______________________________________________________________________ Soft pow
______________________________________________________________________ Soft power chinois en Afrique Renforcer les intérêts de la Chine au nom de l’amitié sino-africaine __________________________________________________________________ David BÉNAZÉRAF Septembre 2014 . A As si ie e. .V Vi is si io on ns s 7 71 1 Centre Asie L’Ifri est, en France, le principal centre indépendant de recherche, d’information et de débat sur les grandes questions internationales. Créé en 1979 par Thierry de Montbrial, l’Ifri est une association reconnue d’utilité publique (loi de 1901). Il n’est soumis à aucune tutelle administrative, définit librement ses activités et publie régulièrement ses travaux. L’Ifri associe, au travers de ses études et de ses débats, dans une démarche interdisciplinaire, décideurs politiques et experts à l’échelle internationale. Avec son antenne de Bruxelles (Ifri-Bruxelles), l’Ifri s’impose comme un des rares think tanks français à se positionner au cœur même du débat européen. Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que la responsabilité des auteurs. ISBN : 978-2-36567-314-3 © Ifri – 2014 – Tous droits réservés Site Internet : Ifri.org Ifri-Bruxelles Rue Marie-Thérèse, 21 1000 – Bruxelles – BELGIQUE Tél. : +32 (0)2 238 51 10 Fax : +32 (0)2 238 51 15 Email : info.bruxelles@ifri.org Ifri 27 rue de la Procession 75740 Paris Cedex 15 – FRANCE Tél. : +33 (0)1 40 61 60 00 Fax : +33 (0)1 40 61 60 60 Email : accueil@ifri.org 1 © Ifri Centre Asie Ifri L'Asie est aujourd'hui le théâtre d'enjeux multiples : économiques, politiques et de sécurité. L'objectif du Centre Asie est d'offrir un éclairage approfondi, une aide à la décision et un lieu de dialogue autour de ces grands enjeux, par ses travaux, les partenariats qu'il a établis avec les grands centres de recherche internationaux et les manifestations qu'il organise en synergie avec l'ensemble des équipes de l'Ifri. Les travaux du Centre sont publiés dans La lettre du Centre Asie et Asie.Visions ainsi que dans des publications académiques extérieures. Par leurs interventions dans les médias et leurs parti- cipations régulières à des colloques et séminaires, les chercheurs du Centre Asie s'insèrent dans le débat national et international sur les questions asiatiques. Asie.Visions Asie.Visions est une collection électronique consacrée aux problématiques asiatiques. Rédigé par des experts français et internationaux, Asie.Visions traite de l’ensemble des thématiques économiques, stratégiques et politiques. L’objectif d’Asie.Visions est de contribuer à l’enrichissement du débat public et à une meilleure appréhension des enjeux asiatiques. Asie.Visions est publié en français et en anglais. Dernières publications : Alice EKMAN, Céline PAJON, « Nationalismes en Chine et au Japon et implications pour les relations bilatérales », Asie Visions 70, juillet 2014 Alice EKMAN, « The Distinctive Features of China’s Middle Classes », Asie Visions 69, juin 2014. Françoise NICOLAS, Céline PAJON, John SEAMAN, « La nouvelle diplomatie économique asiatique : Chine, Japon, Corée comme exportateurs d’infrastructures », Asie Visions 68, mai 2014. Sophie BOISSEAU DU ROCHER, « Chine/ASEAN : Une diplomatie tous azimuts rondement menée », Asie.Visions 67, février 2014. Jiawen YANG, « Urbanisation and mobility in China », Asie.Visions 66, décembre 2013. 2 © Ifri Résumé Bien que l’intérêt de la Chine pour l’Afrique ne soit pas récent, la présence chinoise sur le continent africain s’est considérablement renforcée depuis les années 2000, notamment sous l’effet de la politique d’internationalisation des entreprises (zouchuqu zhengce, going out policy), permettant a priori à la Chine d’y accroître son influence. Parallèlement, la Chine a également développé une véritable politique africaine, dont le Forum sur la coopération sino- africaine est la principale manifestation. L’objectif de cette étude est d’examiner l’ensemble des différentes manifestations du soft power chinois en Afrique. Le concept de soft power y est défini de manière assez large et comprend l’ensemble des outils non coercitifs mobilisés par l’État chinois et les acteurs sous son contrôle direct afin de servir les intérêts de la Chine. En s’appuyant sur des sources bibliographiques et des entretiens réalisés en Chine, au Kenya, en Angola et en Afrique du Sud, cette étude interroge notamment le décalage entre la rhétorique du discours politique chinois à l’égard de l’Afrique et les moyens mis en œuvre par l’État chinois au service de ses intérêts propres. Elle montre que l’influence chinoise passe par une pluralité de vecteurs, en particulier culturels et économiques, mais qu’elle s’exerce aussi sur le plan des idées et des valeurs : ainsi la Chine s’appuie sur une diplomatie culturelle très active mais aussi sur une présence médiatique forte qui permet de livrer une image positive du pays. Dans la sphère économique, le soft power passe par l’implantation de zones économiques spéciales, alors que la politique d’aide permet de combiner hard power et soft power en contribuant à améliorer l’image du donateur. Il ressort de l’étude que le discours chinois sur son soft power s’appuie sur le principe de solidarité Sud-Sud tout en positionnant la Chine comme référence ; toutefois le déploiement d’instruments d’influence est également justifié par des impératifs intérieurs (en particulier l’accès aux ressources énergétiques) et par la nécessité de contrer la critique à l’étranger du déploiement chinois en Afrique. Le soft power chinois correspond en réalité plus à une approche opportuniste au service des intérêts de l’État chinois et des acteurs économiques chinois qu’à une visée hégémonique d’influence culturelle à la manière du soft power américain. Source d’admiration, la réussite chinoise apparaît comme une alternative aux partenaires occidentaux et renforce le pouvoir D. Bénazéraf / Soft power chinois en Afrique 3 © Ifri d’attraction de la Chine. Toutefois la présence chinoise en Afrique n’est pas exempte de critiques et la Chine n’apparaît pas encore en mesure d’être force de proposition en matière de valeurs et normes. Mots clés Relations Chine-Afrique, Soft power, Zones économiques spéciales, Instituts Confucius, Médias, Coopération bilatérale, Aide au développement, Assistance technique, Modèle de développement. 4 © Ifri Sommaire INTRODUCTION ..................................................................................... 5 DE L’ACTION AU DISCOURS : UNE ÉMERGENCE GRADUELLE ................... 8 Les principes et motivations du discours chinois sur le soft power de la Chine .................................................................. 8 La mise en place d’une politique chinoise de soft power ................. 10 LA DIPLOMATIE CULTURELLE CHINOISE AU CONTACT DE L’AFRIQUE ................................................................ 13 Faire connaître la langue et la culture chinoise ................................. 13 Former à la Chine................................................................................... 17 LES MÉDIAS CHINOIS EN AFRIQUE : LA DIFFUSION D’UN AUTRE REGARD SUR LA CHINE .............................. 18 Une stratégie ancienne renforcée dans les années 2000 .................. 18 Les particularités de l’approche chinoise ........................................... 20 LA CHINE, RÉFÉRENCE ÉCONOMIQUE ALTERNATIVE ? ......................... 23 Transplanter une réussite chinoise : les zones économiques spéciales ....................................................... 23 Faire du modèle chinois de développement une référence .............. 26 CONCLUSION ...................................................................................... 29 BIBLIOGRAPHIE .................................................................................. 32 5 © Ifri Introduction Bien que le développement des relations Chine-Afrique soit régulièrement présenté par les observateurs occidentaux, notamment à travers les médias, comme un phénomène des années 2000, l’intérêt de la République Populaire de Chine pour le continent africain remonte à la période maoïste. La présence chinoise en Afrique inquiétait déjà dans les années 1960 : « Ce livre est un cri d’alarme. Il a pour objet de montrer toute l’ampleur qu’a prise la pénétration communiste chinoise en Afrique en un laps de temps vraiment record, cinq années à peine », écrivait l’ancien magistrat colonial belge Édouard Mendiaux en préface de son ouvrage anticommuniste L’Afrique sera chinoise1 À partir de l’ouverture amorcée dans les années 1980 par Deng Xiaping puis dans les années 2000 avec le renforcement de l’internationalisation des entreprises (zouchuqu zhengce, going out policy), la présence chinoise en Afrique s’est considérablement renforcée sur des bases autant économiques que politiques. La Chine entretient désormais des relations diplomatiques avec la quasi-totalité des États du continent . Si cet ouvrage s’inscrit dans le contexte particulier de la guerre froide et de ses répercussions en Afrique, il reflète toutefois l’essai d’influence politique de la Chine de Mao dans l’exportation du socialisme en Afrique. 2 David Benazeraf est doctorant en Géographie à l’Université Paris Panthéon- Sorbonne, rattaché au laboratoire Prodig, lauréat 2012-2014 du programme de soutien aux doctorants de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et affilié au Centre d’études chinoises de l’Université Stellenbosch (Afrique du Sud), ( . Tandis que 37 délégations de pays africains sont présentes lors du sommet franco-africain de La Baule en 1990, la Chine en réunit 44 pays dès le premier Forum sur la coopération sino- africaine (Focac) en octobre 2000 à Pékin. La Chine est devenue le david.benazeraf@yahoo.fr) 1 Mendiaux Édouard (1965), p. 7. 2 Le renforcement de la présence chinoise en Afrique a contribué à affaiblir celle de Taiwan. La République populaire de Chine (RPC) conditionne l’établissement de relations diplomatiques à la non-reconnaissance de Taiwan. Suite à la rupture des relations diplomatiques entre la République de Chine et la Gambie en novembre 2013, seuls le Swaziland, le Burkina Faso et Sao-Tomé et Principe n’ont pas de relations diplomatiques avec la RPC : Grimm Sven et Kim Yejoo, 2013, « The Gambia Defecting from Taiwan – Misunderstanding the “One China” Policy? », Université de Stellenbosch, Centre for Chinese Studies, commentary, 2 pages. D. Bénazéraf / Soft power chinois en Afrique 6 © Ifri premier partenaire commercial du uploads/Management/ soft-power-chinois-en-afrique-renforcer-les-interets-de-la-chine-au-nom-de-l-x27-amitie-sino-africaine-par-david-benazeraf.pdf
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- Publié le Jui 22, 2021
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