'École et du divertissement, sera investi par une réflexion rhétorique, philosophique et moraliste, si bien que la conversation, promue au statut de modèle par excellence du loisir lettré, jouera un rôle essentiel dans la littérature et la philosophie des Lumières. On relira ensuite la pratique classique du dialogue à 4 RICARD, François, «Le roman où aucun mot ne serait sérieux: Notes sur La Lenteur de Milan Kundera», Miscellanées en l'honneur de Gilles Marcotte, Montréal, Fides, 1995, p. 245. 4 partir du concept bakhtinien de dialogisme, lequel nous permettra également d'envisager la forme romanesque, en particulier le roman contemporain qui donne une place centrale au travail de la mémoire, aux discours ironiques et polyphoniques. Ce tableau général nous permettra, dans un deuxième temps, de lire les cinq romans dans la perspective d'un dialogue entre les siècles, afin de montrer la nature et les enjeux de ce dialogue, les mécanismes selon lesquels il est construit et les problématiques qui l'animent. On verra en outre, en traversant ces romans, dans quelle mesure s'opère une convergence entre un phénomène général et occidental de redéfinition du rapport à la vérité, à l'histoire, au langage, et un lieu de mémoire incontournable dans la pensée du dialogue et du scepticisme : l'esprit des Lumières, tel que l'incarne la dimension intensément dialogique du dialogue classique. 5 PREMIER CHAPITRE Dialogues On dit généralement du XVIIIe siècle que c'est le siècle des Lumières, de la philosophie, de la raison; mais c'est aussi le siècle par excellence de la conversation et du dialogue uploads/Litterature/ universite-du-quebec.pdf
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- Publié le Nov 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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