PHILOSOPHIE DE L’HISTOIRE DANS LA MÊME COLLECTION Benjamin CONSTANT, De la forc
PHILOSOPHIE DE L’HISTOIRE DANS LA MÊME COLLECTION Benjamin CONSTANT, De la force du gouvernement actuel de la France. Fustel DE COULANGES, La Cité antique. Émile DURKHEIM, Les Règles de la méthode sociologique. Maurice HALBWACHS, La Psychologie collective. HEGEL, Introduction à l’esthétique. Le Beau. William JAMES, Le Pragmatisme. Jean JAURÈS, Discours et conférences. Karl MARX, Écrits philosophiques. Jules MICHELET, Histoire de France. John-Stuart MILL, L’Utilitarisme. Ernest RENAN, Qu’est-ce qu’une nation ? Carl SCHMITT, La Notion de politique. Théorie du partisan. SIEYÈS, Qu’est-ce que le tiers-état ? SUN TZU, L’Art de la guerre. Max WEBER, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Max WEBER, Hindouisme et bouddhisme. Max WEBER, Sociologie de la religion. Simone WEIL, L’Enracinement, ou Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain. Jules Michelet PHILOSOPHIE DE L’HISTOIRE Discours sur l’unité de la science Discours sur le système et la vie de Vico Cours de philosophie Introduction à l’histoire universelle Textes présentés par Aurélien ARAMINI, avec la collaboration de Maria Juliana Gambogi Teixeira Ouvrage publié avec le concours du laboratoire Logiques de l’agir de l’université de Franche-Comté. © Flammarion, 2016 ISBN : 978-2-0813-6457-8 Michelet, le philosophe historien L’histoire a-t-elle un sens ? Une société peut-elle se passer de religion ? Comment parvenir à une connais- sance de l’homme ? Tels sont, parmi tant d’autres, les problèmes classiques de la philosophie affrontés par Michelet (1798-1874) durant la Restauration. Celui qui reste avant tout, dans la mémoire collective, l’auteur de l’Histoire de France, à laquelle il consacrera une grande partie de sa vie (1833-1869), n’a jamais conçu son œuvre d’historien indépendamment d’une réflexion épistémolo- gique ni d’un effort pour comprendre l’histoire comme totalité sensée. Dépassant l’opposition formulée à l’aube de la Révolution française par la pensée contre-révolu- tionnaire entre les « abstractions de la philosophie » et les « expériences de l’histoire 1 », les textes publiés dans le présent recueil – le « Discours sur l’unité de la science » (1825), le « Discours sur le système et la vie de Vico » (1827), les cours de philosophie prononcés à l’École préparatoire 2 (1828-1829) et l’Introduction à 1. Selon Stanley Mellon, Edmund Burke aurait été le premier auteur contre-révolutionnaire à formuler cette opposition aux pre- mières heures de la Révolution française (The Political Uses of History, A Study of Historians in the French Restoration, Standford University Press, Stanford, Californie, 1958, p. 58). 2. C’est le nom que prend l’École normale lorsqu’elle rouvre en 1827 après cinq ans de fermeture pour des raisons politiques. Elle retrouvera le nom d’École normale en 1830. PHILOSOPHIE DE L’HISTOIRE 8 l’histoire universelle (1831) – témoignent de la conviction selon laquelle la connaissance de l’homme repose sur la double étude de l’histoire et de la philosophie ; ils donnent également à voir les efforts de Michelet pour tracer les lignes directrices de l’Histoire de France, dont les deux premiers volumes paraîtront en décembre 1833. Lire la « philosophie de l’histoire » du jeune Michelet, c’est découvrir un pan encore méconnu de la philosophie française du premier XIXe siècle, et percevoir la dyna- mique de la pensée française entre l’Empire et l’avène- ment de la Troisième République. Entre les Lumières et la philosophie spiritualiste de Félix Ravaisson, l’on ne retient guère généralement que Comte et Tocqueville. Pourtant, la période qui s’ouvre avec la chute de l’Empire et conduit au Printemps des peuples se révèle féconde en penseurs puissants et originaux qui vont renouveler les grandes problématiques philosophiques en prenant la mesure de l’événement révolutionnaire qui a bouleversé tant l’organisation des sociétés que la représentation de l’existence humaine, dont l’historicité devient alors un trait essentiel 1. La philosophie française du XIXe siècle a pu sembler imprécise parce qu’elle entrecroise des disciplines comme l’histoire, la philologie, l’économie ou la psychologie tout en conservant l’exigence d’une écriture élégante. L’aspira- tion de philosophes tels que Saint-Simon, Cousin, Comte, Proudhon ou encore Pierre Leroux à formuler une histoire universelle de l’humanité semble définiti- vement condamnée au nom de l’histoire « générale » qui cherche, plus modestement, à éclairer des régions du réel 1. Pour une étude du « refoulement » philosophique de penseurs majeurs du XIXe siècle, je renvoie à l’ouvrage de Pierre Macherey, D’où viennent nos institutions philosophiques ?, Paris, Publications de la Sorbonne, 2013. MICHELET, LE PHILOSOPHE HISTORIEN 9 sans envisager de les inscrire dans un grand récit. En outre, le propos des philosophes du premier XIXe siècle peut sembler daté car il s’enracine dans les conflits poli- tiques qui opposent les partisans de la restauration de l’ordre ancien et les différentes forces visant à recons- truire la société dans un contexte (post) révolutionnaire. Cependant, l’étude de cette philosophie montre, d’une part, qu’elle a créé des concepts opératoires et, d’autre part, que son exigence de rapprochement des disciplines lui a justement permis de poser les grands problèmes philosophiques et politiques en des termes éclairants pour la philosophie contemporaine, attachée au dialogue avec les sciences humaines. Même si sa dimension philosophique a été peu étu- diée 1, l’œuvre de Michelet occupe une place privilégiée dans le panorama de la philosophie du XIXe siècle. Des philosophes tels que Régis Debray, Jacques Rancière ou Claude Lefort en ont montré la fécondité 2. La récente 1. On pourra consulter, entre autres, la présentation par Claude Lefort des préfaces et introductions de Michelet qui a contribué à mettre en lumière ce que l’œuvre micheletienne doit à une « réflexion sur le pouvoir politique, sur la loi et la croyance collective » (La Cité des vivants et des morts. Préfaces et introductions présentées par Claude Lefort, Paris, Belin, 2002, p. 6) ; l’ouvrage essentiel d’Olivier Remaud, Michelet. La magistrature de l’histoire, Paris, Éditions Micha- lon, 1998, ainsi que mon étude Michelet, à la recherche de l’identité de la France, Besançon, PUFC, 2013. 2. Ainsi, dans Le Moment fraternité (Paris, Gallimard, 2009), Régis Debray relève le défide retrouver la force d’un « nous » dans un monde où règne le « moi-je » en faisant appel au concept micheletien de « fraternité » et à l’imaginaire micheletien des fêtes collectives où communient les citoyens. De même, la volonté d’écrire l’histoire « par le bas », en conférant un droit historique aux sans-voix, au « peuple des anonymes », a retenu l’attention de Jacques Rancière. Enfin, en interrogeant les transformations de la société qui conduisent à l’avè- nement de la démocratie moderne et de « la désintrication, histori- quement advenue, du religieux et du politique », Claude Lefort invoque l’œuvre de Michelet, qu’il considère être « l’un des rares PHILOSOPHIE DE L’HISTOIRE 10 publication du cours consacré à Michelet donné par Lucien Febvre au Collège de France en 1943-1944 contribue à faire reconnaître la place essentielle qu’il occupe dans l’histoire de la constitution des sciences humaines 1. Historiographe prolixe, Michelet a créé des concepts philosophiques permettant de penser l’histoire humaine comme totalité sensée : le concept de « nation » ou encore le principe, inspiré de Vico, selon lequel l’homme est son propre Prométhée ; il a porté au plus haut point l’exigence de réunion des disciplines en mon- trant que l’écriture de l’histoire n’est possible qu’à condi- tion de penser philosophiquement l’histoire et d’étudier la psychologie de l’individu et des foules. Plus encore, Michelet est l’un des premiers auteurs français à mobili- ser la catégorie de « philosophie de l’histoire » et à en délimiter le corpus avec ses précurseurs et ses figures majeures 2. penseurs de son temps à reconnaître la fonction symbolique du pou- voir dans la mise en forme des rapports sociaux » (Essais sur le poli- tique, XIXe -XXe siècles, Paris, Seuil, 1986, p. 312). 1. Lucien Febvre, Michelet, créateur de l’histoire de France : Cours au Collège de France, 1943-1944, édition établie par Brigitte Mazon et Yann Potin, Paris, Vuibert, 2014. 2. Dans la monumentale histoire de la philosophie réalisée sous la direction de Merleau-Ponty, récemment revue et augmentée sous la direction de Jean-François Balaudé (Les Philosophes de l’Antiquité au XXe siècle. Histoire et portraits, Paris, LGF, « Livre de poche », 2006), on peut lire qu’à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles aurait eu lieu une découverte ou plutôt une invention : l’invention de l’histoire, qui est pour le philosophe moins un objet qu’une interrogation (Merleau- Ponty, « La découverte de l’histoire », ibid., p. 837 sq.). S’affirme alors la conscience que l’homme est constitué par l’histoire et qu’il n’est pas possible de faire l’économie de cette dernière pour affronter la question de la vérité et du sens. Le premier auteur présenté dans la partie de cet ouvrage consacrée à « La découverte de l’histoire » n’est autre que Vico, qui fait figure de « précurseur des philosophies modernes de l’histoire » (ibid., p. 840). Or c’est précisément Miche- let, auquel aucune entrée n’est consacrée dans ce dictionnaire, qui MICHELET, LE PHILOSOPHE HISTORIEN 11 Pourtant, la dimension proprement philosophique de l’œuvre de Michelet demeure méconnue. Sa traduction de la Science nouvelle de Vico publiée en 1827, qui a contribué grandement à la diffusion de l’œuvre dans les milieux cultivés européens, sera uploads/Philosophie/ aurelien-aramini-michelet-la-philosophie-de-l-x27-histoire.pdf
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- Publié le Aoû 17, 2022
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