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ISSN 2269-5141 Recherche personnalisée Qui sommes-nous ? Mentions légales Accueil > Philosophie moderne > Hegel > Rudolf Haym : Hegel et son temps, Leçons sur la genèse et le développement, la (...) EUR 35,50 Hegel et son temps: Leçons... Acheter Rudolf Haym : Hegel et son temps, Leçons sur la genèse et le développement, la nature et la valeur de la philosophie hégélienne Une indispensable traduction de l’interprétation la plus décisive de Hegel samedi 24 janvier 2009, par Thibaut Gress Les éditions Gallimard ont eu la bonne idée, l’excellente idée même, de mettre à disposition du public français l’imposante série de cours que Rudolf Haym avait donnée autour de la philosophie de Hegel, et qui avait été regroupée sous le titre célèbre Hegel und seine Zeit en 1857. Pierre Osmo, le traducteur, propose ici une traduction intégrale de ce livre fondateur, source d’un très grand nombre d’interprétations de Hegel, tout en suggérant dans une substantielle présentation de lire ces leçons en regard de l’autre interprétation majeure qui avait été faite de Hegel, à savoir celle de Karl Rosenkranz, Vie de Hegel [1]. I) Présupposés idéologiques de Rudolf Haym La longue présentation que Pierre Osmo de ce texte permet d’en mieux comprendre les présupposés. L’histoire de Rudolf Haym ressemble à celle d’une progressive perte de foi dans la philosophie au profit d’une réhabilitation sans cesse croissante de l’histoire : il est ainsi intéressant d’observer comment la foi philosophique de sa jeunesse laisse progressivement la place à une appréhension de plus en plus historique des problèmes et le sous-titre de l’ouvrage en témoigne aisément : leçons sur la genèse et le développement, la nature et la valeur de la philosophie hégélienne. Toutes les leçons de Haym sur Hegel, et partant tout son ouvrage, repose sur cette appréhension historique de la pensée hégélienne, c’est- à-dire que se trouve ressaisi le système philosophique à travers le prisme de son développement historique, de son moment génétique à son accomplissement encyclopédique. Haym, du reste, revendique une telle méthode : plutôt qu’une exposition thématique de la pensée hégélienne, il prétend offrir une « histoire de cette philosophie qui soit objective. » [2] La remarque est ici d’importance : l’objectivité se joue tout entière dans la présentation historique, l’histoire est ce cadre structurant dans lequel seul l’objectivité peut venir se présenter. Un article de Thibaut Gress Thibaut Gress est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, agrégé et docteur en Philosophie. Editeur, professeur de philosophie au lycée et chargé de cours à l’Université, il est l’auteur d’études sur Descartes comme "Apprendre à philosopher avec Descartes", (Ellipses, 2009), "Descartes et la précarité du monde" (CNRS-Editions, 2012), "Descartes, admiration et sensibilité" (PUF, 2013) et "Leçons sur les Méditations Métaphysiques de Descartes" (Ellipses, 2013). Il a également publié en deux volumes une étude de philosophie de l’art, "L’oeil et l’intelligible. Essai sur le sens philosophique de la forme en peinture" (Kimé, 2015). Il est également l’auteur de 6 volumes de "Balades philosophiques" (Ipagine, 2016) et a publié, avec Paul Mirault, "La philosophie au risque de l’intelligence extraterrestre." (Vrin, 2016). Enfin, il a publié début 2017 chez Max Milo un livre d’introduction à la pensée de Kant, intitulé "Comprendre Kant". 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Mais cette dimension prétendument réactionnaire de la pensée politique hégélienne ne saurait être interprétée uniquement d’un point de vue politique : fondamentalement, c’est la totalité du système hégélien qui apparaît réactionnaire, au sens d’une volonté de rétablir cela même qui est déjà mort : la philosophie hégélienne, aux yeux de Haym, c’est la promotion de ce qui est mort, c’est la promotion de la systématicité close, et incapable d’intégrer le véritable dynamisme de la vie. Le corrélat de cette philosophie morte, c’est donc la construction systématique en tant que le système – auquel Haym ne croit plus depuis bien longtemps – enferme plus qu’il ne libère la vie de l’esprit. Malgré sa prise très nette de distance à l’égard de la philosophie hégélienne, Haym n’en conserve pas moins une certaine fascination : si les critiques ne cessent de fuser à l’encontre de Hegel, Haym semble éprouver sa propre puissance contestatrice à mesure qu’il fait de la philosophie à laquelle il s’oppose un grandiose mausolée. Hegel fut un titan, celui qui l’affronte ne l’est pas moins. Il n’est pas rare de trouver chez Haym des déclarations métaphoriques, faisant de sa propre démarche un combat de géants ; dès le début des cours se laisse appréhender une telle volonté et la philosophie hégélienne se trouve très rapidement qualifiée de la sorte : « Dominatrice, elle surplombe tant de points de vue par elle surmontés et réfutés. Ce qu’elle réfute – tel est son comportement, tel est son caractère – elle en fait toujours aussitôt son profit. Chaque opinion vaincue, elle l’accroche à son char triomphal. En faisant valoir ce qu’on de périssable tous les systèmes qui l’ont précédée, elle fait des dépouilles de ces systèmes défaits la matière dont elle se compose. » [3] Cette formidable machine à broyer et à intégrer, c’est cela même que Haym va affronter à mains nues, et le choc sera terrible. Je l’ai dit, les présupposés de Haym sont presque historicistes ; dès lors, la pensée de Hegel, loin d’être une pensée appréhendable en soi ne peut plus être restituée que dans un contexte historique précis : la philosophie hégélienne n’est guère qu’un produit de son époque, un rejeton génial du XIXème siècle. De ce fait, aux Alain Boureau : Le feu des manuscrits yeux de Haym, ce magistral édifice qui prétend à la découverte logique de l’Absolu, « n’est rien d’autre pour nous qu’une grande législation, issue de la conscience de son époque, dans le domaine de la science. Sa prétention à l’absoluité est du même ordre que la prétention de la lex regia de valoir, immuable, pour l’éternité. » [4] L’historicité est ici maximale, et la prétention hégélienne à valoir hors de la conscience historique qui l’a produite se trouve d’emblée combattue et refusée. Il ne serait probablement pas exagéré de voir dans le dessein de Haym la volonté de faire de cette pensée un symptôme d’une époque, le plus grandiose symptôme de l’esprit du XIXème : mais lorsque le XIXème aura trépassé, il faudra prendre acte de la disparition de cette pensée, et l’enterrer avec les autres, moins glorieuses, moins imposantes, si bien que tous ces cours consacrés à Hegel ressemblent de manière étrange à un acte de décès : il s’agit de montrer pourquoi la philosophie hégélienne va mourir, ou est même déjà morte. Ce n’est guère une extrapolation de ma part que de lire Haym ainsi ; ce dernier s’y prête bien volontiers, notamment lorsqu’il affirme ceci : « Nous nous proposons de l’ensevelir dans un tombeau plus vaste qui l’immortalise davantage, de le conserver dans le grand édifice de l’histoire éternelle, de lui assigner une place, en vérité une place d’honneur, dans l’histoire du développement de l’esprit allemand. » [5]. Hegel est mort, mais il mérite bien un tombeau fleuri, telle semble être l’intention sous-jacente de ces si célèbres leçons. II) L’échec de la Phénoménologie de l’Esprit selon Haym Après ce rapide survol des intentions de Haym, peu amènes à l’égard de Hegel, on en conviendra aisément, je voudrais rappeler les principales interprétations qu’il proposa du système, et qui, encore aujourd’hui, structurent bien des lectures. Il y a tout d’abord celle qu’il a donnée de la Phénoménologie de l’Esprit, interprétation remarquable de clarté et de cruauté. Après une description extrêmement dense du mouvement de l’esprit dans le texte de 1807, Haym conclut : « Par là s’achève notre examen de la composition de la Phénoménologie. Mais si nous nous extrayons à présent de l’esprit dans lequel celle-ci fut conçue et de l’admiration pour le savoir d’artiste avec lequel tant de fils ont été tout à la fois embrouillés et ordonnés, nous ne pouvons manquer d’éprouver aussi une complète déception. Il faut mettre fin à toute illusion qui voudrait voir une preuve effective dans cette tentative de prouver l’Absolu. » [6] En somme, l’entreprise même de 1807 est un échec radical : l’Absolu ne saurait être prouvé, et le monumental itinéraire de la conscience ne débouche que sur un leurre. « Cela signifie, pour le dire brièvement, que nous ne sommes, dans cette prétendue ou supposée uploads/Philosophie/ article-resume-critique-de-haym.pdf
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- Publié le Dec 14, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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