Title Mishima ou la Vision du vide de Marguerite Yourcenar Sub Title Author 平松,

Title Mishima ou la Vision du vide de Marguerite Yourcenar Sub Title Author 平松, 尚子(Hiramatsu, Naoko) Publisher 慶應義塾大学フランス文学研究室 Publication year 2000 Jtitle Cahiers d'études françaises Université Keio (慶應義塾大学フランス文学研究室紀要). Vol.5, (2000. ) ,p.61- 71 Abstract Notes Genre Departmental Bulletin Paper URL https://koara.lib.keio.ac.jp/xoonips/modules/xoonips/detail.php?koara_id=AA11413507-2000000 0-0061 慶應義塾大学学術情報リポジトリ(KOARA)に掲載されているコンテンツの著作権は、それぞれの著作者、学会または出版社/発行者に帰属し、その権利は著作権法によって 保護されています。引用にあたっては、著作権法を遵守してご利用ください。 The copyrights of content available on the KeiO Associated Repository of Academic resources (KOARA) belong to the respective authors, academic societies, or publishers/issuers, and these rights are protected by the Japanese Copyright Act. When quoting the content, please follow the Japanese copyright act. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Mishima ou la Vision du vide de Marguerite Yourcenar Naoko TSU Yukio Mishima est l'auteur japonais qui est le plus proche de Marguerite Yourcenar, ce dont témoignerait son essai Mishima ou la Vision du vide('). Pour sa publication en octobre 1981, il a fallu à l'écrivain un travail long, voire difficile et complexe. En effet, elle énumère d'emblée plusieurs difficultés qui produisent de possibles malentendus : la difficulté de traiter d'un écrivain contemporain appartenant à une civilisation différente, et d'appréhender l'oeuvre où ces deux cultures se mélangent en des proportions variées. La complexité de la vie même de l'écrivain accroît encore cette difficulté d'interprétation. Malgré tout, Yourcenar relève ce défi et mène cet essai au terme. Qu'est-ce qui l'attire vers Yukio Mishima, auteur assez énigmatique. Pourquoi Mishima ? L'attention de Marguerite Yourcenar à l'écrivain japonais remonte sans doute aux années soixante-dix. Si nous en jugeons d'après la lettre datée du 12 août 1974, adressée à René Etiemble, sa première lecture de la tétralogie de Mishima est de peu antérieure à cette date : J'ai lu dernièrement les deux premiers romans de la tétralogie de Mishima, que j'ai trouvés extrêmement savoureux, en dépit ou à cause d'une certaine gaucherie.(2) Comment et pourquoi Marguerite Yourcenar est-elle attirée par Yukio Mishima ? Nous donnons d'emblée la réponse la plus banale, la plus forte et la plus persistante ; son suicide rituel l'agita. Le japonologue perspicace, traducteur et ami de Mishima, Donald Keene affirme ; Sa mort spectaculaire, le 25 novembre 1970, a rendu Yukio Mishima célèbre auprès d'un bon nombre de personnes qui ne s'étaient guère, jusque-là, intéressées à la littérature japonaise. [...] Les plus touchés par le suicide de Mishima sont peut-être, paradoxalement, des non-Japonais qui déplorent la fin des traditions japonaises et ont été impressionnés par le fait qu'un homme, au sommet de sa -61- carrière, se supprime dans l'espoir de rappeler à ses concitoyens la valeur de ce qu'ils ont perdu.m Puisque l'image atroce du seppuku est très peu familière dans la culture et l'histoire occidentales, il n'est pas surprenant que le choc persiste plus fortement chez les Occidentaux que chez les Japonais. Et d'après la remarque de Keene, on peut aller jusqu'à dire que la mort de Mishima a "revivifié" l'ardeur de Yourcenar envers la culture japonaise. En effet, depuis « Le Dernier Amour du prince Genghi », paru premièrement en 1937, la japonité n'apparaît plus explicitement dans son oeuvre, mais seulement par l'influence sous jacente.(4) Tsutomu IWASAKI, un des traducteurs majeurs de l'oeuvre yourcenarienne en japonais, nous révèle son entretien personnel avec l'écrivain, qui s'est tenu à Paris juste six mois après la mort de Mishima. D'après lui, elle aborda le sujet de l'écrivain japonais en disant qu'elle avait entendu parler de son appréciation concernant les Mémoires d'Hadrien. Pour elle aussi, son suicide restait peut-être assez énigmatique. Elle semblait avoir du mal à comprendre comment pourraient se concilier l'estime de Mishima pour Mémoires d'Hadrien et ses "idées de droite" montées en épingle par les presses française et américaine, bref, sa mort dramatique. Son embarras se lisait sur son visage. [... ] Si j'ai raconté longuement mon souvenir personnel, c'est parce que l'intérêt de Yourcenar pour Mishima réside d'abord dans sa mort et elle reste centrale même après avoir fouillé tous les "pourquoi."(5) Répétons que la mort suicidaire de Mishima agita Yourcenar. Cette hypothèse n'est pas si triviale. Pour elle, le seppuku de Mishima a dû avoir plus de significations que l'unique image sanglante. Car, elle avait fait choisir à Zénon la mort volontaire dans L'OEuvre au Noir, paru en 1968, deux ans avant le suicide de Mishima et l'Hadrien des Mémoires est assailli de la même tentation. La mort et le suicide sont des sujets privilégiés chez Yourcenar. En dehors de l'oeuvre littéraire, deux ans après la mort de Mishima, le 21 septembre 1972, Henri Millon de Montherlant aussi, envers qui Yourcenar ne ménagea pas son admiration, mit . f n à ses jours. -62- Le suicide. Zénon, Mishima, Montherlant (mort le 21 septembre 1972, il y a 5 jours - j'écris ceci le mardi 26, 1972). Le corps déchiré, ouvert, libérant l'âme. (Mishima mort en novembre 1970. Sa dernière entrevue, dans Le Figaro, je crois, publiée après sa mort, mentionnait Mémoires d'Hadrien.)(6) De toute évidence, Mishima a sa place dans la thématique macabre de Yourcenar. Il serait donc naturel que sa première rencontre avec Mishima se soit faite par l'intermédiaire de sa mort et que cette attirance du gouffre ait mené l'écrivain vers les abords de Mishima ou la Vision du vide. De « La Noblesse de l'échec » à Mlshbna ou la Vision du vide Avant l'essai sur Mishima, Yourcenar rédigea un article qui s'intitulait « Le Japon de la mort choisie », paru des L'Express du 23 au 29 février 1980. Il s'agit d'une présentation critique de l'ouvrage du japonologue anglais Ivan Morris, La Noblesse de l'échec(7). Il sera repris plus tard dans Le Temps, ce grand sculpteur, sous le titre même de l'ouvrage. Le livre de Morris ainsi que la rédaction de l'article, qui lui prit deux mois, étaient sans aucun doute fort utiles à Yourcenar pour l'approfondissement de sa connaissance de l'histoire mentale des Japonais. En effet, cette influence se retrouve partout dans Mishima ou la Vision du vide. Ce qui nous importe le plus dans ce bref article, c'est son interprétation de la mort de Mishima, qu'elle considérait alors comme "cet étrange grand écrivain". Yourcenar revalorise la mort de Mishima dans la lignée de la tradition sinistre des samouraïs du Japon d'antan. Que ce feu [de l'antique esprit samouraï] ait continué à. brûler sous la cendre est prouvé par le suicide admoniteur et protestataire de Mishima, également prévu et calculé dans ses moindres détails(8 Cette conception pour le suicide rituel reste intacte dans Mishima ou la Vision du vide : La façon dont chez Mishima les particules traditionnellement japonaises ont remonté à la surface et explosé dans sa mort fait de lui, par contre, le témoin, et au sens étymologique du mot, le martyr, du Japon héroïque qu'il a pour ainsi dire rejoint à contre-courant.(9) -63- Ces deux textes ont donc permis à l'écrivain de réévaluer la mort de Mishima dans l'histoire et la tradition de l'esprit japonais. Comment parler de Mishima ? Dans Mishima ou la Vision du vide, l'approche est extrêmement enchevêtrée. En effet, la théorie littéraire de Yourcenar interdit de confondre l'homme et l'oeuvre. La vérité centrale appartient à l'oeuvre. Bien sûr, on pourrait aller jusqu'à considérer la mort minutieusement préparée de Mishima comme son oeuvre ultime, mais cette équivalence n'est concevable que si la mort de Mishima est perçue hors le monde réel. Peut-on l'affirmer, ou tant au moins préciser les contours de cette ambiguïté consubstantielle au suicide de Mishima ? Quant à Yukio Mishima, on ne saurait évoquer l'oeuvre en ignorant l'homme. C'est la raison pour laquelle « Inévitablement, un équilibre instable s'établit entre l'intérêt que nous portons à l'homme et celui que nous portons à ses livres.('0) » Et c'est parfois dangereux, car la vie de Mishima est très riche en matières diverses la présence de sa grand-mère réputée excentrique, ses penchants à l'homosexualité, la culte du corps à travers le "body-building", la publication d'un album photographique dans lequel il se montre nu, des activités politiques mêlées à tout cela, et le seppuku, pour comble de scandale. Ainsi le critique risque de tourner au psychanalyste amateur. Yourcenar en était bien consciente et se méfiait de la « psychologie de drugstore(11) ». Bien qu'elle nous fournisse un matériel sommaire de la biographie de Mishima, elle ne prétend pas pour autant en déduire la vérité de l'oeuvre. Par ailleurs, elle affirme que la plupart des épisodes constituant la vie de Mishima apparaissent dans sa demi-autobiographie, Confession d'un masque. Cependant, elle récuse la critique quand elle tient pour authentique l'image romanesque de la grand- mère. Ce serait d'après Yourcenar, un tableau factice voulu par Mishima lui- même. La folie, la décomposition lente, et l'amour désordonné d'une vieille femme malade sont au contraire ce qu'un poète irait chercher dans cette vie de poète, un premier tableau en pendant à celui, bref et brutal, de la mort.( 12) -64- Yourcenar ne se laisse pas abuser par le "masque" de Mishima et ne permet pas qu'on identifie l'homme à l'oeuvre. Avec le soutien de la même théorie, elle nous reproche l'intérêt que l'on porte au personnage. Nous tendons tous à tenir compte, non seulement de l'écrivain, qui, par définition, s'exprime dans uploads/Litterature/ yourcenar 1 .pdf

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