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HAL Id: halshs-01513293 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01513293 Preprint submitted on 24 Apr 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial| 4.0 International License De l’information à la communication Saïd Tasra To cite this version: Saïd Tasra. De l’information à la communication . 2017. halshs-01513293 De l’information à la communication Saïd TASRA Page 1 sur 22 De l’information à la communication Saïd TASRA said.tasra@usmba.ac.ma Laboratoire de recherche en Langues, Littérature, Communication et Didactique (2LCD) Faculté des Lettres et des Sciences humaines Université Sidi Mohamed Ben Abdellah Fès-MAROC LE MESSAGE La porte que quelqu’un a ouverte La porte que quelqu’un a refermée La chaise où quelqu’un s’est assis Le chat que quelqu’un a caressé Le fruit que quelqu’un a mordu La lettre que quelqu’un a lue 10 La chaise que quelqu’un a renversée La porte que quelqu’un a ouverte La route où quelqu’un court encore Le bois que quelqu’un traverse La rivière où quelqu’un se jette L’hôpital où quelqu’un est mort. Jacques Prévert, Paroles, Gallimard, coll. « Folio », 1949, p. 190 La parole et l’écriture, comme moyens de communication, ont une portée limitée aussi 20 bien dans le temps que dans l’espace. La parole s’envole : elle disparaît aussitôt qu’elle a été émise et, de surcroit, elle « ne crée qu’une unité à l’échelle d’un petit groupe »1. L’écriture, elle, reste (Les paroles s’envolent, les écrits restent), mais elle ne « vainc la distance qu’au prix d’un déplacement matériel de la chose écrite »2. Grâce au développement, par les ingénieurs, des canaux de transmission sophistiqués (comme le téléphone, la radio, la télévision, l’internet, etc.), non seulement l’information se diffuse et circule facilement entre les hommes, mais elle peut être stockée, achetée, vendue, utilisée à loisir. Le terme d’information est très usité dans la vie quotidienne. On parle, en effet, des informations, du traitement de l’information et même de la société de l’information. 30 « Information » est aussi un concept construit dans le cadre de la théorie mathématique de la communication conçue par Shannon et Weaver dans les années 40 du siècle dernier ; et plus récemment dans le cadre des recherches cognitivistes. Cependant, la façon dont les chercheurs se sont représenté le phénomène de la communication a été surtout dominé par le modèle mécaniste ingénieurs. 1 Philippe Bully, « La théorie de l’information vingt ans après », in : Communication et langages, n°1/1969, (pp. 27-32), p. 27. Doi : 10.34.06/colan.1969.3708. Url : http://www.perse.fr/doc/colan_0336-1500_1969_num_1_1_3708, document généré le 15/10/2015 ; consulté le 25/09/2016 2 ibidem. De l’information à la communication Saïd TASRA Page 2 sur 22 I. La théorie de l’information : Les dimensions retenues Cette théorie est souvent considérée comme étant une théorie du vecteur (ou du canal), du code et aussi une théorie probabiliste de l’information. C’est ce que laisse apparaître, en partie, le schéma suivant : Source -> Codeur -> Émetteur -> Voie -> Récepteur -> Décodeur -> Destinataire Conçu sur la base de la communication entre machines, ce modèle se présente comme étant explicitement linéaire et particulièrement transmissif. Il se donne, en effet, à lire comme une suite d’étapes (formant une chaine) rendant compte du chemin que parcourt l’information avant de parvenir à sa destination. Lors de son transfert, l’information est d’abord transportée sur le canal, qui se situe entre la sortie de la source et l’entrée du 10 destinataire. Elle passe par le codeur et par l’émetteur qui transmet le signal électrique (l’énergie modulée), à travers la voie, au récepteur qui capte le signal et l’achemine à son tour au décodeur. Ce dernier, dès qu’il identifie le signal (décode les modulations), le transmet au destinataire. Il est alors aisé deviner la préoccupation principale3 des ingénieurs de la télécommunication : déterminer le circuit de transmission de l’information4 et d’identifier, pour les réduire au maximum, les facteurs pouvant affecter sa transmission. Ces facteurs, qui sont de nature énergétique ou informationnelle, viennent sinon déformer l’information originelle, voire se substituer à elle, du moins en perturber la transmission- réception. D’ailleurs l’un des mérites que l’on reconnaît à Shannon est d’avoir formulé ce que l’on appelle « le théorème du canal bruyant ». 20 La transmission de l’information est donc un processus qui se déroule en trois temps : 1) codage et émission, 2° transmission via un canal, et 3° réception accompagnée du décodage5. Trois conditions doivent donc être satisfaites pour qu’un message, provenant d’une source, parvienne à sa destination : code partagé ; canal de transmission performant et niveau d’ignorance préalable du message par le récepteur. a) Code partagé : une information doit d’abord être codée, c’est-à-dire se traduire dans un code (ensemble conventionnel de signes linguistiques ou non linguistiques). Pour cela, l’émetteur et le récepteur doivent avoir un code commun,. La source d’information produit un message en sélectionnant de manière aléatoire un symbole dans l’ensemble des symboles dont elle dispose. Cette opération reçoit le nom de codage 30 de l’information. Le récepteur doit, lui aussi, être capable de décoder l’information. Pour 3 La théorie de l’information trouve son origine scientifique dans A Mathematical Theory of Communications de Claude Shannon, publié en 1948. Selon Robert Escarpit, dans L’information et la communication, ce sont des raisons économiques et en particulier, la recherche du rendement, qui sont à l’origine de cette théorie. Ainsi, les travaux menés par les ingénieurs au début du XXe siècle avaient essentiellement pour objectif de confectionner et de développer des vecteurs de communication à même de limiter la perte d’énergie (et donc de l’information), d’augmenter la vitesse et l’efficacité de la transmission, et de garantir le transport d’énergie sur de grandes distances. Cette théorie, appelée aussi la théorie du vecteur, précise Escarpit, est « avant tout une théorie du rendement informationnel ». Escarpit, Robert, L’information et la communication, Paris : Hachette Supérieur, 1995, p. 30 4 En fait, les ingénieurs cherchaient à décrire avec précision et comprendre le fonctionnement de la communication entre machines, à une époque où l’on assistait à une explosion des technologies de télécommunication : l’invention du transistor et la prolifération du téléphone grâce aux nouveaux commutateurs automatiques. 5 Cf. Ph. Bully, op.cit. De l’information à la communication Saïd TASRA Page 3 sur 22 lire un texte écrit en français, par exemple, le sujet doit d’abord, savoir lire les mots de la langue française. Ce niveau peut recevoir le nom de niveau de données. Ces données peuvent facilement être mesurées et quantifiées. Il est, en effet, facile de compter les mots pour peu que l’on respecte les conventions (un mot composé compte pour un mot, etc.). Ainsi caractérisée, l’information des ingénieurs est une notion syntaxique et non sémantique, puisque « ce qui est transmis, c’est une forme et non un sens »6. Un théoricien de la télécommunication, le physicien français Elie Roubine, distingue l’attitude de l’expéditeur et du destinataire d’un télégramme et celle d’un employé des Postes. Alors que les deux premiers sont surtout concernés par la signification, l’employé des Postes, son « rôle, dit Elie Roubine, est de faire payer un service7 ». Et d’ajouter que 10 cette « optique est précisément celle de la théorie de l’information. La signification des messages n’est pas prise en considération. Un texte incohérent, c’est-à-dire toute suite de caractères, apparemment arbitraire, a valeur de message. Il n’y a aucun inconvénient à identifier texte et message8 ». Dans le même ordre d’idée, il n’y a aucun inconvénient à considérer sur un même pied la phrase de M. Jourdain et les différentes « reformulations » proposées, à sa demande, par le maître de philosophie, comme l’indique l’extrait suivant du Bourgeois gentilhomme de Molière : « MONSIEUR JOURDAIN.- (…) Au reste il faut que je vous fasse une confidence. Je suis amoureux d’une personne de grande qualité, et je souhaiterais que vous m’aidassiez à lui écrire quelque chose dans un petit billet que je veux laisser tomber à ses pieds. 20 MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Fort bien. (…) MONSIEUR JOURDAIN.- (…) Je voudrais donc lui mettre dans un billet : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour ; mais je voudrais que cela fût mis d’une manière galante ; que cela fût tourné gentiment. (…) MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- On les peut mettre premièrement comme vous avez dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. Ou bien : D’amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d’amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font. Ou bien : Me font vos yeux beaux, belle Marquise, d’amour. MONSIEUR JOURDAIN.- Mais de toutes ces façons-là, laquelle est uploads/Management/ information-communication.pdf
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- Publié le Apv 14, 2022
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