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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/282670589 L’Entrepreneuriat social et l’innovation sociale comme éléments fédérateurs des systèmes d’innovation Chapter · January 2013 CITATION 1 READS 4,105 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Sustainable Fashion. Empowering African Women Entrepreneurs in the Fashion Industry View project Laurice Alexandre Paris Descartes, CPSC 36 PUBLICATIONS 106 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Laurice Alexandre on 09 October 2015. The user has requested enhancement of the downloaded file. 99 L’entrepreneuriat social et l’innovation sociale comme facteurs fédérateurs du système national d’innovation Laurice ALEXANDRE-LECLAIR CEDAG Université Paris Descartes Introduction L’entrepreneuriat social peut être défini comme toute création d’activité à finalité sociale et durable, à but lucratif ou non lucratif grâce à l’innovation sociale et la gouvernance participative. L’objectif princi- pal étant de privilégier la création de valeur sociale et collective plutôt que la valeur financière et l’enrichissement des individus. En effet, les individus dirigeant ou travaillant dans une entreprise sociale acceptent une lucrativité limitée dans la mesure où les bénéfices réalisés sont alloués en grande majorité au développement de l’entreprise soit sur un plan économique, soit en termes de ressources humaines. En France, l’entrepreneuriat social s’inscrit dans le cadre de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) qui représente 10% environ des emplois, 215 000 établissements employeurs, et plus de 100 000 emplois créés chaque année. Constituée d’associations, coopératives, mutuelles et fondations, l’ESS rassemble les structures qui se définissent, par leur statut, comme des groupements de personnes et non de capitaux (CNRES, 2012). D’après la même source, la taille moyenne d’une entreprise du secteur de l’ESS est de 11 salariés, contre 9 salariés pour les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur privé hors ESS. Ces chiffres démontrent la croissance du secteur et son rôle dans le développement de l’emploi (2,4% en 2008 contre 1,8% pour le secteur privé). L’entrepreneuriat social est donc une pratique en forte croissance ba- sée sur une profonde volonté de participer au développement écono- mique et social d’un pays ou d’un territoire au travers de l’innovation sociale. Par conséquent, les modèles économiques des entreprises sociales ne sont pas strictement économiques. Ils s’inscrivent dans une L’innovation. Analyser, anticiper, agir 100 économie plurielle, mobilisant la puissance publique, les entreprises, et les citoyens dans une grande variété de configurations (AVISE, 2011). D’ailleurs en France, l’année 2012 a vu la création d’un Ministère dédié à l’Économie Sociale et Solidaire. L’Union Européenne a aussi inscrit l’innovation sociale dans sa programmation stratégique à l’horizon 2020. L’entrepreneuriat social, sous de multiples formes institutionnelles (entreprise, association, mutuelle, coopérative, etc.), est une force de changement et d’innovation. Pourtant, le rôle des institutions relevant de l’ESS est rarement pris en considération pour expliquer les mécanismes de l’innovation, en dépit des efforts de conceptualisation qui ont été entrepris, notamment depuis les années 1990 avec les travaux de Lund- vall (1992) et de Freeman (1995) sur le système national d’innovation. Notre article a donc comme objectif d’identifier la contribution de l’entrepreneur social dans la production d’innovations, dont les méca- nismes ont été décrits par le concept du système national d’innovation. Nous présenterons ainsi en première partie une revue de littérature sur l’entrepreneuriat social afin de bien définir le cadre et l’étendue de son fonctionnement. En deuxième partie, nous essayons d’identifier la place de de l’entrepreneur social (au sens générique du terme) dans le système national d’innovation. Quel est le rôle des associations, quelle qu’en soit la nature, dans la production de connaissances, lesquelles débouchent sur des innovations qui contribuent à l’amélioration du bien-être social. 1. Entrepreneure social, agent de changement social Dans cette partie, nous présentons les origines de l’entrepreneuriat social afin de mieux comprendre son évolution. Par la suite, nous tente- rons de mieux comprendre la pratique de l’entrepreneuriat social en nous référant aux multiples définitions dont il a fait l’objet. 1.1. Les origines de l’entrepreneuriat social L’entrepreneuriat social tel qu’il est défini aujourd’hui est une notion récente datant des années 1990 où les États-Unis et l’Europe de l’Ouest furent les pionniers avec notamment le lancement du programme Social Enterprise Initiative par la Harvard Business School, suivie par Colum- bia, Yale, et diverses fondations qui mettent sur pied des programmes de formation et de soutien aux entrepreneurs sociaux et aux entreprises sociales aux États-Unis. En Europe, l’entrepreneuriat social voit le jour en Italie d’abord qui crée un statut spécifique de coopératives sociales pour répondre à des besoins non ou mal satisfaits par les services pu- blics. De nouvelles dynamiques entrepreneuriales à finalité sociale, ont émergé à cette période dans d’autres pays européens, Belgique, Fin- Laurice ALEXANDRE-LECLAIR 101 lande, France, Royaume-Uni, Espagne (AVISE, 2011). En France, l’ESSEC a créé une chaire Entrepreneuriat social en 2003. L’entrepreneuriat social n’est cependant pas une pratique spécifique au 21e siècle. En effet, Boutillier (2009) retrace dans un article sur les origines de l’entrepreneuriat social en analysant l’expérience de Jean- Baptiste André Godin (1817-1888), un entrepreneur du 19e siècle. Godin a cherché à développer de bonnes conditions de travail (logement, retraite, formation, assurance sociale, etc.) pour ses salariés, tout en étant à la pointe du progrès technique, puisqu’il fut pendant de nom- breuses années leader mondial dans son secteur d’activité. L’entrepre- neuriat social se développe à la fin du 19e siècle pour répondre à certains maux sociaux de la révolution industrielle. Mais, il se manifeste aussi sous d’autres formes, proches d’une certaine forme de paternalisme, ainsi des entrepreneurs construisaient par exemple des églises et des écoles pour contrôler la vie hors usine de leurs ouvriers et de leurs familles. L’auteure donne aussi l’exemple des entrepreneurs français Michelin et Citroën qui ont développé des pratiques comparables en France mais qui ne sont pas considérés pour autant comme des entrepre- neurs sociaux, car les objectifs de ces derniers sont d’abord écono- miques. En développant ce type de pratiques, les entrepreneurs du 19e siècle cherchaient à fidéliser et à motiver leurs salariés, non à améliorer leurs conditions de travail en tant que telles. Néanmoins, Boutillier (2009) présente Godin comme un entrepreneur social suivant la concep- tion de Fowler1 qui distingue parmi différents cas de figures les activités économiques expressément destinées à générer des retombées sociales. Ses actions s’inscrivent dans trois axes différents : politique, social et économique. Les ressources tirées de son entreprise lui permettent de donner corps à ses idées sociales. Boutillier (2009) présente les diffé- rentes innovations de Godin en se basant sur les travaux de Capron et Draperi (2003) et de Lallement (2009). On trouve donc : l’éducation des enfants et l’émancipation des femmes, la rémunération et la productivité du travail, la participation financière des salariés, la gouvernance et la démocratie, l’assurance sociale et la santé, les loisirs et la vie sociale, la culture d’entreprise et la gouvernance et l’innovation technique tous azimuts. L’innovation sociale n’est donc pas une invention du 21e siècle. 1 Fowler (2000) définit trois types d’activités qu’il qualifie de socialement entrepre- neuriales : l’entrepreneuriat social intégré qui fait référence à des situations dans les- quelles les activités économiques d’une organisation sont expressément destinées à générer des retombées sociales positives, la réinterprétation : des activités existantes non lucratives sont utilisées de manière créative de sorte qu’elles réduisent les coûts pour l’organisation en augmentant et diversifiant les revenus de l’organisation, l’entrepreneuriat social complémentaire est une situation où la génération de surplus financiers ne produit pas de bénéfices sociaux mais est une source de revenus. L’innovation. Analyser, anticiper, agir 102 Elle a déjà fait ses preuves au 19e siècle avec Godin en France et des entrepreneurs comme Robert Owen en Angleterre. En France, c’est à partir de 1996 que des travaux sérieux sur l’ESS ont commencé à voir le jour avec notamment ceux du réseau EMES2. Defourny (2004) présente les travaux menés par le réseau EMES qui ont tenté de trouver une définition satisfaisante de l’entrepreneuriat social. Leur approche s’est fondée sur deux critères majeurs : économique et social. Sur le plan économique, les chercheurs ont retenu quatre éléments : 1) Une activité continue de production de biens et/ou de services. Les entreprises sociales, à l’inverse de certaines organisations à but non lucratif traditionnelles, n’ont normalement pas comme activité princi- pale la défense d’intérêts, ni la redistribution d’argent, mais elles sont directement impliquées, d’une manière continue, dans la production de biens et/ou de l’offre de services aux personnes. L’activité productive représente donc la raison d’être – ou l’une des principales raisons d’être – des entreprises sociales. 2) Un degré élevé d’autonomie. Les entreprises sociales sont créées par un groupe de personnes sur base d’un projet propre et elles sont contrôlées par celles-ci. Elles peuvent dépendre de subsides publics mais ne sont pas dirigées, que ce soit directement ou indirectement, par des autorités publiques ou d’autres organisations (fédérations, entre- prises privées, etc.). 3) Un niveau significatif de prise de risque économique. Les créa- teurs d’une entreprise sociale assument totalement ou partiellement le risque qui y est inhérent. À l’inverse de la plupart des institutions pu- bliques, leur viabilité financière dépend des uploads/Management/ rri-alexandre-leclair.pdf
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- Publié le Nov 20, 2022
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