20 N° 2630 | 3 décembre 2020 21 N° 2630 | 3 décembre 2020 Les stratégies Les st

20 N° 2630 | 3 décembre 2020 21 N° 2630 | 3 décembre 2020 Les stratégies Les stratégies motclé motclé Le délicat passage au digital du petit commerce Le gouvernement et les grandes plates-formes du numérique multiplient les annonces incitant à la numérisation des petits commerçants, contraints de fermer un mois durant le reconfinement. Dans les faits, le processus s’avère cependant coûteux en temps et en argent. Trois petits commerçants témoignent. La démarche demeure néan- moins chronophage, ne serait-ce qu’en matière de référencement des produits. « Créer des pages sur un site web prend un temps infini. Il faut disposer de l’outil pour qu’une référence remonte, intégrer l’image de l’article, sa description et attribuer la caté- gorie à la famille de produits », souligne le commerçant. D’après lui, la gestion d’un stock numé- rique est aussi fastidieuse que celle d’un commerce physique et nécessite de mobiliser une personne à temps plein. Il in- dique référencer 30 produits en une heure, quand sa boutique contient 3 600 références. Un constat partagé par Isabelle Nevière, qui a repris une librai- rie-galerie dans les Alpes-Mari- times à la mi-juillet. Elle s’est mise à la vente en ligne en rejoi- gnant eBay lors du reconfine- ment : « Je mets quarante-cinq minutes à décrire chaque produit. C’est très long. Pour le moment j’ai 10 articles en vente pour aucun achat, malgré quelques consultations », témoigne-t-elle, estimant avoir besoin de plus de recul pour juger de la perti- nence du modèle. Si elle est coûteuse en temps, la numérisation d’un petit com- merce l’est aussi en argent. D’après Nicolas Lemichel, son investissement se chiffre à 6 000 € en quatre ans. À com- mencer par la création d’un site, nécessaire pour intégrer les grandes plates-formes : « Un webmaster va coûter 2 000 €. Ensuite, un module sur une mar- ketplace coûte de 50 à 300 € », explique-t-il, indiquant que le plus onéreux reste celui d’Ama- zon. À cela, il faut ajouter un abonnement mensuel d’une quarantaine d’euros hors taxe par mois et par plate-forme. Autant dire que l’aide indivi- duelle promise de 500 € apparaît bien dérisoire. Sans compter les coûts cachés, comme les com- missions allant de 16 à 20 % suivant les plates-formes. Prélèvements complexes Rémy Lopez, qui gère une bou- tique de jeux vidéo dans l’Oise, a rejoint, début novembre, le dispositif d’urgence mis en place par Cdiscount. Il trouve encore ésotériques les mécanismes de prélèvement : « Théoriquement, on n’est pas censé payer un abonnement mensuel et les com- missions doivent être divisées par deux. Ils déduisent tout de même 20 %, ça fait un petit peu peur », confesse-t-il. Le com- merçant pointe aussi un délai de vingt à trente jours pour le paiement de la vente effectuée en ligne. Il s’estime malgré tout satisfait du dispositif : « Nous avons réalisé 4 000 € de ventes sur les dix premiers jours. Cela n’apportera jamais la recette d’un magasin, mais c’est déjà bien de générer 10 à 20 %. » De quoi freiner temporairement l’hémorragie. ❘❙❚ Mickaël Deneux D epuis l’annonce du deuxième confine- ment, fin octobre, le gouvernement érige la nécessité de digitaliser les petits commerces en grande cause nationale. L’État a même annoncé à cet effet un plan de numérisation doté d’une enve- loppe globale de 120 millions d’euros. Le programme prévoit notamment une subvention de 500 € pour toute structure dési- rant effectuer sa transition numérique, au travers de la vente en ligne, le click & collect ou encore le drive. L’exécutif, dont l’ambition est de démarcher 60 000 petites entreprises d’ici à la fin de l’an- née 2020, souhaite d’ailleurs entrer dans une logique de la- bellisation des prestataires œuvrant à la numérisation, dont Google. Au lendemain du re- confinement, l’ensemble des grandes plates-formes du numé- rique ont aussi multiplié les annonces pour vanter leurs solutions aidant les petits com- merces à se mettre à la vente en ligne. Parmi elles, Amazon, Cdiscount, Rakuten, eBay ou encore Facebook. Dans les faits, se mettre à la vente en ligne n’est pas aussi simple. Pour les grandes en- seignes, un processus de digi- talisation peut prendre plusieurs mois. Alors que dire pour une structure bien plus modeste ? Un référencement chronophage « Cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. Quand j’ai créé mon premier site, cela m’a pris six mois de travail avant de réa- liser ma première vente », ex- plique Nicolas Lemichel, gérant de la boutique Les jouets de Léo, dans le Jura. Il s’est mis à la vente en ligne depuis quatre ans et possède une connaissance pointue des plates-formes, ayant déjà travaillé avec eBay, la Fnac et Cdiscount, avec qui il collabore toujours. Lors du deuxième confi- nement, il a souscrit à l’offre de click & collect de Rakuten qui représente, pour l’heure, 10 % de ses ventes en ligne. Son enseigne est devenue omni- canale, avec 50 % de son chiffre d’affaires issus de l’e-commerce. Le commerçant a honoré une quarantaine de ventes par jour sur internet en novembre. ©Creditphoto 1/3 Une PME sur trois disposait d’un site web en novembre 2020 60 000 entreprises contactées d’ici à décembre 2020 par les services de l’État pour se digitaliser 120 M € alloués par l’État pour digitaliser les petites entreprises Source : ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance Les jouets de Léo La crise anticipée par l’omnicanal Nicolas Lemichel est rompu à l’e-commerce. Le gérant de la boutique Les jouets de Léo, qui emploie trois salariés dans le Jura, a lancé son activité en ligne depuis quatre ans pour un investissement total de 6 000 €. D’abord via son portail, puis sur les places de marché d’eBay, la Fnac et Cdiscount. Collaborant toujours avec le site appartenant au groupe Casino, il effectue désormais du click & collect avec Rakuten depuis l’annonce du deuxième confinement. Il possède donc un avis éclairé sur la question de la digitalisation : « Quand j’ai créé mon premier site, cela m’a pris six mois de travail avant de réaliser ma première vente. » Il estime tirer 50 % de son chiffre d’affaires de la vente en ligne, et honore une quarantaine de commandes par jour. Une manne non négligeable pour compenser la fermeture de son magasin. Chine et Bouquine Des premiers pas difficiles Isabelle Nevière aurait pu espérer un lancement d’activité plus serein. En juillet 2020, cette enseignante reprend Chine et Bouquine, une librairie anglo-française située à Vence (06). Un démarrage forcément chamboulé par l’annonce du deuxième confinement. Disposant d’un petit peu de trésorerie, elle ne pensait pas dégager de bénéfices dans l’immédiat. La néocommerçante essaie de mettre à profit cette période pour se lancer dans la vente en ligne depuis novembre. En click & collect, via sa page Facebook, mais aussi sur eBay. «Pour le moment j’ai 10 articles en vente pour zéro achat, malgré quelques consultations » témoigne-t- elle, estimant avoir besoin de plus de recul. Rems Game Des débuts prometteurs mais des doutes à lever Rémy Lopez gère depuis huit ans Rems Game, une boutique de jeux vidéo de 100 m2, située à Chambly (60), comptant 5 000 références en magasin. Il développe son activité en ligne avec son site web, puis sur la marketplace de Rakuten depuis six ans sur certaines catégories (1 000 références de DVD et figurines). Lors du deuxième confinement, il a rejoint Cdiscount où il propose 30 à 40 références de jeux vidéo. Il y réalise 25 % de CA. « Pour le moment, le bilan est positif mais il subsiste des interrogations sur la teneur des commissions », explique-t-il en regrettant aussi un décalage d’une vingtaine de jours des paiements, compliquant la trésorerie. uploads/Marketing/ digitalisation.pdf

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  • Publié le Fev 14, 2021
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