L’enfant unique, à élever avec précaution Gâté, l’enfant unique ? Pas forcément

L’enfant unique, à élever avec précaution Gâté, l’enfant unique ? Pas forcément. En raison de l’absence de frère et sœur, il peut être confronté à des problèmes spécifiques qui risquent de peser sur son avenir. Etre le seul objet d’amour de ses parents n’est jamais anodin. Egoïste, asocial, fragile, immature… L’enfant unique a longtemps souffert d’une mauvaise réputation. Pourquoi ? Probablement pour des raisons politiques et démographiques. «Au lendemain des deux guerres mondiales, il fallait impérativement repeupler la France ! Il importait donc de persuader les parents que, pour la santé mentale de leur enfant, ils devaient obligatoirement en concevoir au moins un deuxième», analyse Daniel Gayet, philosophe. Les années 70 ont apporté un revirement des mentalités. «Tout ce qui a pu être dit sur l’enfant unique reposait sur des jugements moraux et non sur des données scientifiques», commente le psychologue Jean-Pierre Almodovar. Toutefois, si l’enfant unique n’a pas une personnalité type due au manque de frère et sœur, il n’en demeure pas moins confronté à des problèmes spécifiques. En effet, être l’unique objet d’amour de ses parents n’est pas anodin. Certes, l’enfant unique bénéficie de ce bonheur inouï d’avoir ses parents pour lui tout seul, mais cet avantage peut s’accompagner d’inconvénients dommageables à son épanouissement. Seule l’attitude des parents fixera le destin de l’enfant. L’enfant divin sous contrôle Au centre de toutes les attentions, l’enfant unique est souvent surprotégé. « Ce qui lui confère un profond sentiment de sécurité et une impression de toute-puissance », observe Varenka Marc, psychanalyste pour enfants. Cependant, héros du cercle familial, il hésite parfois à s’aventurer à l’extérieur, de peur d’être remis en question. Si ce mode de fonctionnement persiste dans sa vie d’adulte, il représentera un véritable handicap tant sur le plan social que sur le plan sentimental. De plus, la surprotection des parents s’accompagne souvent d’une extrême exigence et d’un contrôle permanent de leur part: «Où vas-tu, avec qui, pourquoi?» Toutes les peurs étant concentrées sur le même enfant, éducation flirte avec intrusion: «Dès que j’arrivais chez des copains ou que je sortais d’une séance de cinéma, je devais téléphoner à ma mère et affronter les railleries des amis qui me trouvaient trop couvée, se souvient Anne-Laure. Mes parents redoutaient toujours qu’il m’arrive quelque chose. Ils ont été jusqu’à m’empêcher d’aller en classe de neige: j’aurais pu me blesser, ou pire… ! Je leur en veux encore. J’ai, aujourd’hui, 28 ans et ma mère continue de m’appeler tous les jours. Je n’ose toujours pas lui dire de me laisser enfin en paix. » Seul face aux parents Très entouré par ses parents qui l’accompagnent dans ses activités quotidiennes (jeux, travail scolaire, discussions…), l’enfant unique connaît aussi la solitude et, parfois l’ennui, la tristesse. Ce paradoxe le fait mûrir plus vite : participant directement à la vie des adultes, il se consacre tôt à des activités plus intellectuelles, comme la lecture, par exemple. Cette maturité précoce peut être aussi le résultat de la charge morale et psychologique que représentent parfois les parents. Xavier raconte : « Pris comme confident par ma mère, j’ai su très vite tout se qui se passait entre elle et mon père, tant à propos de leurs conflits intimes que de leurs déboires professionnels. Ne pouvant plus supporter ce rôle de médiateur, j’ai quitté la maison à 17 ans et interrompu mes études. A 35 ans, je reste le porte-parole du couple. Même divorcés, ils continuent de m’impliquer dans une histoire qui n’est pas la mienne. J’aimerais les envoyer balader mais je culpabilise trop pour ça. Je regrette de ne pas avoir de frères et sœurs pour partager ce fardeau et prendre un peu de recul.» Un lien trop exclusif avec maman La situation de l’enfant unique devient particulièrement délicate lorsqu’il se retrouve seul avec un des deux parents, le plus souvent la mère. Cette dernière, totalement accaparée par son enfant, est tentée de construire avec lui un lien exclusif. De cette trop grande proximité peut naître une confusion des rôles, notamment lorsqu’il s’agit d’un garçon. Les conséquences possibles ? Un fils qui reste dans le giron de sa mère par peur de la vie, cumulant les échecs sentimentaux (car aucune femme ne saurait rivaliser avec maman). Pour les filles, les risques se posent en d’autres termes. S’identifiant totalement à leur mère, elles deviennent son miroir, le reflet de ses désirs inconscients et il n’est pas rare qu’à l’adolescence mère et fille deviennent les pires rivales. « La seule solution que trouve l’adolescent pour se détacher de sa mère et acquérir son autonomie est le conflit », explique Chantal de Corbière. Personne à qui se confronter «La fratrie a un rôle déterminant dans l’épanouissement de l’enfant», affirmait Donald Winnicott, célèbre pédiatre et psychanalyste anglais. Elle lui donne le sens du jeu et la possibilité d’interpréter différents rôles, l’aide à développer sa créativité et sa spontanéité, lui permet d’exprimer son agressivité et lui apprend à la canaliser… Ce qui le prépare à la vie en société. L’absence de frères et sœurs à la maison va donc provoquer des réactions différentes selon l’enfant. L’un va chercher une fratrie à l’extérieur de la famille. Un autre se sentira décalé et démuni face, notamment, à l’inévitable concurrence scolaire. Peu habitué à partager l’attention des adultes, il souffrira de ne pas nouer, avec l’enseignant, un lien privilégié. Peu entraîné à l’émulation, il manquera, une fois adulte, d’agressivité dynamique et positive. N’ayant pas eu, plus tôt, l’occasion de se mesurer à autrui, il sera victime d’un sentiment d’infériorité, note Christine Brunet, psychologue. Comment élever un enfant unique ? Le plus important : ouvrir la famille vers l’extérieur, conseillent les psys. L’histoire de Justine, 8 ans, en témoigne : « Elle avait la phobie des insectes, raconte Angélique Hirsch-Pellissier, psychothérapeute. J’ai demandé aux parents s’ils avaient des visites, recevaient des amis. La question leur a paru étrange. Non, ils ne recevaient jamais personne. En fait, les insectes étaient symboliquement les seuls êtres vivants à pénétrer dans la maison et Justine en avait très peur. Du jour où les parents ont commencé à inviter du monde à la maison, sa phobie a disparu. » Une scolarisation précoce, si elle est bien vécue par l’enfant, peut également l’épanouir. Inviter régulièrement cousins, cousines, petits copains à la maison est un bon moyen de confronter l’enfant à ses pairs. De même, les colonies de vacances, les clubs de plage, clubs sportifs et associations culturelles. Mais attention. Pas question d’aller à l’encontre de la personnalité de l’enfant, insiste Sylvie Angel, psychiatre et thérapeute familiale : « Il faut respecter les caractères, les passions et les intérêts de chacun. Certains sont plus introvertis et sélectifs, appréciant la lecture, le piano ou Internet, alors que d’autres préfèrent les boums entre copains, les sports collectifs et les colonies de vacances. L’essentiel, c’est que l’enfant se sente bien. » Les mères qui élèvent seules leur enfant doivent s’interroger: se préservent-elles un temps pour elles ? Ont-elles conservé une vie intime ? Elles ont en tout cas besoin d’un relais extérieur au duo familial. C’est le père qui, traditionnellement, joue ce rôle fondamental de tiers séparateur. « Même s’il est absent, il faut parler de lui et le faire exister dans la tête de l’enfant », précise Chantal de Corbière. Les grands-parents jouent aussi un rôle important, à condition qu’ils ne se substituent pas aux parents, de même qu’une personne extérieure à la famille: un étudiant, par exemple, qui fait travailler l’enfant à la maison. Et dans le cas d’une famille recomposée, situation de plus en plus fréquente ? Comment continuer à se considérer comme unique quand la nouvelle compagne de son père amène à la maison ses propres enfants et que demi-frères ou demi-sœurs naissent ? Cette transformation de la structure familiale provoque souvent des difficultés chez l’enfant qui a du mal à se situer dans la constellation familiale. La recommandation de Sylvie Angel: «Rester à l’écoute de l’enfant, être attentif à ses réactions et préserver un lien personnalisé avec lui.» http://www.psychologies.com/Famille/Education uploads/Management/ elever-les-enfants-l-enfant-unique-2.pdf

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  • Publié le Dec 27, 2022
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