Dre. DJEGHAR Achraf. Module stratégies discursives. M1. Littératures et approch

Dre. DJEGHAR Achraf. Module stratégies discursives. M1. Littératures et approches interdisciplinaires 1 Séance 1 : Texte et discours Parmi les phénomènes auxquels s’intéresse l’analyse énonciative on peut retenir ici : Les déictiques, les modalisateurs, les stratégies de discours, la polyphonie, les marques de tension, l’argumentation. Discours et argumentation Les études sur l'argumentation dans le discours tournent autour de deux conceptions: une conception rhétorique de l'argumentation comme expression d'un point de vue, et une conception logico-discursive de l'argumentation comme mode spécifique d'organisation du discours. Vue sous le premier angle, l'argumentation implique le recours à des moyens de persuasion, permettant d’amener un auditoire à adopter une ligne d’action donnée. En ce sens, tout acte de discours visant à agir sur l'opinion peut être dit argumentatif. Issue de la rhétorique aristotélicienne, cette approche a particulièrement reçu ses lettres de noblesse chez Pérelman, qui postule que: "L'objet de la théorie de l'argumentation est l'étude des techniques discursives permettant de provoquer ou d'accroître l'adhésion des esprits aux thèses qu'on présente à leur assentiment" (Perelman et Olbrechts-Tyteca 1970). Vue sous le second angle, l'argumentation se réfère à une démarche logique impliquant trois opérations: appréhension, jugement et raisonnement. Cette conception suppose la présence explicite ou implicite de connecteurs linguistiques instituant dans les énoncés des relations dites argumentatives. De ce point de vue, la définition proposée par Anscombre et Ducrot est à retenir : "Il y a argumentation lorsqu’un locuteur présente un énoncé A comme destiné à en faire admettre un autre B" (Anscombre et Ducrot 1983). Dans un énoncé argumentatif, il y a nécessairement deux aspects : il y argument et il y a conclusion. Dans l’exemple suivant : Je pense donc je suis; la proposition "Je pense" est un argument pour la conclusion "je suis". Identifier la partie de l’énoncé qui remplit la fonction d’argument est important; ceci permet de repérer l’information essentielle dans Dre. DJEGHAR Achraf. Module stratégies discursives. M1. Littératures et approches interdisciplinaires 2 l’énoncé. Dans tous les cas, l’argument est toujours accessoire par rapport à la conclusion. La conclusion, en effet, c’est ce que l’on veut faire admettre, tandis que l’argument est un élément de justification; sa fonction est de supporter la conclusion. En d’autres mots, l’argument n’a pas un caractère nécessaire. S’il n’y a pas de conclusion à justifier, il ne peut pas y avoir d’argument. Aussi, dans notre exemple: "Je pense donc je suis", le message essentiel est : "je suis". Cours 2 : Comment peut-on identifier l'argument? Pour être en mesure d'identifier l’argument dans un énoncé, il faut savoir qu’il existe des connecteurs dont le rôle est d’introduire des arguments et d’autres qui sont des introducteurs de conclusions. Comme connecteurs d’argumention introducteurs d’argument, on peut citer "car, parce que, puisque, étant donné que, si, en effet, d’ailleurs etc. Les séquences de discours introduites par ces connecteurs sont toujours accessoires, car il s’agit d’arguments. Comme connecteurs d’argumention introducteurs de conclusion, on peut citer "donc, par conséquent, alors, eh bien etc. Qu’en est-il de la contre-argumentation ? On parle de contre-argumentation, chaque fois qu’un locuteur oppose un argument A à un argument B dans le but d’empêcher une conclusion C possible. Ceci dit, dans un énoncé où il y a contre-argumentation, il faut considérer qu’il y a une opposition d’arguments. Dans l’exemple suivant "Tu étais présent mais tu n’as rien vu", "Tu étais présent " est un argument pour une conclusion C possible "tu sais ce qui s’est passé". Tandis que "tu n’as rien vu" est aussi un argument pour une conclusion non C "tu ne sais pas ce qui s’est passé". Dans cette opposition d’arguments, il y a alors un argument faible et un argument fort. Dans notre exemple "Tu étais présent, mais tu n’as rien vu", "Tu étais présent" est présenté comme un argument faible, tandis que "tu n’as rien vu" est posé comme argument fort. Il y a des connecteurs de contre-argumentation qui introduisent des arguments forts et d’autres qui introduisent des arguments faibles. Dre. DJEGHAR Achraf. Module stratégies discursives. M1. Littératures et approches interdisciplinaires 3 Comme connecteurs de contre-argumentation introducteurs d’argument fort, on peut citer "mais, pourtant, cependant etc. Les séquences de discours introduites par ces connecteurs sont toujours des messages essentiels. Comme connecteurs de contre-argumentation introducteurs d’argument faible, on peut citer "bien que, malgré que, même si etc". L’argumention peut être exprimée aussi de manière implicite par l’absence de prémisse ou l’absence de connecteur. Dans l’exemple suivant "je ne sortirai pas ce soir, je suis fatigué", on voit bien qu’on peut aisément insérer le connecteur "car" entre les deux propositions. Donc il y a argumentation. De même, un locuteur peut se contenter de dire "Je suis fatigué" pour signifier qu’il n’a pas l’intention de sortir Application : - Quelle est la thèse soutenue ? - Quelle est la thèse rejetée ? Prenez exemple sur le texte suivant dont les commentaires en marge vous indiquent le parti à tirer des mots ou expressions colorés: On s'assure aujourd'hui par le développement des techniques de communication qu'une ère nouvelle est née où l'homme va enfin sortir de son isolement et, dit-on, triompher des obstacles qui jugulaient sa parole : courrier électronique, "chat" (prononcez Tchat !) sur Internet, prolifération des chaînes de télévision, que de moyens offerts aujourd'hui à notre désir légitime d'ouverture à l'autre ! Si l'on en croit les nouveaux apôtres de ce nouvel Évangile, nous n'aurions qu'à nous féliciter de cet élargissement des frontières ancestrales dans lesquelles l'humanité croupissait : disparu le village où chacun restait confiné toute sa vie dans l'ignorance, révolue cette époque où l'information arrivait à ses destinataires déjà périmée ! Voici les temps nouveaux où des citoyens éclairés vont exercer leur sollicitude sur les misères du prochain et participer également à la vie publique. Ne rêvons pas trop : cette ère nouvelle, si elle bouscule en effet notre univers, ne réussit guère qu'à substituer une communication indirecte et désincarnée aux vrais rapports humains qui, à l'évidence, ne peuvent se passer de la présence charnelle de l'autre. Car on ne communique bien qu'avec des mots. Si la plupart des grands médias s'adressent à nous, c'est dans une masse d'images confuses et de slogans Le pronom indéfini On commande un verbe d'opinion. Il indique nettement la parole de l'autre dans la proposition incise. Le conditionnel vous invite à prendre le discours qui suit avec prudence : il est d'ailleurs clairement renvoyé à des "nouveaux apôtres" (notez l'ironie). Attention au discours indirect libre : ici le discours cite les arguments adverses (il est clairement introduit par :, qui signale un discours rapporté.) Une injonction : on s'adresse à nous en nous invitant à réfléchir. L'auteur va affirmer sa thèse (notez aussi l'alinéa). Une forme sentencieuse : notez le présent de vérité générale et l'autre valeur de On. Les termes péjoratifs jugent clairement la thèse adverse. Une interrogation oratoire : l'auteur nous Dre. DJEGHAR Achraf. Module stratégies discursives. M1. Littératures et approches interdisciplinaires 4 publicitaires qui ne peuvent que nous guider à notre insu vers des buts plus ou moins douteux. Et que penser d'une apothéose de la communication qui permet aux gens de dialoguer jusqu'à l'autre bout de la planète alors qu'ils n'ont pas encore adressé un mot à leur voisin de palier ? invite à y répondre dans un sens qui ne peut être qu'approbateur. Cours 3 : Du texte au discours La notion de texte : le texte est une unité de base de la grammaire transphrastique. C’est un objet empirique oral ou écrit (Riegel, 2011), il est distingué du discours produit d’un acte d’énonciation dans une situation d’interlocution orale ou écrite. Texte ou discours Le texte et le discours ont été longtemps traités séparément : alors que la grammaire de texte se limitait au départ à la structuration interne du texte, l’analyse du discours prenait en compte les conditions de production du texte (la situation de l’énonciation et les interactions sociales). Cependant, il est difficile d’analyser le fonctionnement d’un texte sans tenir compte des traces linguistiques de sa production. Exemple : les pronoms déictiques comme (je dans j’accuse de Zola) ne peuvent s’interpréter qu’en fonction de la situation de l’énonciation. L’analyse des textes peut servir d’appui à l’analyse des discours, notamment quand il s’agit de construire une typologie des discours. Au fond de la grammaire de texte et l’analyse du discours traitent le même objet, d’une manière complémentaire. On peut donc maintenir la distinction entre texte et discours pour des raisons d’ordre méthodologiques : l’analyse du texte s’attache alors à son organisation sémantique globale : d’une part, aux relations de continuité et rupture entre les propositions pour rendre compte de son unification, et d’autre part, à sa segmentation en différentes séquences textuelles dans une perspective typologique (Adam, 2005). L’analyse de discours intègre cette approche dans un cadre vaste, en mettant le texte en rapport avec ses conditions de production et en traitant dans le cadre des interactions sociales et des ‘’formations socio-discursives’’ (Adam, 2005 : 31) Dre. DJEGHAR Achraf. Module stratégies discursives. M1. Littératures et approches interdisciplinaires 5 Exercice 1 : Consigne Les deux uploads/Philosophie/ cours-strategies-discursives-m1-lai-d-djeghar 1 .pdf

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