150 I. Présentation du chapitre Dans ce quatrième chapitre de sociologie, l’emp

150 I. Présentation du chapitre Dans ce quatrième chapitre de sociologie, l’emploi est analysé non pas tant comme source de revenu que comme activité individuelle qui donne sens et dignité à la vie humaine, et comme source collective de lien social. C’est ce qui explique la distinction entre travail (activité humaine au sens large) et emploi (activité professionnelle rémunérée). Toutefois, en pratique, dans des sociétés contemporaines où la position sociale est étroitement liée à l’exercice d’une profession, le travail est souvent réduit au seul emploi. Le chapitre invite à analyser les transformations des statuts d’emploi, des formes d’emploi, des conditions de travail et de rému- nération, des formes d’organisation du travail, avant d’en montrer les effets complexes sur la capacité intégratrice du travail. → →1er AXE Les quatre premiers items du programme portent sur le constat des mutations des formes et du contenu du travail et de l’emploi depuis un siècle, en intégrant même les perspectives d’évolution ouvertes par le déve- loppement des technologies numériques. Après avoir défini les principales notions utiles du chapitre (travail, emploi, salarié ou non, activité, chômage), et listé les principaux critères de la qualité de l’emploi, il s’agit de dégager les principales évolutions, déjà anciennes (salarisation, modification des formes d’organisation du travail (taylorisme et fordisme, puis organisations plus flexibles et fondées sur un management plus partici- patif), ou plus récentes (brouillage des frontières entre emploi, chômage et inactivité en raison de la montée du temps partiel, du chômage et des emplois à durée limitée ; brouillage des frontières entre salariat et travail indépendant en raison du développement du numérique ; évolution complexe des conditions de travail). → →2e AXE Le dernier item du programme porte sur les effets des mutations de l’emploi sur le pouvoir intégrateur du travail. Le bilan est nuancé : le travail reste dans nos sociétés une source essentielle de lien social, tant par les revenus et le sentiment d’utilité qu’il procure que par les relations qu’il permet de, et oblige à, avoir avec les autres ; mais les emplois à durée limitée et à temps partiel sont souvent précaires, et les individus qui connaissent un chômage répétitif ou de longue durée ne bénéficient pas (ou pas autant) du pouvoir intégrateur du travail. II. La mise en œuvre dans le manuel La page de sensibilisation « Entrer dans le chapitre » (p. 259) s’appuie sur deux documents iconographiques qui peuvent faire réagir les élèves, car ils heurtent les stéréotypes généralement associés au travail : la photo montre comment les technologies du numérique, souvent associées au travail très qualifié ou perçues comme se substituant au travail peu qualifié, peuvent améliorer les conditions de travail des ouvriers, sans pour autant supprimer le travail à la chaîne. Le dessin montre à la fois que les conditions de travail des cadres comportent des formes de pénibilité, mais aussi que les raisons pour lesquels le travail est essentiel pour les individus ne sont pas seulement économiques. Enfin, la vidéo sensibilise les élèves aux effets complexes du télétravail. Le chapitre s’articule autour de trois dossiers. Le premier dossier traite des deux premiers items du programme. Il commence par distinguer, et définir, les principales notions essentielles du chapitre (travail, emploi, chômage, inactivité), pour montrer comment ces phénomènes officiellement distincts ont en réalité, et de plus en plus, des frontières incertaines, en raison du développement des emplois à durée limitée, des emplois à temps partiel et de la montée du chômage. Puis, il définit et propose des éléments empiriques d’évaluation des principaux descripteurs de la qualité des emplois (niveau du salaire, sécurité économique, conditions de travail, horizon de carrière, potentiel de formation et variété des tâches). Le deuxième dossier traite des deux items suivants du programme. Il constate l’évolution des modèles d’or- ganisation du travail, tayloriens puis post-tayloriens, ces derniers réduisant la division du travail, en opposi- tion avec les organisations tayloriennes, et privilégiant l’autonomie des salariés, leur participation à la défini- tion des objectifs de l’entreprise, ces modèles pouvant toutefois parfaitement coexister avec la nécessité de respecter strictement des normes de procédure et de qualité. Ce dossier permet ensuite d’analyser les effets de ces évolutions sur les conditions de travail, en montrant à la fois que la pénibilité a en partie été réduite par l’automatisation et le souci de la sécurité, que le travail a été partiellement enrichi, mais aussi que le stress au travail s’accroît. Puis, conformément au quatrième item du programme, il s’agit d’étudier l’impact du numérique sur les conditions de travail (par exemple, le numérique permet de travailler à domicile, ce qui est confortable, mais incite à travailler beau- coup plus), sur les statuts d’emploi eux-mêmes (par exemple, de nombreux individus, officiellement à leur compte, travaillent pour des plateformes numériques), et sur la qualification des emplois (on devrait assister à la création d’emplois très qualifiés, mais aussi très peu qualifiés). Le troisième dossier traite du dernier item du programme. Il permet de mettre en évidence le rôle essentiel du travail comme source de lien social dans les sociétés CHAPITRE 9  Quelles mutations du travail et de l’emploi ?  Manuel p. 258-285 151 CHAPITRE 9 Quelles mutations du travail et de l’emploi ? III. Corrigés PAGES D’OUVERTURE p. 258-259 1. Le progrès technique n’a pas forcément pour effet de supprimer des emplois ouvriers, il modifie les conditions de travail, d’une façon complexe : d’un côté, l’usage des exosquelettes améliore l’efficacité du travail tout en réduisant la pénibilité (les machines maintiennent le dos, portent partiellement le bras, donc soulagent les tensions musculaires et nerveuses) ; d’un autre côté, l’ouvrière semble devenir un appendice de la machine, alors qu’auparavant, les outils et les machines étaient utilisés par les ouvriers. 2. Le cadre ici représenté se plaint d’une charge de travail excessive par rapport aux moyens qui lui sont donnés pour le réaliser ; le patron croit que le mot « break » fait référence à une plus grosse automobile, comme si la seule chose qui pourrait motiver le salarié pour accepter les contraintes professionnelles est un avantage matériel. Ce dessin montre que le bien-être au travail dépend aussi de la reconnaissance dont le salarié bénéficie de la part de ses supérieurs, du senti- ment qu’il a de pouvoir bien faire son travail sans le bâcler, du degré plus ou moins fort de fatigue et de pression qu’il subit. 3. Le télétravail permet de travailler à domicile. Il permet de réduire la durée, la fatigue et le coût du transport, de s’organiser plus facilement. Les entre- prises peuvent réduire la taille des espaces de travail, augmenter la productivité. Mais de nombreux emplois ne peuvent pas s’exercer ainsi ; il exige que les salariés soient équipés (sinon, le coût est élevé pour eux) ; enfin, le télétravail risque, s’il est excessif, de réduire le lien social car les salariés ne sont plus assez présents dans l’entreprise. DOSSIER 1 Comment définir et mesurer les caractéristiques du travail et de l’emploi ? p. 260-265 A. Travail, activité, emploi, chômage : des notions à distinguer Doc. 1 La distinction entre travail et emploi 1. L ’emploi désigne l’exercice d’une activité profession- nelle rémunérée, alors que le travail est plus large : il désigne toute activité humaine par laquelle l’individu transforme son environnement. 2. Jusqu’à l’avènement du capitalisme, donc le dévelop- pement du salariat, l’emploi s’exerçait dans des lieux et à des moments qui n’étaient pas réellement distincts de ceux de la vie privée, et la plupart des individus produi- saient pour eux-mêmes. Donc, on ne concevait pas le travail (et encore moins l’emploi) comme une activité particulière. Quand une grande partie des individus ont travaillé pour le compte d’un employeur, et dans des lieux spécifiques, d’une part le travail a été conçu comme une activité spécifique, d’autre part on s’est mis à le réduire au seul emploi, les deux notions ont été confondues dans le langage courant. BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE - Un ouvrage complet et récent sur les mutations du travail et de l’emploi : François Dubet (dir.), Les Mutations du travail, La Découverte, coll. « Recherches », 2019. Les deux premières parties portent sur les effets des innovations techniques et sur les nouvelles formes d’organisation du travail. - Un article de l’Insee Olivier Marchand, « 50 ans de mutations de l’emploi en France », Insee Première, n° 1 312, septembre 2010. Cet article, certes un peu ancien, présente en quatre pages seulement, toutes les évolutions de l’emploi (qualifications, statuts, organisation du travail) depuis le début des années 1960. - Un site institutionnel https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/ Le site de la Dares (la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques du ministère du Travail) propose des données chiffrées, des articles, sur l’emploi et sur les conditions de travail. modernes, tant pour des raisons économiques que pour des raisons proprement sociales (liens avec les collègues, sentiment d’utilité, structuration du temps quotidien). Puis, il souligne le risque d’affaiblissement de la capa- cité intégratrice du travail aujourd’hui, d’une part parce qu’un nombre important d’individus en sont privés par le chômage, surtout de longue durée, uploads/Management/ pdf-ses-tle-ldp09 1 .pdf

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  • Publié le Oct 28, 2021
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