Jacques Le Goff Les intellectuels au Moyen-Âge La thèse : Grâce à la notion d’i
Jacques Le Goff Les intellectuels au Moyen-Âge La thèse : Grâce à la notion d’intellectuel : « l’intérêt de déplacer l’attention des institutions vers les hommes, des idées vers les structures sociales, les pratiques et les mentalités, de situer le phénomène universitaire médiéval dans la longue durée. » p.II Depuis les études sur les intellectuels ont fleuri: « la division du travail, la ville, des institutions nouvelles, un espace culturel commun à toute la chrétienté et non plus incarné dans le morcellement géographique et politique du Haut Moyen Age, voilà les traits essentiels du nouveau paysage intellectuel de la chrétienté occidentale au tournant du XII au XIII e siècle. » p.III Le lien avec la ville : essentiel pour la construction du modèle de cet intellectuel médiéval. Clivage entre école monastique et école urbaine ouverte à tous, en principe. N’a pas montré l’attraction du monde universitaire sur le milieu monastique. Citadins, les nouveaux intellectuels, sont les hommes de métier. A laissé de côté l’aspect révolutionnaire de l’université comme terreau de recrutement des élites gouvernantes. L’Occident n’avait connu que la naissance, la richesse ou le tirage au sort (Antiquité). Or Le Goff attire l’attention sur les études consacrées aux étudiants « pauvres », et à la possibilité de l’ascension sociale par l’examen. Cite les travaux de Michel Mollat, qui étudie le cas particulier de la pauvreté universitaire. Aujourd’hui une perspective comparatiste ouverte avec le modèle chinois. Au terme de cette ascension sociale : le pouvoir. Les intellectuels se mettent au service de l’État ou de l’église, alimentant les rangs des « hauts fonctionnaires ». Mais la liberté universitaire est le terreau aussi des critiques, dont la limite est l’hérésie. Regrette de ne pas avoir consacré plus de place à la tripartition des pouvoirs : Sacerdotium, regnum, studium. Ou à la comparaison avec la trinité de Georges Dumézil. Cite Rutebeuf à l’époque de Saint Louis « Je ne suis pas ouvrier des mains ». Le travail intellectuel : « union de la recherche et de l’enseignement ». Avoue avoir privilégié les figures de proue et avoir écarté les compilateurs, les vulgarisateurs. Explique ses limites et justifie ses choix – qui sont pour lui ces intellectuels médiévaux ? A écarté ceux qui ont compilé, ceux qui ont créé des universités comme Robert de Sorbon (qui lègue sa bibliothèque, la plus importante du 13e) . Regertte de ne pas avoir pu parler de Dante ou de Chaucer. Regrette aussi de ne pas avoir parlé du bas de l’échelle sociale ; des notaires, des grammairiens, des avocats, des juges, de certains hommes d’Église, qui ont été les artisans de la révolution de l’écrit et de la montée en puissance des villes. Trois domaines très étudiés depuis la parution de son live : la documentation, ( qui permet de mieux cerner les centres universitaires mineurs) le domaine du quotidien – une anthropologie des intellectuels médiévaux se construit le rôle des universités dans la politique – « l’Université comme pouvoir, comme pouvoir politique s’affirme » Avoue avoir caricaturé le Haut Moyen Age. Parle aussi des travaux de Jacques Verger sur les universités à la fin du Moyen Age – qui amènent à réviser l’idée de l’opposition trop tranchée développée par Le Goff entre la scolastique et l’humanisme. Se rend compte des nouveaux travaux qui soulignent le rôle des universités dans la diffusion de l’imprimerie. Introduction de 1957 : Définition de l’intellectuel : « désigne un milieu aux contours bien définis : les maîtres des écoles. Il s’annonce dans le Haut Moyen Age, se développe dans les écoles urbaines du XIIe siècle, s’épanouit à partir du XIIIe dans les universités. » « Il désigne ceux qui font métier de penser et d’enseigner leur pensée. » Écarte les mots « clerc », mais aussi « Philosophe » – terme utilisé pourtant à l’époque. Ce livre pourrait avoir comme sous-titre : « Introduction à une sociologie historique de l’intellectuel occidental ». p.4 Du coup ni les mystiques enfermés dans les cloitres, ni les chroniqueurs éloignés du monde des écoles ne vont apparaitre dans ce livre. Dans la fin de l’introduction, il cite Dante pour montrer que la fin du Moyen Age, comme la Renaissance et l’humanisme, vont puiser à toutes les sources des courants de pensées développées par les intellectuels médiévaux : « D’horizons différents, Dante les réconcilie, en mettant dans son Paradis les 3 figures d’intellectuels du XIIIe : Saint Thomas, Saint Bonaventure, et Siger de Brabant. » 1. NAISSANCE DES INTELLECTUELS : LE XIIE Naissance liée à l’essor des villes et la demande du monde musulman – où les villes se sont constituées plus tôt – Tunis, Damas, Bagdad, Cordoue. Le Goff remet en cause ce que l’on a appelé « la renaissance » carolingienne, en montrant qu’à l’époque mérovingienne il eut plus d’écoles monastiques qui diffusaient la science aux paysans. Les livres, magnifiquement ornés sont alors fait plus pour être enfermés dans les trésors que pour être lus. « Un bien économique plutôt que spirituel ». Pour les copieurs, c’est une œuvre de pénitence plutôt que curiosité intellectuelle. « La renaissance carolingienne au lieu de semer, thésaurise » p.14 L’importance de l’Antiquité au XII : les clercs s’appellent les Modernes, mais ne réfutent pas les Anciens, au contraire, s’appuient sur eux. Bernard de Chartres : « Nous sommes les nains juchés sur les épaules des géants. Nous voyons ainsi d’avantage et plus loin qu’eux. » p.17 – l’apport gréco-arabe : « Avec les épices et la soie, les manuscrits apportent à l’Occident chrétien, la culture gréco-arabe. » p.19 L’arabe est l’intermédiaire. Les œuvres d’Aristote, Euclide, Ptolémée, Hippocrate, ont suivi en Orient les hérétiques et les Juifs persécutés par Byzance – les bibliothèques musulmanes les ont accueillies. Rôle des traducteurs – « ce sont des pionniers de cette Renaissance. » Travail d’équipe. L’une est connue – celle formée par Pierre le Vénérable, l’abbé de Cluny pour la traduction du Coran. Pour combattre le musulman non sur le terrain militaire, mais intellectuel. Mais surtout : traduction d’Aristote, l’introduction de l’arithmétique (tout début 13e : Léonard de Pise introduit les chiffres dits arabes) et traduction d’Avicenne. Prend l’exemple de Paris, bénéficiant du prestige grandissant de la monarchie capétienne : l’école cathédrale sur l’île de la Cité et, de plus en plus, la rive gauche où les étudiants jouissent d’une plus grande liberté – la Montagne Sainte-Geneviève, rue de la Boucherie, rue de Garlande. Paris connu pour l’enseignement de la théologie, puis de plus en plus – la dialectique. Paris Jérusalem pour les uns, pour d’autres la nouvelle Babylone, lieu de perdition (Saint Bernard).. Les premiers intellectuels libres penseurs – les goliards. On ne connait pas l’étymologie de ce mot. Peu d’informations sur eux, mais nous avons quelques infirmations biographiques, des recueils de poésies et des textes contemporains qui les condamnent ou les dénigrent. Pour eux, Paris est « le paradis sur terre, la rose du monde, le baume de l’univers ». Étudiants pauvres, vagabonds, ils suivent le maître qui leur plait. Chantent le jeu, le vin, l’amour. Irrévérencieux, critiques de la société, auteurs de poésie licencieuses, ils préfigurent les libertins. Premier intellectuel issu des goliards – Pierre Abélard. Pour Le Goff, il est la première figure de l’intellectuel moderne, le premier professeur. P.40 Breton des environs de Nantes, il est « le chevalier de la dialectique » selon Paul Vignaux. Il s’attaque à Paris au plus illustre des maitres : Guillaume de Champeaux. Après sa victoire, il s’établit sur la Montagne Ste Geneviève, là où le vieux maitre enseignait.Après la logique, il s’attaque à la théologie et combat Anselme. En 1118 l’aventure avec Héloïse, l’émasculation lui font trouver refuge à l’abbaye de Saint Denis puis à Nogent-sur -Seine où il donne des cours. Figure opposée : Saint Bernard – mystique, reclus, choix de la force et de la croisade, voix de la Chrétienté à la fin de sa vie, donne les ordres aux Papes, grand inquisiteur avant la date. Son second : Guillaume de Saint Thierry. Condamnent Abélard dont les livres sont brûlés. Abélard a d’abord été le grand champion de la dialectique avec son Manuel de Logique pour débutants. C’est aussi un moraliste avec son Éthique ou connais-toi toi-même. Voudrait allier la foi à la raison. Chartres : le grand centre scientifique du siècle. « esprit de curiosité, d’observation, d’investigation qui, alimenté par la science gréco-arabe, va rayonner ». p.53 Le représentant le plus célèbre de cette école : vulgarisateur talentueux – Honorius dit d’Autun, résume l’esprit chartrain : « L’exil de l’homme, c’est l’ignorance ; sa patrie, c’est la science. » Se mettent en place des mythes des savants : Salomon le sage, Alexandre le Chercheur, Virgile qui aurait annoncé le Christ. Esprit de recherche qui s’oppose selon Le Goff à l’esprit rationnel, un divorce qui pèsera lourd sur la science médiévale. Esprit rationnel : la base est la foi en la toute-puissance de la Nature. L’esprit chartrain place l’homme au cœur de sa science, de sa uploads/Litterature/jacques-le-goff-les-intellectuels-au-ma.pdf
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- Publié le Mar 08, 2021
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