Diderot en prison Direction artistique : Henri Mariel Théâtre de l’Entr’Acte -­

Diderot en prison Direction artistique : Henri Mariel Théâtre de l’Entr’Acte -­‐ La Ruche – 8 rue Félibien – 44000 Nantes Christelle DELPLACE -­‐ Chargée de diffusion -­‐ Email : contact@entractenantes.fr -­‐ Tél : 02 51 80 89 13 DOSSIER PÉDAGOGIQUE L’intention Il est toujours périlleux que de vouloir rendre scénique et sans ennui un texte dont l’essentiel est une matière savante. La chance avec le siècle des Lumières (et l’écriture de la pièce qui reste fidèle à ces principes), c’est qu’il associe libertinage et science. Ces deux notions justifient, pour le pouvoir royal, l’emprisonnement de Diderot. Nous avons voulu éviter dès la confection du texte de tirer la pièce vers un cours ou une « leçon de philosophie ». Non que l’idée soit une grossièreté mais nous voulons garder à l’esprit de la scène ce précepte hérité de l’Antiquité : instruire et divertir. Le spectacle se propose d’offrir avec légèreté aux spectateurs la découverte d’une pensée en gestation, en interrogation, en révolte, en répression. Il doit permettre de comprendre comment ces idées humanistes et de libertés en combat ont permis de façonner les valeurs de notre monde d’aujourd’hui. Valeurs éternellement à défendre et à conquérir. Présentation du spectacle Résumé Pour ses écrits « contre les mœurs et le Roi », Diderot est incarcéré au Château de Vincennes. A la croisée des chemins entre les Lettres philosophiques et l’Encyclopédie, il s’agit d’un tournant de pensée radical dans l’esprit de Diderot et du 18ème siècle. Distribution Mise en scène : Henri Mariel – co-­‐écrit avec Gerhardt Stenger, maître de conférence à l’Université de Nantes et auteur de Diderot, le combattant de la liberté. Création univers sonore : Alexis Reymond Costumes : Christine Burban Création lumière : Fabrice Peduzzi & Bertrand Pineau Avec : Béatrice Templé Henri Mariel Jean-­‐François Gascard Franck Steinmetz Tout public à partir de 14ans Durée : 1h Thématiques abordées u Histoire (à partir de la page 5 / apport pédagogique) u Français Le langage La manière de parler au début du 18ème siècle. Au-­‐delà d’un simple état de la langue dans les milieux érudits (et carcéraux), c’est l’imbrication de deux types de discours : l’intellectualisme et la sensualité. Le discours philosophique est toujours ressourcé par une recherche concrète et physique du plaisir. Plaisir du mot, du corps, du regard. Les liaisons dangereuses de Laclos est une excellente illustration d’une fusion stricte entre langue et langage, le sens et la sensualité. Le film Ridicule de Patrice Leconte fait également état de cette dimension sociale de la construction du langage. Le mot, son choix, son inclination, son aspect est toujours à la conséquence d’un rapport direct à l’autre. Par la suite, le discours se détachera progressivement de la sensualité pour retourner dans le monde des idées. La pièce Diderot en Prison rappelle les différentes déclinaisons des liens du langage. Joute oratoire entre Diderot et l’inspecteur Berryer où l’argumentaire ne se base que sur du mot et dont l’issue décide de conséquences concrètes (incarcération, visite de la famille). La joute du mot se suffit à elle-­‐même et le corps entier est indissociable à la joute, car il n’intervient pas en contre. Aucune fougue, tout entier au pouvoir du mot : pièges, contresens, chausse-­‐trappes… Le corps reste neutre afin de ne pas aller en contre du mot. Le langage du corps est muet afin de ne pas tomber dans un contresens du mot. De même, pour Mme de Puisieux et Diderot, lorsque la création de fiction est intrinsèquement liée à un plaisir de l’ordre de l’érotique. La création ne peut pas se faire sans cette nécessité du corps. L’altercation entre Rousseau et Diderot pose également un parallèle entre combat d’idées antagonismes et une certaine frénésie du corps. Miroir inversé de la joute entre Berryer et Diderot, L’antagonisme féroce oblige une mise en marche du corps, car le mot seul ne parvient pas à satisfaire les deux protagonistes. 3 Thématiques abordées u (suite) Français Les différents types d’écrits : De la Lettre philosophique, à l’essai, au roman érotique, roman à tiroir, Diderot en prison développe un panel de types d’ouvrages du 18ème (et parmi les plus importants), s’intéresse au mode de création de l’écrit, à leur diffusion, conséquences et impact. Les différents ouvrages mentionnés dans la pièce ou ayant un intérêt : • La lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, Diderot • Les bijoux indiscrets, Diderot • Le rêve de d’Alembert, Diderot • L’Encyclopédie, Diderot et d’Alembert • Les lettres philosophiques, Diderot • Le discours sur les sciences et les arts, Rousseau • Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau Création et construction de la pièce Diderot en prison : intérêt narratologique. Quel est le rapport entre le texte d’une pièce et son adaptation au théâtre. Est-­‐ce toujours le même objet ? (cf partie Ecriture et Intention de mise en scène) u Philosophie Etude des différentes œuvres philosophiques mentionnées dans la pièce La lettre sur les aveugles, de Diderot, notamment les enjeux de penser l’évolution de l’espèce au 18ème siècle. L’Encyclopédie, de Diderot et d’Alembert et l’impact que cette œuvre a au 18ème siècle Le discours sur les sciences et les arts, à l’origine de la première brouille entre Rousseau et Diderot. Comment Diderot en prison met en scène l’épisode de l’Illumination de Vincennes ? Le rapport à la Censure Question entre autorité et création littéraire. La pièce propose en ligne phare la rédaction de l’article Autorité politique qui signe, sur le papier, la fin de la Monarchie. Dans quelle mesure la censure est-­‐elle une arme à double tranchant, contre la création littéraire et philosophique et le pouvoir en place ? Comment la Censure alimente à son insu la création littéraire qu’elle cherche à éradiquer ? Le rapport en sens et sensualité Le langage philosophique indissociable d’un rapport au corps (cf partie Langage, à destination des professeurs de français. 4 Apport pédagogique Nous sommes en 1749. Depuis deux ans, Diderot prépare avec son ami et coéquipier d’Alembert ce qui deviendra LE monument intellectuel du siècle des Lumières, l’Encyclopédie. Arrivé à Paris vers l’âge de seize ans pour y terminer de brillantes études commencées à Langres, sa ville natale, et embrasser une carrière ecclésiastique, le jeune Diderot a vite fait de s’éloigner de la religion de ses pères. Reçu maître-­‐ès-­‐arts (c’est-­‐à-­‐ dire bachelier) en 1732, il étudie néanmoins la théologie à la Sorbonne tout en essayant de se faire une place parmi les écrivains et les philosophes de la capitale. Vivant parfois assez misérablement, il fréquente de jeunes intellectuels comme Rousseau, qui devient son ami le plus proche, ou des crapules comme le neveu de Rameau qu’il immortalisera plus tard dans une de ses œuvres les plus célèbres. Après dix ans de bohème, il fait la connaissance d’une lingère, Anne-­‐Toinette Champion, qu’il épouse en cachette malgré l’opposition de ses parents. Pour subvenir aux besoins de sa famille, Diderot travaille comme traducteur ; en même temps – pour entretenir sa maîtresse, Mme de Puisieux, selon certaines sources –, il publie anonymement des ouvrages subversifs : Les Pensées philosophiques en 1746, lacérées et brûlées par le bourreau « comme scandaleux et contraire à la religion et aux bonnes mœurs », dans lesquelles Diderot s’emploie à saper les bases de la religion chrétienne et rompt une lance en faveur du matérialisme athée. Les Bijoux indiscrets en 1748, un roman libertin inspiré d’un fabliau du XIIIe siècle (Du Chevalier qui fist les cons parler), dans lequel Diderot a combiné la féerie érotico-­‐orientalisante à la mode de Crébillon et la tradition gauloise du conte licencieux. Le résultat est une fiction débridée où un anneau magique permet au sultan du Congo Mangogul d’arracher aux dames de la cour, contraintes de s’exprimer par leur « bijou » (c’est-­‐à-­‐dire par leur sexe), les secrets de leur vie amoureuse. La Lettre sur les aveugles, dont la publication en 1749 va mener son auteur en prison. Diderot y réfute la preuve de l’existence de Dieu par les merveilles de la nature et esquisse l’évolution biochimique d’une matière primitive vers des organismes complexes dotés d’une stabilité provisoire, vision hardie que la biologie moderne a confirmée deux siècles plus tard. À l’instar du Phédon de Platon, Diderot donne la parole à un aveugle mourant, le mathématicien anglais Saunderson, qui dresse un magnifique tableau des premiers instants de l’univers où nul plan divin ne préside à la naissance des êtres et des choses : en émergeant lentement du chaos primitif, la nature a produit de façon aléatoire des animaux pourvus ou dépourvus des organes nécessaires à la survie. Parmi ces monstres surgis des agitations irrégulières de la matière en mouvement, l’homme a fait son apparition, et il ne doit sa survie qu’à l’heureuse conformation de ses organes et à un milieu favorable. Autrement dit, l’espèce humaine est le résultat de circonstances fortuites, et non d’une finalité providentielle qui l’aurait désignée comme fin et couronnement de la création. Aux yeux du pouvoir, la coupe était pleine. Un projet pédagogique riche de savoirs à travers un spectacle théâtral accessible aux lycéens 5 Apport uploads/Philosophie/ 016eaa-pdf-1391017221336.pdf

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