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Intégration des technologies de l’Information et de Communication dans l’Enseig

Intégration des technologies de l’Information et de Communication dans l’Enseignement au Maroc : Quels résultats sur les apprentissages ? Mourad BENALI, Mohammed Blej Centre régional des métiers de l’éducation et de la formation Région de l’oriental, Royaume du Maroc Résumé : Depuis que les TIC ont été introduites dans l’enseignement et la formation, l’une des questions les plus débattues en terme de politique à suivre celle de leur impact sur les apprentissages. Notre étude explore les résultats sur les apprentissages au niveau du programme de généralisation des technologies d’information et de communication dans l’enseignement au Maroc. Nous nous appuyons sur le cadre conceptuel adopté par “ l’International Association for the Evaluation of Educational Achievement” lors de l’étude “Second Information Technology in Education” en 2006 et qui représente une base très utile pour les mécanismes d’évaluation et de suivi. Notre étude révèle que les problèmes dont souffre le système éducatif marocain ont négativement impacté l’implémentation du programme de généralisation des technologies d’information et de communication dans l’enseignement au Maroc. Des disfonctionnements sur les composantes de ce programmeont été également obeservés. Enfin et devant un déficit important des compétences techno-pédagogiques chez les enseignants, les résultats positifs sur les apprentissages restent trés faibles. Mots clés : TIC, TICE, GENIE, Apprentissage, Impact. 1. Introduction Depuis plus d’une dizaine d’années, l’Etat marocain ne cesse de déployer des efforts considérables pour diffuser les TIC dans le système éducatif. Le discours Royal du 23 Avril 2001 aux participants au symposium sur le Maroc dans la société globale de l’information et du savoir sous le thème « Le Maroc dans la société globale de l’information et du savoir » a aussi mis en évidence la nécessité de préparer les générations futures en les dotant de la capacité de maîtriser les TIC de pointe et d’assimiler les changements qui en découlent dans les modes de travail et de culture. Témoignant donc de cette volonté de développer et d’intégrer les TICE au Maroc, le programme de GENéralisation des technologies d’Information et de communication dans l’Enseignment (GENIE) a été lancé en 2006, en application des hautes instructions royales et conformément aux dispositions de la Charte nationale de l’éducation et de la formation. Il faut rappeler, au passage, que GENIE est l’un des projets structurants du grand chantier de la stratégie Maroc Numéric 2013 œuvrant pour faire des technologies de l’information un vecteur du développement humain et un des piliers de l’économie nationale. Financé conjointement par le Fonds du Service Universel des Télécommunications (FSUT) et le Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique, l’objectif du programme GENIE est de concrétiser la stratégie nationale de généralisation des technologies de l’information et de la communication dans l’éducation (TICE) dans tous les établissements scolaires marocains et la formation des enseignants et des cadres administratifs. La stratégie initiale du programme GENIE avait pour ambition de faire bénéficier, sur 3 ans, 6 millions d'élèves et 230 000 enseignants et de l'équipement de 8 604 établissements en salles multimédia. Néanmoins, en 2008, et à la demande du comité de pilotage du FSUT, une enquête commandée par l’Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) a révélé une grande insatisfaction quant à l’impact pédagogique effectif de la première phase du déploiement de la stratégie TICE. En réponse à cette insatisfaction, la Direction du Programme GENIE a développé un moratoire, et la dite stratégie a été réactualisée pour donner lieu à une nouvelle feuille de route à la stratégie initiale. De nouveaux leviers susceptibles d’assurer l’évolution des pratiques TICE ont été établis à savoir : - La sensibilisation de la communauté éducative de manière à faire reconnaître les potentialités pédagogiques des TIC (caravanes, ateliers, etc.). - L’évaluation périodique des réalisations en sanctionnant réussites et échecs (à tous les niveaux de la chaîne organisationnelle). - La mise en place d’une conduite de changement en évitant que les actions d’information et de sensibilisation ne soient fortuites et occasionnelles. Conséquemment, une nouvelle feuille de route (2009-2013) a vu le jour et s'est articulée autour d'axes principaux à savoir le renforcement des infrastructures, la formation, le développement de ressources numériques pédagogiques et le développement des usages. Ce dernier axe vise à garantir l'amélioration de la qualité des apprentissages et le développement professionnel des enseignants. Ainsi, nous nous proposons de répondre aux questions spécifiques suivantes : • Quel est l’état des lieux de l’intégration des TIC dans l’éducation au Maroc? • Quels sont les résultats de l’intégration des TICE au Maroc sur les apprentissages? 2. Cadre conceptuel de l’élaboration des indicateurs sur les TIC dans l’éducation Les travaux sur le sujet de l’apport des TIC aux apprentissages qui datent depuis plus de trois décennies se sont principalement penchées sur l’enseignement et l’apprentissage en contexte institutionnel. Cleary, Akkari et Corti (2008) ont analysé les facteurs déterminants de l’intégration des TIC en classe. Ils ont distingué cinq facteurs qui favorisent cette intégration et qui ont un impact positif sur les résultats scolaires des élèves : la formation, le contexte environnemental, les variables individuelles, l’importance d’une communauté et d’un réseau humain de soutien, et le temps que l’on est disposé à y consacrer. Bibeau (2007) a étudié de son côté les conditions qui peuvent agir sur la réussite de l’intégration des TIC en éducation de façon générale et conclu que les TIC améliorent la motivation des élèves et permettent le développement des opérations cognitives d’ordre supérieur. Quant aux travaux de Karsenti et Gauthier (2006), ils ont mis l’accent sur les principaux obstacles qui entravent l’intégration des TIC dans l’enseignement. Ces obstacles sont regroupés en deux grandes catégories : les facteurs externes (liés à l’école, à la société, etc.) et les facteurs internes (liés à l’enseignant ou à l’enseignement). Afin de suivre l’évolution de l’intégration des TIC dans l’éducation dans une perspective de comparaison internationale, il convient de se reférer au cadre adapté par la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) qui est un organe subsidiaire de l'Assemblée générale des Nations unies (figure 1). C e cadre illustre la variation du degré de pénètration des TIC dans les systèmes d’éducation au fil du temps. En effet, au début de l’informatisation de l’éducation par exemple, il est important de fournir un accés au materiel informatique et des logiciels pour que les enseignants et les apprenants puissent s’initier à l’informatique. Dans les pays les plus avancés dans l’intégration des TIC dans l’éducation, d’autres aspects prennent plus d’importance, par exemple la gestion de l’innovation pédagogique, l’adaptation des programmes d’études et leur ouverture aux TIC, le changement organisationnel, l’appui technique durable et le développement professionnel continu du personnel. Toutefois, à mesure que les pays atteignent les derniers stades des besoins d’informations (e-impact) et pour autant qu’ils en aient les moyens, le suivi de l’évolution de l’impact des TIC peut être plus efficace par le biais d’évaluations sur échantillon, d’enquêtes auprés de la population active et d’autres études longitudinales spécialisées. Figure 1. Évolution des besoins d’information en fonction du degré de pénétration des TIC dans les systèmes d’éducation (Source: adaptation de la CNUCED (2007) Afin de mesurer d’une manière globale les résultats des TICE sur les apprentissages. Nous allons faire usage du cadre conceptuel courant sur les TIC dans l’éducation utilisé lors de l’enquête Second Information Technology in Education Study (SITES) qui est un programme de recherche axé sur une évaluation comparative de l’usage des TIC dans de nombreux pays. L’étude SITES se base sur un concept selon lequel l’utilisation des TIC s’inscrit dans les pratiques pédagogiques des enseignants. En fait, pour ces derniers, les raisons derrière les usages des TIC en salle de classe dépendent de leur conception de l’enseignement et de leurs compétences pédagogiques. De plus, les pratiques pédagogiques ne sont pas déterminées exclusivement par les caractéristiques des enseignants, notamment leurs qualifications académiques et leurs compétences technologiques, mais aussi par des variables scolaires et systémiques. Si les résultats de l’apprentissage devraient en toute logique subir l’influence des pratiques pédagogiques utilisées par les enseignants. D’autres variables propres aux établissements et au système doivent souvent changer ou être modifiés pour s’adapter à l’impact réel ou prévu des pratiques pédagogiques sur les apprenants. Figure 2. Cadre conceptuel (Source: enquête SITES 2006) 3. Etat des lieux du programme de l’intégration des TIC dans l’éducation au Maroc Selon les dérnières statistiques du programme GENIE qui concrétise la stratégie nationale de généralisation des TIC dans l'éducation au Maroc, les principales réalisations entre 2006 et 2016 s’étalent sur les axes suivants: 3.1. Axe infrastructure 85% des établissements scolaires marocains ont un environnement multimédia de base à savoir 2838 établissements équipés en salle multimédia (SMM) et valise multimédia (VMM) et connectés à l’Internet avec filtrage, 6500 écoles primaires équipées en valises multimédia, 100 écoles primaires équipées en TBI (projet pilote). Au niveau de l’accès à internet avec filtrage, 60% des établissements sont connectés. 3.2. Axe formation Plusieurs module de formation on été élaboré selon les standards TICE de l’UNESCO en 2008 et actualisé en 2011 et 2014. Au total 100% du corps pédagogique ont été on uploads/Management/article-6 1 .pdf